OdE - 5.1 - Entourés de murs

[Thalgrim]

Après avoir entendu les paroles de la patronne de l'auberge et celle de Dwyfaël, l'Homme et Demi avait donc laissé la majorité de ses armes dans sa chambre (à savoir sa hache et ses javelines) pour ne garder que son poignard. En revanche, il avait conservé son armure, d'une part parce que ça lui semblait plus raisonnable vu la situation explosive, et puis d'autre part parce qu'il avait tendance à la considérer comme un vêtement tout a fait ordinaire. Et puis, dans sa logique bien à lui, une armure n'avait rien d'agressive, puisqu'on ne pouvait pas tuer avec!
Durant la balade, le colosse se concentra sur son rôle de garde du corps, après tout, c'est ce qu'il pouvait faire de mieux et ça lui éviterait d'avoir à trop parler, tout en lui permettant d'écouter ce que ses compagnons disaient. Ces derniers pouvaient clairement remarquer qu'il n'était pas à son aise, même s'il faisait de son mieux pour le cacher: trop de gens, trop de bruit, trop d'agitation. D'ailleurs, il avait du mal à savoir quoi chercher pour assurer la sécurité du groupe. La solution la plus simple aurait été de menacer tous ceux qui approchaient à moins de deux mètres de ses compagnons (HRP: sauf son respect Sire, si la reine s'approche de vous, j'la défonce! ), mais il avait confusément senti que ce n'était probablement pas une méthode "civilisée", et puis vu la foule, ça semblait difficilement faisable sans se mettre beaucoup de gens à dos.
Un bref sourire était apparu sur le visage de l'Homme et Demi à la mention d'un siège et d'un recrutement massif: au moins, il pourrait se faire un peu d'argent, c'était déjà ça.

[Iris]

... dans une chambre de la Carpe Dorée...

Les absents ont toujours tort...

Elwin se reposait et écoutait ce qui se passait en ville, fenêtre ouverte, même si peu d'échos parvenaient jusqu'à lui... Il devinait que la relique s'agitait et qu'il serait désormais un peu plus difficile d'agir contre elle (difficulté +1, soit 15)... d'où tenait-elle sa force ? ... Elle guettait, à l'affût... Le jeune homme était cependant tranquille et seul, rien de spécial à craindre, à part la fille-loup peut-être qu'il devait plus ou moins surveiller. Une petite sieste digestive, le sommeil poussant l'ennui...

Ce fut une odeur de fumée qui le réveilla, il regarda partout autour de lui et vit qu'il était déjà nuit, mais de dehors provenaient des lumières : des flammes ! La ville était en feu ! On entendait crier, mais surtout le craquement du bois, l'effondrement des bâtiments, et dans le lointain des combats... mais plus impressionnant : il y avait... quelque chose d'immense, énorme, prodigieux, qui dominait la ville et la détruisait ! Un feond (?) d'une taille dépassant celle d'un château ! ... Et la demeure où il se trouvait était soudain frappée par des débris, éclatant et prenant feu... il allait mourir...

... Encore... ?!...

Il se réveillait cette fois en sursaut, vers midi ou le début de l'après-midi (?), désorienté (Marcheur des Limbes, 14 - Résistance mentale, 12. Marge d'échec 3, 1 trauma temporaire).

...

Pendant ce temps, Louve, vêtue comme une vraie Deux Pattes, écoutait et observait... (Empathie 4 + Perception 3 + Sixième Sens 1 + D10 7 = 15)... il était évident que la situation était périlleuse... en fait... il était difficile de dire si c'était pareil ou pire que la nuit ou la brume avait recouvert la forêt, avec tous ces horribles monstres qui étaient passés... Tout ça, c'était mauvais ! Des Deux Pattes sanguinaires... violents... brutaux... la haine et la peur, la colère et l'avidité suintaient... et elle était perdue au milieu de tout ça !!... Elle se sentait perdue ici, dans ce milieu (-1 sur toutes les actions) et interagir avec ces gens la mettait très mal à l'aise (-2 pour toute action sociale)... Elle avait même entendu des gens qui la traitaient de "bête" et "d'attardée"... Ils avaient l'air de dire qu'elle était un "animal", sûrement une "idiote de village" recueillie par une parente bienveillante, la gentille Maëlys... mais ça n'enlevait rien au fait que les fous et les handicapés de naissance étaient craints, considérés comme contaminés par la corruption des Limbes... pourvu qu'elle n'attire pas trop l'attention... elle ne savait pas ce qu'on lui ferait, mais ce ne serait pas agréable !

Pour ceux que l'ultra violence ne rebute pas, les sièges et l'ambiance des armées dans le manga Berserk est un peu ce qui vous attend et vous entoure... ça fait vraiment pas envie de se trouver au milieu de ce genre de boucherie... enfin, sauf peut-être pour l'Homme Et Demi... ... Pensez éventuellement "guerres à Warhammer", si ça peut vous aider à visualiser et que vous ne connaissez pas la première référence...

... du côté de la place de l'hôtel de ville...

L'heure de l'allocution de Haldrid Firdh était venue... Il apparaissait à un balcon et de loin, on devinait juste qu'il devait avoir dans les 30-40 ans... la foule l'acclama et il fallut un moment avant qu'il puisse commencer à parler... une sourde angoisse parcourait les gens aux bords de la foule... ceux qui ne criaient pas spontanément des louanges... comment fallait-il se comporter ? Pouvait-on conserver son intégrité en gardant son quant-à-soi, ou avait-on de meilleures chances de survivre en s'arrangeant pour ne pas paraître suspect ? ...

De ce qu'on entendait... la guerre était confirmée... le nord et d'autres seigneuries allaient affronter les faux croyants du Temple... on fermait les issues, on organisait le siège... tout le monde devait se préparer à un combat de longue haleine... en même temps, on disait qu'il y avait des ennemis dans les murs, qu'il fallait les traquer et mettre fin au règne de terreur du hiérophante et des laquais des sigires !...

... pour finir... des prisonniers, d'anciens notables, pendus à une potence collective... un spectacle qui pouvait être assez choquant si on le considérait en même temps que la haine de la foule... les corps ensuite détachés pour être suspendus aux portes de la ville, mis à pourrir, un avertissement et une provocation envers les ennemis qui approchaient...

...

Après tout ça, la foule finit enfin par se disperser...

...

Les différents voyageurs, Homme & Demi, Laeven Dwyfaël, Garn, Maëlys et Grirav pouvaient se retrouver et discuter... ou décider de la suite de leur activités...

[Maëlys]

La foule tout autour de Maëlys créait une véritable tension. Tous étaient comme en transe, scandant le nom de l'Unique, d'Haldrid Firdh. Et au milieu de ceux-ci, la rouquine était muette, tendue et mal à l'aise.
Sa tête était à deux pas d'exploser tant le bruit était assourdissant. Son seul point de repère était ses compagnons non loin d'elle.

Elle écouta chacun des mots de l'homme mais quoiqu'il dise, elle ne pouvait sentir que un poids qui s'alourdissait dans son cœur. Cela serai sûrement ici qu'elle finirai sa vie...
Elle ne donnait clairement pas cher de sa peau dans une telle ville.

Puis enfin, l'allocution s'arrêta. Pour enchaîner sur quelque chose d'encore pire. Les familles près du poste de garde n'était rien comparé à ceci.
Des "prisonniers" furent pendus ainsi, juste devant la foule en euphorie.
La jeune femme, en voyant la terreur dans les yeux des hommes et femmes, voulu agir, les aider à éviter cette fin funeste mais cela était impossible, au lieu de faire quelque chose elle ne sentit que son cœur ralentir, l'air ambiant semblait se refroidir, une étrange sueur glacé gagna l'ensemble de son corps. Elle détourna les yeux, cachant au possible son malaise.

Juste avant qu'ils ne partent, le nouveau maître de la ville annonça que les corps seront suspendus aux portes de la ville...

Puis la foule se dispersa... Maëlys put enfin respirer.
Elle regarda Garn et Grirav puis leur dit d'une petite voix :

"Je vais rentrer d'abord à l'auberge pour aller manger un petit peu puis on ira après au poste que l'on nous a indiqué tout à l'heure. Cela vous va ?"

Elle commença à bouger mais son corps la trahit. Elle se rattrapa maladroitement au bras de Garn.
Elle ferma les yeux un instant mais cela ne fut que pour voir les pauvres hommes et femmes pendus avec le même regard empli de terreur.

[Avrock]

* Un joli petit discours... Rien de trés intéressant... La foule en délire et des exécutions. Personnes différentes, mais meme causes et meme fin... Que ce monde est triste, vide... Que cette nature humaine est detestable... *
Garn n'est pas vriament surpris de ce qui se passe mais il se sent mal devant tant de cruauté. Quelque soit le coté, il n'y a vraiment que peu de sage pour suivre la voie montrée par Soustraine. L'Homme est corrompu...

Le triste spectacle touche a sa fin lorsqu'il sent Maelys s'accrocher a son bras. Instinctivement, il la rattrape.
"- Ca va ? Calme-toi... Ca ira mieux une fois que tu aura le ventre plein. Je profiterai aussi du passage a l'auberge pour me reposer un peu."

Il se tourne ensuite vers Grirav :
"- Allons, rentrons a l'auberge. Je n'ai guere envie de trainer dans cette endroit qui pue la mort, meme si ce sont ces chiens du Temple cette odeur n'est jamais agreable."

[Iris]

Le groupe des trois futurs soldats se dirigeait vers l'auberge pour déjeuner... vraisemblablement suivi des trois acheteurs... après tout Laeven devait se changer et manger restait une activité de la première importance en ces temps de crise...

...

Aussi, une petite demi-heure plus tard, le groupe put-il se retrouver à une table de la Carpe dorée, devant une sorte de ragout aux quenelles, ou quelque chose d'approchant, composé d'un bouillon tout à fait correct et de boule de farine, œuf, mie de pain... moelleuse... Le tout aurait pu être plus relevé, mais ça restait très correct. La cuisinière devait faire des efforts pour réduire les coûts en faisant simple mais bon... Disons... une nourriture de monastère finalement...

Je vous laisse faire le point, soit à table, soit dans vos chambres et décider de la suite de votre emploi du temps.

Je précise que je peux aller assez vite, avec des jours qui se ressemblent... votre bourse qui se vide... et vous faire tomber dessus la menace et les problèmes quand il n'est plus possible de les ignorer... mais à votre place, j'essaierais d'agir tant qu'il en est temps, sans risque grave pour ma peau à brève échéance...

En théorie, vous avez les moyens d'en sortir pratiquement indemnes ... voire même pas blessés... en agissant intelligemment, avec initiative et coordination et imagination... c'est possible... quant à savoir si vous le ferez...

[ramb]

"Rentrons"

Grirav ne dit rien de plus
La folie avait gagné cet endroit, et il faudrait bientôt choisir, lutté contre le temple ou ne rien faire.
Et bien à peine sorti d'affaire voila que les ennuies les rattrapaient déjà.

[Avrock]

Puisqu'ils repassaient a l'auberge, Garn prend le soin de prendre quelques nouvelles d'Elwin.
Il lui raconte brievement ce qui s'est passé sur la place de l'hotel de ville et lui fait par de ses commentaires tout en faisant attention qu'il n'y ai pas d'oreilles indiscretes. Sigires ou habitants de cette ville : meme combat, a la difference pret qu'ils ne sont pas branchés barbecue.

Pendant leur déjeuner, le jeune homme demande a ses compagnons:
"- Allons-nous dés cet aprés-midi nous faire recruter ou prenons nous le temps de nous familliariser un peu avec la ville ?"

Iris, dés le premier soir in game, j'aimerai pouvoir expérimenter quelques petites choses avec Garn, au risque de le rendre un peu plus fou qu'il ne l'est déja...

[Iris]

Ainsi donc en début d'après-midi les voyageurs se séparaient pour vaquer à différentes occupations :

1. Dwyfaël + Homme Et Demi se dirigeaient vers les bas-quartiers à l'initiative du premier qui avait une idée derrière la tête...
2. Grirav + Maëlys + Garn allaient s'engager... le premier parmi les archers, la seconde à la logistique, le troisième au combat de contact ? ...
3. Louve, Elwin, Laeven passaient le temps à l'auberge... à s'ennuyer ferme et angoisser ?...

... ?

[keborn]

Le Bouquiniste avait joué "grand seigneur" en laissant libre cour à sa générosité, déboursant près de 20 daols pour offrir à la barde une tenue qui lui permettrait d'aller jusqu'au début de l'hiver. La puissance d'attraction qu'exerçait l'envoûtante Tarish sur la gente masculine était sans aucun doute à l'origine de cette soudaine et étonnante libéralité.
Dwyfaël avait tout de même su récupérer quelques informations essentielles pour lui permettre de mieux saisir le climat ambiant de la ville et lui permettre de réfléchir à sa situation et aux moyens de s'extraire de ce piège à rats.

Pour rejoindre la place publique, Dwyfaël avait fait emprunter au trio exotique les rues qui passaient près de quelques grandes et imposantes demeures des quartiers bourgeois. Il repérait ainsi quelles étaient les demeures qui faisaient les frais de la nouvelle purge religieuse et celles qui en étaient encore préservées. Il notait ainsi minutieusement dans sa mémoire tout ce qu'il observait des expropriations et de la nouvelle "carte sociale" de la ville. L'air de rien, il passa aussi près de la maison de son "client" de la veille pour vérifier si lui aussi avait été victime de la chasse aux sorcières qui s'organisait ou s'il en était encore préservé. Il essaya aussi de repérer les allées et venues aux portes de la ville. Les sorties étaient-elles encore autorisées ? des convois partaient-ils encore ? Les équipées de bûcherons et de ramasseurs de bois de défense et de construction de machines de siège étaient-ils encadrés, ou pouvait-on s'y glisser encore, sortir de la ville avec eux et leur fausser compagnie une fois à l'extérieur ?
Pragmatique, Dwyfaël, au vu de l'évidente inadéquation de l'Homme et Demi en milieu urbain, essayait - par petites touches, pédagogiquement - de lui prodiguer quelques conseils usuels pour que celui-ci puisse se familiariser et commencer à apprivoiser ce nouvel environnement social et réagir selon l'attente conventionnelle.

Arrivé sur la place, le "spectacle" offert par le nouveau dirigeant "spirituel" de la ville - au-delà de lui donner la nausée ainsi qu'un profond dégoût et d'alimenter son sentiment d'insécurité - ne fit que renforcer son point de vue concernant les religions et les grands "élans" de ferveur populaire en vue d'une "nouvelle liberté promise, bien illusoire. Ils ne servaient qu'à permettre à de nouveaux dictateurs de spolier les richesses desquelles ils étaient tenus à l'écart par le précédent régime tout aussi corrompu et usurpateur. Un beau foutage de gueule, en somme ! Le "bouquiniste", prit malgré tout le temps de tendre l'oreille au milieu de la foule, ici ou là, pour connaître quels étaient les noms des différents exécutés publiques. Au-delà des crachats rageurs de la nouvelle folie mystique convenue qui s'emparait des badauds, entre les " maudits !", "Suppôts des sigires !" et autres qualificatifs élogieux, Dwyfaël essaya, de capter d'autres murmures, d'autres mots chuchotés, ceux de la rumeur populaire qui donnaient peut-être une autre explication quand aux mobiles de l'exécution d'un tel ou tel autre.

Le marchand ambulant, reparti ensuite en compagnie de l'Homme et Demi et de Laeven, vers l'auberge. Même s'ils avaient bien vus l'autre partie du groupe, ils avaient bien évités de montrer leur accointance en public.
Arrivé à l'auberge, Dwyfaël ne mangea que peu. Même s'il valait mieux prendre des forces, la boucherie de midi lui avait coupé l'appétit. Après s'être revigoré, il invita l'Homme et Demi à de nouveau l'accompagner en ville, en quête de renseignements. Cette fois-ci dans les quartiers plus populeux de De'Hag. Il fallait qu'il entre en contact avec Faergas Dunheim. Ce receleur avec qui il avait l'habitude de faire affaire pourrait certainement lui permettre d'avoir quelques infos supplémentaires sur l'agitation urbaine. Mais Dwyfaël avait aussi dans l'idée de trouver une planque pour cacher ses produits "dangereux" ou même pouvoir "squatter" dans un lieu qui serait certainement plus sécurisé à terme que l'auberge...lorsque la vindicte populaire viendrait à vouloir dépouiller les "riches" étrangers qui demeuraient encore dans ses portes. Il pourrait peut-être aussi savoir s'il existe un moyen ou un autre de sortir discrètement de cette ville - par les égouts ou par ailleurs. Les receleurs et les contrebandiers, à l'instar des varigaux pour l'extérieur, connaissaient aussi des voies secrètes pour naviguer intra-muros ou entrer et sortir de la ville sans être vus.

Restait plus qu'à le rencontrer. Il ressorti donc de la Cape Dorée en compagnie de son garde-du-corps d'un jour.

[Iris]

Pour faire le grand tour et trouver les réponses à la plupart de ses préoccupations, Dwyfaël en avait pour un moment à clopiner dans la ville. Il y avait indiscutablement une différence entre lui et son garde du corps. Pour ce dernier les allers-retours tenaient de la promenade de santé ; pour le bouquiniste en revanche, à force, ça deviendrait presque fatiguant. Ce soir il lui serait indiscutablement agréable de se reposer les pieds !

Car oui il y a une différence :

• Dwyfaël : Combativité (moyenne, 3), Prouesse (novice, 1), Vigueur (faible, 9)
• Homme Et Demi : Combativité (élevée, 5), Prouesse (moyenne, 3), Vigueur (très élevée, 12+)

Enfin, l'essentiel était d'arriver au bout du programme...


... Durant l'exécution... Dans le climat des événements avec une ambiance de peur à la limite de la paranoïa, il n'était vraiment pas évident d'apprendre quelque chose de concret et utile. Tout juste put-il déterminer que l'on exécutait les gens qui habituellement étaient les plus zélés dans le Temple et qui avaient dû faire la morale à d'autre. On faisait aussi le ménage parmi les personnes qui avaient eu des fonctions politiques jalousées. En fait, les arrestations pour l'instant étaient un mélange de véritable foi et d'opportunisme politique. Les cibles principales avaient eu des rôles à l'hôtel de ville et au conseil de la ville. L'épuration touchait aussi les hauts officiers qui n'étaient pas du côté du coup d'état... laissant la place à des subalternes ambitieux. De manière générale, il semblait qu'à des querelles religieuses et d'affinité ou faction, s'ajoutait une lutte des classes : des roturiers trouvant à se débarrasser de nobles qui leur avaient toujours interdit de s'élever dans la société. Beaucoup de règlements de compte qui s'appuyaient sur quelques éléments religieux réels.

Tout cela allait continuer... les parents risquaient gros... mais les enfants ? ... il serait difficile de condamner les héritiers pour hérésie ou autre... en revanche il était à craindre qu'ils soient entassés dans des cachots et si mal nourris et chauffés que la maladie ferait bientôt ce que les officiels n'osaient faire via exécutions publiques...

Pour rejoindre la place publique, Dwyfaël avait fait emprunter au trio exotique les rues qui passaient près de quelques grandes et imposantes demeures des quartiers bourgeois. Il repérait ainsi quelles étaient les demeures qui faisaient les frais de la nouvelle purge religieuse et celles qui en étaient encore préservées. Il notait ainsi minutieusement dans sa mémoire tout ce qu'il observait des expropriations et de la nouvelle "carte sociale" de la ville. L'air de rien, il passa aussi près de la maison de son "client" de la veille pour vérifier si lui aussi avait été victime de la chasse aux sorcières qui s'organisait ou s'il en était encore préservé. Il essaya aussi de repérer les allées et venues aux portes de la ville. Les sorties étaient-elles encore autorisées ? des convois partaient-ils encore ? Les équipées de bûcherons et de ramasseurs de bois de défense et de construction de machines de siège étaient-ils encadrés, ou pouvait-on s'y glisser encore, sortir de la ville avec eux et leur fausser compagnie une fois à l'extérieur ?

Bonne nouvelle, son client ne devait pas être des plus zélé d'un point de vue religieux, et étant du genre très prudent, il faisait profil bas, devenait ami avec les nouveaux maîtres... et faisait tout pour que jamais on ne soupçonne ce qu'il trafiquait vraiment !

Quant aux travaux en extérieur, les travailleurs étaient surveillés, n'emportaient pas grand-chose avec eux... mais en l'état, ça restait un degré de sécurité qu'on pouvait, avec un peu de préparation, une bonne dose d'audace et de bonnes jambes, tromper et s'esquiver. Par contre, ça impliquait aussi de se faire oublier dans la campagne environnante, avec les éclaireurs, les patrouilles, les fermiers qui venaient en ville ou quittaient la région... on contrôlait les gens... on leur demandait de réciter des prières (de la Vraie Foi bien sûr !) et des hymnes, des louanges... bref un examen d'identité et de conscience. Rien d'insurmontable, on pouvait tromper ceux qui les réclamait... ah oui, on risquait d'être rançonné... un peu partout... par les patrouilles, les soldats, et en fait, toutes les personnes en armes.

Quant enfin à un crochet par la bibliothèque, elle était surveillée, mais sans zèle. C'était surtout le fait que le quartier était peuplé qui jouait le mécanisme de sécurité : tout le monde savait qu'il fallait dénoncer les curieux... Passer et regarder, une fois ou de temps à autre... ça allait... mieux valait tout de même être discret... Pour s'y rendre la nuit était préférable : pas d'enfants cafteurs...

L'après-midi...

Il fallait qu'il entre en contact avec Faergas Dunheim. Ce receleur avec qui il avait l'habitude de faire affaire pourrait certainement lui permettre d'avoir quelques infos supplémentaires sur l'agitation urbaine. Mais Dwyfaël avait aussi dans l'idée de trouver une planque pour cacher ses produits "dangereux" ou même pouvoir "squatter" dans un lieu qui serait certainement plus sécurisé à terme que l'auberge...lorsque la vindicte populaire viendrait à vouloir dépouiller les "riches" étrangers qui demeuraient encore dans ses portes. Il pourrait peut-être aussi savoir s'il existe un moyen ou un autre de sortir discrètement de cette ville - par les égouts ou par ailleurs. Les receleurs et les contrebandiers, à l'instar des varigaux pour l'extérieur, connaissaient aussi des voies secrètes pour naviguer intra-muros ou entrer et sortir de la ville sans être vus.
Restait plus qu'à le rencontrer.

Son "ami" était bien installé dans sa boutique, avec l'air encore plus mauvais que d'habitude et franchement pas content de voir venir un contact de l'extérieur de la ville... le genre de personne dont on craint toujours qu'elle vous vende pour s'en sortir...

" Toi ? Je croyais que tu étais déjà parti ! ... T'as trouvé un garde du corps ?... "

Sur quoi il l'invita à discuter à l'arrière-boutique, laissant a priori le garde-du-corps dans la boutique avec son fils qui le garderait à l’œil.

Pour ce qui était de squatter ou faire garder des affaires, bizarrement par les temps qui courait, ça coûtait plus cher... mais c'était bien sûr possible. Pour peu qu'on soit prêt à dormir dans l'inconfort... Et surtout, il fallait arriver discrètement... jamais sûr de personne, sauf de sa famille. La famille c'est sacré.

" La sortie de ville ? J'y ai pensé, comme d'autres. Les principales sorties des égouts sont en train d'être murées ou à peu près par les soldats, pour éviter que les troupes ennemies rentrent par là. Les égouts principaux, c'est donc difficile... disons que pour sortir par là, il faudrait prévoir du matériel pour démolir ce qui aura été fait... et ce sera au risque de prendre des flèches ou des carreaux d'arbalète dans le dos, parce que la garde est chatouilleuse et très vigilante en ce moment. Ensuite, à l'extérieur, c'est pas gagné : au nord, une armée de la Vraie Foi qui se rassemble ; à l'Est les corvusiens ; au sud-ouest, les Lames. Sans un bon varigal pour se faufiler entre les lignes des uns ou des autres, ce sera pas évident. Si ça ne suffisait pas, temps de guerre égale logistique à base de pillage. En clair, les armées et gens de guerre vont manger sur le pays, et donc fuir à travers un désert, c'est risquer de crever de faim... Passer par les forêts et les montagnes est sans doute le plus discret, et on peut toujours chasser, enfin, si on sait chasser... mais y'a les feondas... parait qu'ils sont de plus en plus nombreux et agressifs... y'a eu une bataille à Lenbach, ils ont tout dévasté... et j'ai causé à un contrebandier, d'après lui, d'autres patelins ont été rasés... une armée de plus comme qui dirait..."

" Tu sais, Deh'ag est une ville solide, si elle n'est pas trahie, y'a pas de raison qu'elle tombe. On peut bien utiliser des catapultes, les murs sont de grande qualité. Le siège peut durer des mois et avec les renforts des troupes du nord, je pense que ça ne va pas s'éterniser... "

" Voir aussi les rumeurs de déclarations d'indépendance de seigneurs... si c'est vrai, alors ça voudrait dire que le roi de Gwidre devra partager ses forces entre au moins deux fronts... ça va réduire d'autant la pression ici..."

" Bref, sortir... oui... possible... mais je suis pas sûr que tes chances soient meilleures qu'ici."