« Je ne saurai dire si son intérêt pour ma personne sera durable, rosit-elle. Et j’avais l’impression qu’il était déjà bien accaparé par cette Lidda comme vous l’avez nommée. »
Elle fit une courte pause le temps de boire une gorgée de vin, tout en réfléchissant aux réponses à donner.
« Je ne sais si vous décrire l’endroit où j’ai grandi vous donnerait l’envie de le visiter un jour : il est bien morne en comparaison des provinces du Bief et Ironrath est plus une forteresse faite pour résister à des guerres d’ampleur qu’une maison où il fait bon accueillir des invités. Quoique, ne m’en veuillez pas d’être chauvine, l’accueil du Nord n’est pas à démontrer, même s’il est parfois un peu rugueux, à l’image de son climat.
« Le principal intérêt que vous pourriez lui trouver réside dans les ferrugiers, ces arbres dont je vous parlais hier. On leur donne souvent le nom de « givre-acier » en raison de leur robustesse et c’est la fierté des miens. Raison pour laquelle je me devais de les protéger en venant ici. Bref, comment vous les décrire, dit-elle d’un ton un peu rêveur. Imaginez de grands sapins dont les cimes tutoieraient le ciel tant ils semblent vouloir le rejoindre, hauts de plus de deux cents pieds pour certains et au tronc nu de branche jusqu’à la moitié de leur hauteur et si large que trois hommes se donnant la main seraient nécessaires pour en faire le tour. Enfant, j’adorais me promener dans ces forêts que je peuplais de géants vivant sous les frondaisons. Parfois il m’arrive encore de me sentir émerveillée en les voyant et… Pardonnez-moi, cela doit vous sembler bien puéril de m’entendre parler ainsi de ce que d’aucun considérerait comme une forêt des plus banales, si ce n’est la hauteur de ses arbres. »
La question du voyage fit soupirer Mira : celui-ci avait été d’une longueur épouvantable et d’un ennui quasi-mortel. Rester de jour comme de nuit dans un carrosse pendant plusieurs semaines avait simplement failli la rendre folle. Quant à ce qu’elle avait retenu des régions traversées, elle ne s’était guère arrêtée que lorsqu’elle ne courait aucun danger immédiat ou lorsqu'il trouvait une auberge mais avait tout de même pu noter une diversité florale plus importante que par chez elle.
« Ce qui n’est guère étonnant finalement, le climat est plutôt rude dans le Nord, seules des espèces résistantes peuvent s’y installer durablement. Découvrir le Bief fut d’ailleurs un choc : je n’avais jamais vu une telle diversité de couleur en arrivant là-bas pour la première fois. J’imagine que vos terres doivent être également splendides. Ho, et il m’a fallu renouveler toute ma garde-robe également, ajouta-t-elle avec un petit rire cristallin. Je n’avais pas prévu à quel point il ferait si chaud si loin dans le sud. »
Béric, Darren, Walton & les autres
De nouveau ensemble, les trois chevaliers pouvaient discuter entre eux tout en se désaltérant ou tenter de faire la conversation avec les gagnants du tour tout juste terminé. Il apparut toutefois assez vite que Jaimie Lannister n’avait guère l’envie de bavarder avec aucun d’entre eux, préférant rester concentré sur les batailles à venir.
Pendant ce temps, les terrassiers retapissaient le sol de la lice afin de le rendre parfaitement égal, ce qui éviteraient qu’un cheval ne se blesse au moment le plus inopportun.