[OdE Chap. 7-60] L'abbaye de Sainte Isold | 7h45

[Casaïr]

Aeldred laissa Pwyll faire sa demande, écoutant attentivement la réponse de la prêtresse. Visiblement, lui-même était très intéressé par ce qu'elle venait de leur dire.

"Cela pourrait être très intéressant, je pense que nous irons après notre entrevue avec..."

Aeldred se rendit compte qu'il lui manquait un élément : le titre à donner à l'abbesse.

"Comment doit-on l'appeler ? Dame Gudela ? C'est la première fois que nous visitons une maison de l'Unique et j'avoue ne pas avoir pensé à demander à Fredelme de précisions à ce sujet."

[Iris]

" Vous pouvez l'appeler Abbesse Gudela ou Mère. "

Aeldred se rendit compte qu'au sein du Temple, tout le monde était frère / père / fils - sœur / mère / fille, selon le statut qu'on prêtait à son interlocuteur.

La prêtresse guida les deux visiteurs à l'étage jusqu'à une porte où elle toqua. Elle entra seule quelques instants, et ne tarda pas à ressortir. L'abbesse consentit à accueillir ces visiteurs inattendus. Quand Aeldred et Pwyll entrèrent, la dame, une femme entre deux âges, assez chaleureuse, vint à eux :

" Herzel me dit que vous avez des nouvelles de ce bon Fredelme ? Entrez. Comme vous voyez, j'étais encore à boire ma gwymith du matin, en écrivant quelques lettres."

Le bureau était installé côté est et était agréablement éclairé. La fenêtre était ouverte et on entendait le chant des oiseaux au dehors. Le mobilier était sobre mais de bonne facture. Il y avait un banc pour deux ou trois personnes le long d'un mur.

" Souhaitez-vous une tasse peut-être ?"

Herzel réagit aussitôt : "Je vais en demander en cuisine." Et la prêtresse était déjà partie avant que les deux visiteurs n'aient eu le temps de refuser.

[Casaïr]

"Merci beaucoup pour votre accueil, ma mère", dit Aeldred.

L'atmosphère des lieux plaisait au jeune clerc, c'était évident. Il s'avança un peu timidement dans la pièce.

"J'ai aidé le père Fredelme à s'occuper de ses moutons au début, il avait un peu de mal à s'en faire obéir, raconta Aeldred en souriant à l'anecdote. En retour il m'a aidé, notamment en m'apprenant à lire et à écrire. Nous avons assez souvent discuté lui et moi, bien que je ne lui rende pas visite aussi souvent que je le devrais. Je le considère comme un ami à plus d'un titre et il a toujours su m'écouter et me conseiller."

[Iris]

" Et comment vous appelez-vous, vous et votre ami ? " demanda gentiment l'hôtesse à Aeldred qui demeurait anonyme depuis son arrivée à l'abbaye.

[Pwyll]

Ce que Pwyll pouvait avoir comme vagues préjugés, même si ce genre d'état d'esprit n'était clairement pas dans sa nature, fut totalement emporté par cet accueil si chaleureux envers de complets étrangers, ou presque.

"Comme vous l'aurez compris, nous venons de Terfynisel, lui c'est le Clerc Aeldred et je suis Pwyll, ici en tant que simple auxiliaire hilderin qui accompagne la délégation au château ducal. Je dois dire que vous êtes rudement gentille de nous recevoir comme ça, mère Gudela."

La bonhomie du géant rayonnait de son visage ouvert.

[Iris]

" Aeldred ? Vous êtes ... Aeldred, l'ami de Fredelme ? Aeldred de Terfynisel ? Mais vous êtes un élu ! "

" Fredelme nous a parlé de vous dans sa dernière lettre ! Je lui avais répondu que je serais ravie de faire votre connaissance ! C'est merveilleux !"

[Pwyll]

Pwyll coula un regard surpris vers Dred. Un élu de quoi ? Qui avait voté pour lui ? C'est quoi ces conneries ?

"Un élu ?"

Pwyll repensa alors à l'auréole de glace qui avait entouré le corps de son ami...

"T'étais vraiment mort, ma parole !"

[Casaïr]

Aeldred ne s'était pas vraiment attendu à un tel accueil et cela se lisait sur son visage. Le fait que Pwyll en rajoute une couche ne l'aidait pas beaucoup plus. Il jeta un regard torve à son ami qui signifiait "pas faute de te l'avoir répété" avant de regarder de nouveau Gudela.

"Je ne sais pas si je suis un élu, ma mère, je pense surtout avoir eu énormément de chance dans mon malheur. La rencontre avec ce feond m'a été fatale, c'est vrai, mais c'est en me retrouvant dans.... les Limbes, ou quoi que cela ait pu être, que je me suis réellement senti en danger. J'ai été poursuivi par des ombres affamées et j'ai fui autant que j'ai pu, jusqu'à trouver -ou être trouvé par- un îlot de lumière et de chaleur qui mit en déroute mes poursuivants."

Ce n'était pas la première fois qu'il racontait cette histoire et à chaque fois, la sensation de bien-être qui l'avait envahit à ce moment le submergeait de nouveau.

"J'aurais pu choisir de rester là-bas, je savais que j'aurais été heureux, accepté. Mais j'ai senti aussi... que je devais faire quelque chose pour protéger l'endroit où je suis né. Je ne sais pas encore bien comment m'y prendre et cela me demandera certainement beaucoup de temps mais je ne compte pas laisser passer cette chance. De là à me considérer comme un élu..."

Les rares fois où Fredelme avait évoqué ces personnes bien spécifiques, Aeldred les avait toujours imaginé grands, forts, sans peur et plein de compassion pour leur prochain. Un tableau sur lequel il était difficile de l'y faire figurer en somme.

"Les élus ont souvent de grands pouvoirs, vous l'avez dit vous-même. Moi, je n'ai rien de tout cela. Je suis juste... revenu."

[Iris]

" L'Unique veille sur ceux qu'Il estime dignes d'accomplir Sa volonté."

" C'est à nous -- Frère Fredelme, et la communauté de cette abbaye, et plus largement celle du Temple -- de vous aider à découvrir et mieux comprendre ce don."

" Les miracles ne sont maîtrisés que par les élus qui ont une connaissance intime de la parole de Soustraine. La voie empruntée par les saints au cours des siècles précédents nous guide vers la lumière immaculée."

[Pwyll]

Hochant la tête comme s'il comprenait tout ce qui se disait, Pwyll ajouta son grain de sel par un commentaire :

"Une parole qui passe certainement pas la lecture des livres précieux que contient cette Abbaye ! Nous voulions justement commencer par ceux qui racontent votre version des feondas des linges et tout ce qui se rapporte aux ombres là, celles qui veulent attraper les morts."

Il regarda Aeldred avec fierté.

"Tu vois, on va finir par faire de toi quelqu'un qui n'est pas qu'un râleur qui se rabaisse sans arrêt ! Souris !"