[OdE - Chap. 10-01] Raccommoder les déchirures

[Casaïr]

"Justement, je ne suis pas une soldate, un chevalier ou que sais-je. En ce qui me concerne, je refuse d'obéir à un ordre dont l'issue pourrait s'avérer néfaste, comme chez les Mac Herneg. Et si je suis une consultante, alors qu'il me consulte au lieu de m'obliger. N'essayez pas de le défendre, ser Uilleam, ce n'est pas à vous de le faire."

Il était clair que Rozenn n'en démordrait pas. Cela avait même tendance à l'agacer davantage.

"De toutes les façons, en privé ou en public, il ne viendra pas s'excuser, sinon il l'aurait déjà fait. Il a eu des occasions. Il est juste persuadé de n'avoir jamais tort."

[Iris]

Spoiler () :

Uilleam : Persuasion : d10(9) + Persuasion (6 )+ Empathie (4) = 19

Rozenn, intelligence sociale : Relation (5) + Raison (5) + d10 (9) = 19 + Traits de caractère : inventive, peureuse / Personnalité : rationnelle / Combativité 1

Rozenn se rendait compte qu'elle n'était habituellement pas comme ça, si fondamentalement irrationnelle et sous l'emprise d'une colère qui refusait d'écouter la voie de la raison et de l'apaisement. Pourtant Uilleam près d'elle était l'incarnation de la mesure et de la bienveillance. Une partie d'elle-même sentait que le chevalier était soucieux de son bien, qu'il avait l'espoir d'aplanir la situation.

Qu'est-ce qui poussait ainsi la médecineresse dans une telle émotion, elle pourtant posée, portée au doute scientifique et à l'excentricité ? ... Serait-ce au fond la frustration de ne pas faire ce pourquoi elle était venue ? Elle avait fait des efforts pour s'intégrer à la communauté dans l'espoir que cela facilitât ses projets. A présent, si elle voulait mener ses études, il était essentiel de ne pas se laisser emporter à sauver tout le monde et être baladée à droite et à gauche.

Sa mission à elle était d'aller dans le marais, de recenser les plantes, les collecter en herbier, les étudier une à une. Déterminer celles connues par la population locale pour accélérer le processus. Il faudrait soit faire une visite du marais avec un herboriste la guidant pour lui présenter sur site les végétaux, soit faire une cueillette et ensuite demander.

... à la réflexion, peut-être faudrait-il demander à Oanell comment les choses se passaient à Losgadh : cette localité était bien plus enfoncée dans les marais. Là-bas, les gens connaissaient certainement mieux encore les végétaux.

En fait, si Rozenn voulait accélérer ses travaux, elle devait obtenir l'aide de la guérisseuse Névéna, de la seigneuresse Blodwen, de la demorthèn Ultana ou bien d'habitants de Losgadh. Pour le moment, Rozenn n'avait pas établi de lien de confiance ou d'amitié avec Névéna, mais avec Blodwen les choses se passaient bien mieux !

[Kiddle]

Le vétéran Uilleam massa prudemment sa barbe de trois jours, une précaution dûe aux dernières paroles de Dame Rozenn.

Je m'incline devant mon incompétence en matière de rabibochage, vous devez avoir certainement raison Dame Perreg, nous les hommes, n'y comprenons rien aux bonnes manières, heureusement les femmes sont là pour nous les rappeler. En parlant de femme, je crois que notre seigneuresse nous attend, qu'en dites vous ?

[Iris]

Jazkez, Pwyll et Divemeria quittaient le bâtiment tandis que Rozenn et Uilleam y entraient.

Spoiler () :

d10(3) + Relation (5) + Créativité (4) = 12 vs. profonde acrimonie

Le dédain de Rozenn à l'égard du hilderin était évident. Cette dispute à Fhoidean avait laissé de profondes blessures qui mettraient du temps à guérir, à supposer qu'elles ne suppurent d'amertume, de rancœur et de ruminations. Mais la jeune magientiste avait bien autre chose à faire de sa vie. Son temps était peut-être compté et si elle n'avait pas subi de vilaine crise depuis son arrivée, c'était plus une question de chance que d'amélioration véritable de son état de santé.

Spoiler () :

Je suis un peu hésitante sur la mécanique. Comme ce sont des crises récurrentes, je propose de tirer 1d10 tous les x jours (combien ?) et crise sur un 1.

La seigneuresse Blodwen vint à la rencontre de ses deux invités et presque amis : "Allons nous promener, il fait un temps radieux et nous pourrons discuter en marchant. "

Joignant le geste à la parole, elle s'engagea vers l'ouest par le chemin passant non loin de la maison des dàmàthair, avec son bâton de marche et un panier.

Après seulement une trentaine de mètres on se sentait déjà loin du village, sous le couvert ombrageux des arbres, environnés d'un concert d'oiseaux, tandis que quelques taches de clarté touchaient ça et là le sol.

" Alors ce voyage ? Je suis heureuse Sire Uilleam de savoir que vous pouvez reprendre vos activités parmi nous. J'ai cru comprendre que vous étiez passé chez les Mac Herneg au retour. Comment cela s'est-il passé ? "

[Casaïr]

Finalement, la discussion avec Uilleam avait, sans que le hilderin le veuille, raviver les flammes de la colère de Rozenn. Elle s'en voulait légèrement de s'énerver contre lui alors que celui qui méritait réellement ses foudres quittait le bureau de Blodwen au même instant. Voir la seigneuresse de Terfynisel la calma quelque peu et elle décida de remiser son ressentiment dans un coin, retrouvant du même coup son sourire.

"Assez bien, répondit la jeune femme. Nous fûmes attaqués par un petite groupe de feondas en nous rendant chez les Mac Herneg, mais rien que Pwyll ne semble incapable de vaincre. Juste avant cette attaque, nous avions aperçu quelqu'un dans les fourrés, et c'est en s'y rendant que Pwyll a subit l'assaut. À cause de cela, il nous fut impossible de retrouver celui ou celle qui s'était enfui en nous voyant. Par la suite, en nous rendant chez les Mac Herneg, les gens nous ont appris que la fille du seigneur avait disparu depuis plusieurs jours, ser Jazkez a donc aussitôt envoyé Pwyll et les auxilliaires la chercher tandis que lui et moi allions discuter avec Hinguer Mac Herneg. Je vais écourter ce passage pour le moment si vous le voulez bien, car le résultat de cette entrevue rapide fut notre retour à l'endroit de l'attaque avec le seigneur et ses hommes pour fouiller les environs."

"Nous la retrouvâmes finalement, elle ne souffrait que d’ecchymoses et de bleus datant de plusieurs jours, localisés principalement sur ses bras et son dos. Elle a également dit que les feondas l'avaient protégée, malheureusement il m'a été impossible d'en apprendre davantage."

Rozenn fit une pause à ce moment de son récit, permettant à Blodwen d'assimiler le début de son rapport et de poser ses questions si elle en avait.

[Iris]

" Étrange histoire..."

" Et quelle est votre impression à propos de nos voisins ? Le seigneur, sa maisonnée, son domaine ?"

" Tout cela nous aidera à envisager l'avenir."

[Kiddle]

Uilleam fut frappé par la vision humble et noble de la varigale, aujourd'hui à la tête d'un domaine, qui venait à leur rencontre avec son bâton de marche et son panier. Il remarqua qu'elle l'avait appelé Sire, une gratification surestimée et une conception profonde de l'accueil inhérente aux voyageurs.

Avant toute chose, je tiens à vous remercier Dame Blodwen, seigneuresse de Terfynisel, vos paroles ... je suis honoré de les entendre à mon retour, que je n'espérais plus en captivité.

Dame Perreg, j'ajoute à votre récit que la fille du seigneur nous est apparue à la fois révoltée, triste et apathique, et que malheureusement vous n'avez pu en savoir davantage sur son état de santé mental au moment de sa découverte car son seigneur de père vous a formellement interdit d'approfondir votre examen médical.
Par la suite, l'auxiliaire Divemeria nous a rapporté la rumeur d'un fantôme, l'auxiliaire Pwyll la rumeur selon laquelle cette fille, l'aînée Mac Herneg, aurait assassiné sa belle mère en l'empoisonnant, que son demi frère boiteux héritera probablement du domaine puisqu'une transmission de père en fils semble être la règle, que le demorthèn qui officiait a été remplacé par un eisdeach discret…
Ces rumeurs, ce curieux matricide, une recrudescence de feondas, et les Mac Herneg qui semblent finalement des hôtes courtois, nous offrant un chariot et des vivres pour faciliter notre retour... Toujours est-il qu'un quiproquo malheureux... Dame Blodwen, nous craignons d'avoir commis un impair, nous sommes arrivés au pire moment de leurs petites affaires.

[Iris]

Blodwen cueillait de quoi faire une prochaine tisane, ponctuellement une fleur là, une feuille ici :

" Personne ne peut vous tenir rigueur d'être arrivé au cours d'un moment difficile. Même si sur le moment ils préféraient sans doute rester entre eux, je ne peux pas croire que cela cause un véritable problème. Ne vous inquiétez pas. "

" C'est en tous cas une étrange affaire... un assassinat... ? Si c'est avéré ou seulement probable, j'imagine qu'Hinguer Mac Herneg devra bannir sa fille... Je n'imagine pas qu'il puisse la pendre... "

" Quelle impression vous ont fait les gens là-bas ? En vous écoutant, tous ces gens paraissent assez antipathiques : un père qui chassent le demorthèn... qui interdit qu'on soigne sa fille... celle-ci dérangée... un fils boiteux... "

" S'il y a davantage de feondas, il faudra que les Ronces et les hilderins de Terfynisel redoublent de vigilance. La forêt à l'ouest et au nord-ouest est sûrement le repaire de ces créatures. Cela fait longtemps que Roparz n'a pas eu l'occasion de s'illustrer. Je ne sais pas si vous vous rappelez de lui ? Un colosse cynique, susceptible et souvent vulgaire. "

" Cela fait des mois que l'on a signalé un drewlyfigg -- un nénuphar feond -- et ils ont été incapables d'y mettre bon ordre. Pwyll est devenu plus ou moins l'ordonnance de Sire Jazkez Mac Rhidian, il lui est difficile de s'en occuper. Vous qui avez survécu si longtemps dans ces marais hostiles, seriez-vous prêts à prendre en charge cette chasse ? "

" Rozenn, vos études vous ont conféré un savoir étendu et un sens de l'analyse précieux : j'ai le sentiment que vous avez les aptitudes idéales pour coordonner une telle opération avec Sire Uilleam, seriez-vous d'accord de vous en charger ?"

[Casaïr]

Avant de répondre à la toute dernier question de Blodwen, Rozenn préféra revenir sur les interrogations précédentes de la Dame de Terfynisel.

"Je ne dirai pas que sa fille est dérangée, il y a sans doute quelque chose, mais il ne m'a pas été possible de vraiment creuser la question, sans doute dû à notre impair sur place, mais je reviendrais dessus après. Le seigneur, quoique sec lorsque l'on se mêle impudemment de ses affaires, reste un homme cordial respectant les règles d'hospitalité à la lettre. Son domaine est plutôt bien entretenu et le château est aussi plus imposant qu'ici. Il me semble qu'avant de partir, vous disiez qu'ils étaient habitués à se débrouiller seuls, cela je l'ai senti lorsque j'ai cherché à interroger sa fille au sujet des feondas."

"Reste la question de notre erreur." Rozenn prit une profonde inspiration. "Ser Jazkez souhaitait que j'aille parler avec Veilana sous un prétexte quelconque afin d'essayer d'en apprendre plus sur elle. Cependant, j'étais d'avis de d'abord demander l'accord de son père : en tant que médecin qui avait déjà ausculté sa fille, je pensais, à raison, obtenir facilement ce droit. Ceci afin d'éviter tout impair diplomatique. Jazkez s'est ensuite emporté sous prétexte que je ne savais pas ce qui était le mieux pour Terfynisel, et il est parti sans me laisser le temps de défendre mon point de vue. Quelques minutes plus tard, je me ravisais, pensais que j'avais peut-être eu tort d'exprimer mes doutes, songeant qu'en tant que médecin, justement, on me pardonnerait mon excès de zèle pour avoir voulu voir ma patiente sans l'accord de son père. J'ai donc demandé au garde qui nous escortait s'il m'était possible de visiter Veilana. C'est en chemin que nous vîmes Jazkez qui revenait de ses appartements. Là, je me suis emportée et ne j'ai pu m'empêcher de lui faire la leçon devant le garde qui a plus que certainement compris de quoi il retournait. Il ne reste plus qu'à espérer que le seigneur Mac Herneg conclut à une ingérence hilderine plutôt qu'à celle de Terfynisel, ce serait là un moindre mal."

"Je tiens cependant à ajouter que, si j'étais d'accord sur le fond avec ser Jazkez, je ne l'étais aucunement sur la forme. Lui ne semble pas considérer ma voix comme importante, préférant se borner dans le rôle de celui qui dicte les ordres sans accepter les réserves de quiconque. C'est malheureux, car je suis certaine que nous pourrions faire de l'excellent travail ensemble, s'il mettait son ego de côté."

Rozenn soupira. Elle n'aimait pas cela. Elle aurait préféré régler cela avec le hilderin, mais Jazkez ne semblait pas partager son avis.

"Pour la chasse au feond, êtes-vous certaine de vouloir confier cela à la femme de la ville que je suis ? Non que je remette en doute vos inquiétudes à ce sujet, un feond qui échappe à tout le monde depuis aussi longtemps est une véritable épine dans le pied, je m'interroge seulement sur ce que je pourrai apporter."

[Iris]

" Oh..."

Spoiler () :

Éloquence de Rozenn : (Tout compris, Relation) 9 + d10(7) = 16

Plus le jet est élevé et plus l'attitude de Blodwen sera influencée par la teneur des propos.

" C'est embarrassant... Je suis étonnée, tout s'était toujours bien passé sur le domaine avec Sire Jazkez... C'est ... Je suis navrée que vous ayez été mise dans une telle situation. Quant à l'embarras pour le domaine... J'en parlerai avec Oanell. Elle a déjà dû voir les Mac Lormel après les exploits de Pwyll... Je me demande si la présence hilderine ne présente pas des inconvénients que je n'aurais pas envisagé..."

" Pardon Sire Uilleam... Tout cela est bien contrariant ! Il faudra trouver comment éviter ces incidents à l'avenir, nous ne pouvons pas nous fâcher avec tous nos voisins... Ce qui me fait penser... Aeldred...J'espère que rien de mal ne s'est produit,... c'est étrange qu'il mette si longtemps à revenir... Faudrait-il envoyer des gens pour le retrouver ?..."

Blodwen plongeait dans ses pensées, bien embêtée par ces tracas. A un moment elle en émergea :

" Pardon, je ne vous ai pas répondu. A propos du feond. Je voulais faire appel à votre intelligence, avec dans l'idée qu'une personne créative et instruite serait bien placée pour échafauder un plan plus solide avec un homme de terrain. Cela n'a manifestement pas été efficace avec Jazkez, mais Sire Uilleam et vous semblez à même de pouvoir oeuvrer en bonne intelligence."

" Je ne veux pas vous forcer : il est évident que cette affaire comporte des risques. "