[Symbaroum Chap.3-5] Le repos de la couturière

[Iris]

" Le poisson, avec un cidre léger s'il vous plait."



Quand elle fut à nouveau seule avec Caseo, Hellébore reprit et s'appliqua à présenter les faits dans l'ordre, de manière neutre et aussi claire que possible :

" Je suis de la famille Morelm. Avant d'entrer à l'Ordo Magika je portais le nom d'Hermeline Morelm. Je ne suis qu'une cadette dans une fratrie nombreuse. Je n'ai jamais vraiment brillé, mais malgré ça, mes parents ont oeuvré pour me fiancer à Ledros Argona. J'avais dans les douze ou treize ans à l'époque. Il est venu chez nous, et m'a vue, et rien de ce que pouvait faire ma famille pour me rendre agréable à ses yeux n'a eu d'effet. Quand il est rentré à Fort Chardon, il a fui sa famille pour éviter le mariage. Après ça, il était impensable d'essayer de me marier à quelqu'un d'autre, alors puisque j'aimais les livres et les plantes, ils m'ont envoyée à l'Ordo Magika. "

" Je suis venue ici pour étudier la flore et l'histoire. On m'a demandé aussi de me tenir à disposition de la famille Argona, mais je crois que c'était surtout par politesse. Ils ne sont pas très heureux de la situation que j'ai causée. Suria d'Argona a la bonté cependant de ne pas m'en vouloir, et veut bien m'aider dans une certaine mesure à obtenir l'autorisation d'explorer la faille dans Fort Chardon."

[Caeso Senjak Khan]

Caeso écouta attentivement Hellébore lui raconter cette histoire plus intime de sa vie. Il n'arrivait pas à déterminer ce qu'il trouvait le plus étonnant entre la filiation de chapeau rouge ou la destinée d’Hellébore.

-Vu ce que tu me décris tu aurais aussi bien pu finir dans un couvent. Finalement tu ne t'en sors pas trop mal. Enfin si tu veux mon avis le pire aurait été que Ledros te trouve à son gout. Pas sur que ta famille ait pu faire grand chose contre les Argona s'ils avaient décidé de vous marier.

Il goûta au plat de poisson qui lui flattait l'odorat depuis un instant déjà.

-J'imagine que c'est de bonne guerre de te raconter quelques histoires aussi, même si j'ai peur que ce soit moins trépidant. Je suis né dans le duché de Narugor. Ma mère est morte en couche en mettant au monde une de mes sœurs ou de mes frères. Mon père travaillait beaucoup même si je suis bien incapable de te dire ce qu'il faisait exactement. Puis nous sommes partis pour Yndaros ou nous avons vécus plusieurs années J'ai rejoins la milice locale assez tôt, puis l'armée ambrienne. Il parait que j'ai de bon yeux du coup j'ai été transféré au fort d'Otra Senja pour surveiller la frontière. J'ai pas mal travaillé avec les patrouilleurs de la Reine avec qui nous faisions différentes missions et exercices. Ce sont de bon soldats.

Le cidre était également très parfumé.

-Je pense que nous ne devrions pas trop tarder. Il faut que la cuisine soit encore en activité pour que notre plan soit un minimum crédible. Finissons de manger et j'irai t'attendre au comptoir afin que nous soyons bien installé en face de la porte.

[Iris]

A la réflexion selon laquelle le pire aurait été encore d'épouser Ledros, Hellébore s'autorisa un maigre sourire. Elle n'était pas mécontente de ne pas vivre avec lui, même si toute cette histoire lui avait valu beaucoup de complications.

Pour le reste, elle hocha la tête, prenant note des recommandations à ne pas trop traîner à table. Elle demeurait sérieuse et réservée. Elle aurait bien voulu faire comme les gens qui savent toujours quoi dire, et lancer quelques bons mots, rebondir sur le récit de Caseo ou l'inciter à parler davantage, mais elle hésitait toujours longuement sur ce qu'il convenait de dire, sur ce qui était pertinent, juste ou approprié, et au final, le silence s'installait. Un long moment, elle se perdit dans des considérations sur la nécessité de dire des paroles compatissantes à propos de la mère de Caseo, mais elle se demandait si ça ne sonnerait pas creux. Et puis ça reviendrait à revenir sur des choses dites alors qu'il avait poursuivi. Ensuite il disait du bien des soldats, mais elle n'y connaissait rien, alors approuver serait un peu bête, non ?

" C'est gentil d'avoir pensé à moi pour ce soir. " finit-elle par dire, tout en se demandant dans la seconde si ce n'était pas stupide et si elle n'aurait pas mieux fait de se taire. D'ailleurs après ça, elle n'ajouta plus rien.

[Caeso Senjak Khan]

Le capitaine sourit à Hellébore.

-J’espère que ça finira aussi bien que ça a commencé.

[Casaïr]

Mêlant Confidences et mets de qualité dans une ambiance sereine, la soirée à la Louche Ailée avançait doucement. Survint bientôt le dessert sous la forme d'une tarte à la rhubarbe posée sur le plateau d'Agnès qui leur indiqua que, puisqu'ils séjournaient à l'auberge, la note serait reprise avec celle de la chambre. S'ils n'avaient plus besoin d'elle, elle s'éclipsera rapidement en leur souhaitant bonne soirée avec un sourire des plus réglementaires.

[Iris]

Hellébore eut un sourire rayonnant l'espace d'un instant, avant de retourner à la contemplation de sa tarte.

Bien que le début se passât bien, elle n'était pas rassurée du tout pour la suite, mais faisait de son mieux pour prendre sur elle et aider autant que possible le Capitaine dans sa mission improvisée.

[Casaïr]

Alors qu'Hellébore se demandait encore comment se passerait leur mission, elle remarqua que l'attention de Caeso venait d'être capté par autre chose. Suivant son regard, elle réalisa que la salle commune se vidait dangereusement et tous deux en conclurent rapidement que la cuisine ne resterait sans doute plus ouverte très longtemps. S'ils devaient agir ils ne devraient plus trop traîner.

[Iris]

Hellébore se leva et glissa au capitaine "Je vais chercher les fumigènes, je te rejoins au comptoir."

Sur quoi elle retourna à sa chambre avec un pas aussi anodin que possible, et s'efforçant de ne pas regarder les brutes dans le couloir gardant la pièce dans laquelle il fallait entrer.

Une fois dans sa chambre, elle prit quelques profondes respirations pour se calmer et reprit sa sacoche avec les fumigènes. Elle essaya de vaguement se recoiffer, ou quelque chose, pour avoir un vague prétexte d'être revenue à sa chambre. Peut-être faire ses besoins suffirait ?...

Dans tous les cas, elle ne tarda pas et revint à la salle commune pour retrouver le Capitaine.

[Caeso Senjak Khan]

Caeso se leva à la suite d’Hellébore et fit glisser sa main le long de son épaule puis de son bras avant de la laisser s'éloigner. Il se dirigea ensuite vers le comptoir au niveau de la porte d’entrée de la cuisine et commanda une bouteille de cidre dont il servit deux verres. Il patienta ensuite un moment en observant la disposition de la salle et les détails inhabituels ou exploitables qui pourraient les aider ou les gêner dans leur future entreprise.

[Casaïr]

De sa position au comptoir, Caeso pouvait voir tout ce qui se passait dans la salle et avait même un léger aperçu sur la cuisine grâce à la porte laissée ouverte, il pouvait y voir notamment une cheminée, quelques tonnelets empilés entre elle et l'entrée, devinait ce qui semblait être une table au milieu de la pièce et un établi tout au fond.

La grande salle en elle-même était désormais pratiquement vide ; en dehors d'Hellébore et lui-même, il ne restait plus que deux tables partiellement occupées, l'une d'elle par un couple apparemment très amoureux et l'autre par un groupe de quatre amis semblant fêter la promotion de l'un d'eux.

En tournant la tête il put voir Agnès qui revenait de l'étage, un plateau avec des assiettes et des couverts utilisés dans les mains.