[Symbaroum] Chap. 2 - Nécessité fait loi

[Caeso Senjak Khan]

Le capitaine hocha la tête calmement.

-C’est ce qui vous distingue de votre confrère Elfeno. Je suis certain que son respect est très lié à l’idee qu’a de la dévotion envers le Dieu de la lumière.

Il s’avança aux côtés d’Hellebore.

-Rassurez-vous quand à Sarvola. Votre considération pour son travail jugé hérétique par le temple ne sera pas ébruité.

Caeso addressa un petit signe de main à l’homme dans la cellule.

[Casaïr]

Je regardais Vérama avec surprise.

"Karvosti ? C'est un long voyage ! Qu'est-ce qui te fait penser qu'il serait nécessaire ?"

L'idée de repartir sur les routes avec une fillette de seulement cinq ans ne me plaisait qu'à moitié, surtout si une bonne partie du trajet nécessitait de traverser Davokar.

[Edzart]

"Karvosti ?"
Ledros jeta un oeil à la lettre qu'il avait récupéré.
"Comment est-ce que vous arrivez à Karvosti avec tout ça ? Effectivement, vous risquez d'être quelque peu en retard à notre rendez-vous, avec un tel voyage haha."

[Madennig]

Verama ne sourit pas à la blague de Ledros, et pourtant, dans son regard, on pourrait presque y deviner une pointe d'amusement.
Reprenant tout son sérieux, elle répondit :

"Ce serait pour interroger les sorcières... Mais si nous en rencontrons avant d'arriver à Karvosti ce serait bien plus simple, c'est certain. Mais tu as raison, Heidi, je n'avais pas pensé à la jeune Fjola... Je pourrais y retourner seule, seulement si rien ici ne nous aide à découvrir l'origine de ce gouffre... "

Elle se tourna plus particulièrement vers Ledros pour préciser :

"Donc, pas tout de suite."

[Casaïr]

"Si je ne te connaissais pas, je dirais que tu es en train de t'enflammer, dis-je avec une pointe d'humour. Envisager un voyage aussi long..."

Puis je réfléchis.

"Il y a bien la mère d'Alomar, à l'auberge "la sorcière et le familier", qui serait une sorcière de ce que j'ai entendue, mais je ne sais pas si c'est pour qualifier ses talents ou son insupportable caractère. On m'a dit qu'elle détestait Fort Chardon. Ça peut être une piste si tu veux. En tout cas c'est une bar... elle fait partie d'un de vos clans, mais je ne sais pas lequel."

Je m'étais reprise pour ne pas prononcer le terme de "barbare" que je trouvais désormais impropre pour qualifier un membre des clans. Ma rencontre avec Vérama me faisait douter de la pertinence de ce mot qui s'appliquait sûrement à nous pour eux. Il faudrait néanmoins que je demande à mon amie s'il y a un nom pour son peuple.

"Nous verrons cela un peu plus tard si tu le veux, pour le moment, occupons-nous de protéger Sarvola."

[Edzart]

Ledros resta muet un instant avant de lever une main, et de dire doucement :
"Sinon, il y a celles qui campent à une petite demi-heure à pied de la porte nord... Celles qui baragouinaient à propos d'un puits qui parle ?"
Avec un sourire il reprit :
"Quoi qu'il en soit, effectivement, je vais commencer à chercher quelques informations sur ceux qui pourraient en vouloir à Sarvola."
Sur ce, il fit demi-tour et s'éloigna vers l'une des entrées du monde sous-terrain de Fort Chardon.

[Madennig]

Verama regardait Ledros faire demi-tour et s'éloigner, les sourcils froncés.

"Je ne savais pas que les sorcières étaient encore proches de Fort Chardon aussi... " marmonna-t-elle, contrariée. "...Peut être que je ne comprends pas toutes les subtilités de votre langage et qu'il l'a dit sans que je m'en rende compte..."

Elle prit l'autre main de Fjola, et suivit Heidi à travers la ville pour retrouver la Mission du Père Sarvola.

"Il avait l'air étrange... non ?"

Puis, réagissant avec un peu de retard :

"Je ne comprends pas... Quel rapport entre le caractère d'une personne et la sorcellerie clanique ?"

[Casaïr]

"Il avait l'air étrange... non ?"
"Il l'est oui, et il a filé aussi vite que l'oiseau dont il porte le sobriquet. Si ça peut te rassurer, dis-je en souriant, il n'a pas dit que les sorcières étaient restées. Nous irons les voir quand nous en aurons fini avec Sarvola."

Nous cheminions dans les rues jusqu'à la mission du père Sarvola, Fjola jouant à se balancer à nos bras quand Vérama reprit la parole.

"Je ne comprends pas... Quel rapport entre le caractère d'une personne et la sorcellerie clanique ?"
"Ho..."

J'avais oublié ce léger détail : elle prenait trop ce que disaient les gens au pied de la lettre, les nuances lui étaient totalement inconnues. Je me demandais si c'était un trait qui lui était propre ou si tous les siens arrivant en ville ressentaient le même décalage.

"En fait, dis-je en avançant sur des œufs, ce sont de vieilles expressions qui datent de bien avant que les ambriens ne viennent ici. Quand on dit d'une femme que c'est une sorcière, c'est parce qu'elle a un comportement épouvantable, souvent méchante et qu'elle aime faire du mal aux autres en les blessant verbalement."

Je regardais Vérama, pas vraiment certaine qu'elle ait bien compris ce que je voulais dire.

"Elle humilie les autres, quoi, ajoutais-je maladroitement. Désolée, j'espère que je ne t'ai pas vexée, je n'avais pas pensé que ça pourrait..."

[Madennig]

Verama était profondément vexée. Vexée d'apprendre que tout ce qu'elle considère être sa vie pouvait aussi décrire une personne aussi abjecte. Et vexée aussi de ne pas pouvoir voir tout cela avec du recul. Vexée de se sentir vexée, en somme. Ce fut donc une sorte de prouesse de dissimuler sa peine. Prouesse qu'elle ne parvint pas à réussir complètement puisqu'elle se contenta d'un :

"Ce n'est rien."

Très peu convaincant.

Les mâchoires serrées, elle essayait de contenir ses larmes de colère. Elle regarda ailleurs, en silence, le temps que sa météo intérieure s'améliore.

[Casaïr]

Ho bon sang, j'avais fait une bourde de premier ordre. Moi qu im'étais toujours douté de la sensibilité sous-jacente de Vérama, je ne pensais vraiment pas la faire apparaitre de cette façon. C'était étrange et en même temps touchant. Il fallait juste que je lui change les idées.

"Dis, je pensais à un truc, rien d'important mais je suis un peu à court d'histoire sur les tiens et j'aimerais pour une fois raconter un beau conte aux Salons de Symbaroum, tu pourrais m'aider ? Même si ce n'est pas grand chose, j'aimerais apporter mon aide à la compréhension mutuelle de nos deux peuples. On a une chance de pouvoir tenter d'amadouer les gens d'ici. Ho ! Je pourrais parler de toi ! Enfin pas de toi, mais de quelqu'un qui serait toi sans l'être. Tu... comprends pas... bon..."

Je toussotais dans ma main, vérifiais qu'Hagen nous suivait toujours -ce qui était le cas- pour reprendre plus calmement.

"En fait, dans nos contes, on procède de deux façons : soit on raconte l'histoire de personnes ayant vraiment existé, pour narrer leurs exploits ou pour rappeler la tragédie qui les a frappé, soit on en invente et on essaie d'insérer une morale dedans, du genre : "Attention, le vol c'est mal !", ou "Tel est pris qui croyait prendre !", tu vois ?"