[OdE 3] Dans mon potager (Forêt engloutie)

[Pwyll]

S'efforçant de retirer les petites épines inexplicablement prises jusque dans sa barbe, Pwyll écouta Aeldred et un sourire grandissant apparaissait sur son visage au fur et à mesure des paroles apaisantes du jeune homme.

"Oh, en fait tu te faisais du souci pour moi... ça me fait chaud au cœur tu sais, j'aurais presque envie de t'embrasser, mais bon, vu mon charme ça rendrait Oanell jalouse et il faudrait que je la serre aussi et puis voilà on serait parti dans un cycle infernal !" conclut-il avec un clin d'oeil bien lourdingue.

"La ferme vide, je ne sais pas si c'est bizarre... après tout ils sont plus ou moins en fuite et c'est ici qu'un groupe avait essayé de les retrouver si je me souviens bien des explications des villageois. C'est plutôt logique qu'ils soient partis en somme. Espérons juste qu'on trouve quelque chose pour nous mettre sur la piste de monsieur yeux profonds et de madame quasi-rouquine."

[Iris]

La ferme était vide et abandonnée depuis plusieurs semaines au moins, voire plusieurs mois si l'on en jugeait par les libertés qu'avaient prises certaines herbes et buissons opportunistes.

En examinant les lieux, il apparut qu'il restait encore pas mal d'objets de précédents propriétaires ; il y avait aussi des débris, des chaises renversées.

Le trio fouilla en quête d'indices. Pwyll resta dehors un moment. Oanell pour sa part s'interrogea "Pourquoi un objet maudit ? Qu'est-ce qui te fait penser ça ? D'après toi, que cherchons-nous au juste ?"

[Casaïr]

Aeldred resta songeur face à la question de sa compagne. C'est vrai que c'est moi qui ai dit ça, mais...

Retournant une assiette à moitié cassée tombée au sol pour voir si dessous s'y trouvait la réponse à ses questions -ce qui n'arriva pas, bien entendu-, il soupira, l'air résigné.

"En fait, je me suis dit que c'était peut-être comme pour mon père, ou ce qui est arrivé à la famille de Elwigg. Je veux dire, tout un château brûlé, ses occupants décimés, l'héritier qui revient des années plus tard et qui meurt dedans, un type qui en explore les ruines et qui, soudain, décide d'enlever une femme qui finit par se ranger de son côté... Je sais pas, j'ai peut-être trop voulu croire que je trouverai ici des réponses à mes propres questions."

Il fit une pause pour regarder autour de lui la ruine de la maison mais rien n'y faisait. Ce n'était pas ici qu'il trouverait quoi que ce soit, pas même un indice sur la destination présumée du couple, s'ils étaient toujours en vie.

"Je l'ai gardé, tu le sais, non ? le bracelet je veux dire. C'est peut-être la seule preuve restante de ce qui est arrivé à mes parents, et certainement le seul lien avec celui qui a osé fabriquer cette saloperie. Je sais que j'avais dit que je le ferai détruire, ajouta-t-il en sentant les reproches approcher, mais... ce n'est juste pas encore le bon moment. Et puis, il semblerait qu'il n'ait aucun effet sur moi, sans doute parce que je ne suis pas... pas son type de victime préféré. Va savoir..."

Il se perdit dans l'étude approfondie d'un nœud de bois niché au centre du plafond, certain maintenant d'être venu pour rien jusqu'ici.

"Allons voir Pwyll, s'il n'a rien trouvé, nous ne pourrons rien faire de plus ici j'imagine. "

[Pwyll]

En observant sa découverte, Pwyll se demandait s'il fallait y voir une sorte de loi des séries...

Entre le pendu, les fantômes, les ossements et maintenant ça. Sans même parler de l'autre. Voilà qui commençait à devenir presque perturbant et même un peu plus, comme si cette fugace impression qui le hantait depuis quelques temps cherchait encore à forcer le passage et à prendre une forme plus construite. La chose, encore indistincte et sombre, se débattait dans les tréfonds de sa mémoire.

"Venez dans le jardin, va falloir creuser je pense. Il y a de tombes qui n'ont pas vraiment l'air officielles. Pas les anciens propriétaires j'espère..."

[Casaïr]

"Des tombes ?"

Le ton de Pwyll, étonnamment sérieux, attira immédiatement l'attention d'Aeldred. Cherchant un peu partout dans la maison une pelle, ou n'importe quoi lui permettant de creuser, il se rendit ensuite auprès de son ami dans le jardin, voir de ses propres yeux la découverte qui venait d'être faite.

[Iris]

Trouver des outils de jardinage en état convenable ne fut guère difficile et les amis purent s'atteler à une tâche macabre. A part soi, Aeldred se demanda comment Pwyll avait repéré ces discrets monticules -- lui-même ne voyait rien de particulier. Toujours est-il qu'ils dégagèrent les herbes folles et trouvèrent rapidement des restes partiellement décomposés -- et méconnaissables.

Test de résistance mentale

Pwyll : 8+d10(6)= 14. Réussi
Aeldred : 8+d10(2) = 11. Raté
Oanell : 6+d10(1) = 7. Super raté

Pwyll encaissa assez bien (ou le moins mal possible) la vision des corps qui commençaient à apparaître hors de leur gangue de terre. Aeldred blêmissait et sentait la sueur perler sur son front et son dos, il avait froid et ses mains tremblaient à mesure que l'ineffable se révélait. Quant à Oanell, elle se retourna vivement, à peine eut-elle entrevu l'horrible crâne et la mâchoire déboitée, que rien ne retenait, ouverte en une bouche ouverte qui hurlait un éternel cri d'horreur. Elle n'avait presque rien vu mais l'image de cette tête s'était imprimée dans son esprit.

[Pwyll]

Davantage déconcerté et attristé par le malaise de ses amis que par l'horrible spectacle offert par ce visage entre les monticule d'une terre qui semblait elle-même crier son outrage, Pwyll se positionna entre le corps et le couple.

"Oh là là, désolé de vous avoir demandé de faire ça, je vais continuer un peu et puis peut-être essayer de faire comme le Démorthèn de Tùrsal pour tenter de permettre à ces pauvres gens de rejoindre le grand renouvellement des C'maoghs. Je peux me débrouiller seul, le travail physique m'aidera à ne pas trop penser à leur malheur. Regarde, Aeldred, Oanell est toute patraque, emmène-là à l'intérieur."

Pwyll faisait bonne figure, mais à mesure qu'il déterrait les corps pour tenter de comprendre et, surtout, s'efforcer de leur offrir une sorte de second départ plus respectueux, la situation commençait à faire peser sur son esprit le poids d'un doute pernicieux qui se faisait même ressentir, physiquement, dans les muscles noués de son cou de taureau.

Et si on avait tenté d'exploiter sa gentillesse ? Qui serait assez froid pour faire une chose pareille, pour mentir aussi bien ? Comment parler de ça au deux autres qui ne se doutaient de rien ?...

[Pwyll]

Après quelques minutes de travail, Pwyll revient vers Aeldred et Oanell avec un air un peu gêné.

"Heum. Euh... ça vous ferait du bien un peu de repos peut-être ? Pour bien m'occuper de ces pauvres gens, je crains que ça me prenne le reste de la journée. Ça vous va ?"

[Casaïr]

Aeldred avait accepté avec une certaine reconnaissance la proposition de son ami de terminer cette funèbre besogne seul. Il n'avait manifestement pas été suffisamment préparé à une telle découverte, et Oanell encore moins. Il l'emmena de l'autre côté de la maison, lui donna un peu d'eau après l'avoir prise un instant dans ses bras pour tenter de la réconforter.

"Je ne sais pas comment il a fait pour découvrir ça, son regard a été bien plus affûté que le mien cette fois. Mais... il y a quelque chose de bizarre ici. Je me demande qui les a enterré et pourquoi ? Enfin, je doute qu'on ait les réponses tout de suite."

Pwyll revint rapidement vers eux, se regardant les pieds et se triturant les mains. L'ancien Aeldred aurait sûrement laissé coulé ce genre de signes mais pas celui qu'il cherchait à devenir. S'approchant de son compagnon, il lui demanda :

"Qu'est-ce qui s'est passé ici, tu en as une idée ou pas ? J'imagine que tu as un peu examiné les corps, non ? Tu sais ce qui a pu les tuer ?"

[Pwyll]

Appréciant la sollicitude dans le regard d'Aledred, Pwyll reprit un peu confiance et répondit :

"Et bien, je n'en sais rien du tout pour le moment, mais j'espère pouvoir y répondre après avoir entièrement sorti et nettoyé les corps. C'est de toute façon ce que j'aurais fait avant de procéder au petit rituel que je veux tenter de mener pour les aider à rejoindre la Nature. Je n'ai pas donné de détail pour ne pas vous mettre encore plus mal à l'aise. Si je trouve quelque chose, je vous l'expliquerai sans les détails sordides. Mais il faudra de la patience du coup..."

Une lueur sauvage passa rapidement dans le regard habituellement si doux du grand gaillard et il ajouta :

"Mon impression pour le moment, avec l'horreur qu'on a ressentie dans ce visage décomposé, c'est qu'on les a sûrement tués, mais ça remonte à plusieurs mois. Je veux en avoir le cœur net et retrouver les coupables."