Le père jeta un regard épuisé à son fils et congédia tout simplement les serviteurs avant de se lever péniblement.Effectivement, comme vous pouvez estimer que le père reste taciturne jusqu'au bout, vous pouvez tout à fait répondre à ce cher Enguerrand et réagir ensuite au reste. Le plus important vient en effet quand le père prend la parole. Bref, il n'est à mon avis jamais trop tard pour réagir ou revenir sur un point, sauf circonstances exceptionnelles, mais je doute que l'un des PJ tente quelque chose d'aussi spécial en plein banquet avec le seigneur des lieux.
Une fois debout, aidé d'ailleurs par le Mestre, il regarda ses enfants avant de prendre la parole avec gravité :
"Mes fils... Non, mes enfants... J'ai quelque chose de très important à vous dire tant que je le peux encore.
Siegwulf, la raison pour laquelle je t'ai fait venir, c'est parce qu'il me reste trop peu de temps à vivre. J'ai été lâche quand j'ai chassé ta mère, même si je l'ai fait au nom de la fidélité conjugale, car je n'aurais pas dû abandonner un de mes enfants. J'ai failli à mon devoir de père."
Il ferma un moment les yeux et quelques larmes coulèrent sur ses joues. Il les rouvrit en disant, ému :
"Merci... Merci d'être venu. Merci de m'avoir fait cet honneur. Mon fils, je vois avec fierté que tu es devenu un grand guerrier, un homme vigoureux, déjà époux et père, alors qu'aucun de mes enfants légitimes ne peut en dire autant. Tu sais combien la vie est dure et tu as su te trouver une place de choix dans le Nord, la région de ta mère. Les Sept savent quelles épreuves tu as affrontées pour y parvenir... Je ne peux que t'admirer !"
Il essuya ses yeux et poursuivit, toujours aussi ému, mais digne :
"Mes enfants... Je me meurs. Depuis des mois, des années... Un mal me ronge, me dévore les entrailles et jusqu'à ma virilité, m'empêchant même de me nourrir comme je le voudrais. Je ne peux plus le cacher. Cette maladie m'emportera bientôt et c'est la raison pour laquelle je veux me racheter et régler mes affaires tant que j'en ai encore le temps. Bientôt, la vie m'abandonnera et vous... Une nouvelle vie commencera pour vous. Une vie de lord ou de lady..."
Il se tourna vers Siegwulf et le regarda droit dans les yeux en lui disant :
"Siegwulf, tu es un combattant. Pas Enguerrand... Je veux que tu restes. Je... Je désire te nommer à la tête de nos troupes. Je veux que tu sois le conseiller militaire d'Enguerrand et dirige nos hommes au nom de la Maison Aversin. Un fief te sera même accordé, si tu le désires."
Il se tourna ensuite vers Enguerrand :
"Quant à toi, la vie de lord sera bientôt la tienne, et j'espère que tu tireras des leçons de ma vie. Veille sur ton frère, ta sœur et sur le Mestre, mon plus fidèle conseiller depuis que je suis devenu lord, le seul en qui j'ai toujours eu la confiance la plus totale et qui ne m'a jamais déçu."
Enfin, il se tourna vers Lysanor, qui était troublée et sanglotait :
"Ma fille... Quant à toi, j'ai déjà pensé à ton avenir. Je t'ai dotée de terres. Ces fiefs constitueront ta dot le jour de ton mariage, mais tu les dirigeras en tant que vassale de ton frère tant que tu ne seras pas mariée. Je ne veux pas que tu sois délaissée. Choisis un bon époux et vis une belle vie !"
Il finit par s'asseoir, visiblement trop faible pour rester debout un instant de plus.
"Voici ce que je tenais tant à dire... Ce poids qui pesait si lourd sur mon âme... Sachez que toutes mes dernières volontés ont déjà été couchées sur un papier qui porte mon sceau. En somme, même si je devais mourir maintenant, toutes mes promesses seraient tenues. Bien sûr, si vous avez quelques objections, le Mestre pourra rédiger un nouveau document, mais je pense avoir été très juste. J'ai veillé à ne délaisser aucun héritier."