L'assemblée bordait le chemin, l'homme blême et maigre y était mené, vacillant sur le charrette d'infamie. Il était aussi maigre que lui, aussi barbu et hagard qu'Elwigg l'avait été toutes ces années à ruminer, isolé et coupé du monde. Celui qui fut un brigand avait tout essayé pour sauver sa vie. Il avait menti, marchandé, supplié, usé de toutes les ruses. Malgré toutes ses tentatives, il n'avait pu échapper aux Ronces qui rendaient aujourd'hui justice.
La mort de l'injuste nourrirait la terre de sa chair, ainsi le cycle de vie et de mort retrouverait son harmonie.
Elwigg l'avait rencontré hier après-midi pour la première fois et il le voyait aujourd'hui pour la dernière fois.En musique ? a écrit :Karliene & Juggernoud - Hanging tree
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Le brigand Herrand avait dû être un bon combattant par le passé, aujourd'hui, après la chute des Roseaux de fer, il n'était plus qu'un homme usé par trop de violence, de peur, d'alcool, de privations, de solitude. Capturé, il avait tenté de se sauver en attirant les Ronces dans une embuscade, mais il avait échoué, et avait tenté encore vainement de négocier, de se déclarer volontaire pour entrer dans l'ordre des Ronces. Las, l'ordre acceptait des criminels, mais aucun qui trahît sa parole ou tentât de tuer ses membres en usant de pièges. Pour gagner quelques jours de vie encore, d'espoir peut-être, il avait fait appel à la coutume de la rédemption : il avait le droit de réparer ses torts avant de mourir. Il désigna aux Ronces quelqu'un qui avait pâti de ses actions, des années auparavant. Il devait lui parler pour mourir en paix et accepter son sort, revenir à la sève d'Arbre-Vie. Mais Herrand avait choisi un tort bien difficile à retrouver et espérait s'en sortir tandis que les Ronces se casseraient les dents à retrouver le bûcheron fou.
Les Ronces avaient mis trois semaines à chevaucher et chercher, ils avaient passé tout le mois de Sulthainn à chercher le bûcheron. L'automne venait, et si cela durait encore, ils abandonneraient les recherches pendant l'hiver. L'espoir, mince, ténu. S'évader de ce cachot coûte que coûte.
... Mais les Ronces étaient tenaces. Ils avaient retrouvé le bûcheron fou qui vivait en ermite, ignoré de tous, non loin d'un village miteux, Swelbecky. Elwigg repoussait tout contact avec les humains et ne voulait rien entendre.
... Mais les Ronces étaient tenaces. Ils n'avaient pas retrouvé le bûcheron fou pour le laisser là, ils le ramèneraient de gré ou de force, quitte à le pendre avec le brigand s'il les attaquait.
N'ayant pas le choix, Elwigg se laissa entraîner jusqu'à Louarn pour voir le guerrier qui prétendait lui avoir causé du tort alors même qu'il était assuré qu'il n'avait pas été la cause de l'incendie.
Le lendemain de cette entrevue, le brigand serait pendu jusqu'à ce que mort s'ensuive.
...
6e Damhar 909
L'expression de l'homme dans le cachot était sans équivoque : il était horrifié de la nouvelle qu'on lui annonçait. L'homme à qui il avait causé du tort, le bûcheron fou avait été retrouvé. Il serait pendu. Il sentait déjà la corde serrer son cou. Ses complices étaient déjà morts. Ils pourrissaient sur l'arbre aux pendus.