[Artland 2.1] - Le Dernier Tableau (sept.)

[Iris]

Asch était un pragmatique plutôt terre à terre, mais à l'occasion il faisait les mots croisés du journal et d'autres jeux... et il réfléchissait un peu... et là, il pensait avoir un avis digne d'intérêt :

" Vous étiez à un dîner chez ces... Merrington, non ? C'est là que la lettre mentionnant le dernier tableau est apparue. A partir de là, vous ne croyez quand même pas sérieusement que vous êtes les seuls à vous en être préoccupés ? Je vous parie tout ce que vous voulez que tous les invités à cette soirée en ont parlé autour d'eux, que des curieux sont allés voir votre... médium, le rigolo qui fait tourner les tables (clin d'oeil à Séraphine)... et pourquoi pas Valence Bell ? Il n'a certainement pas été convié qu'à un seul dîner mondain... Pour ma part en revanche, je ne soupçonne pas trop la famille Reynolds : trop soucieux de respectabilité, au point de refiler un tableau de grande valeur à un vieux valet, vous vous rendez compte ? S'ils avaient voulu miser sur leur fiston, ils auraient pu être riche, le gars était déjà connu de son vivant... pas au point de maintenant, mais déjà un peu si j'ai bien suivi..."

" Donc... pour moi, le commanditaire est une des personnes qui a entendu parlé de la lettre et du dernier tableau via le dîner Merrington. Dis-donc, ça fait combien de jours que vous y étiez ? Juste pour savoir s'il n'y a qu'une centaine de personnes au courant, ou carrément tout Liberté ? Ensuite, en partant de qui savait que nous allions à Mélain, il doit être possible de bien réduire la liste des suspects ... "

" Euh, sinon... moi... du monde ?... Non, clairement pas ! Moi et les mondanités on est fâché... et les tableaux... non, clairement j'y connais rien. Suis d'avis de bêtement voir un prof d'art ou un galeriste ou peu importe..."

" Eh bien Dr Sullen, vos instructions ? Escorte jusqu'au domicile de monsieur et on avise pour demain ? "

...

[Asdel]

"Oui vous avez surement raison. Et bien, si nos signalement sont si bien connus, je pense que ça serait une erreur de déposer le tableau chez vous ou chez moi. Serait-il possible de le faire à cette heure-ci dans une banque ? Ou dans un coffre sûr ? Ou même à la consigne de la gare ?"

[Iris]

Asch, perplexe :

" Euh... ben... hum... je ne passe pas mon temps à louer des coffres en banque, j'y connais rien... mais j'ai jamais vu une banque ouverte la nuit..."

" Pour les consignes, je me demande si elles ne sont pas trop petites... et puis faudrait être bien discrets et pas espionnés pendant qu'on l'y met..."

" Sinon, une nuit de veille à garder le tableau, ça devrait aller ! Je doute qu'ils nous tombent dessus trop vite. Certains ont des fractures à faire réparer... j'ai comme l'impression que des remplaçants motivés, ça se déniche pas si rapidement que ça. Allez, ça ira ! En avant ! ... J'en ai un peu marre de rester planté dans la rue... "

Direction l'appartement du Dr Sullen... avec installation du garde du corps dans le petit salon ? ... Le tout accompagné de commentaires du genre :

" Ah, la vie de célibataire, ... c'est pas mal quand même, on est sacrément tranquille... peut-être un peu trop, hum... un jeune médecin plein d'avenir, vous avez des projets personnels ou l'intention de durer un peu comme ça ? "...

Et puis une nuit... où le Dr Sullen aura peut-être du mal à s'endormir, mais finalement, aucun meurtrier, aucun cambrioleur, rien, même pas un concert de chat de gouttière... une bonne nuit tout compte fait... de quoi partir du bon pied vers la suite !

...

[Asdel]

L'aube, froide et lugubre sur Liberté. L'heure favorite du Docteur Sullen, en train de boire un thé à la fenêtre de sa petite pension. Il regardait la brume du matin glisser dans les rues, laissant apparaître sous un ciel glauque les toits des maisons environnantes, pierres rouges baignée par un pâle soleil. Il avait fait préparé à l'intention d'Asch un copieux déjeuner, se contentant d'un peu de pain et de beurre avec une goutte de confiture.
Le programme de la journée était simple: amener le tableau dans une des grandes maisons d'expert en art, le faire authentifier, et après ameuter la presse si le tableau était authentique. Thomas souriait intérieurement à ce pied-de-nez à tous ces grands bourgeois qui se prenaient pour des critiques acérés et des experts en tableau, mais étaient incapable de différencier une croute d'un authentique comme celui qui avait dormi cette nuit dans sa demeure, à ces hommes riches et puissants qui ne savaient pas récompenser la fidélité comme ils auraient dû le faire. Ce jour-là, il était heureux, l'affaire semblait rondement menée, un vieil homme allait être récompensé pour son labeur en gagnant un joli pactole.
En entendant Asch se lever, il pria pour que cette journée se passe pour le mieux.

[Iris]

Asch était bien loin de ces considérations sur l'art, l'aptitude à le reconnaître ou le luxe, le snobisme, les mondanités, les injustices sociales... il aimait se concentrer sur ce qui était concrètement à sa portée. De fait, ce matin, il commença par se lever du canapé (?) en s'étirant longuement, bâillant largement et s'étirant de nouveau. Il arriva décoiffé (ou plus exactement pas coiffé) à la table du petit déjeuner, en chemise, vaguement débraillé... En fait, non, il n'était pas si débraillé que cela, objectivement, mais son attitude lui donnait vaguement l'air ... d'un cabot... un gros chien qui n'aimait pas se compliquer la vie.

" Alors Dr. Sullen, en forme on dirait ? "

Puis voyant la situation et ce qu'il y avait à manger :

" Mais vous, vous ne mangez pas plus que cette pauvre tartine ?"

Parce que lui... il était parti pour... attaquer le bacon et les oeufs, de gros morceaux de pain beurré avec (peur du cholestérol ? jamais !), en rajoutant du miel sur le bacon à la fin (pourquoi pas ?), et puis deux tasses de thé, un verre de jus de fruit ou autre truc disponible, comme du lait, et du muesli ou du pain et confiture et ... au final, il avait dû en une demi-heure manger autant que le Dr Sullen sur quelque chose comme quatre ou cinq petits déjeuners ? Peut-être davantage.

"Je termine de me préparer et je vous accompagne. Quel est le plan ? "

(...)

" Donc on commence par... chercher un expert dans un annuaire ou en demandant à un galeriste. Ensuite on espère qu'il nous expertise ça rapidement. C'est bon pour moi !"

Il est difficile d'avoir un annuaire qui précise "expert en art", mais le Dr Sullen peut choisir d'autres modalités :

• aller à l'université et chercher un prof d'histoire de l'art, lui demander conseil, et aller voir son contact, qui éventuellement pourra renvoyer vers un spécialiste de la peinture d'Eric Reynolds
• chercher un galeriste qui vend des toiles d'Eric Reynolds et lui demander quels sont les experts avec lesquels il travaille
• aller dans un musée et demander à voir un membre du administratif ou scientifique pour se faire dire quels sont les experts qui travaillent avec eux

Je te laisse choisir. Dans tous les cas, vous allez sans doute marcher un peu, mais c'est une question de temps et de détails, il n'y a pas de véritable obstacle de ce côté de vos démarches.

[Asdel]

"Mangez à votre faim, cette affaire me turlupine et ne me donne guère envie de manger." sourit le jeune docteur en regardant son hôte faire. Au bout d'un moment, réprimant un rire devant l'appétit d'ogre d'Asch, il lui dit très sérieusement "Faites attention messire glouton, ce n'est pas forcément ce qu'il y a de mieux pour sa santé ces mélanges."

"Peut être devrions nous commencer par un historien de l'Art, l'Université de Liberté doit bien contenir un ou deux connaisseurs de l’œuvre d'Eric Reynolds. Et ils doivent avoir des contacts dans les milieux de l'expertise." dit Thomas, mais il gardait pour lui de dire: en espérant que ça fonctionne.

Une fois que son hôte eut fini de déjeuner, Thomas pris sa canne et son chapeau, ajusta sa mèche de cheveu et dit simplement. "En avant, pour l'université"

[Iris]

Au petit-déjeuner, Asch avait l'air de quelqu'un qui considérait comme normal de manger comme quatre, c'était un vrai motif d'étonnement qu'on puisse... perdre l'appétit pour des considérations de réflexion !

" Ben, justement ! Avec la journée qu'on va avoir, c'est important d'avoir l'estomac calé !"

" Mélanges ? ..."

Grands yeux ébahis. C'était parfaitement normal d'engloutir du bacon au miel !!

" Sucré salé ? C'est courant dans des tas de pays, les gens ne s'en portent pas plus mal !"

Grand sourire.

" En avant pour l'université alors ! "


L'université était installée au cœur de la ville, dans un quartier où les parcs, square, bibliothèques, librairies, papeteries et petits restaurants ne manquaient pas... Les bâtiments de cours et les bureaux étaient éparpillés sur plusieurs bâtiments qui communiquaient par des cours, des passerelles... L'ensemble était assez agréable, détendu et animé à la fois, dans un paysage automnal, feuillages jaunissants qui commençaient à tomber.

Trouver les enseignants en histoire de l'art n'était pas difficile. Il s'agissait de s'adresser à l'accueil, puis direction le département adéquat, via des escaliers usés en pierre et puis en bois. On conseilla à ces messieurs d'aller voir dans les bureaux en bibliothèque. Les enseignants étaient tenus d'heures de permanence dans les bureaux qui leur étaient assignés. Les étudiants étaient libres de venir pour présenter leurs difficultés... et par extension, les visiteurs curieux pouvaient se présenter. Ce n'était pas courant, mais rien ne l'interdisait.

Voici donc le bureau du Dr. Helen Forbes, censément "enseignante en histoire de l'art et critique contemporaine"...

...

[Asdel]

"Docteur Forbes je présume ?" commença Thomas Sullen quand une (ravissante/vieille/acariâtre/magnifique) femme lui ouvrit la porte.

"Je me présente, Thomas Sullen, docteur...Malheureusement non, médecin, l'amour des sciences. Mon compagnon ? Mister Asch." blabla mondain habituel, une affaire urgente, besoin de son avis d'experte es art, de son savoir technique de professeur mais aussi de ses connaissances acérées de critique, reconnues bien au-delà de Liberté et cætera.
Puis, une fois installé dans le premier fauteuil venu, toujours un sourire qui se voulait charmeur aux lèvres, Thomas reprit.

"Voilà, il s'avère que, par intérêts personnels, nous nous sommes mis en quête de la dernière œuvre d'Eric Reynolds. Par un jeu d'héritage et une chasse plutôt complexe, nous avons retrouvé ce qui semble être un authentique, du moins à mes yeux de profanes. Hum, nous aurions besoin de votre coup d’œil expert, ou de vos amitiés avec les spécialistes de ce peintre" Thomas avait failli dire fabuleux, mais dans ce monde, il savait pertinemment qu'il ne fallait pas trop montrer se goûts si on voulait éviter réfutations et controverses pendant des heures et des heures, surtout avec une professeure. "Bien entendu, nous pouvons vous montrer ce tableau...En tout point différent de celui retrouvé il y a quelques jours" alors, avec l'aide d'Asch, il sortit la marine du carton où ils l'avaient fermement ficelée

[Iris]

Le Dr Forbes était une femme d'une quarantaine à cinquantaine d'années, des cheveux blonds tendant sur le gris. Elle était vêtue de brun, une veste stricte près du corps et une jupe qui arrivait jusqu'aux chevilles, avec des bottines. Légèrement enrobée si on pouvait se permettre cette observation. Quelqu'un de calme, plutôt avenant sans être expansif. Pas besoin de lui faire trop de lèche-botte pour qu'elle accepte de regarder le tableau. Bonne nouvelle, le Dr Sullen allait pouvoir faire un peu moins de mondanités.

" Un authentique tableau d'Eric Reynolds ? Ce serait une grande chance pour vous. "

Elle le posa sur une chaise, de manière à ce que la lumière du jour permette de bien le voir et s'accroupit devant pour le regarder attentivement.

" Pour être tout à fait sûr, il faudrait le comparer avec des oeuvres déjà connues et attribuées avec certitude à l'artiste. Il est cependant troublant et je veux bien croire qu'il puisse s'agir d'un original. En tous cas, même si cette toile était de quelqu'un d'autre, elle resterait à mon sens un chef d'oeuvre."

Elle se releva sans grande souplesse, le regardant encore.

" Très beau."

Songeuse, elle laissa le silence s'installer.

" Pour l'expertiser avec certitude, il y a quelques procédures à respecter. Il faudra penser à établir l'historique de la toile. En clair, comment vous l'avez découverte et surtout, retracer son historique. "

" Vous avez bien dit que vous pensiez avoir la dernière toile du peintre ?... Effectivement, il y a un problème, il ne peut y avoir deux derniers tableaux... Je n'ai pas vu personnellement celui qui a été annoncé dans les journaux. Peut-être qu'il s'agit juste d'un souci de datation ? "

...

[Asdel]

"Écoutez Madame, c'est pour répondre à ces questions que je suis venu aujourd'hui. Les datations entre ces deux tableaux ne correspondront pas, j'en ai la certitude. La personne qui m'a prêté le tableau connaissait bien Monsieur Reynolds, et il m'a assuré qu'il l'a reçu des mains propres du peintre peu avant sa disparition. Bien entendu cette personne est âgée, mais elle a connu Monsieur Reynolds quand il était enfant, et ne se serait pas laissé abuser." dit Thomas, avant de laisser une pause.
"Votre aide nous serait très précieuse pour rencontrer en expert et faire la lumière sur cette étrange affaire, pour ce vieux Monsieur qui nous a gracieusement prêté ce magnifique tableau. Vous dites que c'est un chef d’œuvre, même si ce n'était pas un Reynolds, mais nous sommes là aujourd'hui pour prouver que c'en est bien un, et surtout que c'est sa dernière œuvre."