[SdA] Des temps incertains et troublés

[darkbaron]

La jeune femme sourit légèrement et prit sa main afin de se relever plus facilement, tout en le regardant.

"Merci pour votre aide, mon bon ami. Heureusement que vous êtes là ! J'aurais eu bien du mal à m'en sortir sans vous. Déorwine, hm ? Cela sonne comme un nom du Rohan et je crois reconnaître l'accent. Est-ce que je me trompe ? Si vous me proposez votre aide, cher ami, ce n'est pas de refus."

Meril se pencha alors vers le sol pour ramasser les livres et en tendit ensuite quelques-uns à Déorwine afin de ne pas se surcharger de nouveau. Une fois le ramassage terminé, elle se dirigea vers les rangées et remit délicatement les ouvrages à leur place, non sans grâce ni habileté, semblant incroyablement vive. Une des rangées étant en hauteur, elle lui demanda, non sans gêne, de la soulever afin de l'aider à placer le dernier livre au bon endroit. Elle était particulièrement légère et sa taille fine donnait une impression de fragilité. Le rouge lui monta légèrement aux joues, mais elle s'efforça de le cacher, en vain.

Leur travail étant terminé, elle se tourna vers lu en souriant, une expression de gratitude sur le visage, puis dit :

"Merci bien, messire. Puis-je faire quelque chose pour vous ?"

[Eoin Mac Aoidh]

"En effet, je suis un fils d'Eorl."

Comme sa tenue, sa cape verte et son bouclier au cheval autour de l'umbo le proclamaient, en plus de son nom. Il l'aida de bonne grâce, essayant de comprendre le rangement de la bibliothèque, et ne s'en sortit pas si mal que cela, au final. Et que dire du moment où elle lui demanda de la soulever... Lui aussi sentit son visage virer à l'écarlate, heureusement que nul autre n'était ici, sinon il se serait senti prit en faute comme un adolescent.
Il la reposa délicatement, aussi lourde qu'une plume, et pourtant il n'était pas si fort que cela - moins que son frère Déormer, par exemple. Quand elle se retourna, il croisa son regard, et se sentit rougir légèrement à nouveau.

"Je suis convoqué à la réunion qu'organise l'Intendant Béren. Un des gardes, Damrod, m'a dit de m'adresser à vous pour m'installer. Mais je dois avouer avoir déjà réservé une chambre dans une auberge du Premier Cercle, et y avoir laissé Eorof, mon cheval."

[darkbaron]

"Ce n'est pas un problème, messire. Nous avons des écuries pour nous occuper de votre monture et, si vous y tenez, la trésorerie vous remboursera l'argent que vous avez dépensé pour réserver votre chambre. Je pourrai aussi le faire moi-même car la trésorerie a probablement d'autres soucis à régler à cause de l'effort de guerre. Nous avons besoin d'argent pour notre flotte et la défense de nos ports. Bref, comme vous voyez, nous avons quelques problèmes."

Elle se dirigea vers son bureau et fouilla sous plusieurs rouleaux de parchemin afin de récupérer une bourse, dans laquelle elle récupérera quelques pièces qu'elle tendit ensuite au jeune homme afin de rembourser ses frais inutiles. Elle était indéniablement fidèle à sa parole et tenait fermement à ses principes.

"La réunion à laquelle vous avez été convié aura lieu dans quelques heures. Je peux vous accompagner, si vous le désirez."

[Eoin Mac Aoidh]

"Je veux bien. Vous me montrez où sont les écuries ? Il faudra aussi que je m'occupe de mon cheval, et je vous le présenterai comme cela !"

Meril semblait être une personne de principe, et cela plaisait à Déorwine. Le fait qu'elle l'accompagne aussi, il était curieux de bavarder avec elle, de lui présenter aussi son cheval. S'en occuper n'était qu'un prétexte en fait, car cela ne prendrait guère de temps, peut-être une demi-heure tout au plus.
Mais le Gondor semblait être en état de siège, et cela l'intriguait un peu. Aussi, alors qu'ils descendaient vers le pied de la cité, il demanda :

"Le Gondor semble être en guerre ? Vous pourriez allumer les feux de veille, car il me semble que c'est un grand péril qui vous menace ?"

[darkbaron]

Meril le suivit et sourit tristement quand il lui posa des questions sur la menace qui pesait sur le Gondor.

"Notre problème est délicat : plusieurs flottes menacent nos côtes et nos navires. Il y a les corsaires, bien sûr, et ils ne sont pas les seuls. Malheureusement, plusieurs peuples semblent agités et prêts à tout pour piller nos ressources ou affaiblir nos défenses. J'ignore ce qui les pousse à agir de la sorte, mais c'est ainsi et cette situation préoccupe énormément notre intendant au point que ce dernier va sans doute se déplacer en personne à un moment ou un autre.

La réunion ne concernera pas cette affaire : les autres peuples ont généralement leurs propres problèmes et les Rohirrim ne peuvent pas chevaucher les mers. Sans vouloir vous offenser, je crois que je ne me trompe aucunement en affirmant que votre peuple ne connaît rien à la navigation et ne dispose d'aucune flotte. Heureusement, le sujet de la réunion est plus... Terrestre. Il existe une menace un peu plus directe et nous manquons d'informations à ce sujet."

Comme prévu, ils partirent chercher la monture de Déorwine, ainsi que les affaires qu'il avait sans doute déposées à l'auberge, avant de se diriger vers les écuries officielles, qui se trouvaient dans un bâtiment de pierre qui semblait aussi âgé que la cité de Minas Tirith elle-même.

[Eoin Mac Aoidh]

Déorwine sourit.

"En effet, nous ne connaissons pas grand chose à la navigation, hormis sur la Mer d'Herbe."

Une fois revenus à l'auberge, il harnacha son cheval et rechargea la couverture contenant ses affaires, présentant au passage Eofel à Meril. Ils se dirigèrent vers les écuries, lui marchant à côté de sa monture, sans lui tenir la bride, tant leur complicité était grande, chantonnant un conte héroïque de son peuple en chemin.
Une fois dans son box, le Rohirrim la déchargea, enleva selle et harnachement avant de s'en occuper, lui parlant doucement en rohirric de sa voix grave et rauque. Cela ne prit en effet guère de temps, il travaillait vite et bien, puis la laissa tranquillement se reposer, ses affaires jetées sur l'épaule.

"Cela ne lui est guère habituel d'être ainsi en écurie, il est plutôt laissé en liberté, et revient le matin quand je le lui demande. Je pense qu'une fois dans les appartements qui me seront alloués, j'aurais le temps de me laver avant d'assister à la réunion ? Y aller en armes et armure, je doute que cela soit courtois..."

[darkbaron]

Meril observa un moment le fier destrier en souriant, tout en gardant ses distances.

"C'est une bien belle monture que vous avez là ! Comme tous vos chevaux, je devine qu'il aime les grands espaces et la liberté. Je regrette sincèrement que notre ville ne puisse lui offrir ce qu'il désire, mais c'est ainsi. Vous ne devez guère être habitué aux villes de pierre, vous non plus..."

Tout en sortant des écuries, elle ajouta afin de répondre aux questions de son interlocuteur :

"Je peux faire mander une bassine d'eau. Vous aurez le temps de vous laver et même de vous changer, mon bon ami. Nous croiserons sans doute les autres participants pendant votre repas, avec un peu de chance. En ce moment, l'intendant n'a guère le cœur aux banquets et mange de modestes et légers repas, à l'écart, souvent enfermé dans sa chambre. Il préfère s'isoler pour réfléchir aux problèmes de la cité. Je pense que s'enfermer dans la solitude n'est guère très sain..."

[Eoin Mac Aoidh]

"C'est vrai que la Cité Blanche est impressionnante, surtout quand on vient de petits villages de bois et torchis comme moi. Mais Eofel comme moi-même nous en accommoderons le temps nécessaire, ne vous inquiétez pas !"

Il suivit la jeune femme pour remonter vers le palais, à pas tranquilles.

"Mes vêtements... civilisés ne sont guère plus beau que ceux que je porte, mais ils ont le mérite d'être moins usés et moins bruyants que ma cotte de mailles ! Dites-moi, serez-vous conviée vous aussi à ce repas ?"

Il prit un air attristé quand il apprit l'étendue des soucis de l'Intendant.

"En tout cas, j'espère lui apporter un peu de paix à l'esprit en réussissant ce qu'il me demandera. Nous serons donc plusieurs, savez-vous qui sont les autres participants ?"

[darkbaron]

Elle sourit et, en apercevant des domestiques, fit mander la bassine d'eau et de quoi faire sa toilette avant de reporter son attention sur le cavalier.

"Un Nain qui vient de... Je ne sais où. Je ne me souviens pas le lui avoir demandé ou l'avoir entendu le dire. Erebor, peut-être ? J'ai toujours voulu visiter cette région, mais je n'en ai guère eu le loisir. Quand j'aurai du temps, il faudra que je le fasse. Malheureusement, en ces temps troublés, on a besoin de moi et je ne pourrai donc bénéficier d'un quelconque répit avant de longs mois. L'heure n'est pas aux voyages, ni même aux visites de courtoisie. Je sais qu'il y a également un rôdeur, un Dúnadan. Je dois admettre que j'ai beaucoup d'affinités avec ce peuple en raison de mes racines numénoréennes. Certes, ce sont des origines plutôt lointaines, mais ma famille est bien issue de cette époque mythique. Cela peut paraître absurde de revendiquer l'héritage d'un peuple disparu... Non ?"

Elle l'interrogea du regard avec curiosité, se demandant sincèrement ce qu'en pensait Déorwine.

"Enfin, votre bassine sera très rapidement livrée. Aurez-vous besoin d'aide pour votre toilette ?"

[Eoin Mac Aoidh]

Déorwine n'avait jamais vu de Nain, et les Dùnadan n'étaient chez lui que des objets de légende. Mais même chez lui, on avait entendu parler des Numénoriens.

"Je ne vois pas en quoi c'est absurde, il y aurait plutôt de quoi en être fier ! Pour ma part, je ne suis qu'un Homme, aucun sang aussi glorieux que le vôtre. Mes parents sont de simples paysans, et leurs ancêtres avant eux. Mais cela n'empêche pas d'être fier de descendre de simples cavaliers du Nord."

Il eut un sourire, et elle sentit sa fierté sans borne de faire partie des Seigneurs des Chevaux.

"Je vous remercie, mais cela devrait aller, j'ai même une technique pour me laver le dos !"

La proposition était tentante, cela dit, mais il n'osait accepter, ne voulait pas la choquer.

"J'espère vous revoir au dîner, Dame Meril. Je comprends désormais d'où vient la sagesse que l'on lit dans vos yeux."

Une fois la belle demoiselle partie, il s'installa un peu, retira ses armes, son armure, les rangea avec soin. Puis, sur son lit, il étendit un pantalon sombre, une tunique sans manches écrue ornée de motifs verts et or de bonne facture. Il se baigna ensuite, enfila ses vêtements de cérémonie, glissa sa dague à sa ceinture, mais non sa hache. Enfin, Déorwine tressa avec soin sa chevelure encore humide, l'attachant à l'aide d'un mince bout de tissu vert émeraude.
Il était ainsi bien plus présentable, reflétant toujours ce côté un peu barbare, aux yeux des autres, des fils d'Eorl. Il se mit enfin en quête de la salle du repas, espérant revoir Meril en chemin, et aussi croiser ses camarades...