[Warhammer - Chapitre 3.0] Profanations

[Crépuscule]

Quel talent! Morgan était vraiment un bon guerrier, il avait une certaine élégance quand il maniait l'épée, de la prestance .. ou quelque chose, mais quoi que c'était, c'était plaisant à regarder. Johanna se laissa prendre dans le suspense du combat, retenant son souffle quand Morgan se faisait attaquer, l'acclamant quand il portait une attaque.

[Thalgrim]

Les acclamations de la foule redoublèrent lorsque Morgan la salua. Plus par chance qu'autre chose (parce qu'il y a quand même environ 4000 spectateurs, et l'arène doit pouvoir en accueillir un millier de plus en serrant bien tout le monde), l'ancien soldat aperçu ses compagnons.
Une fois revenu dans les "coulisses", Morgan apprit qu'aucun autre combat n'était prévu pour lui aujourd''hui, puisque l'enjeu de cette première journée était qu'un maximum de participants s'affrontent afin qu'il y ai beaucoup d'élimination (en théorie, il y avait grosso modo 240 participant au début de la journée, il en restera 120 à la fin). En revanche s'il souhaitait seulement se battre pour la beauté du combat et sans aucun enjeu.... et bien le maitre de l'arène ne verrait probablement pas d'inconvénient à ce que les meilleurs combattants de la journée repassent à la fin de celle-ci pour donner au public un aperçu des combats du lendemain. Restait donc à voir comment le Norsque allait se tirer de son combat.

Je viens de me rendre compte qu'Iris nous a tous enduit d'erreur avec son enthousiasme! :p
Lorsque Morgan passe, Johanna et Jill ne sont pas du tout au courant que d'autres de leurs connaissances participent au tournoi!

Alors qu'un nouveau groupe de combattant foulait le sable de l'arène, Jill et Johanna (bon surtout Jill en fait je pense) eu la surprise de reconnaitre Sigurd parmi les guerriers. Comme une majorité de participant, il avait opté pour une arme simple (une épée en l'occurence) assortie d'un bouclier. L'homme qui lui faisait face était équipé de la même façon. Il s'avèra cependant assez rapidement que leur talents martiaux n'avaient par contre pas grand chose en commun. Sigurd prit l'initiative en profitant d'une esquive pour passer sur le flanc de son adversaire et lui taillader la cuisse au passage. L'autre guerrier décida alors de se concentrer sur sa défense en se contenant de lancer quelques attaques particulièrement timorées. N'ayant plus grand chose à craindre de son adversaire, le vétéran fit pleuvoir une véritable pluie de coup sur lui, ou plus précisément sur son bouclier. Visiblement, il ne cherchait même pas à éviter sa défense, mais à la faire plier en utilisant sa force et l'avantage que son opposant lui avait concédé en abandonnant l'offensive. Bientôt, la défense de l'autre guerrier céda littéralement lorsque qu'un coup particulièrement violent lui arracha presque son bouclier, et Sigurd n'eut aucun mal à profiter de l'ouverture pour le blesser une seconde fois.

Lorsque la fournée de combattants suivant fit son apparition, ce fut au tour de Magde de sautiller sur place, et l'origine de cette excitation était la présence du chevalier Manfred von Grimminhagen parmi les guerriers, son port altier dénottant très clairement au milieu des autres participant. Son adversaire, une brute armée d'une grosse hache, semblait d'ailleurs très impatient de lui règler son compte. Le chevalier avait pour sa part opté pour une simple épée, avec laquelle il effectua quelques moulinets dédaigneux dans les airs en direction de celui qui lui faisait face. L'autre ne tarda guère à engager les hostilités, frappant de son arme lourde en poussant des cris de bûcheron à chacun de ses coups. Malheureusement pour lui, sa hache ne rencontra que le vide ou se retrouva habilement déviée par la lame du noble lorsqu'il lui était impossible d'esquiver. Magde suivait le combat avec inquiétude, se cachant parfois les yeux derrières ses mains. Frustrée, la brute tenta une attaque brutale dans laquelle il mit toute sa force, mais elle ne recontra une fois de plus que le vide et le guerrier se retrouva emporté par son élan, son arme plantée dans le sol. Le chevalier profita de l'occasion pour frapper son adversaire au poignet d'un coup parfaitement ajusté et à l'amplitude parfaitement dosé pour infliger la blessure la plus superficielle possible, certainement dans le but de signifier à son opposant qu'il ne valait même la peine qu'il se batte vraiment contre lui. La brute réagit de manière totalement prévisible au vu de sa précédente performance: elle poussa un beuglement de rage et abandonna le peu de retenue qui lui restait en se jetant sur le jeune arrogant sans plus se soucier de sa défense. Le noble n'eut aucun mal à éviter le déferlement de violence, et à infliger une seconde blessure à son adversaire. Comme on pouvait s'y attendre, ce dernier refusa de s'avouer vaincu, et il fallut l'intervention des hommes du Graf qui veillaient au bon déroulement du tournoi pour le maitriser. Lorsque cela fut fait, Manfred von Grimminhagen quitta l'arène sans un regard pour son adversaire ou la foule.

Une vingtaine de combats se succédèrent avant que Jill, Johanna, Magde et Pieter voient surgir sur le sable une autre de leur connaissance: Starkad, le guerrier Norsque. Armée d'une épée à deux mains, il faisait face à un homme trapu et nerveux portant deux lames courtes. Les deux combattants croisèrent le fer pendant quelques instants, chacun semblant prendre la mesure de l'autre. Puis l'ambidextre pris manifestement l'avantage, évitant à plusieurs reprise les attaques du Norsque. D'une certaine manière ce combat n'était pas sans rappeller celui ayant impliqué le jeune noble. Prenant le colosse de vitesse, son adversaire esquiva une de ses attaques en se glissant sous sa garde, et le frappa au torse avec l'une de ses lames. Il veilla toutefois à ne pas reculer à la suite de son assaut: en restant proche de son adversaire, il l'empêchait d'utiliser sa longue épée et pouvait ainsi tirer avantage de sa différence de taille et de son agilité supérieure. Starkad ne chercha absolument pas à repousser son opposant et le prit même totalement à contre-pied en lâchant son arme puis en lui saisissant les bras. Dans le même mouvement, il l'attira contre lui et une ovation parcourut la foule lorsque son front percuta violamment son visage, broyant son nez et faisant jaillir le sang. Le Norsque enchaîna ensuite en envoyant son genou faire connaissance avec les parties intimes de son adversaire, lequel se plia de douleur son l'impact. Pour faire bonne mesure, le guerrier du nord lui flanqua un coup de pied dans la poitrine, lui projettant au sol. Il ramassa ensuite tranquillement son arme, puis attendit patiemment que son adversaire se soit relevé pour faire tounoyer sa lame et le frapper dans le ventre, le blessant et le faisant de nouveau retomber à genoux. Selon toute vraisemblance, même s'il n'avait pas ménagé son opposant, il n'avait pas dû mettre toute sa force dans ce dernier coup. Starkad leva ensuite sa lame vers le ciel, scandant à plusieurs reprise le nom d'Ulric et regardant la foule dans une posture de triomphe, provoquant de nouvelles acclamations: visiblement, ce n'était pas la première fois qu'il mettait les pieds dans une arène. Il retourna ensuite vers les escaliers menant aux salles de préparations tandis que les hommes du Graf évacuaient son infortuné adversaire.

Morgan souhaite-t-il combattre Starkad de manière "amical" (ce dernier n'y voit pas d'objection)? Si oui, il doit rester jusqu'à la fin des combat à l'arène. Sinon il est libre de quitter les lieux et de retrouver ses compagnons, sachant qu'il devra s'y représenter le lendemain matin

[Iris]

Au final, quel que soit l'étirement des passages, Jill en arrivait toujours à la même conclusion : il fallait tenter d'attraper tout ce beau monde à la sortie. Elle calcula, estima, songea que Sigurd et Manfred von Grimminhagen allaient sûrement s'attendre... Voyant l'attitude blasée (?) du chevalier, elle s'inquiéta qu'il ne reparte directement chez lui, de fort méchante humeur à l'idée d'avoir dû s'abaisser à participer à un tournois avec la plèbe. Eh bien tant pis pour lui, ça lui ferait un peu les pieds. Et surtout, ça pouvait aider à le motiver à bosser plus "noblement" en tant que plus chic mercenaire et élément de prestige de la future troupe... Jill examinait les arguments, comment les présenter sans vexer les autres à qui elle comptait s'adresser aussi. Difficile de trouver un angle d'attaque parfait, et même pas sûr que ce serait possible, il faudrait sans doute y aller et voir ce que ça donnerait.

Cela impliquait éventuellement de ne pas suivre en détail le combat du norsque Starkad, ne voyant que les temps forts quand tout le monde hurlait et qu'il devenait impossible de filer vers la sortie. Ah, c'est sûr, ce n'était pas le même style que le chevalier Manfred von Grimminhagen, mais c'était efficace, et puis le colosse était motivé, ça c'était bien. L'aventure, l'argent, la gloire, ça devait être un paquet d'arguments qui pourraient lui parler. Restaient les arguments pour Sigurd... il était moins expansif... peut-être que le professionnalisme raisonnable et l'efficacité d'ensemble de la troupe potentielle pourrait suffire à le motiver ? ...

Se pressant vers la sortie après la fin du combat de Starkad, elle chercha à "attraper" le chevalier de Grimminhagen à la "sortie des artistes", enfin, la sortie des combattants bien sûr. Selon qui elle intercepte en premier, elle retouche les accroches, mais dans l'ensemble, elle se tient à son plan :

• salutations cordiales, grand sourire (sincèrement de bonne humeur et pleine d'espoirs quant à son plan machiavélique pas si machiavélique que ça)
• signaler qu'elle est venue soutenir Morgan, qu'elle a remarqué des figures de sa connaissance
• proposition d'inviter tout ce beau monde à boire un verre ensemble dans un débit de boisson, histoire de fêter les premières victoires et de prendre des nouvelles

Si ces messieurs insistaient pour payer leur consommation, elle ne se forçait pas, sinon, par défaut, elle paie une tournée (vu son affection pour le contenu de sa bourse, ceci est un vrai sacrifice, en fait un espoir d'investissement...). Puis le moment de bavarder :

• présenter les uns aux autres, en mettant en avant (aussi brièvement et pas trop visiblement que possible), les qualités de chacun, en signalant l'absence du chasseur Durdent ;
  • Magde était une amie d'enfance de Winsen
  • Pieter de même, et avait gagné un match de Rotzball ce matin avec Durdent le chasseur, absent
  • Johanna était une amie, cocher et touche à tout (Jill évita de parler du tromblon qui n'existait plus... il faut dire qu'un cocher avec un tromblon, ça pourrait rappeler des souvenirs à certains...)
  • Morgan était un ancien soldat qui les avait aidé durant la fuite d'Untergard vers Middleheim
  • Starkad, le nordique costaud, plus ou moins de même, même s'ils avaient eu moins l'occasion d'interagir
  • ... (Manfred et Sigurd se connaissent, il s'agit surtout de les présenter aux autres)
• questionner les autres, sur leurs activités et aspirations, histoire de tâter le terrain
• Jill ne précise ce qui la concerne que lorsque les gens commencent à s'installer et si possible, elle évite d'être trop loin de Sigurd & Manfred, surtout pour pouvoir leur parler sans gueuler d'un bout à l'autre de la table. En fait, la seule chose qui la concerne, c'est qu'elle est désormais inscrite au collège céleste et apprentie du chef, en signalant qu'elle a découvert qu'en fait, elle n'allait pas rester plantée à Middleheim durant des années mais devrait travailler, ne serait que pour payer la licence se mage
• d'ailleurs là, elle a cherché des petits boulots, pour commencer à glaner de la monnaie, en l'occurrence elle démarre avec une petite enquête pour le Temple de Morr
• glisser si possible sur le terrain de la coopération, plus d'argent sur de plus gros boulots, le fait de mettre en commun les savoirs-faire différents... en l'occurrence elle a le savoir occulte et savant un peu, ...

Et puis adaptation fonction des réactions. Si ça ne marche pas, tant pis... si ça suscite la curiosité et même un soupçon d'intérêt, elle développe, en essayant de vendre le projet, en premier à Manfred von Grimminhagen, dont elle craint qu'il soit le plus difficile à convaincre, en lui expliquant, à lui seul si possible, que la présence de quelqu'un qui a l'habitude du monde et des usages serait vraiment un atout pour donner confiance et accéder à des emplois plus intéressants. En tant que future sorcière, elle dispose d'un certain crédit aussi, mais bon, c'est évident qu'il présente mieux qu'elle dans l'état actuel des choses. Donc en gros, si ça l'intéresse de bosser dans une compagnie dont il serait une figure de proue avec la petite sorcière (qui se voit en co-chef ou second très présent), ce serait chouette... Elle est disposée à négocier, partager même les gains sur le job du Temple de Morr si ça peut motiver le chevalier, bref, elle fait des efforts pour le persuader.


Ensuite, tout dépend du résultat de la négociation... marchera, marchera pas...

[ramb]

Morgan rejoint ses camarades, il aura tout le temps d'affronter le Norsk.
Il se dirige donc vers la sorti dans l'espoir de croiser ses amis.
Il est émoustillé par certain des combats qu'il à vu.
Il ne sais pas trop comment gérer le noble mais il va y réfléchir.

"Salut la brute, merci pour le soutien." à Jill

[Thalgrim]

C'est à la fin des combats que Jill parvint à rassembler tous ceux à qui elle souhaitait parler dans une des tavernes qu'on trouvait près du parc, le plus long ayant été de parvenir à retrouver tout le monde dans la foule et à rester ensuite groupé. Starkad n'avait pas été difficile à convaincre, la perspective de boire suffisait à la rendre d'humeur sociable. Apparement, le Norsque n'était pas très compliqué. Sigurd et Manfred (enfin surtout Manfred en fait, puisque le premier se bornait à suivre le second sans émettre d'avis) furent un peu plus récalcitrant, le jeune noble n'avait visiblement pas encore complètement accepté sa nouvelle situation, et le fait de trainer avec des roturiers était relativement nouveau pour lui. Cependant, avec le concours de Magde et de Pieter, Jill parvint à les convaincre de se joindre au groupe.
Tout ce beau monde se retrouva donc attablé ensemble, à siroter divers breuvages (gracieusement offerts par Jill qui avait du se délester d'une dizaine de pistoles d'argent) en discutant.
Les projets de Starkad n'étaient pas encore clairement définis. Ses aspirations dans la vie étaient plutôt simples: des combats épiques, de l'argent et de la gloire, pas forcément dans cet ordre précis. Et d'une manière générale, il ne se faisait pas trop de soucis et considérait la situation actuelle de l'Empire comme plutôt prometteuse et pleine d'opportunités pour un guerrier.
Fidèle à son habitude, Sigurd n'exprimait pas d'opinion personnel et souhaitait simplement suivre les pas du chevalier de Grimminhagen. Pour un observateur extérieur, cela pouvait ressembler à de la servitude, mais la réalité était plus complexe. Il suffisait de discuter un peu avec Sigurd pour comprendre que le vétéran accordait une place très importante à la loyauté, et les récents événements avaient plutôt tendance à le conforter dans ses opinions.
Pour sa part, Manfred n'était pas très causant et il prenait soin de maintenir une certaine distance avec le reste du groupe. Cependant il finit par déclarer plutôt séchement qu'il souhaitait se venger de son ancien seigneur. Maintenant qu'elle avait l'occasion de discuter avec lui face à face et dans des circonstances normales (càd pas en pleine nature, poursuivi par des hommes bêtes, épuisé et couvert de boue), Jill réalisa que le chevalier n'était pas tellement plus vieux qu'elle, puisqu'il devait avoir une vingtaine d'années. Une partie de sa vindicte contre son ancien suzerain venait probablement du fait qu'il avait pris conscience que la trahison fomenté par le Graf lui avait fait perdre son ancien statut: un noble désargenté et sans terre n'avait plus que son nom, et le sien se retrouvait associé à une histoire abjecte et déshonnorante. Finalement, ses manières et son orgueil étaient tout ce qui lui restait comprit la jeune apprentie sorcière, et c'était probablement pour ça qu'il rechignait tant à les abandonner, même en présence de personne pour qui il avait un certain degré de respect.
La proposition de Jill éveilla un certain intérêt, et de curiosité aussi.
"T'entend quoi exactement par former un groupe de mercenaire? Demanda Starkad. Tu veux qu'on prenne la tête d'une genre de compagnie et qu'on aille ensuite se faire engager pour livrer des batailles? Si c'est ça, va falloir qu'on recrute du monde. Où tu parlais juste de rester ensemble pour partir en quête de gloire et de fortune, en saisissant les opportunités qu'on trouvera?"

[Iris]

Jill, une dizaine de pistoles d'argent en moins (monde cruel !) avait réussi à ramener tout le monde au même point, précisément pour faire le point, dans l'espoir que ça pourrait être un point de départ... cela faisait beaucoup de points à régler.

Comme prévu, Starkad n'était pas un problème et Sigurd suivrait le Chevalier Manfred von Grimminhagen. Il fallait donc trouver un moyen de motiver ce dernier. Manque de chance, Jill n'avait pas vraiment passé sa vie à courir les routes et n'avait donc aucune idée des modalités, du fonctionnement de compagnies de mercenaires. Se rendre compte qu'en fait il était aussi jeune qu'elle la déstabilisait un peu, elle espérait pouvoir s'appuyer sur quelqu'un d'un peu plus expérimenté, là, elle se demandait si elle n'avait pas plus de bon sens que ce jeune noble, et ce simplement parce qu'elle avait pu l'acquérir en ayant son compte d'ennuis et de revirements radicaux depuis son plus jeune âge : ostracisme pour cause de don pour la magie, formation difficile, solitude, brigandage, tragédie de Winsen, Untergard, le collège de magie...

" Qu'on soit bien d'accord, je n'ai pas de plan complètement au point. Seulement, il y a une chose qui me paraît claire, c'est que seul, on a chacun moins de chance de parvenir à réaliser nos objectifs que si on s'entraide. L'idée c'est vraiment que chacun trouve son intérêt dans l'affaire. C'est pourquoi c'est important pour moi que chacun ait à peu près une idée de ce qu'il veut... ou de ce qu'il ne veut en aucune façon. "

" Chevalier, je ne vais pas vous mentir, se venger du Graf, à court terme me paraît un peu au-dessus de nos capacités et possibilités... Par contre, vous pourriez vous illustrer, laver votre nom et défendre votre honneur... Et là, gagner un nouveau fief ou une place auprès d'un haut personnage réellement loyal à l'Empire et digne d'être servi."

Là, Jill essaie quand même pas mal d'utiliser des éléments de langage susceptibles de parler à Manfred von Grimminhagen et à Sigurd dans la foulée, pour qu'ils comprennent bien que la nature du projet est aussi compatible avec leur vision du monde et leurs aspirations. Plus qu'à espérer que ça passe...

" Il ne faut pas non plus négliger l'aspect financier de la question. Certains parmi nous veulent sans doute de quoi s'installer confortablement pour leurs vieux jours, ou je ne sais pas, mais en tous cas, on a quand même plus d'options dans la vie en ayant un pécule que le contraire. Ferme, maison en ville, terres, manoirs... Il ne faut pas perdre la tête et s'emballer, mais quand même garder à l'esprit qu'en s'organisant, en étant méthodiques, persévérants, en sachant saisir les opportunités, beaucoup d'espoirs sont permis. "

Voilà, l'argument de l'honneur, pendant de la gloire avait été posé, maintenant c'était l'espoir d'une vie meilleure, et pour le chevalier la possibilité de devenir son propre maître, petit seigneur à la force de son poignet... et pour tous les autres, simplement, une amélioration significative.

" Ensuite, un coup dur ça peut toujours arriver, mais ça arrive rarement à plusieurs personnes en même temps. On ne sera pas tous blessés en même temps par exemple, et puis si quelque part il y a du boulot plutôt d'investigation, il y n'y aura peut-être pas en même temps des emplois physiques et réciproquement. Donc en ayant un groupe, une équipe, une compagnie qui cumule des spécialités complémentaires, on s'assure de ne pas être au chômage et d'avoir l'aide de personnes compétentes et motivées. "

" Bon, maintenant... il faut préciser l'idée. Déjà, on exclut d'office les actions illégales. Ni brigandage, ni contrebande, ni autre source douteuse d'argent facile. On vise le long terme. Les emplois et causes que nous choisiront doivent pouvoir être portés la tête haute. Dans l'absolu, bosser pour des institutions et personnes illustres, c'est mieux. Je pense que si on gagne l'estime et le respect par notre efficacité, nos compétences, notre professionnalisme, il sera toujours mieux pour nos objectifs futurs, quels qu'ils soient, de pouvoir bénéficier de la reconnaissance et / ou confiance de personnes qui ont des relations. Pour des tas de raisons : se voir confier d'autres boulots, bénéficier de lettres de recommandation, en cas de problème, pouvoir disposer d'appuis recommandables... Il ne faut pas sous-estimer les ouvertures d'un réseau."

Là, Jill pensait à la lettre de recommandation que son maître lui avait donnée et qui lui avait permis d'être l'apprentie du chef du collège de magie céleste. Comme départ dans la vie, c'était pas si mal... et ça valait sûrement le coup de continuer, encourager la chance en quelque sorte.

" Concernant la taille de notre affaire... Une vraie compagnie de 30 à 100 personnes, ça me paraît trop gros pour l'instant. Je préfère travailler avec des gens dont je suis sûre qu'avec des gars plus ou moins douteux qui vont nous causer plus de problèmes qu'autre chose... Donc ce que je veux dire, c'est que je ne suis pas contre le fait de "grossir" l'équipe, mais je pense que la précipitation ne donnera rien de bon. Commençons déjà à apprendre à travailler efficacement ensemble et on recrutera au gré des rencontres, des gens sur lesquels on sent qu'on peut s'appuyer... qu'on a envie d'aider dans leurs objectifs aussi... des gens pour lesquels on est prêts à prendre des risques pour les aider s'ils sont en mauvaise posture."

Est-ce qu'elle était vraiment claire ? ... Elle se donnait la drôle d'impression de faire un discours à visée fédératrice et se demandait dans quelle mesure elle devait se comparer à feu Karl aux plans im-par-ables... Les siens lui paraissaient plus sensés... Toute la question était de savoir si elle avait le charisme du défunt leader... dans l'absolu, elle n'avait pas du tout visé la première place, la seconde, l'éminence grise, ça lui suffisait amplement... être chef lui faisait un peu peur... et même si apparemment elle était celle qui avait le plus d'idées, ça restait quand même un peu déstabilisant.

" Du coup... je propose qu'on travaille plutôt sur une petite équipe pour démarrer. Ne pas oublier que je dois finir ma formation à Middleheim... Donc... dans l'absolu, je proposerais : on trouve le moyen de s'installer quelques mois au moins ici, voir comment ça fonctionne, apprendre à se connaître et surtout à se coordonner efficacement. Je tiens pas à aller au combat sans savoir qui sait faire quoi, et réciproquement, je pense que vous avez besoin de savoir quel soutien je peux vous apporter par mes sorts. "

Là, une pensée parasite titille l'esprit de Jill. Le taciturne Sigurd aux si beaux yeux... à force de l'entendre parler... sachant qu'elle se bat au bâton... la voyant suffisamment pour reconnaître ses yeux ... sachant qu'elle était de Winsen, donc des environs du lieu de l'attaque... sachant bientôt qu'elle connaît un sort pour faire lâcher les armes en main... ne va-t-il finir par avoir des soupçons ? Et si oui, comment allait-il les gérer ? La dénoncerait-il ou prendrait-il en compte les points en sa faveur pour lui pardonner ? L'arme qu'elle avait laissée, son implication active dans l'évacuation d'Untergard et l'identification des traîtres, la volonté clairement affichée de n'accepter que des travaux honorables...

" En terme de fonctionnement, je pense qu'il faut que chacun bénéficie d'une chambre louée pour quelques mois, l'auberge ça coûte trop cher. Chevalier, je pense qu'il faudrait penser à trouver un logement régulier pour vous aussi. Actuellement Magde s'occupe de notre bicoque, elle a pris en charge la logistique, mais peut-être qu'elle pourrait étendre son action à s'occuper aussi de votre domicile. "

Intérieurement ceci était une perche pour Magde, membre officielle du fanclub du chevalier Manfred, pour pouvoir se rapprocher de son idole. Elle donnait une opportunité, pour la suite, elle ne pouvait rien... et tant que le jeune noble restait coincé sur son orgueil de classe, il n'y aurait rien d'ailleurs. En tous cas, même si le chevalier avait de la prestance, certainement du charme, Jill, amitié oblige, s'interdisait de penser quoi que ce soit du chevalier, c'était un potentiel partenaire, point. Évidemment si un destin facétieux s'amusait à créer un triangle amoureux, ça compliquerait les choses, mais sur le point de départ, les choses étaient claires et nettes dans la tête de Jill.

" Cela pourrait nous faire une équipe composée d'éléments logistiques, Magde pour l'instant surtout, et pendant ce temps, les autres peuvent trouver des emplois et opportunités. A court terme, j'enquête avec qui le souhaite sur une affaire de profanations au cimetière de Middleheim. Il est possible qu'il y ait une issue ... musclée pour l'arrestation des profanateurs et de leur commanditaire. Si vous êtes d'accord pour participer à ce projet de groupe, je ferais appel à vous à ce moment. Peter et Durdent sont actuellement membres de l'équipe de Rotzball, et Gerhard a trouvé un petit boulot de garde privé. "

Et pouf, une brève angoisse... un colosse borgne... c'était plutôt caractéristique... combien de temps il faudrait avant que Sigurd ou même le chevalier se posent des questions ? Là, Jill se demandait si elle avait vraiment eu une bonne idée, ça risquait de créer des problèmes... Plus qu'à croiser les doigts... au moins Johanna n'avait plus son tromblon... et elle était en fille...

" Va falloir trouver un mode de partage équitable. Sur chaque boulot, prévoir une partie de l'argent qui part dans la caisse de l'équipe, dans le but de payer les soins, les locations de maison, la nourriture, ce genre de frais communs. Ensuite partager les gains entre participants à un travail. Là, on a plusieurs solutions :

1. Mode super solidaire : Pour tout emploi, une part va dans la caisse commune d'assurance et vie quotidienne, et le reste est partagé à parts égales entre les équipiers, avec éventuellement des parts de prime qui peuvent être attribués au vote à celui qui a trouvé l'emploi ou pour une contribution plus importante à l'affaire. Exemple : sur l'affaire du Temple de Morr, on diviserait l'argent gagné par mettons, 10. Un dixième de caisse commune, 1/10e chacun, puis les dernières parts données à ceux qui ont enquêté le plus longtemps dessus, ou le plus contribué à la réalisation, répartition soumise au vote.
2. Mode individualiste : Pour tout emploi, une part va dans la caisse commune ; ensuite les gains ne sont divisés qu'entre ceux qui ont directement contribué.
3. Mixtes : pareil, pour tout emploi, une part va dans la caisse commune ; ensuite on distingue les jobs personnels et ceux qui sont en commun. Exemple : Gerhard qui joue les gardes, c'est un job qu'il fait seul, il met une piécette dans la caisse commune, il garde le reste pour lui. Exemple : le Rotzball, le Tournoi, l'enquête du Temple, ce sont des boulots plus communs, et dans ce cas, on prévoit un partage, une petite part pour chacun, et ensuite des parts de prime pour les plus directement impliqués, soumis au vote.

" Reste à voir quelle solution on prend. Je pense que le mode mixte de fonctionnement est le plus juste. Il permet la solidarité sans arrière-pensée mais ne lèse pas ceux qui prennent des initiatives ou des risques seuls."

" Qu'en dites-vous ? "

" Si vous étiez d'accord, une première implication dans le cas du tournois serait de s'arranger pour ne pas vous éliminer mutuellement et convenir que les parts tiendront compte du classement final. Une autre implication serait de partager les gains potentiels du tournois de Rotzball, en espérant que Durdent et Pieter se débrouilleront encore bien ! Et la troisième implication pour l'instant c'est de partager les gains de l'enquête... enfin, faut la terminer avant. Ah, et si vous voulez chercher du travail, n'oubliez pas que je sais lire et écrire, n'hésitez pas à me demander si vous avez besoin d'un lettré, je peux aussi faire des recherches, j'ai accès aux différentes bibliothèques et archives de la ville. "



Plus qu'à espérer que son discours n'avait pas endormi l'assemblée, que le norsque avait assez de bière et le noble assez d'ambition et de sens pratique pour convenir que c'était un plan d'avenir raisonnable.

[ramb]

"Pour moi si je gagne le tournoi, je prend la moitié de l'or et le reste va à la caisse commune, Je veux m'acheter une meilleur armure."

[Iris]

Jill, blasée du calcul :

" Tu veux mettre la moitié à la caisse commune pour t'acheter une armure d'un coup ? Si on met de pareille somme à la caisse dédiée aux locations et achats de nourriture, on peut imaginer aussi des tas de variantes... parce que je doute que 50% soit une valeur qui aie un sens sur la durée... on peut pas le faire à chaque fois... "

" Mais bon, on peut faire en cas de boulot totalement perso 10% pour la caisse ; pour un boulot de coopération avec action principale, 50% réservé pour le principal contributeur... un bouclier fiscal en somme... et les 50% restants ? ... 10% à la caisse... 20% de primes et 20% divisés à part égale entre les membres de l'équipe dont le contributeur ? Parce que voilà, si on parle d'association, d'équipe, une redistribution et un partage des richesses, même symbolique, ça me paraît important. On pourrait faire ça, ça a l'air pas mal... mais est-ce que ça s'applique à tous les cas ? ... "

" En tout état de cause, c'est pas la peine d'en parler en détail si vous n'êtes pas intéressés. Déjà que c'est fastidieux..."

...

[ramb]

"C'est juste pour cette fois. je veux un peu d'équipements neuf. Et comme ça on pourra voir venir avec plus d'argent dans la caisse."
"Si je gagne bien sur"

[Thalgrim]

De ce qui resssortait du discours de Jill, le projet s'orientait donc plus vers la formation d'un groupe d'aventuriers multitâches que vers la formation d'une compagnie de mercenaires spécialisés dans les boulots militaires. De l'avis de Sigurd, c'était certainement le plus réaliste et le plus facilement réalisable. Parce que pour ce qu'il en savait, créer une troupe de mercenaires à partir de rien, ça demandait du temps, de l'argent, et pas mal d'effort avant que l'unité soit pleinement opérationnelle. Starkad accepta de rentrer dans la combine, expliquant qu'il ne connaissait pas énormément l'Empire et que travailler avec des "locaux" lui seraient certainement profitable. Il précisa toutefois qu'il ne sentait nullement engagé à long terme, et qu'il souhaitait pouvoir partir quand il le désirait, si une meilleure opportunité lui était offerte ailleurs ou si les différents boulots qu'acceptaient le groupe ne remplissaient pas ses espérances en matière de gloire et d'action. Le chevalier se laissa peu à peu convaincre, même s'il n'était pas forcément très enthousiaste au départ. Cependant, le noble arrogant venu collecter les impots de Winsen avait tout de même évolué depuis, et il avait commencé à réaliser qu'il n'irait pas très loin tout seul.
En revanche, la jeune apprenti sorcière réalisa qu'elle avait perdu tout le monde avec ses histoires de partages, de pourcentages et de boucliers fiscaux.... et que du coup, l'avis qui ressortait était plutôt en faveur du mode "individualiste", parce que tout le monde le comprenait bien. Finalement, le chevalier résuma la situation: "De toute façon, le mieux sera de voir à l'usage je suppose..."