[Focus] Occulte (Aeldred)

[Casaïr]

Aeldred se mit rapidement en route vers l'auberge de Joavan avant que le soir ne tombe, ne prenant que le temps d'avaler un morceau de fromage et d'emporter sa gourde. Il prit également le peu de monnaie qu'il avait à disposition ainsi que son sac afin d'y mettre les fournitures que l'homme pourrait lui fournir.

Le temps du trajet, Aeldred se fit la réflexion qu'il passait rarement par ici et décida de se tenir sur ses gardes. Joavan ne lui était peut-être pas hostile, mais ce n'était très certainement pas le cas de ses clients. Arrivé devant la porte de la bâtisse, le jeune homme inspira à fond et entra en tentant d'ignorer les regards méprisants que ne manqueraient pas de lui jeter les soiffards d'ordinaire concentrés sur le contenu de leur chope. Il avisa le comptoir et se dirigea directement dessus, esquivant les tables d'un pas vif et demanda à parler à Joavan.

Malgré lui, il ne put s'empêcher de jeter un œil dans la salle afin de s'assurer qu'il n'était pas l'attraction de la soirée ; il ne sortait que rarement le soir, encore moins pour se rendre à l'auberge, et il regrettait déjà d'être venu jusqu'ici.

[Iris]

L'auberge était au carrefour, c'est-à-dire que pour l'atteindre, il fallait quitter le village, passer devant le château, puis devant la rosace, avancer encore en laissant de côté deux fermes isolées pour enfin y être. Ce n'était pas une trop grande distance, mais certainement pas un lieu à proximité immédiate pour les villageois les plus casaniers qui avaient tendance à se retrouver toujours chez certains habitants pour boire.

On pouvait trouver de tout à l'auberge du carrefour, incluant des varigaux, des bardes, des marchands, de jeunes revenant de leur service d'ost, des demorthèn se rendant au tsioghair ou plus largement des voyageurs. S'il arrivait qu'il y eût beaucoup de monde c'était surtout vrai durant la belle saison. Les gens évitaient de se lancer sur les routes depuis le milieu de l'automne jusqu'au début du printemps. Il faisait désormais bon et les voies étaient largement carrossable, de sorte que l'établissement accueillait régulièrement des clients.

Ce soir-là, la plupart étaient étrangers et par conséquent totalement indifférents aux affaires d'Aeldred. On parlait surtout d'un Ronce effrayant qui était venu boire un verre et dont tout le monde était soulagé qu'il fût parti. On disait de lui que c'était un meurtrier qui avait échappé de justesse à la mort en s'engageant. Le commandeur Hafnir devait faire attention qu'il ne dérape pas... et même s'il se tenait à carreau, faisant son travail avec efficacité, la plupart, sinon tous, étaient d'accord pour dire qu'il était peut-être aussi effrayant que les créatures qu'il combattait.

C'était une bonne nouvelle du point de vue d'Aeldred : il y avait quelqu'un qu'on aimait encore bien moins que lui ! Il devait partir pour la rosace de Swelbecky, et c'était un soulagement généralisé que de laisser cette mauvaise fréquentation à d'autres. Même si on connaissait les gens de là-bas (voire qu'on y avait des parents), mieux valait eux que soi-même.

...

Dans ce contexte, Aeldred put expliquer sans peine qu'il cherchait du matériel pour écrire. Joavan confirma qu'il avait tout ce qu'il fallait, sous plusieurs format (vrai papier ou feuillets de bouleau par exemple), mais avisant de la dégaine du chasseur lui demanda s'il avait vraiment de quoi payer...

[Casaïr]

Rosissant légèrement, Aeldred sortit sa bourse pour en extraire les quelques daols en sa possession. Il était bien conscient que sa tenue n'inspirait pas forcément la confiance des commerçants mais jusqu'à présent, il n'avait jamais vraiment eu besoin de trop dépenser, hormis lorsqu'il s'était installé dans sa maisonnette, mais il craignait que ses maigres finances ne suffisent pas.

Retournant sa bourse sur le comptoir, dévoilant ainsi une dizaine d'azurs, il demanda :

"Est-ce que cela suffira ? J'aurai besoin d'encre, de plumes et de ... papier de bouleau. Combien pourrai-je en avoir pour cette somme ?"

Il prêta grande attention à ce qu'allait répondre Joavan, il ne souhaitait pas se faire rouler.

[Iris]

L'aubergiste calcula mentalement en silence. Il n'avait jamais l'air sympathique dans ces moments.

" Un flacon, une plume et un cahier d'une vingtaine de pages de feuilles de bouleau."

Aeldred n'y connaissait pas grand-chose et aurait du mal à évaluer l'expression de son interlocuteur qui n'émettait pas spécialement d'émotion.

[Casaïr]

L'affaire lui semblait honnête et, pour tout dire, il avait hâte d'étudier auprès de Fredelme, aussi Aeldred ne chercha pas à marchander. il paya pour les fournitures et, tout en les rangeant, regarda à nouveau l'aubergiste.

"Cette histoire de meurtrier que les Ronces viennent d'engager, c'est vrai ?"

Malgré lui, le jeune chasseur était intrigué par cette histoire. Il savait qu'une fois engagé chez les Ronces il était possible de faire table rase de son passé, mais il ne pensait pas que l'on pouvait échapper à la potence en procédant ainsi.

[Iris]

L'aubergiste prit l'argent avec une brève ébauche de sourire. L'homme aimait l'argent, personne n'en doutait. Qu'il ait pu travailler comme varigal avait toujours étonné le demorthèn officiant aux pieds de la colline de Terfynisel.

" Ah oui c'est vrai. Il s'appelle Roparz. Un grand costaud, cheveux bruns mi-longs. Pas possible de se tromper quand on le voit. Le Commandeur Hafnir a dû l'avoir à l’œil, mais finalement il va être affecté à Swelbecky avec une fille. Difficile de dire ce que ça va donner. Parait qu'elle a un sacré caractère et qu'elle a été recrutée par Hafnir. Elle s'appelle Cendres il paraît. Ou elle a choisi ce nom en entrant chez les Ronces, j'en sais rien."


Comme quoi en fait, le recrutement chez les Ronces était parfois bien plus souple que ce qu'on pouvait croire...

[Casaïr]

"Cendres ? C'est curieux comme nom. Elle n'est pas du coin, j'imagine ?" fit Aeldred d'un ton détaché. "En tout cas, merci pour les fournitures. Si d'aventure, vous aviez besoin des services d'un chasseur, je serai heureux de vous aider."

Tout en espérant que ce ne sera pas le cas... Cet homme aimait l'argent plus que les gens. Et même si cela lui permettait de se montrer totalement indifférent quant aux histoires courant sur Aeldred, il doutait qu'il s'intéresse à autre chose qu'une bourse bien remplie. En attendant, il avait un peu de matériel pour se faire la main -sans mauvais jeu de mot- sur ses études, mais il allait devoir travailler tout aussi dur en tant que chasseur pour remplir sa bourse maintenant vide. Heureusement il n'aurait aucun problème pour se nourrir, et il y avait toujours le ruisseau ou il allait pour s'abreuver et remplir ses outres (il préférait éviter le puits du village et n'y allait que contraint et forcé), toutefois, un peu de monnaie pouvait toujours se révéler utile, comme pour racheter des flèches ou entretenir son matériel.

Bah, pensa-t-il en prenant le chemin du retour, à chaque jour suffit sa peine. A partir de demain matin, je vais étudier ! Ho, il faut que j'aille chercher quelques lapins aussi...

[Iris]

Joavan éclaira Aeldred, remplissant sa fonction de principal fournisseur de nouvelles du coin :

" Cendres n'est pas du coin non. Elle connaissait le commandeur Hafnir lors de sa précédente affectation, pas loin de Louarn il me semble."


Le chasseur était à sec en monnaie, mais avait de quoi étudier. Il ne restait apparemment plus qu'à faire un sort aux lapins et retrouver son ami le vecteur le lendemain ?

[Casaïr]

Aeldred rentra rapidement chez lui, tout heureux de ses nouvelles acquisitions, tout en oubliant pas de passer voir Rhea afin de la tenir au courant. On dit souvent que le chemin du retour est toujours plus court, affirmation qui avait toujours laissé perplexe le jeune homme mais qui s'avéra juste : il se déplaçait si vite qu'il avala le trajet en presque moitié moins de temps qu'il ne lui en avait fallu pour se rendre à l'auberge. Il en avait même oublié ce que Joavan lui avait dit sur les Ronces de Swelbecky.

Arrivé aux abords du village, Aeldred prit le temps de reprendre son souffle, un peu à l'écart de la route. Dans le même temps il réfléchit aux possibilité de gibier qu'il pouvait apporter à Fredelme, qu'il s'agisse de lapin ou de caille voire pourquoi pas un sanglier, bien qu'il pensait surestimer sa chance et son endurance quant au transport de l'animal jusque chez le vecteur. Il savait aussi où trouver du poisson, qu'il s'agisse de brème, d'anguille ou de carpe. J'aurai peut-être dû lui demander s'il aimait le poisson...

Tout en récupérant, il fit mentalement la liste du matériel dont il aurait besoin le lendemain, et c'est une fois totalement reposé qu'il se dirigea chez Rhea.

[Iris]

La dàmàthair avait très souvent des enfants dans son environnement. La voir sans que quelqu'un piaille à proximité était rare. Mais elle trouvait ça normal, n'imaginant peut être aucun autre voisinage tant elle s'était habituée aux enfants.

Elle accueillit Aeldred d'un sourire chaleureux, comme d'habitude, son attitude avenante étant un encouragement à parler ou à s'installer tranquillement à proximité sans un mot.