TDF chap. 19 : Péril à Port-Réal : La grande joute

[Maëlys]

Le dornien s'était élancé à pleine vitesse sur sa jument en direction de Ser Walton, vers son destin même si ce tournoi n'avait pas la même signification pour lui que Rubriant.
Son adversaire, massif , avait néanmoins une prise sur sa lance moins ferme, comme si le tour précédent avait affecté sa poigne. Mais il ne lâchait rien, mettant sûrement un point d'honneur à ne pas abandonner malgré la douleur qui devait être présente.
on
L'espace d'un instant, quelques secondes avant l'impact, une réflexion passa dans l'esprit du dornien. L'honneur ...

Puis les deux lances plièrent, le choc lâcha une décharge dans le bras du dornien, il tint, il tint, mais peu à peu il sentit la puissance adversaire augmenter, puis son emprise sur sa monture se réduire, et quelques secondes après, il se retrouvait, le souffle coupé, au sol. Béric était tombé. Dorne était tombée mais d'une certaine façon les Castellane allaient pouvoir continuer dans ce tournoi.

Un peu étourdi, le dornien resta quelques secondes allongé, avant de se relever un peu péniblement. Rien n'avait été touché particulièrement mais l'impact était toujours rude. Avant de revenir vers son côté de la lice, il retira son casque puis se fendit d'un salut envers la foule, et ceux l'ayant soutenu. Même si il n'était guère apprécié, c'était d'une certaine façon grâce à eux qu'il était là aujourd'hui.
Puis il revint près de sa jument, qu'il flatta de quelques tapes sur l'encolure, juste avant que Ser Walton ne vienne à son encontre et parle d'une voix forte, lui disant qu'il n'avait pas démérité son onction.

A cette mention, le visage du dornien se crispa quelques peu, puis il répondit, surtout pour son interlocuteur :

"Je ne suis pas oint Ser. Mais ce fut également un honneur, portez haut les couleurs de votre Dame."

Puis si rient n'avait besoin d'être ajouté, il retourna vers son écuyer afin de s'occuper de sa jument et de son équipement que l'impact n'avait pas dû manquer de déformé mais qui au moins avait protégé ses organes.

Il y retrouva Darren qui le félicita tout d'abord, puis Aleth qui vint s'enquérir de leur santé. Pour le premier, il se contenta d'un bref remerciement, comprenant la déception qui accompagnait le fait de perdre, et dire qu'il lui avait tenu les mêmes mots quelques dizaines de minutes auparavant ...
Quant à la seconde, il se permit de lui dire :

"Merci Lady Aleth. Je pense que cette fois-ci, les dommages sont plus matériels que physiques, je verrai bien avec Joango en retirant l'armure mais je ne sens aucune douleur particulière, je n'aurai sûrement pas à vous embêter comme à Rubriant."

Puis il continua :
"Désormais, cela sera Ser Walton qui pourra porter la maison Castellane plus haut dans ce tournoi."

[DukeTogo]

Ser Walton réalisa après la réponse que lui fit son redoutable et respectable adversaire que nombre de chevaliers n'était pas oint. Après tout, lui même aurait pu se contenter de son adoubement sur le champ de bataille mais le cheminement spirituel pour embrasser la foi des Sept dont l'acte final fut l'onction des saintes huiles alors qu'il n'était vêtu que d'un simple pagne était quelque chose qu'il ne regretterait jamais. La foi qu'il affichait lui attira rapidement les faveurs du peuple. Dans la tribune, Aleth sentit quelques regards voisins envieux de sa chance à avoir pareil champion. Le plus agréable restait l'expression discrète mais amusée de lady Mira.

"On le dirait sorti d'un vieux livre de contes. Prenez garde, chère amie, j'ai l'impression qu'il pourrait manquer des pages vu le nombre de lectrices désireuses d'avoir voix au chapitre." lui murmura-t'elle en riant.

**

Non loin d'elles, Robert Barathéon donna de la voix pour que ses échansons lui ramène à boire. Accompagné d'un hérault qui répéterait à voix haute ce qu'il dirait, le commissaire du tournoi vint au centre de la lice pour s'adresser au roi des Sept Couronnes, le remerciant d'abord au nom de tout ses sujets pour la paix du Roi et la tenue de ce formidable tournoi. Robert lui fit d'abréger et c'est ainsi qu'on appris quels seraient les duels suivants.

"Le chevalier des Fleurs contre ser Jaimie Lannister"
"Le Hardi contre ser Walton Dulver"

[Iris]

La pause entre les quart et demi-finales s'était achevée, et Aleth repartit avec Mira s'installer dans les gradins. La fin de la journée était proche. Plus que trois combats.

La discussion badine reprit. Les jeunes filles en fleur, parées de leurs plus belles toilettes, soutenaient de leurs sourires et regards bienveillants les champions qui s'affrontaient.

" Un chevalier de conte de fée ? C'est vrai. " sourit-elle. "Une chance pour lui qu'il n'y ait plus de dragons !"

Après l'annonce des duels, elle ajouta :

" J'espère qu'il y aura au moins un chevalier du Bief en finale. Le mieux serait encore Walton contre Loras Tyrell, mais ils auront chacun de rudes adversaires à vaincre. "

[Ser Walton Dulver]

Ser Walton semble troublé par la façon dont Aleth lui parle. Son sourire devient plus vaporeux... plus.... heureux. Il finit par répondre à la proposition de soins :

- "Oui... volontiers... merci....".

Et voilà déjà qu'elle repart comme elle est venue laissant notre chevalier plus sûrement K.O qu'une lance sur son bouclier. Vient ensuite ce rappel : tout les chevaliers ne sont pas oint. Il est vrai que dans son exaltation il en oublie lui même qu'un temps il a porté le titre de Ser sans l'accompagner de toute la sacralité qu'il recouvre désormais pour lui. Il hoche la tête respectueux envers Berric en le regardant s'éloigner.

Enfin, vient l'annonce des duels de demi finale.

- "Quel honneur..."

Lache t'il dans un souffle en apprenant la personne contre qui il va devoir jouter. et contre qui il va probablement perdre. Mais l'heure n'est pas à la rêverie - peu importe la probable défaite, seule compte de faire son devoir - il a un peu de temps avant son combat et il doit l'optimiser pour être prêt. Son écuyer doit l'aider à remettre en place ses pièces d'armures, il doit boire et grignoter quelques grains de raisins. Juste ce qu'il faut pour avoir de l'énergie, mais ne point s'empiffrer pour ne pas être lourd le moment venu. On doit également permettre à sa monture de s'abreuver. Bref, Walton et son petit monde s'affèrent.

[Casaïr]

"Ser Barristan contre Walton."

Voilà qui promettait un combat des plus difficiles. Je regardais Walton qui semblait relativement frais. Il avait l'avantage de la jeunesse mais son adversaire était le plus expérimenté de tous les chevaliers réunis ici-même. Ce combat semblait perdu d'avance face à une telle légende mais la possibilité de triompher était malgré tout à portée de lance.

"Que les Sept veillent sur vous, Walton. Croyez bien que tous les Castellane sont derrière vous", lui souris-je. "Montrez-lui qu'on peut en remontrer à un vieux singe tel que lui."

Je me plaçais enfin pour regarder les demi-finales. Le duel entre ser Jaimie Lannister et Loras Tyrell promettait également beaucoup. Pour apprendre, il fallait aussi observer. Et retenir les erreurs de ses adversaires. Pour les vaincre quand l'occasion se présenterait.

[DukeTogo]

Le dernier carré des combattants suscitait enthousiasme et interêt.

Même si Jaimie Lannister portait le peu honorable nom de régicide, il n'avait pas moins que le soutien des nombreux soldats Lannister présents et bien sûr de sa soeur la reine. Port-Réal s'était habitué à la présence en nombre des soldats portant cape rouge, exigence de Tywin Lannister pour que sa fille Cerseï est une garde solide. Bien entendu, leur nombre était loin d'égaler celle des Manteaux Blancs, le guet de la capitale.

Le chevalier aux fleurs avait la préférence des ladys et de la jeune noblesse. Il représentait l'excellence atteinte à un si jeune âge qu'il ne pouvait promettre qu'à devenir un jour une légende tel Duncan le Grand ou Barristan le Hardi. Le peuple aimait Margaery et par extension aimait également le jeune chevalier aux boucles d'or.

Barristan le Hardi suscitait lui l'admiration des chevaliers et autres experts du combat. Le voir à l'oeuvre était une aubaine, l'assurance d'une leçon mémorable montrant que le grand talent et la haute compétence prévalait sur l'âge ou sur des adversaires réputés vigoureux. Il y'avait eu de ci de là l'espoir de voir la Montagne recevoir une leçon du vieux chevalier, surtout quand le Hardi avait demandé son bannissement des joutes.

Enfin, la surprise à ce niveau du tournoi, ser Walton Dulver qui était d'ailleurs le seul à porter les couleurs d'une lady. Fidèles à leur voeux, les deux Manteaux Blancs n'aurait pas à désigner la reine d'amour et de beauté s'ils remportaient le tournoi tandis que Loras désignerait sans aucun doute Maergery. Le grand chevalier de province avait gagné le soutien du peuple. Si les inconnus qui brillaient créait souvent l'événement, Walton avait aligné plusieurs qualités et vertus. Il avait fait montre d'une foi sans faille, d'une déférence non feinte envers ses suzerains et envers la couronne et avait surtout clamé haut et fort son attachement à une jeune lady qui intriguait beaucoup.

Celle-ci avait gardé une attitude neutre, voire discrète ne trahissant guère d'émoi devant la bravoure des chevaliers, y compris ceux de sa maison, famille ou son champion. Toutefois, l'affirmation digne de la devise familiale reprise à l'unisson avait fait sensation. Lady Aleth n'arrivait pas, non ne voulait pas occulter le fait qu'il y'avait quelque part dans cette assemblée quelqu'un - voire plusieurs personnes - qui oeuvrait contre la maison Castellane pour des raisons toujours inconnues. Ainsi, les rudes événements des dernières lunes avaient changés la grande adolescente sage en jeune femme déterminée, tant mentalement qu'en allure.

Noyé dans le public, le regard magnétique de Myrosh croisait ponctuellement celui de la lady, donnant à celle-ci le loisir de comprendre qu'il était aux aguets. Le prêtre guerrier d'Essos, autrefois chevalier du Bief sous le nom d'Hastwyck avait lui aussi eu sa famille embarqué malgré elle dans toute cette énigme, le forçant à sortir de son isolement outre détroit. Il fut rejoint par Béric qui n'avait pas démérité.

Ser Darren et Gylehan - sous les traits de Gyles - échangaient eux aussi quelques regards. Il avait perdu aujourd'hui mais avait gagné tellement plus la nuit dernière. Pareil pour elle, qui avait vécu dans le secret et la honte d'avoir laissé sa grande soeur à Culpucier, elle avait des motifs pour espérer un futur plus heureux. Ils étaient la preuve que malgré l'adversité et les coups du sort, l'on pouvait connaitre des fins heureuses. Bien sûr, rien n'était jamais acquis et il y'avait encore beaucoup à faire.

Tant et plus de personnages hors du commun...

[Ser Walton Dulver]

Une fois suffisamment préparé et reposé, Walton insouciant du jeu des préférences et des "dit-on" s'en va saluer le chef des blancs manteaux.

- "Noble Ser, Lord commandeur. Jadis sur un champs de bataille je fus adoubé par quelqu'un qui sers sous les mêmes couleurs que vous. Jamais à cet instant je n'aurai pu imaginer un jour avoir l'honneur de jouter contre vous. Je tacherai de m'en montrer digne, mais aussi de me montrer digne de la confiance que Ser Aërys du Rouvre plaça en moi."

Et le grand bonhomme tout recouvert de métal cuivré de s'incliner devant le Hardi.

[Iris]

Apparemment la partie du tournoi passée à rire avec Lady Mira Forrester n'avait pas entamé le potentiel de dignité et de mystère entourant Aleth, qui avait encore du mal à se faire à l'idée que tant de regards convergeassent vers elle. Son champion Ser Walton Dulver, un inconnu tout comme elle, avait su se faire remarquer et apprécier. Il était acclamé dans la foule, et autour d'Aleth, il ne manquait pas de susciter des commentaires affectueux. Ce jeune homme était décidément bien persévérant, et il choisissait de lier son destin à celui d'une Maison dont il ignorait presque tout. Il le faisait par affection, par gratitude pour le drame évité sur ses terres, par une conviction vertueuse de la nécessité de défendre le Bien quoi qu'il en coûtât. Beaucoup de choses déplaisaient à Aleth, mais il fallait bien admettre que Walton n'était cause d'aucune.

Elle lui sourit.

Il lui faudrait lui parler, tout à l'heure. Sa décision était prise.

[DukeTogo]

Une fois suffisamment préparé et reposé, Walton insouciant du jeu des préférences et des "dit-on" s'en va saluer le chef des blancs manteaux.

- "Noble Ser, Lord commandeur. Jadis sur un champs de bataille je fus adoubé par quelqu'un qui sers sous les mêmes couleurs que vous. Jamais à cet instant je n'aurai pu imaginer un jour avoir l'honneur de jouter contre vous. Je tacherai de m'en montrer digne, mais aussi de me montrer digne de la confiance que Ser Aërys du Rouvre plaça en moi."

Et le grand bonhomme tout recouvert de métal cuivré de s'incliner devant le Hardi.

Ser Barristan porte son casque sous le bras et sourit à Walton en répondant d'un signe de tête. Nul doute qu'il était régulièrement abordé par nombre de chevaliers plus ou moins jeunes, d'écuyers ambitieux et de pages admiratifs.

"C'est Aërys qui t'a dit de venir me voir ?" Walton surpris du ton un peu sec de l'illustre chevalier perdit un moment contenance. Mais voilà que le commandant de la Garde Royale le laisse car un page vient lui dire que la Main du Roi souhaite le voir.

"A toute à l'heure." Ce sont les seuls autres mots que Walton entend avant que le Hardi ne lui tourne le dos. Le grand gaillard se sent seul et perplexe tandis que la cape blanche et son entourage s'éloigne.

[DukeTogo]

L'ambiance monte quand tout le monde reprend place. La foule s'agglutine pour voir les champions. Même les vaincus, sauf les plus blessés - ou les morts - veulent connaitre l'issue de la grande épreuve des joutes.

A ce stade du tournoi, les deux premiers adversaires sont au centre de la lice avec le commissaire du tournoi à leur coté. A l'issue des rappels d'usages et de l'échange de quelques mots, ils rejoindront chacun une extrémité de la lice en saluant noblesse et populace. Bien qu'il y'ait trop de brouhaha pour entendre ce qu'il se disent, il semble que le chevalier aux Fleurs, est contrarié, piqué au vif à en croire son expression courroucée et plus encore quand il chasse la main de Jaimie qui lui tendait un carré de soie.

"Que se passe-t'il ?, aboya le roi Robert.
- Juste qu'il restait au jouvenceau un peu de lait dans le nez", lâcha Jaimie.

La reine Cerseï jubilait, le roi soufflait de dédain.
"Loras t'a battu la dernière fois, régicide !
Jaimie accusa le sobriquet en baissant les yeux mais répondit toutefois.
"De la chance... ou mon manque de sommeil."

Il chuchota quelque chose à Loras qui eut pour effet de le faire partir à grand pas rageurs vers son destrier.

Spoiler () :

" Il est encore tant rentrer chez mère-grand."

"Ah, on dirait un lion !". lança Robert satisfait de voir le sang bouillir chez l'enfant chéri du Bief. Son trait d'esprit fut du goût de lady Margeary qui eut pour le roi une oeillade tendre.
"Un muguet, tout au plus, répondit Jaimie. Donnez moi un dragon, s'il en reste, précisa-t'il en jetant un regard vers Barristan, et je l'embrocherais sans ciller."

L'affrontement promettait d'être intense. Intense il fut, bref et rapidement achevé par la chute de cheval de la Rose courroucée face au Lion moqueur.

Le prince Joffrey bondit de sa chaise, terriblement fier de son oncle. "Tu as vu, maman ? Tu as vu ?!"
- Oui, tu peux être fier. Et ton père aussi, n'est ce pas ?" répondit la reine avec un air satisfait en regardant le roi.

Robert se rembrunit, se retenant sans doute de passer ses nerfs grâce à la présence proche de sa Main du Roi, la sagesse même nommée Jon Arryn.