[OdE Chap.5] Les barreaux de roseaux (Forêt engloutie)

[Pwyll]

Pwyll était impressionné par l'ingéniosité du Chevalier.

Il se doutait au fond de lui qu'il faudrait surtout improviser et, si la rencontre avait lieu, achever le monstre dans son élément naturel sans espérer vraiment le tirer hors de l'eau. Toutefois il essaierait.

Il remarqua à voix haute :

Pour qu'on ait une chance que ça marche vot' truc, faudra vraiment le harponner sévèrement, sinon la chair lâchera bien avant le reste et le harpon me restera dans les mains sans féond au bout.

[Caeso Senjak Khan]

Jazkez jouait avec sa dague attachée à son poignet, essayant de l'empaumer comme avec un bilboquet.

-Exactement ! Aussi sévèrement que tu t'appelles Pwill, j'y compte bien !

Il réussit finalement à saisir sa dague au vol.

-Si sa chair ne résistent pas au harpon ce ne sera pas complétement à notre désavantage. Cela voudra dire qu'elle ne résistera pas beaucoup non plus à nos lames.

[Iris]

La Forêt engloutie avait une forme globalement circulaire et formait un immense lac peu profond. Le plus souvent le fond était aux alentours de 1 à 3 m, et puis dessous encore une couche de sédiments divers et de vase. Le niveau fluctuait également beaucoup selon la saison et la pluviométrie. L'eau était actuellement assez haute, et baisserait sans doute au cours de l'été.

Il y avait de très nombreuses îles, certaines au sol mou de limon avec quelques roseaux et des nids d'oiseaux, d'autres plus solides, autour des troncs des cyprès de la région. Ces arbres extraordinaires parvenaient à pousser sur les îlots et même en partie immergés, avec une base de tronc très large quand ils étaient matures, suffisamment ample pour admettre à l'intérieur que certains y installent un terrier ou une maisonnette. La demorthèn Ultana vivait dans une telle structure. Les entrelacs de leurs racines consolidaient le sol et pouvaient le rendre assez ferme.

Outre ces grands arbres, on trouvait aussi des saules pleureurs, des peupliers et toutes les espèces imaginables de roseaux. Dans cet environnement humide, la faune était foisonnante : oiseaux d'eau -- palmipèdes et échassiers, batraciens, poissons. La Forêt engloutie grouillait de vie. L'hiver y était clément et l'eau n'avait jamais gelé, d'aussi loin qu'on se souvînt. A partir de la fin du printemps, des fleurs de toutes sortes viendraient colorer les lieux des teintes les plus éclatantes.

Pour les humains, l'inconfort provenait des insectes (heureusement les moustiques n'étaient pas encore au mieux de leur forme), de l'humidité omniprésente, et du brouillard qui se levait rapidement, par nappes ou globalement sur toute la région.

Les barques à fond plat avançaient lentement du fait d'une maniabilité modérée et de l'entraînement toute aussi modéré des passagers, et l'ensemble un peu ralenti du fait des coordinations de rameurs et utilisateurs de perches.

• Aeldred et Ergat ouvraient la voie -- ils avançaient assez bien, et plutôt convenablement coordonnés
• Tuala et Madenig suivaient -- avec des difficultés typiques des débutants
• puis Pwyll et Oanell -- cette barque semblait en permanence avoir un problème. Mal équilibrée ? Ou bien poids trop lourd ? Il fallait souvent écoper
• enfin Jazkez l'appât -- patauge un peu tout seul, et lutte pour avancer correctement

Il fallut ralentir plusieurs fois pour la barque de tête, et les interruptions - reprises s'ajoutant à des explications par forcément limpides (ou comprises ?) compliquaient la vie d'Aeldred.

Spoiler () :

Admettons que vous partiez à 7h du matin, vous arrivez à destination vers 12h

Tout le monde commençait à en avoir assez des aléas, des tournants, des retours en arrière... et avait faim... quand enfin l'équipage d'Aeldred et Ergat repéra un objet qui reflétait la lumière du soleil qui parut percer du ciel voilé exactement à cet instant.

[Caeso Senjak Khan]

Jazkez avait hâte de se dégourdir les jambes après cinq heures passés dans ce rafiot à tacher de le faire avancer droit. Il fit signe a Aeldred de continuer vers le point lumineux et d'y stationner les embarcations.

-Bon on va faire une pause rapide pour déjeuner. Pour l'instant tout le monde reste dans les barques, ensuite on commencera à sonder les alentours. Le soleil est déjà trop haut à mon gout. Merci Aeldred pour la visite, sûr que ce marais n'aura plus de secret pour nous.

[Iris]

Le groupe se dirigeait vers la plateforme où devait se trouver le bouclier. Le ciel se voilait de nouveau et quelques gouttes d'eau tombèrent -- heureusement pas une "averse" selon les critères tri-kazéliens.

Un échassier se trouvait sur la plateforme, et les regarda un moment. Ergat s'écria : "Un asarlaï !"

L'oiseau était connu de tous ceux qui avaient longtemps vécu dans les grands marais : Salann Tir, Forêt engloutie, Tuaille.

Spoiler () :

L’asarlaï pourpre est un échassier charognard typique des marais de la Forêt engloutie. On rencontre ses cousins bicolores dans les duchés de Salann Tìr et Tuaille. Cet oiseau d’environ 1m50 de haut est doté d’un bec aussi massif que puissant grâce auquel il pêche ou arrache sa pitance d’un cadavre. Malgré sa laideur et son bec redoutable, l’asarlaï n’est normalement pas une menace pour les humains : il se contente de mener sa vie et demande seulement qu’on le laisse manger en paix. De fait, les patrouilles n’ont ponctuellement à lutter contre ces volatiles que lorsqu’elles essaient de les chasser pour examiner les cadavres dont ils se nourrissent. L’instinct de survie des oiseaux les pousse à ne pas trop insister s’ils risquent des blessures sérieuses.

Associé à la mort par son mode d’alimentation l’asarlaï jouit de l’estime des demorthèn qui voient en lui un purificateur. Les habitants des villages cependant le craignent plus qu’ils ne le respectent. On dit en effet de lui qu’il précède le malheur.

A l'approche du groupe, l'asarlaï qui les jaugeait d'un air sévère s'envola dédaigneusement.

[Pwyll]

Contemplant le bel oiseau de malheur, Pwyll remarqua :

Si l'oiseau a trouvé des charognes, difficile de croire que Gouezan n'ait rien vu. Enfin, c'est peut-être juste un animal mort... Pourquoi ne pas directement aller voir, on en aura le cœur net ?

[Casaïr]

Le voyage avait été long et plutôt éprouvant. Aeldred avait tu toutes les peines du monde à faire cadrer les "descriptions" de Gouezan avec la réalité du terrain.

"Bon sang, je le retiens lui et ses indications !", s'emporta-t-il alors qu'il passait au même endroit pour la troisième fois.

Ils leur fallut faire preuve d'une patience à toute épreuve avant de finalement découvrir le lieu où reposait le bouclier. Le chasseur ne réprima pas un soupir de soulagement en indiquant au reste du groupe le bouclier qui dépassait à peine au milieux des roseaux. Sans un éclair lumineux perçant juste à l'instant où il regardait dans sa direction, il l'aurait probablement manqué et entrainé ses compagnons dans une nouvelle ronde. Soulagé de pouvoir enfin reprendre pied sur la terre ferme, Aeldred se remit à ramer, ne cherchant plus qu'à couvrir rapidement la distance qui les en séparait. Quand Ergat montra l'oiseau qui s'envolait, le jeune homme se tourna vers sa position.

Une fois les barques arrimées du mieux possible avec les moyens du bord, Aeldred se dirigea vers le lieu du repas du charognard, alors que celui-ci s'envolait à leur approche.

[Caeso Senjak Khan]

Jazkez reposa les restes de son repas à l'exception d'un croûte de fromage qu'il soupesa un instant dans sa main gauche avant de la jeter dans l'eau sombre à coté de la barque.

-Petit petit petit !

Il se détourna ensuite et, les mains sur les hanches, observait Aeldred qui avait pris pied sur le promontoire.

-Alors ? Tu nous a trouvé un dessert ?

[NailsEater]

Oanell avait suivit le plan sans râler, mais elle devait bien admettre que cinq heures plus tard, elle n'en pouvait plus. L'humidité ambiante la faisait se sentir poisseuse et les bestioles qui volaient ou nageait partout autour d'eux la mettait mal à l'aise. Si la barde habitait Terfynisel à nouveau, elle n'e restait pas moins une citadine. Les barques et les marais ... ce n'était son environnement habituel.

Quand ils arrivèrent enfin à ce qui semblait être le bon endroit, elle ne put s'empêcher de souffler un bon coup avant d'étaler ses jambes dans la barque, juste le temps de les sentir à nouveau. Pour la suite, elle attendait simplement de savoir ce qu'il y avait sur place et qu'elle serait la marche à suivre pour la suite.

[Casaïr]

Aeldred revint vers le reste du groupe, visiblement déçu.

" Rien ici sinon le bouclier. L'oiseau a peut-être été attiré par une odeur, ou alors ça n'avait rien à voir."

Il scrutait les autres membres de l'expédition tout en évitant consciencieusement Oanell, en quête d'une réaction, avant de s'installer pour manger rapidement son repas.