Teskani - Appel à l'aide

[Wenlock]

Kolb avait ouvert sa fenêtre pour fumer, et si cela ne semblait pas exactement le détendre, son exaspération avait au moins pris un ton différent, moins colérique et plus dédaigneux : « Et comment saurais-je ce que vous savez faire ou non, Miss ? Ce n'est pas comme si vous aviez été très franche sur vos références, mais je partais surtout du principe que vous sauriez reconnaître vous-mêmes les choses que vous ne savez pas faire, et que vous auriez alors la bonne idée de ne pas me contredire dans ces cas-là. »

La mention du commissariat les stoppa net en pleine rue, et Kolb regarda la journaliste avec un air absolument incrédule, lâcha un gros soupir et entrepris de se garer au premier endroit disponible. Il se passa la main sur le visage et alluma une nouvelle cigarette sortie de l'étui argenté. Lisa pouvait sentir qu'il faisait cette fois un gros effort sur lui-même et c'est d'un ton légèrement radouci qu'il repris après quelques bouffées :
« Miss Stark, je crois que vous n'avez pas encore réalisé toute la délicatesse de cette affaire. Pour l'instant, nous cherchons une équipe d'assassins organisés qui massacrent des anonymes. Si par chance notre tueur était de l'entourage de May Kutty, nous avons déjà 15 ans de retard sur le premier crime : les pistes seront plus que froides, les souvenirs défraîchies, le contexte a changé...
Mais la principale difficulté résidera certainement dans l'opposition à notre enquête. L'affaire a été bâclée par le Profil, déjà enterrée il y a dix ans avec un bouc émissaire en prime et largement négligée depuis. Le premier enquêteur a non seulement été dessaisi, mais est depuis décédé dans le très suspicieux incendie de sa maison. Cela signifie que non seulement les tueurs mais -au moins- des gens influents à Teskani et la police elle-même ne veulent pas que nous nous en mêlions. Si cela ne suffisait pas, je vous rappelle encore une fois qu'aucun de nous deux n'est assermenté, ce qui signifie que nous pourrions finir en prison pour être intervenu dans une enquête officielle et que, personnellement, j'y risque ma licence donc mon agence, mon gagne-pain et celui de Mrs Korsakov.
Alors je comprends parfaitement que vous soyez poussée par l'urgence puisque vous croyez qu'une jeune femme est en danger, mais pour ma part, en plus de n'être pas du tout convaincu, mon expérience me dicte la prudence. Comme je vous l'ai dit et répété depuis hier soir, je ne compte rien faire de délictueux avant d'avoir épuisé les possibilités légales, je ne contacterai pas l'inspecteur Adams avant d'avoir des indices à lui échanger contre un accès au dossier d'enquête et je n'ai aucunement l'intention de me faire remarquer de gens qui incendient les enquêteurs avant d'avoir une piste solide, donc l'initiative sur eux. Est-ce que vous comprenez cela, oui ou non ?

Et si j'ai laissé le nom d'Adams à la gare, c'est parce que j'espère que si l'inspectrice a deux sous de jugeote et que sa propre enquête indique qu'une autre victime ait été enlevée, elle examine cette piste à notre place si nous devions échouer ou disparaître.
Cette enquête a été sabordée depuis 15 ans et je n'ai pas l'intention que 10 ou 15 autres femmes soient torturées parce que j'aurai personnellement participé au fiasco !

Maintenant, si vous avez l'intention de courir dans tous les sens en donnant des coups de pied dans toutes les fourmilières que vous trouverez, vous le ferez sans moi ! Je ne suis pas encore certain que vous puissiez m'être utile et je ne vous laisserai pas devenir un danger pour moi ou mes affaires.
Alors à moins que vous ayez un excellent plan pour tirer des informations de la police sans trop attirer l'attention ni vous faire arrêter, vous irez en tram ! »

[Aubelune]

Un excellent plan... hrm, il fallait bien admettre que Lisa n'en avait pas vraiment. Aller voir Adams et lui déballer le rêve? Moui, peut-être que ça aurait pu marcher si il y avait eu une preuve en plus, exactement ce que cherchait Kolb. En plus, ce dernier avait laissé le nom d'Adams à la gare et si elle était mise au parfum de leur petit numéro, il allait falloir des dons d'acteur mirobolants pour se dépatouiller face à des questions concernant la gare. Non, décidément, ce n'était plus tellement possible.

- Vous avez peut-être raison pour Adams mais après votre numéro de ce matin, qui je veux bien l'admettre était très réussi et aurait pu merveilleusement fonctionner, vous avez du culot de prétendre que vous ne ferez rien de délictueux avant d'avoir épuisé les ressources légales.

Elle réfléchit un instant.

- D'autre part, se faire remarquer de ces messieurs les tueurs d'enquêteurs - si toutefois on peut leur imputer ces crimes - n'est-ce pas une façon de les forcer à se découvrir? La grosse différence cette fois, c'est que nous pouvons nous préparer et être sur nos gardes. Si nous donnons un coup de pied dans la bonne fourmilière comme vous dites et que quelque chose en sorte, ça nous épargnerait des semaines d'enquête et...

Elle s'interrompit. Mué, bien joli tout ça mais comment fait-on pour être sur ses gardes jour et nuit face à des criminels aguerris? Arrête de t'emporter et réfléchis.

- Bref, en attendant d'avoir une meilleure idée concrète je vous suis aux archives...

[Iris]

Les deux investigateurs pressés par l'inconfort de l'enquête et le menaçant manque de temps traversèrent bientôt l'Encre par le pont Écarlate avant d'arriver au quartier des Administrations, la principale difficulté étant de trouver une place où se garer dans ce secteur.

Ici, en dépit de l'air sérieux des fonctionnaires et administrés, il régnait une ambiance assez détendue qui provenait sans doute des nombreux square dans les grands blocs architecturaux, des cafés et restaurants débordant encore sur les terrasses. Les bâtiments administratifs eux-mêmes étaient massifs, larges, avec de vastes entrées, parfois des escaliers monumentaux et de hautes colonnes, mais dans l'ensemble, leurs 5 à 10 étages pour les plus élevés des environs faisaient figure de nain par rapport aux gratte-ciel du reste du Crescent.

Les archives de ce côté-ci de la ville étaient situées à proximité de l'université des Sciences Humaines & Droit, dans un bâtiment de briques rouges en façade, avec des vignes poussant sur la façade qui donnait sur le petit parc de l'Université, avec ses grands arbres et ses petites allées de sable.

... Qui allait chercher quoi ? ...

[Wenlock]

«... vous avez du culot de prétendre que vous ne ferez rien de délictueux avant d'avoir épuisé les ressources légales.
_Mais justement, nous n'avons rien fait de délictueux à la gare : m'avez-vous entendu prétendre que j'étais de la police ? Du tout. J'ai même expliqué -devant témoin- à ce brave Mr Brun que nous n'étions pas chargés de l'enquête avant de lui conseiller de référer toute information importante à l'inspecteur Kalya Adams. Vous me répondrez certainement que je joue sur les mots et vous aurez parfaitement raison mais, si nous finissions devant un tribunal, c'est ce genre de "flou artistique" qui nous éviterait la prison.
_La grosse différence cette fois, c'est que nous pouvons nous préparer et être sur nos gardes. Si nous donnons un coup de pied dans la bonne fourmilière comme vous dites et que quelque chose en sorte, ça nous épargnerait des semaines d'enquête et...
_Vous prenez le plan dans le désordre, Miss : d'abord nous acquérons quelques informations sur nos adversaires, puis nous vous formons au maniement des armes à feu et enfin seulement, "préparés et sur nos gardes", nous pourrons envisager d'attirer nos adversaires à nous.»
_____________

Je propose que Kolb s'attaque aux tentatives d'enlèvement antérieures à May Kutty et à l'incendie Ruskin pendant que Miss Stark se penche sur le procès. Le premier qui fini vient prêter main-forte à l'autre.

[Iris]

La passion du mystère est tout de même un peu émoussée et surtout pour Lisa, n'y a-t-il pas un peu de résignation ? ... Hors description d'action signalant que vous êtes dénués de pensées parasites (le temps, les indices, le danger de l'enquête...), les traits grisés ne sont pas pris en compte, contrairement à votre première "opération archives".

• Jets
  • Lisa : AST (méthode, logique, 1) + Érudition (10) + Intuitive (6) + Déterminée (6) + Mystère (4) + D20 (14) = 31
  • Alen : AST (méthode, logique, 3) + Érudition (14) + Calme (4) + Mystère (5) + D20 (14... avec un autre dé pourtant !) = 35
• Rappel de l'échelle
  • 0 : perte de temps
  • 10 : lent
  • 20 : normal
  • 30 : rapide
  • 40 : très rapide
  • 50 : ...

Peut-être mieux rodés, les deux Investigateurs prirent d'assaut les archives, Alen D. Kolb se révélant un peu plus rapide et méthodique que sa partenaire mais pouvant difficilement se plaindre de son efficacité, quoique elle misât grandement sur le "pifomètre" plutôt que sur la méthode pure. Enfin, ça marchait, c'était l'essentiel.

Premières observations (au bout d'1h sur place)

• Tentatives d'enlèvements : la presse relayait fort peu les "tentatives" d'infraction, sans quoi les journaux seraient plein de "tentatives de vol", "tentatives de viol", "tentative de meurtre"... Il faudrait tenter du côté des "gros registres de saisies de plaintes" qui se présentaient comme des grimoires en papier, pratiquement format A3 avec date, heure, nom, objet, numéro d'enregistrement de la plainte ou du signalement.
  • Automatique. Altérité (Criminologie) : AST (mémoire, logique 3) + Altérité (18) + Criminologie (niv altérité : 5) + métier (flic / détective à 3) = 29. Et même en prime D20 (11). Résultat 40. (= Pour ce type de question, Kolb a accumulé suffisamment de pratique, d'expérience, de vécu, pour valoir quasiment un expert qui aurait été formé sur le tas, sans forcément le vocabulaire psychologique qui va avec).
  • Résultat (4 "infos / raisonnements" résumés): (I) Alen D. Kolb se retrouvait face à un problème bien connu en criminologie et déjà sans doute croisé durant sa carrière, à savoir que l'existence d'un fait ne garantit pas son signalement. La victime ne porte plainte, n'attire l'attention sur elle que si elle croit avoir intérêt à le faire. Le résultat est une sous-déclaration et sous-évaluation de la criminalité, particulièrement pour certaines infractions dans les statistiques officielles. (II) La sous-déclaration est souvent dépendante de considérations sociales. Les criminels par exemple ne portent jamais plainte et préfèrent régler leurs affaires entre eux. Les prostituées subissent également plus qu'elles ne réagissent. De manière générale, les "déviants" et "marginaux" font peu confiance au système et ne signalent pratiquement rien à la police. (III) A l'opposé, les personnes des hautes couches de la société ont tendance à des déclarations différenciées d'infractions. Ces bons citoyens signaleront souvent un cambriolage ou une agression, même légère, si commise par une personne d'un groupe social inférieur. Mais d'autres "affaires" se règlent de manière préférentielle à l'intérieur du milieu, entre "gens de bonne volonté", c'est là tout l'art de "l'arrangement". Des hommes d'affaires risquent donc entre eux de préférer discuter plutôt que de faire appel à la police, ce qui est tellement vulgaire... typiquement en dédommageant la victime (si de classe inférieure) avec de l'argent, et si de classe identique, avec des accords, des liens d'obligations réciproques, une dépendance du fautif qui "paiera" en services. Le problème n'arrive à la police que si vraiment aucun arrangement n'a pu être trouvé. (IV) Dans le cas d'infractions, même légères, touchant des personnes du gratin, ou des enfants des gratte-ciel, comme par exemple une dispute d'amoureux violente ou une tentative d'enlèvement qui filtrerait hors du milieu, il est évidemment et immédiatement dans la presse.
  • Conclusion : l'absence apparente de tentatives d'enlèvements dans la presse peut avoir plusieurs significations.
• Incendie Ruskin : (au bout d'une heure, en cours d'études)
• Procès Nils Gruber : (au bout d'une heure, en cours d'études)

En début d'après-midi...

Incendie Ruskin : L'affaire avait été étudiée notamment par un expert en incendie du Profil, un certain Maxime Wilde. Son rapport était sans doute la pièce la plus parlante du dossier. D'après lui, en bref, il était évident que l'incendie était criminel et qu'il dénotait une certaine méthode. En particulier un encombrement anormal des issues de secours et des traces de départ de feu semblant indiquer l'usage d'un produit accélérant dans la cave à laquelle il était possible d'accéder en forçant un soupirail peu résistant (en considérant qu'il était sur le même modèle que celui des maisons voisines). Cependant il était évident également que la maison avait des défauts qui facilitaient un départ d'incendie (cave pleine de bric à brac, installation de gaz un peu vieille et pas formidablement entretenue...).

Au final, la piste criminelle était favorisée, mais l'enquête piétina et l'affaire fut classée.

Procès de Nils Gruber : l'accusé clama sans cesse son innocence, mais il avait été lourdement chargé par le procureur, Adeline Forbes et l'enquêteur Hermann Wright, tandis que l'avocat Adolphe Bertrand était un commis d'office suffisamment mauvais pour qu'on puisse se demander comment il avait réussi son droit, ou alors il était spécialisé dans une autre forme de droit (travail, civil, fiscal...) et s'était trouvé embarqué dans un procès pénal alors qu'il était incompétent dans ce domaine. En tous cas la thèse de l'accusation était que Nils Gruber était un prédateur opportuniste, ancien boucher, qui avait trouvé à satisfaire des pulsions morbides. L'incapacité de l'accusé à dire où il était à telle ou telle date lui avait causé préjudice. La défense avait bien essayé de faire valoir une expertise psychiatrique contradictoire qui avait eu lieu au sein même du Profil, signalant que Nils Gruber était surtout dépressif et alcoolique, désocialisé, peu ou pas organisé, et donc que l'enlèvement, le viol, la torture et le démembrement demandaient des capacités intellectuelles qui lui manquaient totalement. Malheureusement pour Nils Gruber, l'experte Helen Bird qui avait posé ce diagnostique fut décrédibilisée pour ne pas dire démolie par l'accusation. On expliqua ainsi longuement qu'elle était une jeune femme qui avait eu une courte liaison avec Hermann Wright, le chef de l'enquête et n'aurait pas supporté leur rupture, l'accusation poursuivant en signalant qu'Helen Bird était psychologiquement fragile elle-même et ne pouvait pas faire un expert fiable ayant été victime dans son enfance d'inceste avec des crises de violence durant l'adolescence, notamment une agression à l'encontre de son père, ses actes présents signalaient "clairement" qu'elle ne s'était toujours pas "remise"... bref, c'était une déséquilibrée qui n'avait rien à faire dans la police et donc cet avis contradictoire sur le "remarquable travail d'enquête dirigé par Hermann Wright" n'avait aucune valeur.

... Des questions ? ...

[Aubelune]

Quels sont les éléments à charge dans le procès Nils Gruber exactement? Un manque d'alibi c'est très bien mais il faut au moins d'autres éléments à charge je suppose...

[Iris]

Nils Gruber

• avait été vu dans le quartier et importunait parfois les filles qui trainaient avec des propos salaces
• des témoins disaient qu'il avait parlé rudement à la première des deux filles qui refusait de lui donner une cigarette et l'avait menacé
• il avait l'habitude de traîner du côté de la gare, dormait parfois caché dans un coin du dépôt, soit assez près des lieux où les dépouilles avaient été retrouvées
• une scie tachée de sang correspondant aux découpes des corps fut trouvée dans le dépôt. Les circonstances de cette découverte ne sont pas très claire, il s'agirait d'une découverte fortuite de l'objet caché dans du papier journal lui-même un peu taché de sang

La version de Nils Gruber : il dormait dans le coin de la gare centrale sans rien demander à personne. L'assassin a dû entendre parler de la conduite de l'enquête d'Hermann Wright qui avait tendance à la publicité et profiter de la situation pour donner un indice et charger le clochard.

[Wenlock]

Ma 4° info si la MJ admet qu'elle s'est un peu fichue de moi : le groupe sanguin d'une victime correspondait-il à celui sur la scie, au moins ? Parce que sinon, je serai curieux de savoir quel juge a accepté de convoquer tout un tribunal avec aussi peu d'éléments à charge, mais si "oui" on a peut-être une piste vers les véritables assassins...

[Iris]

MJ s'est fichue du pauvre grognon détective ? Non, elle était juste fatiguée et en manque d'idée sur ce qu'elle pouvait rajouter de plus comme donnée ! Sinon, je pouvais aussi partir dans l'analyse de données, mais j'ai eu le vague sentiment que certains se plaindraient que je leur pré-mâche une enquête trop facile, même que c'est dingue que le Tueur de l'Encre ait pas encore été arrêté !

Scie : oui, c'est le sang de la victime, sinon ça n'a aucun intérêt, même qu'on peut rajouter pour la forme un chiffons qui traînait à proximité et qui était une écharpe appartenant à la victime (comme ça, c'est sûr, ça n'a pu raisonnablement être laissé QUE par le véritable meurtrier.

Concernant le procès Gruber, si vous creusez (avec la détermination proche de la paranoïa qui semble être le propre de l'ami Kolb), il est possible de noter que le c'est le ***procureur*** qui a soutenu l'arrivée du dossier au tribunal, en dépit de son caractère douteux.

Jet de mémoire pour le vieux de la vieille : AST (mémoire, 3) + D20 (11) + Négociation (réseau, 14) = 28
Difficulté : 20 plutôt que 10, parce qu'Alen n'a pas bossé directement avec la criminelle et Mme Forbes. Résultat, différence 8, une info "floue"

Alen a vaguement le souvenir qu'Adeline Forbes était considérée comme une procureur peu nette, mais c'est loin... A propos de quoi était-ce ?...
En tous cas, cumuler ce Hermann Wright et Adeline Forbes pour l'enfoncer en noyant le poisson avec des détails plus ou moins signifiant, c'est pas de chance pour le pauvre Nils Gruber.

Nota : pour une analyse de procès en une poignée d'heures, même rapide, je passe donc sur les détails que vous n'avez pu noter en aussi peu de temps... et j'espère que vous aurez pitié de moi en admettant qu'il n'y avait pas grand-chose en dehors d'un faisceau de présomptions et de véritables objets appartenant réellement au meurtrier qui sont apparus dans l'instruction.

... Prête aux autres questions & réclamations

[Wenlock]

Le procureur "de la ville" ou l'assistant du procureur Forbes en charge du dossier ?
A-t-on effectué un relevé d'empreinte(s) sur cette fameuse scie ensanglantée ?
Qui a dit que l'enquête était trop facile ?

Ayant rejoint Miss Stark sur le procès Gruber après avoir expédié ses propres (vaines) recherches, Kolb se pencha particulièrement sur les détails de la découverte de la scie, puisque pour une fois les assassins avaient été particulièrement négligeant : où avait-elle été trouvée (à quel emplacement dans quel lieu, dissimulée ou non, l'endroit portait-il les traces d'un "découpage" sur place ?), Gruber mentionnait-il avoir croisé/dérangé quelqu'un, avait-il aperçu un véhicule ? Son témoignage, observé sous un angle nouveau, pouvait leur en apprendre beaucoup. Même s'il ne s'était guère confié à la police, il aurait probablement raconté sa mésaventure en détails à sa psychiatre, et elle aurait certainement une revanche à prendre sur cette affaire.
La maigreur du dossier à charge n'était pas forcément un problème aux yeux de Kolb : pour compenser, l'accusation avait du se fendre de longues descriptions des rares éléments en sa possession et exploiter au maximum les rapports d'enquête (notamment ceux d'autopsies et de criminalistiques), les versant en grande partie aux minutes du procès.

S'il pouvait désormais admettre raisonnablement que May Kutty était bien la première victime, il allait leur falloir interroger ses proches : elle avait du laisser quelques "meilleures amies" qui pourraient les éclairer sur ses fréquentations et il pourrait même obtenir un mandat officiel s'il parvenait à convaincre les parents de lui confier la ré-ouverture de l'enquête... auquel cas il pourrait alors plus facilement accéder aux dossiers de l'inspecteur Adams.
Étudiante populaire, elle avait également pu attirer l'attention d'un homme sur le campus, via ses cours, des activités associatives... Si l'accès à la plupart des dossiers scolaires leur serait probablement compliqué par l'administration, Kolb espérait que la bibliothèque universitaire contiendrait certaines archives ou un journal étudiant.

Après quoi, ils auraient à peu près épuisé les informations "légales" et devraient se montrer plus agressifs, à moins que les parents Kutty ne chargent Kolb du dossier.
Il regarda sa montre en se demandant s'ils pourraient localiser certaines des amies de May qui avaient jadis témoigné pour la presse, repasser à la gare et être tout de même chez les Kutty à une heure décente...