TDF chap. 19 : Péril à Port-Réal : La grande joute

[Casaïr]

« Ho, une romance interdite… »

Mira semblait totalement conquise à la cause de son amie désormais.

« Les baisers, cela se travaille ! dit-elle doctement comme si elle était soudainement devenue une experte dans le domaine, un doigt levé. Pour ce qui est de ser Walton… Il a assurément une jolie bouche, ce serait pitié qu’il ne sache embrasser. Peut-être devriez-vous tenter l’expérience au terme de ce duel ou de ce tournoi ? Ne serait-ce que pour… tester ? Et je suis certaine qu’il serait ravi d’une telle marque d’attention de votre part ! Attention toutefois ! vous pourriez réellement tomber amoureuse de lui… à moins que cela ne soit déjà fait. Sinon, ajouta-t-elle d’une mine de chat, vous n’envisageriez même pas un tel test… »

[Iris]

Aleth avait un sourire tantôt rayonnant, tantôt grivois, tantôt embarrassé, et le beau chevalier dans la lice avait eu le plaisir au moins d'en recevoir quelques uns qui pouvaient être considérés comme prometteurs...

" Je ne sais pas. "

Après tout elle avait embrassé Corbin Celtigar sans être le moins du monde amoureuse de lui, simplement par goût du jeu.

" Il faudrait vraiment plus que le seul baiser pour emporter totalement mon cœur. Hum... Il a du charme c'est certain, mais ... il ne me donne pas envie de rire aux éclats... et je ne me sens pas aussi libre qu'avec Jack. Il est le premier qui m'ait fait confiance, le premier à ne pas me traiter comme un objet fragile et à considérer ce que je savais faire objectivement, sans se laisser arrêter par mon genre. C'est ça que j'aime avec lui. Il me donne le sentiment d'exister. Il ne me dit pas ce que je devrais faire -- ce qui ne l'empêche pas de s'être toujours montré très respectueux et ... c'est avec lui que j'ai vu ces couleurs... qui me donnaient l'impression de voir son âme... Ce n'est pas rien ! "

Le pauvre Walton passait après un souvenir de romance interdite et magnifiée par le souvenir.

" Cela dit... un moment je me demandais, si ... il y a des prairies charmantes alentours... je me demandais si je ne devrais pas inviter Walton ce soir à un pique-nique frugal, juste l'occasion de discuter et goûter quelques spécialités locales... J'ai presque envie de dire sur ses lèvres... " acheva-t-elle en étouffant un gloussement.

[Casaïr]

« C’est une idée magnifique ! Il parait que déguster des pâtisseries de cette façon a un côté… érotique. Et enlevez-moi ce « presque » de votre bouche, il ne vous sied pas. C’est le moment de vous affirmer auprès de lui. Sinon il vous sera impossible de comparer de façon juste et équitable ces deux hommes. »

Le regard de Mira brillait devant ce qui se jouait sous ses yeux.

« Pour ce qui est de votre traitement… dites-lui simplement ce que vous voulez sans tourner autour du pot, surtout si vous tenez à être comprise immédiatement. S’il a toutes les qualités que vous lui prêtez, je suis certaine que c’est déjà ce qu’il fait, même s’il ne vous le montre pas forcément. Cacherait-il ainsi sa timidité derrière tout cet enrobage que cela ne m’étonnerait qu’à moitié. Si vous avez besoin d’aide pour quoi que ce soit, je devrais pouvoir me débrouiller mais à une condition : aller jusqu’au bout et me raconter ensuite ! On ne complote pas ainsi sans espérer connaitre le fin mot de l’histoire. »

[Iris]

Au mot "érotique", Aleth se retint de bondir, mais son expression mi-outrée, mi-amusée, les joues roses en disait long.

" Oh !"

Il lui fallut un peu de temps pour répondre, les paupières papillonnantes, et l'imagination en dérive :

" Si vous voulez et avez le loisir de vous mêler de mes histoires de cœur, je vous promets le récit de la suite. "

" Quand même, Walton, timide, j'ai un peu de mal à le croire... enfin, il sait si bien tenir son rang en société, qu'il pourrait cacher bien des pensées sans que personne n'en sache rien."

" M'affirmer auprès de lui ?... hum..." elle eut un rire gêné.

" Il y a sur nos terres une dornienne qui tient une maison de tolérance destinée à une clientèle... aisée... Cette femme m'apprécie et s'est investie dans les intérêts du domaine, je vous épargne les détails. Quoi qu'il en soit, nous avons eu l'occasion de discuter un peu, et elle était au courant pour... mon garde de nuit... enfin, ... à un moment nous envisagions d'utiliser un passage secret pour nous retrouver... hum... et bref, cette dame tient la question du plaisir féminin en très haute estime... Elle était affligée de l'éducation que j'avais reçue en la matière... enfin, je n'ai jamais vraiment eu d'amie... autour de moi il n'y avait que des hommes, et j'ai été aussi un temps au grand Septuaire de Villevieille... c'est... dire que je serais un peu embarrassée ... hum... déjà quand Dame Adrienne me demandait si j'avais déjà exploré mon intimité je ne savais comment le prendre... "

[Casaïr]

« Vous n’avez jamais… ? »

Mira semblait prendre cela comme une révélation au moins aussi importante que si Aleth lui avait affirmé tout l’inverse. Elle prit un air concentré tout en regardant les hommes se préparer à se foncer dessus, comme si elle espérait y trouver l’inspiration.

« C’est dommage, commença-t-elle en chuchotant si bas qu’elles durent se rapprocher toutes deux pour bien s’entendre. J’ai eu… enfin, j’ai pu tester cela il y a quelques temps, dans le silence de ma chambre. Vous savez, vous entendez parfois les dames d’ouvrage entre elles alors qu’elles vous croient incapable de les espionner et… elles parlaient de ça. »

Petite pause dramatique avant de poursuivre.

« Elles ne semblaient guère gênées à l’époque pour répondre à une jeune fille de leur entourage sur la façon de… se faire plaisir sans avoir besoin d’un homme. Je n’aurais jamais dû rester pour les écouter mais… c’était juste fascinant. Ce n’était pas vraiment le genre de leçon que l’on pourrait recevoir d’une septa ! Inutile de vous dire que le soir-même je mettais en application leurs si sages conseils. Et cela ne demande finalement pas grand-chose, mais le principal reste d’être à l’écoute de son corps. »

Mira s’arrêta un instant, au moins aussi rouge qu’Aleth et le regard pétillant de malice.

« Je ne suis pas certaine qu’en parler ici et maintenant soit la meilleure idée de la journée, plaisanta-t-elle, mais si vous le voulez, nous pourrons toujours en discuter dans un cadre plus propice à ce genre de conversation. C’est trop bruyant ici pour parler de choses si légères. Et puis, c’est bien ce que font les amies entre elles justement, non ? Du moins, si vous souhaitez de mon amitié. »

Le sourire de Mira Forrester était on ne peut plus rayonnant en cet instant.

[Maëlys]

Le dornien avait regardé la démonstration de Walton Dulver d'un air étonné. Il n'avait pas peur de s'afficher ainsi, surtout devant une telle assemblée.
Il aurait bien souhaité glisser un mot à Darren mais avait peur de commettre encore plus un impair.

Il profita ensuite des très beaux combats de Ser Loras et Ser Jonothor ainsi que Ser Barristan et Ser Robar.
En remarquant l'aîné Fossovoie, il se sentit quelques instants mal à l'aise, en battant le cadet il l'avait envoyé au Mur. Qu'en était-il d'ailleurs, y était-il déjà ou bien Tanton Fossovoie était-il le payement en question ?

Puis il entendit son nom, suivi de celui de Walton Dulver. Il serra les dents un instant ... La situation se reproduisait une nouvelle fois. Il porta un regard à l'homme à côté de lui puis lui dit :

"J'aurai espéré que le tirage soit différent, soyez en sûr."

Il fit ensuite signe à son écuyer de s'approcher pour se préparer.

Quelques minutes plus tard, il rejoignait le chevalier au centre de la lice, pour écouter le même discours de l'arbitre. Même si cette fois-ci, il avait une saveur bien différente.
Comme de coutume, la question des attributions en cas de défaite arriva et c'est Walton qui en parla en premier.
Béric détailla quelques instants le chevalier, puis se souvint de son premier tournoi, lorsqu'il n'était encore que maître d'arme, il y a si peu de temps à vrai dire.
Il lui répondit ensuite :

"Je ne cherche pas vos effets Ser Walton, je ne souhaite qu'à ce que le vainqueur porte au plus loin les couleurs des Castellane. Que cela soit vous, en ayant désigné Lady Aleth, ou moi en portant ces couleurs.
Faisons preuve de la plus grande détermination pour que tous se souviennent de cette maison et cela me conviendra parfaitement.
L'accord vous semble correct ?"

[Ser Walton Dulver]

Hochement de tête aussitôt.

- "Bien sûr la proposition me convient, je ne souhaite rien d'autre que de porter les couleurs de Lady Aleth."

Il regarde un instant la dites Aleth et croise à nouveau son regard. A nouveau il en est content et lui sourit. Puis il tourne la tête vers l'arbitre d'un air interrogatif.

- "Noble Juge acceptez vous cet accord entre nous?."

[Iris]

Les joutes étaient bien plus amusantes depuis que Mira l'avait rejointe. Sa compagne faisait plus pour la cause de Walton que quiconque. Elle était prise dans un tel élan d'euphorie et de rires que plus rien ne paraissait grave, sérieux ou important.

En réponse à la question de son interlocutrice d'un entrain débordant, Aleth lui prit la main : " Très volontiers. Je serais ravie de poursuivre cette conversation plus tard !"

" Mais vous, vous, il faudra m'en dire plus à votre sujet ! Que je ne me sente pas seule à dévoiler mon âme. Comment voyez-vous votre avenir ? Quels sont vos goûts ? Quel homme cherchez-vous ? Quelles qualités -- ou défauts ? -- désirez-vous lui trouver ? "

" En tous cas, si après votre séjour à Hautjardin, vous aviez le loisir d'avoir du temps libre, vous seriez la bienvenue à Waterford. "

[DukeTogo]

Le commissaire apprécia en souriant le respect mutuel perceptible entre les deux chevaliers.

"Merci à vous. Prenez place !"

Béric et Walton rejoignirent chacun une extrémité de part et d'autre de la barrière centrale de manière à l'avoir à leur gauche. Leur assistant avaient trois lances à leur disposition ainsi que leur arme de corps-à-corps et deux boucliers.
Le dornien s'appliqua à ignorer les murmures qu'il avait perçu bien qu'il devait en admettre la véracité : il était avantagé pour ne pas avoir eu à jouter au tour précédent. Il avait aussi croiser l'expression vide de ser Tanton Fossovoie. Pensait-il la même chose ? L'aurait-il vraiment battu s'il avait du user sang et sueur contre Myrosh ? Méritait-il vraiment l'adoubement de lord Rhéomar Castellane ?

Il devait se reconcentrer. Il noua sous la garde de sa première lance un tissu blanc brodé de papillons orange qu'il leva en témoignage de respect pour lady Mullendore, celle qu'il avait eu l'insigne honneur de désigner reine d'amour et de beauté du tournoi de Rubriant. Sa décision était prise. Bien que légitime, les préoccupations de sa charge comme la sécurité de Waterford, celle de lady Aleth, la représentation et la défense de la maison Castellane ne devait pas le dispenser de saluer la lady d'Haute-Terres. Méritait-il vraiment sa douce compagnie ?

[Casaïr]

Mira & Aleth

« Tant de chose à dire et si peu de temps ! s’exclama Mira d’un air faussement contrit. Si vous tenez tant à connaitre tous mes petits secrets, je vous propose que nous en parlions lors d’un dîner. Nous y serons bien plus tranquilles et il y aura moins d’oreilles indiscrètes.

« J’accepte également votre invitation avec grand plaisir. Je suis votre obligée. »

Mira allait ajouter quelque chose quand son attention fut détournée.

« Ho, je crois que vos deux champions sont prêts à s’élancer l’un vers l’autre. »