Tom Le Bref a écrit :"Ah mais oui, mais oui. Vous êtes la lady. Mais-mais-mais, comme vous grandites vite, je vous estions vu il y'a peu avec une grosse dame en robe et v'z'étiez petite comme ça. Ah m'a gourru, ah l'idiot! Ah le bouffon bouffi que je fais, mon bon roi. Oh pardonnez-moi, pardonnez-moi."
Aleth n'en revenait toujours pas et ses paupières battirent rapidement d'étonnement et d'incompréhension en voyant le manant, dépourvu de la moindre estime de soi, dans des proportions qu'elle n'aurait jamais imaginé possible... Surtout avec Jolan qui devait se libérer de l'amour soudain et invraisemblable du mendiant pour sa jambe... Aurait-il encore envie de promouvoir la réinsertion de ce Monsieur Le Bref quand ils sortiraient d'ici ? ...
Tout de même, elle était perplexe quant aux bribes d'informations, pour le moins confuses, que ces vestiges d'être humain exprimaient au milieu de ses délires. Lysanor serait venue récemment avec une grosse dame ?... Aleth chercha dans ses souvenirs quelles servantes du château pouvait correspondre à cet élément de description... une femme dotée d'un certain embonpoint et qui était peut-être proche de Lysanor ?... Bien sûr elle aurait pu tenter d'en demander davantage à Monsieur le Bref, mais sa façon de s'exprimer laissait deviner qu'il était incapable de parler clairement, et qu'il devenait confus (voire menteur ?) sitôt qu'on lui demandait des choses précises. En témoignait la suite...
Tom Le Bref a écrit :l"es fillottes à la Dame Adrienne, oui... non... Elles viennent spécialement là... C'est que je me serais trompé pasque je les aient déjà vu le soir et qu'elles s'habillent comme des princesses. Ben tout comme vous, ha !"[
Donc... les pensionnaires de Dame Adrienne venaient... mais ce n'était pas clair... Et Aleth n'avait aucun espoir d'en savoir beaucoup plus... Autant chercher ailleurs... Son expression de visage devait laisser deviner qu'elle réfléchissait et n'était que partiellement présente à cette conversation invraisemblable.
Changeant de sujet apparent, et poursuivant en fait le fil de ses objectifs : "
Monsieur Le Bref, je vous remercie pour votre accueil et votre... zèle à manifester votre... allégeance à l'égard de la Maison de Castellane. Voici une pièce, afin que vous puissiez assurer votre subsistance et continuer de faire acte d'obédience dans ce septuaire."
Elle ne donna pas encore la pièce, tenant (espérant ?) avoir son attention :
"
Monsieur Le Bref, il semble que vous soyez en quelque sorte le gardien du septuaire, mais celui-ci est hélas, quelque peu délabré et je vois ici et là, des taches et débris. Puis-je vous confier l'entretien de ces lieux ? Si la prochaine fois que je viens, je le découvre en meilleur état, le sol rincé à proprement, les débris sortis et proprement rassemblés pour être jetés, vous en obtiendrez deux."
Est-ce qu'il comprenait ?... Il devait juste laver à l'eau et dégager les débris, ça n'était pas insurmontable... maintenant, était-il irrémédiablement paresseux en plus d'être à demi-fou, elle le saurait la prochaine fois.
Elle lui donna la pièce, une somme qui n'avait rien d'extravagant, mais devait être incitative (zut, elle s'était promis de ne pas le payer pour partir... bon, elle le payait pour rester à la place...), et elle verrait si son investissement portait ses fruits.
"
Je place le septuaire sous votre responsabilité. Tâchez de vous montrer digne de la confiance que nous plaçons en vous."
Très clairement, ceci était une tentative de manipulation et incitation en tentant de jouer sur le fait que même un misérable comme lui pouvait avoir envie de regagner un peu d'estime... Il avait tantôt été tenté d'éprouver de la gratitude, peut-être que ça marcherait et que le septuaire serait désormais entretenu a minima... Aleth imaginait volontiers ce Monsieur Le Bref bientôt dire qu'il était le gardien officiel des lieux, se rengorgeant de sa nouvelle importance... qui n'était, hélas, que le résultat du constat qu'Aleth n'avait aucune idée sur comment se débarrasser de lui...