TDF chap. 19 : Péril à Port-Réal : La grande joute

[Ser Walton Dulver]

Ainsi s'avance non pas Darren mais Ser Walton pour prendre place en le champs de lice. Sous son heaume soigneusement harnaché il murmure.

- "Ô toi Guerrier protège mon bras.
Que ma vertu soit mon bouclier
Que ma foi soit mon parangon."

Et le voilà les pieds fermement ancrés dans les étriers, la lance prête à s'abaisser aux premiers signes de poussée du bestiau. Le bouclier solidement fixé au bras. Il rutile dans son armure aux reflets cuivrés. Avec toutes ses fleures il est un chevalier digne des romans courtois qui plaisent tant aux jouvencelles. Est-ce que cette image va finir à terre, ou bien va t'elle triompher?

Dans quelques instants nous le saurons. Dès le signal, ses pieds frapperont les flans de son étalon. Il lancera alors un furieux galop, il se projettera, il mettra tout ce qu'il faut pour parvenir à son but. Reste à savoir si cela sera suffisant.

[Casaïr]

Walton contre Béric.

Même si je savais que ce combat pouvait se produire, cela n'en restait pas moins un tiraillement. J'appréciais les deux hommes bien que j'en connaisse un depuis moins longtemps que l'autre. En étant pragmatique, je pouvais toujours me rassurer en pensant que la maison Castellane aurait toujours quelqu'un voué à sa cause en demi-finale mais ce n'était pas un mode de pensée vraiment réjouissant.

Un vainqueur, un perdant. C'était ça le plus important et les règles se moquaient bien des états d'âmes aussi bien des participants que des observateurs.

Toutefois, la logique me rappela qui était Béric et je choisis en définitive de rallier son camp, levant le poing dans sa direction pour lui montrer mon soutien.

[Iris]

Si Béric l'emportait, les Castellane iraient en demi-finale, face à des adversaires aussi redoutables que prestigieux.

Si Walton l'emportait, son prétendant irait en demi-finale, face à des adversaires aussi redoutables que prestigieux.

... quelle que soit l'issue, elle gagnait et perdait tout à la fois.

Il n'y avait plus qu'à attendre stoïquement le choc de ses champions.

[DukeTogo]

Le premier choc des chevaliers fut assez impressionnant. Béric ne s'était pas trompé en jugeant que son adversaire s'engagerait sans retenue pour le faire choir. L'expérience face à la fougue, aucun ne prit l'avantage au premier tour mais tout deux eurent très vite chaud. Lance à peine remplacée qu'il fallait déjà reprendre.

[Iris]

Aleth retint son souffle et soupira après le premier passage. Il n'avait pas suffi.

Pourvu qu'ils ne se blessent pas sérieusement.

[Ser Walton Dulver]

Le choc est terrible mais les deux hommes l'encaissent. C'est étrange de voir à quel point au moment où l'on s'apprête à se lancer au triple galop le temps semble s'étirer au ralenti, puis, quand la course commence pour de bon, tout se passe en quelques secondes.

Il aurait suffit d'un instant d’inattention. D'un moment à regarder à gauche pour répondre à une bonne blague et voilà qu'on aurait manqué l'action. Seul le terrible bruit du choc nous aurait fait tourner la tête pour regarder l'action trop tard.

Ser Walton reprend désormais sa place. Il souffle lentement affermissant sa prise sur la nouvelle lance qu'on lui tend, et le voici à nouveau entrain de réciter à voix basse :

- "Ô toi Guerrier.
Dans l'adversité offre moi la grâce
D'une victoire en ton nom."

Mais le voilà invoquant soudainement une autre des divines faces.

- "Ô toi Jouvencelle
Permet à l'amour
Immaculé
De triompher"

[DukeTogo]

Les deux champions s'élancèrent. S'il n'avait pas pu désarçonner Béric le Droit au premier passage, Walton savait pouvoir compter sur sa vigueur pour avoir raison de la résistance du dornien. L'observation de la posture de son adversaire lui donnait raison : Béric se campait dans une posture défensive, le bouclier près du corps, partiellement inclinée pour dévier sa lance et limiter la violence du choc. Mais voilà que juste avant l'impact, le dornien se redresse sur ses étriers, se détend de tout son long en tirant sur les rênes pour mettre son poids à l'avant. Au moment de l'impact, Walton comprend qu'il a été vaniteux et pourquoi Béric a remporté le tournoi des Frères de Rubriant. Alors que sa propre lance rencontre mollement le bouclier du dornien, le grand chevalier Dulver bascule en arrière en s'accrochant désespérément à la selle. Sa monture souffre avec lui et de rage, semble vouloir se débarrasser de son lourd cavalier. Walton ne ressent pas la douleur mais plutôt de la tristesse.


- "Ô toi Aïeule,
Pardonnes mes erreurs
Et aide moi à grandir
Dans la sagesse"

Un rayon de lumière, comme une leçon ardente d'un soleil moqueur, l'éblouit à travers la visière de son casque. Arrivé au bout de la lice, Walton est toujours en selle grâce à la bienveillance des Sept.

[Ser Walton Dulver]

Instant fatidique. Il s'est vu tomber... il est... NON! Il tient toujours. Il a vacillé, souffert, ce fut terrible, mais par les 7, il tient toujours. Alors, lentement il mène sa monture pour qu'elle se retourne, pour voir où en est son adversaire si talentueux. Sa main lorsqu'il saisit la lance commence a faiblir, tout son bras, tout son corps entier tremble sous les deux impacts. La fatigue du combat précédent et des deux tours de lices se fait cruellement sentir. En vient-il à douter? Oui, très certainement. Pour autant il n'abandonne pas car ce n'est pas ainsi que ce comporte un chevalier. Non, il va jusqu'au bout. Peu importe la victoire ou la défaite tant qu'on a l'honneur de savoir que l'on a tout donné. Il honore le talent de Ser Berric en continuant.

Alors il ne prie plus. Les 7 ne vont pas l'aider, seul comptera sa compétence de chevalier ou celle de son adversaire. Talent contre talent, bois contre métal, 1, 2, 3....

[Iris]

Sous le choc, Aleth avait porté ses mains à son visage, elle demeurait immobile, à regarder Béric et Walton s'infliger les coups les plus rudes. La guerre était assurément plus dure, mais ces joutes demeuraient bien brutales à son esprit. Elle ne savait qu'espérer. Que cela cesse ? Que Walton l'emporte ?

[Ser Walton Dulver]

... Et finalement non. Il ne peut pas repartir fissa. On est pas hardi chevalier aussi facilement qu'on le souhaiterait. Lui qui déjà s'apprêtait à s'élancer aussitôt a en fait le bras qui faibli, il repasse la lance à son écuyer et fait signe qu'on lui apporte à boire. Il enlève son heaume et sa calotte matelassée, on dès lors peut voir là dessous toute l'étendue de la dépense énergétique. Ses cheveux sont trempés. Son front et ses tempes sont marqués par le rouge d'une peau irritée, son joli teint si parfait est désormais blafard. Voilà qu'on lui apporte une gourde en peau de chèvre et aussitôt il la vide totalement. Et glou, et glou, et glou. C'est qu'il en faut de l'eau pour irriguer cette montagne là. Une fois abreuvé, il reprend de la contenance, son souffle semble lui être revenu, sa monture elle aussi est apaisée, sa peau reprend des couleurs... Il a l'air satisfait. Un dernier hochement de tête entendu à Aleth et le voilà qui remet calotte et heaume. On lui tend la lance à nouveau. Il a reprit de la consistance. Il fixe désormais son adversaire, prêt à l'action, à s'élancer une troisième et dernière fois. Dernière avant le succès, dernière avant la défaite, ou bien dernière avant le combat au sol.