[Artland 3.1] - Anatomie artistique (nov.)

[Iris]

Tout se calmait peu à peu avec des conversations outrées, choquées, ou prenant le parti d'en rire, et la foule qui se dispersait. Plus personne n'avait le coeur à assister à une "vraie dissection", la soirée était désorganisée et le programme était désormais : traîner une heure ou deux en discutant, peut-être manger au buffet et rentrer chez soi tranquillement.

Juste Louis était évanoui, mais rien de bien grave, sitôt qu'il y aurait moins de monde, il pourrait reprendre ses esprits...

Et libre au trio de voir ce qu'il allait faire désormais... discuter sans doute un peu, et finalement repartir...


....

[Crépuscule]

Juste avait eu un vertige qui l'avait conduit dans un état de conscience proche du rêve, c'était étrange, les sens déconnectés, après une impression de pesanteur extrême, il eu ensuite une sensation inverse, comme flottant dans un monde aux couleurs sans cesse en mutation, quelques formes, quelques pensées s'y manifestait puis disparaissait ... puis il y eut des picotements, il y eut comme de vives lumières étincellantes dans sa vision et enfin le retour de ses sens.

C'était destabilisant et il lui fallut encore quelques dizaines de secondes avant de se rappeller où il était. Ca avait été à la fois déroutant et fascinant et il essayait de se remémorer de tout ça, de s'imprégner de ce souvenir mais ce dernier disparaissait au fur et à mesure que la réalité refaisait surface.

Il se redressa et s'asseya, se frottant derrière la tête là où une bosse avait probablement fait son apparition.

[darkbaron]

Lydia veilla un moment sur son cher protégé. Heureusement, il y avait juste eu plus de peur que de mal. Il avait eu un malaise passager et ça allait déjà mieux. La jeune femme était donc naturellement rassurée. La dissection étant annulée, il ne leur restait plus qu'à rentrer chez eux, ce qui allait permettre à Juste de se reposer et de totalement se remettre de ses émotions. Elle n'avait de toute façon pas trop le cœur à rester en ces lieux.

Au retour du docteur, elle lui demanda brièvement sur un ton agacé :

"Vos étudiants ont-ils toujours cette forme d'humour ?"

Elle n'attendit pas sa réponse et ajouta :

"Bien, le spectacle étant terminé, nous allons sans doute rentrer. Je n'ai pas envie de rester en cet endroit. Ce fut un plaisir, docteur."

[Iris]

Juste Louis émergeait et Lydia Deighton avait la ferme intention de partir d'ici au plus tôt. D'autres qu'elles prenaient le même chemin et il était probable, pour ceux qui voulaient rentrer en voiture à cheval, qu'il faille un peu attendre : les premiers arrivés dans le hall étaient les premiers servis. Préférant ne pas patienter dans une salle froide aux échos sinistres, il en était pour attraper leur parapluie et filer vaillamment sous la pluie qui tombait avec une densité monotone sur une ville plongée dans la nuit.

En passant, une personne attentive pouvait entendre les suppositions et discussions qui allaient bon train, seule occupation pour se réchauffer dans les grands couloirs de pierre.

" Une plaisanterie sinistre..."

" Il paraît que l'eau monte dans un des cimetières, non loin d'un canal, qu'il y a là des innondations telles que les corps fraîchement enterrées ressortent à la surface. Est-ce possible ? "

" Ces étudiants sont des idiots, mais ça nous rappelle assurément qu'il y a constamment une pénurie de cadavres pour les cours d'anatomie..."

" Ah vous voilà, j'ai entendu que le doyen voulait faire en sorte qu'on identifie les fauteurs de trouble de ce soir... mais on ne croit pas trop que la police accepte de se pencher sur la question, elle a fort à faire avec les problèmes liés aux inondations... Ils parlent d'engager un privé... mais un des enseignants a souligné que le milieu médical est tout de même assez particulier... et puis ces gens ont souvent mauvaise réputation... cela ne les réjouissait pas vraiment... "

" Un privé ? ... Et pourquoi pas simplement un investigateur intelligent intéressé par la cause ou motivé par une récompense ? ... Après tout, il paraît que ça se fait. J'étais à la campagne cet été, et j'ai entendu parler du cousin d'une amie qui était plus ou moins détective, ou investigateur, oui, il paraît qu'il préférait ce terme... sur son temps libre... Comme d'autres font de la recherche en ayant un métier principal à côté... D'après mon amie, son cousin en était très satisfait..."

...

[Asdel]

"A leur âge ça s'explique, mais j'avoue que là c'était particulièrement sinistre" répondit froidement Thomas à la question de Lydia, tout en aucultantt le jeune Juste (ou Louis ?) afin d'éviter tout risque de commotion cérébrale. Puis, plus courtoisement.
"Madame veillez bien sur ce jeune homme, il risque d'avoir des vertiges ou des nausées, mais il est de constitution robuste. S'il se plaint de maux de têtes, emmenez-le chez votre médecin. Ce fut en tout cas un plaisir, gâché par ces plaisantins, de rencontrer une dame charmante comme vous. Permettez-moi de vous conduire jusqu'à un fiacre. J'insiste" la bonhomie habituelle du docteur était revenue, mais il laissait ses oreilles traîner, tout en conduisant le couple vers la sortie.

[darkbaron]

Lydia, était de son côté, beaucoup trop concentrée sur le garçon et le docteur pour prêter la moindre attention aux discussions.

"Je pense qu'il n'y aura aucun problème avec lui. Il est en bonne santé et il a juste fait un malaise. Cette blague de mauvais goût a été un choc pour lui, mais ça va déjà mieux. Il reprend déjà des couleurs. Quand il aura mangé et pris le temps de se reposer, cette histoire sinistre ne sera plus qu'un mauvais souvenir."

Lydia rougit légèrement en entendant le compliment. Elle n'avait pas été flattée de la sorte depuis des mois et cela la troublait presque.

"Si vous insistez, je ne vous refuserai pas ce droit, monsieur. D'ailleurs, pourquoi ne pas partager un repas ensemble ?"

[Asdel]

"Mais bien entendu, quelle excellente idée. D'ailleurs je vous invite. Connaissez vous ce délicieux restaurant tenu par une famille de Kell ? Ils vous découpent et préparent le poisson avec une fabuleuse technique. Cela fera du bien à tout le monde de se sustenter. Et je ne pense pas que le jeune Juste soit prêt à manger un...steack saignant" dit Thomas, enthousiaste. Dans le même temps, il fit un clin d'oeil à Juste pour essayer de le faire sourire, tout en prenant le bras de sa tante...Si bien entendue celle-ci lui tend, c'est un gentleman, avec un humour particulier, mais quand même un gentleman.

[darkbaron]

La jeune femme lui tendit son bras sans le moindre problème. Elle aimait beaucoup le docteur. Elle le connaissait seulement depuis peu, mais elle se sentait en confiance avec lui et ne voyait donc pas l'intérêt de lui refuser son bras. Au contraire, elle était heureuse de briser la monotonie de sa vie et d'oublier un moment la solitude qui avait été sa compagne ces derniers mois. Depuis qu'elle avait un protégé, sa vie avait pris un tournant plaisant et cette journée confirmait cette idée.

"Je vous fais confiance, docteur. Il me tarde de goûter à cette cuisine. Je ne peux décemment pas refuser une telle invitation."

Elle attendit donc avec lui tout en souriant. Finalement, c'était une belle journée...

[Iris]

S'il était certain que la farce était d'un goût particulièrement lamentable, elle n'en avait pas moins été réussie au-delà de tous les espoirs des plaisantins et nul doute que les étudiants la raconteraient durant de longues années, comme un modèle du genre...

Il fallait un quart d'heure d'attente à partir du moment où le petit groupe était arrivé... mais entre les politesses et les invitations à dîner au restaurant, ça passait plus vite, et la fraîcheur vivifiante et humide de la nuit détrempée devait avoir bien réveillé le jeune homme...


... Enfin... une voiture à cheval pour eux... plus qu'à courir un peu sous la pluie, monter vivement, indiquer son adresse... (après aussi l'avoir donné à Thomas Sullen, et réciproquement sans doute)... et rentrer chez soi... Le trajet n'était pas très chaud, et pour cause, c'était un temps particulièrement mauvais, même sur l'échelle météorologique artlandaise, ... les poètes du pays trouvaient le moyen d'expliquer que ça donnait d'autant plus de valeur à la chaleur du foyer...


... Chacun allait pouvoir se faire une bonne soirée... Avant de passer une journée à vaquer à ses occupations habituelles... Juste Louis n'avait pu entrer en apprentissage chez Quentin Foch et il avait certainement des lacunes scolaires, il lui faudrait peut-être rattraper un peu ou chercher un autre maître... Le Dr Sullen de son côté avait une journée de travail typique de 6h (en un bloc, ou 3h et 3h séparées de 3h de pause de midi) avant de pouvoir vaquer à ses occupations du soir... Quel était le nom du restaurant où il voulait entraîner ses nouveaux compagnons ? ... Mais peut-être que le Dr Sullen avait dans l'idée d'ici là de trouver un petit boulot d'investigateur, du genre à rajouter une motte de beurre à ses épinards ?... Non, jamais ça ne paierait autant que l'Affaire du Dernier Tableau, mais ça pouvait conforter sa réputation d'enquêteur privé...

[Asdel]

Thomas Sullen, regardant le fiacre partir sous la pluie, pensait déjà à la soirée. Il avait convenu de venir chercher Lydia Deighton et Juste (si ce dernier daignait les accompagner s'il n'avait aucune affaire pressante). Il sourit, regarda sa montre cabossée, il avait quelques heures pour repasser chez lui avant d'aller Kell's Crabshakk. Mais avant tout, n'avait-il pas entendu quelqu'un dire que le doyen avait besoin d'aide pour une "investigation" ?
Remontant quatre à quatre les marches de la faculté de médecine, il se dit que s'il voulait que tout se passe bien plus tard, il devait être actif le temps de sa jeunesse...Et puis, ses émoluments récents, même gonflés, n'étaient pas encore assez important à ses yeux de campagnard débrouillard mais connaissant une vie chiche, pour se permettre de laisse passer une telle une opportunité, qui conjuguait d'ailleurs ses aspirations et ses goûts pour l'énigme et la célébrité.