[Artland 1.1] Chemins du Destin - I - Le rêve

[rolender]

- Ah ben ça alors ! Asch, c'est toi ? Je n'en reviens pas ! Ils avaient dit que tu étais mort, tu sais ? Cela en fait un bail, tu te rappelles, c'est Peter, Peter Lester. Ah ben ça fait bien plaisir de te revoir mon vieux : je s'vais bien que t'étais un dur à cuire et que ces marais n'auraient pas ta peau !

Peter avait une voix rauque, plus rauque que dans les souvenirs de Asch d'ailleurs. Cheveux noirs, yeux noirs, il avait les traits assez anguleux, à tirer au couteau. Il semblait avoir le cuir chevelu un peu dégarni sur le devant et une vieille cicatrice de guerre scindait son front. Large d'épaules, sa stature avait un petit quelque chose de mastoc.

Il portait des vétêments gris assez commun et un grand imperméable noir recouvrait le tout. Ses chausses étaient de solides bottines noires de marcheur.



Au bout de la laisse que tenait Peter se trouvait un chien de berger adulte des plus communs, mais dont le regard pétillait d'intelligence. Son pelage brun était en grande partie recouvert de noir, donnant l'impression qu'il avait été carbonisé.




Sorti de sa stupeur, Peter sembla comme surpris de trouver une dame au bras de Asch.

- Oh, veuillez m'excuser gente dame, la surprise m'en a fait oublier mes bonnes manières. Mon chien et moi, on vous souhaite la bonne soirée, pas vrai Mabrouck ?

Mabrouck se met au pied et exclame un wouf d'approbation !

- Asch, tu me présentes ?

[Iris]

Asch, dans les 1m80 à 1m85, carrure solide sans être spécialement impressionnante, souple, en bonne forme, et encore plein de vie et de vigueur... Il était plus âgé, mais quelque part aussi sans âge. Son costume était sobre et bien taillé, choisis par sa compagne, enfin, Lester pouvait s'en douter en restant un peu avec eux. Le "mort" était déconcerté par cet appel :

" ... Lester... oui... hem... Ben disons que j'ai bénéficié assez longtemps de l'hospitalité orkîse et quand j'ai vu que j'étais mort, ça m'allait aussi bien, pas comme si j'avais de la famille et ma pension d'ancien combattant, j'en ai rien à cirer."

" Séraphine, voici Peter Lester, on a fait nos classes ensemble. Lester, voici Séraphine Uriel."

* blanc *

... Asch a toujours été capable de rester silencieux, mais apparemment c'était avec plus d'assurance... quoiqu'il fût plutôt déstabilisé de voir un fantôme de son passé... il ne savait par quelle banalité conclure cette conversation, pour lui son passé était aussi mort que "lui", alors là, que fallait-il faire ? ... Un coup d’œil à Séraphine... Les bas canaux ou les mondanités ? Aucun des deux ne le tentait vraiment... Il aurait été plus à son aise ailleurs, dans un autre contexte, là, il se sentait un peu comme un chien en laisse...

[rolender]

- Ouais, je vois... Ben t'as eu bien raison. Pour vivre heureux, vivons caché, comme on dit ! Ah, ah ah !

*en regardant Séraphine*

- Je vois que tu as toujours aussi bon goût en matière de femmes. Tu n'as jamais voulu me donner tes secrets de séduction mon beau salaud, mais je vois qu'ils marchent toujours autant. *petit sourire en coin*

*petit silence* Comme Asch, Peter n'était pas à proprement parlé un grand parleur non plus. Cependant il sentait bien qu'on ne pouvait simplement en rester là.

- Et bien, écoutes, je n'avais rien de spécial à faire, je promenais mon chien. Si tu veux, on va boire un verre pour discuter un peu. Je vous invite. C'est pas tous les jours qu'on rencontre un mort accompagné d'un ange, pardi !

[Kenny]

Séraphine aurait bien eu besoin de se cacher derrière ses manières d'aristocrate pour se protéger de l'intrusion de Peter dans son intimité, mais grâce à son entreprise et son tac, elle présenta un air enjoué :

"Bien le bonjour, monsieur Lester. Oui allons boire quelque chose dans un café vous me raconterez comment était Asch quand il était plus jeune..."

Séraphine commanderait un thé au citron.
"Que faites vous dans la vie Monsieur Lester ?"

[Iris]

(Barthélémy) Asch laissa Lester et Séraphine choisir où s'installer, sans doute non loin, dans un café qui devait, comme presque tous être pleins par cette belle journée estivale, mais il devait être possible, avec un peu de chance et de persévérance, de trouver une table en terrasse. L'objet de la conversation se dévoua pour prendre les commandes de chacun et aller jusqu'au bar en dépit de la foule, pour ramener le tout sitôt que possible. Lui-même prenait une eau gazeuse citronnée.

...

Peter Lester ne devait pas savoir grand chose de la vie de Asch avant l'armée : classe moyenne précaire, sans doute des épisodes difficiles, suffisamment pour qu'il n'eût personne à regretter en s'engageant. Il s'était distingué à l'époque de ses classes pour être souvent impliqués dans des bagarres aux poings, voire en participant à des combats de boxe, d'ailleurs parier sur lui était souvent un bon investissement. Il était généralement partant pour toute activité générant de l'adrénaline, paris stupides ou jeux d'argent. Il était capable de s'emporter assez violemment par moment, était endurant, le genre plutôt increvable et qui refusait de laisser qui que ce soit "derrière", hors de question d'abandonner un soldat artlandais. Finalement c'était ce qui lui était arrivé, perdu, emporté sous une marée de troupes indigènes orkîses sauvages. On pouvait imaginer le pire relativement à sa longue détention chez eux.

[rolender]

Peter prenait pour sa part une pinte de bière et une gamelle d'eau pour son chien.

- Tu prends de la limonade, Asch ? Alors tu as tenu parole encore après tout ce temps ? Faut que je raconte ça à Dame Séraphine. Imaginez que lors d'une permission, Asch a participé à un concours de beuverie avec un soldat. C'était pas un tendre celui là, on le surnommait Billy le colosse. Il disait à qui voulait l'entendre que personne ne pourrait le battre à ce jeu là. Et bien Asch a relevé le défi et il a gagné ! Il a fallu tout de même 37 verres avant qu'il ne tombe l'autre affreux ! Asch m'a expliqué son truc depuis : il avait bu un verre entier d'huile d'olive avant le concours... tout de même, il a été malade pendant une bonne semaine après et il a juré qu'il ne buvrait plus d'alcool de toute sa vie ! Mouah ah ah !

- Ben alors mon vieux, tu as l'air tout blanc, j'ai remué un mauvais souvenir ?

- Bon, ben passons à un autre plus joyeux. Vous voyiez cette vilaine cicatrice sur mon front ma petite dame ? Ben sans Asch, je ne serais plus de ce monde. C'est qu'ils ont failli me scalper ces sauvages, mais Asch leur a fait comprendre que ce ne sont pas des manières d'hommes civilisés... Ouep, votre homme il m'a sauvé la vie ! Je lui ai sauvé la vie aussi remarquez : un indien l'avait assomé et il a bien failli se noyer dans la boue... Mais bon, c'est ça la guerre, c'est pas marrant tous les jours...

- C'est pour cela que je suis parti dès que j'ai pu de cet enfer... Asch lui a préféré continuer, c'est comme cela qu'on s'est quitté.

- Après j'ai retrouvé mon père, il est vétérinaire. Je l'ai aidé un temps à la boutique et je suis devenu pompier volontaire. A présent, je m'occupe du chenil de la ville et j'ai pris quelque galons chez les pompiers : je suis maître-chien.

*montre Mabrouck*

- Imaginez que ce gentil toutou est un véritable héros et a sauvé de nombreuses vies. C'est un véritable compagnon et auxilaire dans mon travail. Il est très bien dressé et il est capable grâce à son flair de retrouver des personnes perdues au milieu des flammes ou des décombres.

- Pas vrai Mabrouck ?

Mabrouck lâche sa gamelle, se met au pied et exclame un wouf d'approbation !

Peter caresse et ébroue la tête de son chien

- Bon chien, Mabrouck !

[Iris]

Asch n'étant pas d'humeur très bavarde :

- A la limonade : il eut un vague grognement qui s'approchait d'un soupir blasé sur l'anecdote. Séraphine savait qu'il buvait encore de l'alcool mais de manière nettement moins excessive que ce pari stupide l'avait amené à faire.

- Scalp : " C'est une manière de dire qu'il avait reçu un coup de hachette qui lui avait bien entamé la peau. Les Orkîses ne scalpent pas, ils se contentent de collectionner les têtes coupées de leurs adversaires valeureux. Faut croire que t'a échappé à un destin glorieux avec plein de reconnaissance de ton courage, ton crâne transformé en lampion dans les villages au cœur des marécages."

- "La guerre c'est pas marrant tous les jours" : Asch se contenta de lever les yeux au ciel et de regarder ailleurs. Séraphine devait avoir une vague idée que les banalités de ce genre l'horripilaient, il faisait ce qui devait être fait et ne commentait pas après. Quant au côté sombre de la guerre, si on l'interrogeait, il trouverait nettement pire la captivité, faite de privations, humiliations, mauvais traitements voire tortures.

- "je suis parti dès que j'ai pu de cet enfer" : " On évacue les blessés, y'a pas de chance ou vraiment de choix là-dedans, sauf à t'être placé tout seul près de la caisse qui a explosé. Une sagaie en feu, lancée dans une caisse de munition, ça a explosé. Apparemment tu t'es bien remis."

- "Imaginez que ce gentil toutou est un véritable héros et a sauvé de nombreuses vies. C'est un véritable compagnon et auxiliaire dans mon travail. Il est très bien dressé et il est capable grâce à son flair de retrouver des personnes perdues au milieu des flammes ou des décombres." : " Ah bon, tu peux faire ça toi ? *s'adresse au chien comme à une vraie personne* Moi la fumée des incendies me gêne trop." ... Un peu incongru comme remarque, en principe les gens normaux ne se comparent pas aux chiens. Le dernier incendie en revanche, Séraphine l'a vécu, c'était celui du château dans les Eisern... cela ne remontait qu'à quelque mois en arrière... Un carnage épouvantable dont elle était sortie indemne.

...

[rolender]

Peter continuait la discussion :

- Asch, je me demande comment tu as fait pour échapper aux Orkîses : ils ont simplement laissé partir leur prisonnier à la fin de la guerre ou bien tu t'es echappé ?

Interrogé sur son métier de pompier, Peter répond :

- Bien souvent, dès qu'on pense pompier, on pense incendie. C'est heureusement relativement rare, il représente généralement que 10% des interventions que nous effectuons.

- Nous avons eu cependant une recrudescence d'incendies ces temps-ci. En moins d'un an, nous avons eu un cabaret le Perce-Neige, une maison close l'Eau-Vive et puis le château dans les Eisern... Et le pire dans tout cela, c'est qu'ils semblent que tous ces indencies soient d'origines criminelles. Vous vous rendez compte ? Les pyromanes, ce sont vraiment des gens que je ne peux pas supporter. Des monstres et parmi les plus lâches en plus.

- Sinon, les pompiers s'occupent aussi d'un tas d'autres problèmes : inondations, tremblements de terre, accidents de calèches, secours aux - blessés...

- Bref, il y a de quoi s'occuper. Ces jours-ci c'est heureusement bien plus calme. Cela me laisse plus de temps libre que d'ordinaires.

- Et sinon, que faîtes-vous d'interessants ces jours-ci ?

[Iris]

Asch s'imaginait mal faire un récit de guerre en plein café alors qu'il n'en avait fait aucun retour détaillé à Séraphine... il alla au plus court et avec ironie : "C'est évident qu'ils m'ont laissé partir, d'ailleurs ils nous appréciaient tellement qu'ils avaient organisé une petite fête dans l'arrière pays, à des semaines de marche du comptoir artlandais, sauf que ça a plutôt mal tourné et que raconter ça ici, *regard tout autour*, passons."

Artland est une île qui connaît à peu près autant les tremblements de terre que l'Angleterre ou l'Irlande. Au pire il y en a dans les montagnes un peu, dans les Eisern, mais c'est à plus de 300 Km de Liberté. Du coup, un incendie de château dans les montagnes, au mieux, y'a eu un entrefilet dans la presse ... Ce que tu peux plutôt avoir, ce sont des effondrements d'immeubles mal construits, mal entretenus, des glissements de terrain...

A la dernière question, Asch eut un silence, un regard à Séraphine : "On se promène."

... oui, tirer les vers du nez d'un vétéran "mort", c'était pas évident !

[Kenny]

Séraphine plutôt contente d'en apprendre d'avantage sur Asch souriait aux anecdotes, au début du moins, mais ensuite elle entrevit toute l'horreur de la guerre, elle prit sur elle, mais on pouvait lire sur son visage que quelque chose n'allait pas.
Comme elle sentait que Asch n'aimait pas trop se rappeler de tout ça, elle lui posa une main sur la sienne, pour lui transmettre son calme.

"Donc Mabrouck et vous, vous contribuez à sauver des vies...Cela doit être intéressant." Cela laissait Séraphine songeuse, elle qui était dans les pompes funèbres ne pouvaient guère aider les vivants...


...
Et puis à la question de ce qu'ils faisaient là : "Oui nous nous promenons, il faut profiter du beau temps tant que l'on peut, le plein été est si court ici."