OdE - Chroniques d'Helefrt 1.3. - Éveil

Rassemblement des parties achevées de la chronique d'Iris dans l'univers des Ombres d'Esteren.

Une relique maléfique est convoitée par le Temple et un groupe de rebelles cherche à la détruire autant qu'à en apprendre plus sur ses pouvoirs dans un climat de guerre civile sur le point d'éclater en Gwidre.
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Iris
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J'arrive ! (vivement le rassemblement des sujets !)

Message : # 1940Message Iris
09 mai 2011, 17:08

Cruelle conscience ! Son surmoi était vraiment honteusement moralisateur ! Des années d'éducation noble et puis religieuse s'étaient longuement accumulées pour faire de lui un être à la moralité droite, un jeune homme intègre, même aujourd'hui où il s'associait à des hérétiques ! Des gens qui... s'il les avait capturé alors qu'il était... combien d'horreurs auraient-ils subies ? L'enfant de Libane serait morte atrocement, et elle sans doute aussi... quant aux hommes... torturés... jusqu'à avouer, donner père et mère, et supplier d'être livrés au bourreau pour que tout cela finisse enfin !

Concernant le pot de chambre, "Elwin" avait gardé sans doute la délicatesse de son passé de haute naissance car il était "normal" d'avoir un tel ustensile dans sa chambre, et même que pour la commodité quotidienne il était pourvu d'un couvercle réglant une grande partie du problème de l'odeur, même si bien sûr, ça ne valait que pour le temps qu'il était couvert, sitôt levé en revanche... Mais le voyageur apprendrait bientôt avec satisfaction (?) que les souterrains d'Helefrt étaient munis d'une sorte de fosse, dans laquelle les excréments pouvaient être délicatement déposés, puis couverts de couches de feuilles mortes et d'un peu de terre, une manière d'avoir des toilettes sèches, biologiques, et fournissant même un engrais de bonne qualité après quelques semaines à quelques mois de décomposition. Tout cela, Keanan le Scribe lui expliquerait lorsqu'ils seraient tous les deux, histoire de ne pas aborder des sujets aussi triviaux devant la "foule".

Keanan : "Je vais t'aider, pour autant que mon bras gauche le permette. J'imagine que tu aurais préféré les soins de la belle ionnthèn Adriane pour ta toilette plutôt que la mienne, mais maintenant que tu tiens sur tes jambes, une assistance fondée sur une amitié virile *dans la bouche d'un intellectuel, ça sonnait plutôt drôle, c'était d'ailleurs voulu* sera tout de même plus ... enfin... mieux venue je pense... *un peu taquin* Fini l'époque bénie où ton état justifiait qu'une femme s'occupe de ta toilette intime mon gars ! Maintenant tu es à la même enseigne que moi avec mon bras en vrac ! *rire*"

Cairell : " Bien sûr que c'est une proposition sérieuse. Le savoir est fait pour être transmis, il n'y a aucune noblesse à garder secrète une connaissance rare, le danger doit inviter à la prudence lucide, pas à la couardise ou à l'interdiction de principe. Je pense que tu auras vite complètement récupéré, d'ici un jour ou deux je m'attends de te voir capable de manger comme trois et de reprendre des activités physiques. Nous nous y attèlerons à ce moment là pour les exercices et nous pourrons discuter théorie un peu avant."

...

Sitôt qu'Elwin était prêt il pourrait, accompagné de son garde-malade improvisé, à savoir Keanan, découvrir le détail des conditions d'hygiène locale avant de retrouver Cairell dans sa "cellule" pour une discussion théorique... Sauf si Elwin avait d'autres idées en tête ?

...
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Bientot, bientot....

Message : # 1957Message luciole
10 mai 2011, 00:39

Tout à fait, c’était un surmoi qui prenait bien trop à cœur de refouler tout ce que pouvait émettre le Ca. Quel perfectionniste ! Il était même source de remords et de problèmes de conscience. Est-ce qu’au moins il en était conscient ? Oui surement, et fier en plus.

Cette partie-là de son passé, Elwin l’occultait volontiers. S’il y avait bien une chose dont il n’était pas fier, c’était son apprentissage. Bien sûr, le jeune homme pouvait se trouver des excuses du style ‘C’était les ordres’ ou ‘ils savaient ce qu’ils risquaient, ce n’était pas ma faute’, cette fichue conscience n’hésitait pas à pointer du doigt les failles dans le raisonnement. Avec elle, la technique de l’autruche ne fonctionnait pas. Et pourtant, il fallait aller de l’avant, toujours. Donc, il n’y pensait pas. L’oubliait… ou tachait de l’oublier… L’efficacité de la méthode laissait à désirer : la preuve.
Même si Cairell et les siens, Libane et sa fille étaient en sécurité relative, combiens avaient payés pour eux, ou parce que les sigires étaient à leurs trousses. Ceux soupçonnés de les avoir aidés… ? Et combien Elwin lui-même avait-il condamné, en accomplissant son ‘devoir’. Qu’importe, remâcher le passé n’aiderait en rien.

La satisfaction qu’engendrerait les explications détaillées et peut-être imagées de sa nouvelle nourrice autoproclamée risquait fort de tendre vers le zéro de façon exponentielle. Et ladite nourrice être priée de ne pas être trop précise juste après le repas. Le processus détaillé de décomposition de ses excréments n’était pas forcement ce qui passionnait le plus Elwin.

Le guerrier soupira théâtralement en réponse au scribe.

Hélas, mille fois hélas, ce même état qui m’autorisait les soins attentionnés de la belle m’empêche maintenant de me représenter avec précision ses traits. Quelle malchance !

Il ne put s’empêcher de taquiner Keanan en poursuivant, en tentant sans succès, un large sourire aux lèvres, d'avoir l'air inquiet.

Ton assistance virile hein ? Mmmm… Rassure moi, ma vertu ne craint rien avec toi n’est-ce pas ?
Un hochement de tête. Les paroles de Cairell ont été entendues et comprises.

Le sentiment de contentement venant de son estomac lui signala que la fin du repas approchait… Après avoir donné un coup de main pour re-ranger ce qui avait été sorti pour lui, il pourrait envisager la phase suivante avec son ami qui se sentait une vocation d’infirmière improvisée.
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Iris
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Message : # 1959Message Iris
10 mai 2011, 08:18

Le fait était qu'"Elwin" allait devoir l'affronter sa vilaine conscience s'il suivait l'enseignement de Cairell ! ... La culpabilité risquait de se jouer de lui, le frapper de plein fouet ? Son idéal était à double tranchant, il pouvait le blesser autant que l'aider à combattre. Ce satané Surmoi le meurtrissait et lui rappelait la voix de tous ses professeurs précédents, il se doutait largement de ce qu'ils diraient, chacun, avec leurs bonnes leçons qui manquaient de s'adapter à la vie pratique et réelle.

Il était bien difficile d'agir et de choisir dans l'impossibilité d'être certain des conséquences, il était "condamné" à agir en conscience, en optant pour la voie, ou seulement, l'action, la parole, la pensée qui lui paraissait juste sur le moment, celle pour laquelle, peu importe les événements futurs, il n'éprouverait ni remord, ni regrets.

Keanan trouvait tout simplement ingénieuse la manière dont les indigènes de culture demorthèn de ce village géraient les déchets, il trouvait que c'était nettement plus ingénieux au final que les grands égouts célébrés dans les villes car risquant moins de souiller les eaux et donc d'empoisonner les terres et gens en aval. A croire que Keanan se sentait une ébauche de conscience écologique ! ... Mais il n'allait pas trop embêter Elwin durant le repas, juste lui expliquer les formidables applications qu'il imaginait déjà... D'ailleurs il se demandait s'il ne serait pas judicieux de faire un tour de Tri-Kazel pour identifier les inventions simples qui facilitaient la vie, et organiser une sorte de banque d'idées, ou de bibliothèque dynamique de manière à ce que le savoir pratique, et non plus seulement le savoir livresque, puisse s'épanouir pour le bien de tous. La Magience proclamait qu'elle voulait le bien de l'humanité, mais en fait, si on commençait à y réfléchir, le principe était louable, la méthode était complètement bancale, il fallait au contraire une conscience simple et humble autant que persévérante pour véritablement apporter des solutions pratiques à la mesure des problèmes, et cela, c'était l'Unique qui guidait dans cette direction.

" Tu ne te rappelles pas de la belle ionnthèn Adriane ? *rire* Tu ne te rappelles donc heureusement pas des langes qui furent conçues par la damathair Gairech, mais après quelques essais, elle abandonna finalement l'idée, c'est pour ça, pour ton plus grand bonheur, que tu ne t'es pas réveillé déguisé en nourrisson ! *rire* Bah, de toute façon, si tout va bien, tu pourras voir tout le monde lors de leur fête des bergers. Ils partent pour les hautes prairies des montagnes d'ici quelques jours, sitôt que les sigires seront partis pour de bon, et avant il y aura des festivités... païennes... certainement pittoresques... et probablement contraires à toutes les ordonnances ! *air un peu rêveur et émoustillé mais n'osant pas trop y penser non plus* La varigale est plutôt charmante, hélas, j'ai bien peur de ne pas être à son goût. *ça n'avait pas l'air de le traumatiser outre mesure*... Ah, ta vertu ? Avec moi ? *rire* Ah ! Je suis fait ! Tu m'as percé à jour ! Quand je t'ai supplié de rester avec moi alors que tu trépassais presque, c'était parce que je n'osais pas te déclarer ma flamme *rire* D'ailleurs là, nous allons tout les deux dans une grotte sombre et humide où nous pourrons à loisir nous réchauffer mutuellement à l'écart des regards, dans un cadre fascinant et étrange ! "

"... D'ailleurs *de nouveau l'érudit parlait avec sa conscience encyclopédique* ce réseau de grotte est vraiment passionnant, des galeries naturelles, d'autres aménagées, ... nous n'en voyons qu'une petite partie, mais ça me donne l'impression d'être immense ! Je n'arrive même pas à déterminer combien de personnes pourraient s'enterrer ! J'ai l'impression que l'entretien de ces réseaux est très ancien, je me demande à quel point... "

Tandis qu'ils plaisantaient, ils amenaient des sceaux d'eau chaude, du savon, des serviettes approximative, des vêtements pour Elwin. Le jeune homme put s'asseoir sur un tabouret une bassine entre ses jambes pour puiser de l'eau tiède, mélangeant la chaude ramenée et la froide de la rivière. Les flambeaux dégageaient une légère odeur de résine de conifères tandis que le savon d'Helefrt avait bien un parfum évoquant de la cire d'abeille. Keanan lui frottait le dos et lui lavait les cheveux, Elwin pouvait se nettoyer en profondeur au gant en crin, se débarrasser complètement de sa sueur accumulée, des peaux mortes, et bref, retrouver une peau fraîche, avec une agréable sensation de chaleur dans tout le corps suite à la stimulation de sa circulation sanguine superficielle lors de son quasi peeling intégral. Il commençait à sentir bon, ses cheveux humides lui semblaient légèrement fleuris, et comble du bonheur, il y avait un peu d'huile pour s'hydrater après qu'il fut rasé à peu près convenablement par son compagnon.

" Voilà, regarde toi dans la glace ! Bon, elle n'est pas grande, mais ça devrait te suffire pour faire connaissance avec le beau jouvenceau que tu es devenu ! Je te reconnais à peine !" *rire*

" Bon, je te laisse t'habiller tout seul comme un grand, je suis convaincu que tu feras un admirable forestier !"

...Plus qu'à souffler un peu, et rejoindre Cairell en s'orientant dans les couloirs avec sa torche. Il allait effectivement mieux, toujours un peu fatigué, mais la nourriture commençait à le rendre "vivant", et cette toilette lui redonnait également conscience de sa dignité de jeune homme noble, il était en train de reprendre le dessus et ça faisait du bien !

...
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Et une toilette complete

Message : # 2045Message luciole
11 mai 2011, 01:41

C’était le principe même de la vie. Une avancée à l’aveuglette, à tâtons, sans jamais être assuré de la prochaine page. Tout ce qu’il pouvait faire, c’est s’assurer que les pages qui s’écrivaient soient de celles qu’il pourrait relire sans rougir. Contrairement aux pages précédentes.

Mais au moins, il avait la volonté de s’améliorer. C’était un bon début : la preuve, depuis qu’il avait tourné le dos au Temple, il pouvait à nouveau se regarder dans un miroir sans détourner le regard. Et il comptait bien ne plus jamais avoir à baisser les yeux devant son image. Quel que soit la fin auquelle cela mènerait, il ne décevrait plus les attentes de sa conscience.

Sa foi et sa naissance n’en exigeaient pas moins de lui.

Par contre la passion naissante de Keanan pour l’écologie et la nature maternelle et protectrice (hum !) le laissait plutôt perplexe. Il ne s’intéressait pas assez à ce sujet pour comprendre l’enthousiasme du scribe. Enfin, why not hein. Chacun trouvait son bonheur là où il le pouvait. Si Keanan découvrait le sien dans le recyclage et le traitement des eaux usées en particulier et des égouts en général, pourquoi pas. Du moment qu’il n’insistait pas pour qu’Elwin partage cette même manie… Ou sinon de loin. Pour superviser. De très loin.

Oula… l’Unique est miséricordieux alors pour m’avoir évité ça. Déguisé en nourrisson… non, en fait je ne veut même pas m’imaginer ça.
Trop tard… l’image de lui-même vêtu en poupou et babillant de façon incohérente en agitant un jouet en bois venait de lui traverser l’esprit de façon particulièrement réaliste et il grimaça avant d’en rire.

Effectivement, ce genre de heu… festivités un poil archaïques ?.. doivent être très mmm instructives. Mais sans doutes aussi complètement hallucinantes. Ca m’étonnerait qu’ils s’attachent beaucoup aux notions de mesure et de contenance… Enfin… ils finiront par trouver la voie vers l’Unique eux aussi j’imagine. C’est juste une question de temps… N’empêche que ça doit être tres intéressant leur… folklore primitif.

Les termes n’étaient pas utilisés de façon péjorative. Mais plutôt avec curiosité.
Rire.
J’avais vu juste alors ! Même toi tu n’as su me résister. Mon charme fou a encore frappé et tu sais bien que je te suivrais au boûûût du monde, peu importe les recoins sombres qu’il faudrait emprunter. Ralàlà, que ne ferait je pas pour tes beaux yeux.

Mmm… évite quand même de te perdre si tu pars en exploration. Et j’imagine que nos hôtes ne désirent pas forcement que nous découvrions tous les secrets de ces grottes surtout si elles leur servent de refuges. Elles ont l’air naturelles, elles sont sans doutes là d’aussi loin que remonte la mémoire des villageois… C’est peut-être même parce qu’elles étaient là qu’ils se sont installés içi. Un peu améliorées et aménagées… Dans ce genre de cachettes en général on cache une population entière. Tu sais, lorsqu’il faut évacuer un village pour une raison quelconque.. bon, souvent c’est chez le seigneur du coin qu’on se réfugie mais des grottes ça fonctionne aussi. Un lieu dont on connait toutes les entrées et dont on peut contrôler l’accès. Bien sûr il faut qu’il y ait une ou deux sorties de secours. Un refuge qui n’a qu’une issue n’est qu’un piège. Et puis aussi, l’atout principal réside dans le secret. L’avantage qu’elles confèrent prend un sacré coup si l’ennemi apprend leur existence.
Voila un domaine dans lequel il était censé s’y connaitre un peu. Et qui l’intéressait plus qu’un peu.

Puis… lavage…

Si la nourriture avait été une première étape sur le chemin de sa renaissance, il lui semblait à présent que cette toilette menait à l’apogée. Propre, coiffé, rasé, et légèrement parfumé, Elwin n’était plus le même.

Certes, pour l’habillage je devrais arriver à m’y retrouver… et j’en suis convaincu moi aussi. Je ferai un forestier de premier plan ! Il ne me manquera plus que le bâton et un chapeau plaisanta t’il.

Quoique avec la prestance qui commençait à réapparaitre et sa façon de se tenir… quelqu’un d’observateur devinait facilement qu’Elwin n’était pas franchement un rat des champs.

Apres une pause reposante, il se passa finalement la main dans les cheveux, un poil embêté. Trouver la cellule de Cairell ne serait pas du gâteau. Et puis quelle heure pouvait-il bien être ? On perdait toute notion du temps sous terre…
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Message : # 2102Message Iris
11 mai 2011, 17:51

Le jeune et fringant ne pouvait avoir d'indication du temps, de l'heure, du jour... Le seul lien qu'ils avaient avec la surface étaient les villageois qui les avaient mené sous terre, mais le passage qu'ils avaient emprunté donnait sur la demeure de l'ansaléir, inutile de dire qu'il serait du plus mauvais effet de toquer à la porte de la cave du chef du village d'Helefrt. Il ne restait plus qu'à attendre les nouvelles.

Pendant ce temps Telan était allé somnoler tandis que Loaran s'occupait à quelques travaux manuels de raccommodage dans leur "salle commune", et Keanan jouait aux échecs de la main gauche, avec les blancs à sa gauche et les noirs à sa droite. Pour le jeune Elwin qui récupérait à vue d’œil, le précédent repas commençait déjà à être un souvenir et l'appétit lui revenait tout doucement déjà. Par moment il se sentait en pleine forme, puis au détour d'un couloir, après un effort anodin, il se sentait pris de faiblesse passagère, rien de grave, et il sentait qu'il allait de mieux en mieux, mais aussi qu'il n'était pas totalement prêt à combattre ou à faire de gros efforts. Il commençait également à prendre ses repères, la salle commune, le couloir vers la demeure de l'ansaléir, le couloir vers sa chambre, la salle d'eau, la fosse qui fascinait actuellement Keanan sur le traitement des déchets organiques, les chambres...

Après quelques explications et essais, il était en mesure de trouver la cellule de Cairell, un peu à l'écart, sans doute choisie délibérément pour pouvoir prier et méditer dans le calme le plus complet. Il fallait descendre un petit escalier taillé dans la roche pour y parvenir, un coude qui tournait à droit dans un couloir très étroit, et puis la surprise de voir les reflets miroitants sur les murs, des parois qui réfléchissaient la lumière de sa lampe de manière vraiment étonnante, dégageant une douce clarté évoquant un peu un clair de lune.

A sa venue Cairell vint à lui, souriant, s'effaça sur le pas de la porte de sa "cellule" pour faire entrer Elwin devant lui et lui proposer de s'asseoir sur un banc taillé dans le roc, une couverture pliée posée dessus évitant de souffrir de l'inconfort du froid contact de la pierre, son hôte s'installant en face sur une structure identique :

" Je suis heureux de voir que tu récupères rapidement, mais nous allons tout de même commencer doucement, n'abusons pas des forces que tu recouvres par la grâce de l'Unique."

" Pour commencer, dis-moi si tu as des questions ? A quoi t'attends-tu ? "

" Et si tu n'as pas de question, moi j'en ai une. Il n'est pas nécessaire que tu me répondes à moi, il suffit que tu connaisses pour toi-même la réponse : de quoi as-tu peur ? "

" Une seconde question importante pour affronter les Limbes est de savoir : que désires-tu ? "

" Il est également utile d'arriver à savoir ce que tu penses de toi-même, comment tu te perçois. La lucidité est une qualité essentielle mais qui est rarement innée."

...
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Introspection alors que c'est la pagaille en haut

Message : # 2200Message luciole
12 mai 2011, 18:49

Heum… non… il n’allait effectivement pas aller toquer à la porte de l’ansaléir…. Pas folle la guêpe. En bien ou en mal, ils dépendaient des villageois. Les fugitifs avaient remis leur destin entre les mains de l’Unique, ils n’avaient plus prise sur ce qui se déroulait au-dessus de leurs têtes, relégués au rang de spectateurs. Il jugerait de leur survie..

Elwin commençait, lentement, à se repérer, à retenir la disposition des lieux. Il sentait ses forces lui revenir en même temps que son appétit, mais gardait à l’esprit que sa convalescence risquait d’être longue. Ses faiblesses régulières en étaient la preuve. Il se passerait sans doute un bon moment avant qu’il ne soit complétement rétablis. Si tant est qu’il doive l’être un jour. Le jeune homme avait en mémoire des cas de blessure moindre que la sienne et qui n’avaient jamais complétement guéris. Quoique.. dans son cas, c’était à un Miracle qu’il devait la vie.. Elwin pouvait espérer ne pas en garder trop de séquelles. Et sa combativité, son opiniâtreté naturelle le laissait espérer un rétablissement qui ne soit pas trop long. Réhabituer lentement, en douceur son corps à l’effort.

Son corps… compagnon fidèle et toujours fiable… Mais seulement s’il en prenait soin convenablement. Un bon cavalier ménage sa monture, un guerrier fait de même de son corps, s’il a un brin d’instinct de survie. D’ici quelques jours peut-être tenterait-il de reprendre quelques exercices d’échauffements. Il jugerait à ce moment-là suivant son état physique.

En attendant… il avait une chambre à rejoindre. Et un guide moral à suivre.

En approchant de la cellule de Cairell, le rouquin ralentit le pas… A la fois pour admirer les jeu de lumière (la surface lui manquait tout de même, surtout la vue du ciel, sans limites sinon celles de ses yeux, et la lune, muette confidente…) et pour prendre le temps de réfléchir à sa démarche. Ce n’était pas anodin. Avait-il tort ou raison ? N’était-ce pas de la prétention ? Un soupir.. il ne le saurait qu’en essayant.

Cairell lui sourit. Et l’accueillit en s’écartant pour le laisser entrer.
Imitant son hôte, Elwin s’installa sur le banc, la couverture l’isolant du froid et atténuant la dureté du roc.
C’est agréable cette partie de la grotte, calme. Oh, ne t’inquiete pas, je tente de ne pas abuser des forces retrouvées. Mais j’ai foi en l’Unique pour redevenir peu à peu moi-même.


En fait si… j’ai une question. Si elle est indiscrète, n’hésite pas à me le dire mais… dit Cairell… je me demandais… et toi ? Comme as-tu… su ? Comment as-tu appris
?

Il garda le silence, respectant l’envie ou non de son mentor de répondre. Réfléchissant lui-même à sa propre réponse. Prenant son temps pour évaluer les différents aspects de la question. Que savait-il de lui-même au fond. Ses désirs cachés, ses peurs, ses espoirs. Et pouvait-il vraiment se connaitre ? Ou cela ne relevait-il finalement que du jeu de l’esprit. Que connaissait-il des profondeurs de son âme ? Et dans ce qu’il connaissait, que s’avouait-il ? Quelle part occultait-il inconsciemment ? Car il était réaliste, il devait bien y avoir des choses qu’il se cachait à lui-même, sans même se l’imaginer. Les énigmes du moi. Vaste sujet. Les actes ne parlaient-ils pas parfois mieux que les mots ? Mais lorsqu’on était incapable de verbaliser la chose, lorsque le vocabulaire manquait, quelle consistance donner à une sensation, un sentiment ?? Curieusement, cela ne le genais pas de répondre à voix haute. Mais il se rendait compte des lacunes évidentes que comporterait sa réponse…

A quoi m’attendre ? Je ne sais pas. J’ai tenté d’imaginer ce que cela pourrait être et… j’ai trop bien réussit puisque j’ai été incapable de faire la distinction entre le risible et le plausible. Peut –être à perdre le contact avec le matériel pour ne plus se retrouver que face à soit même, à celui que nous sommes tout au fond de nous, et non l’image que nous aimons donner au monde. Et au-delà, découvrir ce qui nous entoure non plus sous sa forme réelle mais, enfin si, sous sa forme réelle justement… Les distances ne doivent plus vraiment vouloir dire quelque chose alors, et si l’on est capable de voir les autres de cette manière, on doit pouvoir interagir avec eux…leur eux véritable..
Enfin, tu vois, ce n’est pas très crédible. Je dois avoir un peu trop d’imagination parfois…

Il se tut… laissant quelques minutes passer.

Ce que je crains… c’est un mélange étrange de différentes choses. La peur de vous perdre, qu’il vous arrive quelque chose… même à tante Usur- heu Telan, la peur aussi de.. ca c’était plus difficile à verbaliser-.. de celui que j’aurais pu, que j’aurais dû devenir si.. ma conscience n’avait pas eu un sursaut de morale… Il aurait été facile de basculer. Il se serait alors perdu a jamais, mais qui n’a pas peur de la brute, du prédateur, du tueur potentiel qui sommeille en soit. En fait… au fond, c’est une même peur, celle de ne pas être à la hauteur.

A la hauteur de quoi en plus ? Les autres ne lui reprocheraient jamais d’échouer (ou du moins Elwin le pensait) mais, se le pardonnerait il lui-même ? Le prix à payer pour son éducation ? La volonté de réussir… et la peur de décevoir.

Pour les désirs, c’était plus simple… un peu..

Les protéger. Veiller sur eux. Cairell lui avait offert une nouvelle vie en lui redonnant la Foi. La fuite oui, mais l’espoir aussi. Oui, il voulait vivre. Et il voulait qu'ils vivent. Vivre sans craindre l’arrivée d’envoyés du Temple. Voir les beautés offertes aux regards par le Créateur. Les paysages qu’il suffisait de contempler pour être en paix, serein. Croire en des temps plus justes, des ères où le partage et l’acceptation permettrait véritablement la croissance de la foi.
Rêve utopique certes, et simple rêve après tout. Et puis, un peu plus bassement, Elwin n’était pas insensible au point de ne pas avoir envie, de temps en temps, de nouvelles de sa famille. Il y avait si longtemps maintenant qu’il avait quitté la demeure de son père. Comment avait il réagit en apprenant… L’avait il apprit ?

Le regard d’Elwin se faisait vague tandis qu’il laissait ses pensées dériver.

J’ai parfois l’impression d’être à la croisée de deux voies. D’un côté la sécurité et la solitude. De l’autre… et bien l’estime personnelle. Je me sais fier, mais je ne parviens pas à le regretter. Je… j’ai commis des erreurs, mais j’ai le sentiment désormais de faire ce qui est juste, d’être dans le vrai.

Comment se percevait-il ? Dure question… Si seulement il le savait. Autrefois l’introspection le faisait déprimer (il n’était pas fier de ce qu’il y voyait), maintenant, au moins, il savait qu’il avait agi en accord avec lui-même… mais quel lui-même…
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Message : # 2238Message Iris
13 mai 2011, 09:32

Les réfugiés hérétiques gwidrites n'avaient aucune idée de l'extrême tension au-dessus de leurs têtes, ils ignoraient la menace qui pesait sur la tête du sauveur d'Elwin, l’Élu Garn dont la vie ne tenait qu'à un fil... Mais peut-être que bientôt les deux sigires auraient l'occasion de faire connaissance ? ...

...

En attendant, Elwin avait de plus en plus fière allure et Cairell n'avait aucun doute quant au fait que le jeune homme récupèrerait totalement de son expérience aux portes de la mort lors de ce terrible orage :

" Je ne m'inquiète pas pour ta convalescence, je suis convaincu que si tu es parmi nous, c'est le signe d'une grâce de l'Unique ; et tu es jeune et plein de vie, bientôt tu ne tiendras plus en place dans ces souterrains ! *rire chaleureux* A vrai dire, ce qui me cause plus de souci est ce sigire Garn auquel tu dois la vie. Par son ordre il est amené à traquer et tuer... S'il en avait reçu l'ordre... Les villageois cherchent à le garder à l'écart de leur ruse pour le protéger, et j'espère que ce sera possible. Mais nous en saurons plus d'ici quelques jours."

" Tu te demandes comment j'ai su ? Tu veux dire comment j'ai appris à marcher dans les Limbes ?"

"J'étais un cadet de famille noble, j'ai été envoyé comme écuyer chez mon oncle pour y apprendre le métier des armes, puis je suis devenu Chevalier-Lame pendant un temps. Je menais une vie plutôt frivole, trouvant la hiérarchie nobiliaire et ecclésiastique hypocrite. Néanmoins c'est au cours d'une mission qu'ils m'avaient confiés dans des terres sauvages et rudes que j'ai rencontré le Prophète. Il prêchait les pieds nus, même en hiver, avec une patience et une clarté rare, il attirait les foules, et même moi, plutôt sceptique, j'ai été capté. Il disait que les prières n'étaient qu'apparence, de même que la lourde structure du Temple, que réprimer les désirs ne revenait qu'à fuir la réalité à leur racine, sans les comprendre. Il expliquait qu'il y a un lien entre le Mal moral et la mort : le péché et les fautes morales sont liés avec la représentation de la mort comme fin de la vie. Le rapport à la mort oriente au désordre en matière morale, spécialement quand la peur aggrave ce rapport. Elle amène à des comportements tels que l’avarice, la gloutonnerie, la luxure, l’homicide, l’orgueil et l’égoïsme. Ainsi l’avare exprime-t-il le désir d’accumuler du temps ; le glouton s’imagine tout faire pour prolonger la vie en l’accumulant en lui ; le luxurieux croit chercher des succédanés d’expérience d’éternité pour échapper à la finitude ; l’orgueil dénie la finitude elle-même… En chassant la peur de la mort, nous anéantissons le besoin du péché et par là nous nous permettons de rendre le monde meilleur. Il disait qu'il faut « Détruire la mort, tuer le péché, vivifier l’homme » . En fait, tout son discours plaidait en faveur d’une intensification de l’existence et du courage d’être. J'ai trouvé dans son enseignement la sincérité, la vérité et la lumière lucide qui manquait au dogme officiel corrompu du Temple."

" Pour ce qui est de marcher dans les Limbes, c'est le Prophète qui me l'a enseigné, tout comme j'espère pouvoir te transmettre ce savoir qui permet de se confronter à soi-même et d'aider ceux qui nous sont chers."

" Cela répond-t-il à ta question ? "

" Je pense que tu as une assez bonne imagination, tu comprends bien les enjeux de cet Art qu'est le fait d'apprendre à Marcher dans les Limbes. Au plus simple, il s'agit d'apprendre à sortir de ses rêves ordinaires pour aller vers le territoire des rêves profonds qui est aussi celui des Limbes, un monde qui est fait de désirs et de peurs. D'ailleurs il faut comprendre les peurs profondes comme des désirs négatifs. En droit il existe des droits positifs, ceux de faire quelque chose, et des droits négatifs, ceux de ne pas faire quelque chose que d'autres doivent faire... Dans les Limbes, les désirs sont des attachements positifs, des souhaits acceptés, et les peurs profondes, des désirs négatifs, qui ne sont pas acceptés. Je ne vais pas te noyer dès le début ! *sourire* Pour ce qui est de voir la réalité et l'être profond des gens, il faut déjà arriver à plonger en soi, mais si tu t'exerces, effectivement, tu comprendras mieux les êtres, leurs passions, leurs tourments... Tu pourras sentir la présence ou la manifestation des Limbes dans ce monde. "

" La peur de nous perdre ? *sourire* Très bien, il nous faudra travailler dessus, c'est un levier trop simple pour à manier pour les entités des Limbes... De même... qui aurais-tu eu peur d'être ? Si tu ne veux pas me le dire, je peux essayer de te guider sur des exercices pour aborder ta réflexion dans ce domaine. "

" Être à la hauteur ? Je pense que tu n'as tout simplement pas encore gagné assez confiance en soi, tout simplement. C'est une question de réalisations personnelles, j'ai lu quelques ouvrages sur les sciences de l'âme, ils sont parfois une grande source d'inspiration pour apprendre à penser et comprendre les Limbes. Quoi qu'il en soit, l'estime et la conscience de ta valeur sont à gagner par des réalisations dont tu puisses être fier, et pour ça, il faut arriver à prendre conscience de l'homme que tu aspires à être. Je pense qu'ensuite ce sera assez facile d'acquérir la force tranquille qui te manque."

" Tu n'as pas à regretter d'être fier, l'humilité qu'enseigne l'Unique n'est pas incompatible avec la conscience de soi. Être lucide, c'est accepter d'être au sein d'un monde qui nous dépasse. "


...
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luciole
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Mais non, mais non, ou se prendre la tête pour rien

Message : # 2287Message luciole
14 mai 2011, 13:17

Ah ça… il aurait été difficile aux fugitifs planqués de deviner ce qu’était devenu un plan concu pour être simple. Non vraiment, l’enchainement des évènements ne rentrait pas dans les possibilités envisagées.
L’accueil réservé à Garn s’il était invité de force à descendre dans les souterrains serait mitigé si l’on devait se fier à une conversation surprise plus tôt.

Sourire en s’imaginant tourner comme un lion en cage dans les cavernes… Il était certain que pour un homme de son âge, le besoin de mouvement et d’air frais était primordial. La première chose qu’il ferait en sortant de ce trou : profiter du soleil !

Mmmnn d’ailleurs, à propos de Garn, je lui dois la vie, et puis, je suis bien placé pour savoir que même un sigire peut changer… c’est un Elu, il doit pouvoir déceler la vérité non ? Il ne sera pas forcement notre ennemis.. Et d’ailleurs, j’ai la bizarre impression d’avoir déjà entendu parler de lui, le nom ne m’est pas inconnu…

Il lui devait la vie, et Celend’hril payait toujours ses dettes ; Ce n’est pas parce qu’il se faisait appeler Elwin qu’il en allait différemment sur ce point-là. ’

Un cadet de famille noble, un passage au Temple et puis l’illumination et la désertion. Elwin sent monter un fou rire irrépressible, ou presque qui finit par jaillir, clair et léger, heureux. Si ce n’est pas la preuve que l’Unique a le sens de l’humour. Des coïncidences comme celles-ci ne peuvent être que de Sa main.

Il esquisse un geste au travers de son rire pour s’excuser, le temps qu’il passe.
Par.. hihihi.. Pardonne moi, mais la chose est trop belle… Je viens de m’apercevoir combien nos chemins se ressemblaient, bien plus que tout ce que j’aurais pu croire. Et oui, tu as parfaitement repondu à ma question.

Donc les désirs seraient tels des droits positifs, assumés, et les craintes, ceux que nous refusons d’admettre. Et les entités des limbes joueraient là-dessus, sur ces peurs profondes pour avoir prises sur celui qui s’y risque.


Des entités des limbes ? Mmm, chaque explication viendrait en son temps. En même temps, si il fallait faire face à tout ce qui nous terrifiait, Elwin comprenait pourquoi les autres avaient déclinés l’offre.

Celui que j’aurais pu être ? Et bien… Je t’avais dit pourquoi j’étais en fuite lorsque ma route a croisé la vôtre n’est-ce pas ? Que je m’étais rendu compte que le service du Temple n’était pas pour moi et donc que j’avais… déserté, prit la tangente, mis les voiles, fuit. On peut appeler ça comme on veut. Avant mon départ j’étais destiné à porter le liseré noir et c’est.. Je sais trop bien ce que nous subirons si les sigires nous attrapent. Autrefois, par ma faute, un innocent est mort. J’obéissais aux ordres en l’arrêtant mais ce n’est pas une excuse. Pas plus que ma naïveté de penser qu’il serait libéré très rapidement. Le bucher a peut-être été une délivrance pour lui Cairell. Je n’ai pas pu le supporter plus longtemps et je suis parti. Mais imaginons que.. si ma conscience n’avait pas pris le dessus? Si j’avais fait taire mes remords et envoyé aux féondas mon sens moral, si j’étais resté et que j’avais fermé les yeux… serais-je devenu pareil à eux ? Ca n’est pas arrivé bien sûr, et je suis peut-être idiot de m’en inquiéter….
S’il avait agi autrement, ce n’aurait pas été lui n’est-ce pas ? Aurait-il été capable de fermer son âme et de renier ainsi tout ce qu’il était ? Il voulait croire que non mais… pouvait-il en être sur ? Cherchait-il à être rassuré sur sa propre valeur ?
Avouons que se prendre la tête pour une possibilité avortée, c’était un peu couper les cheveux en quatre…

L’homme qu’il aspirait à être, pour le coup, il en avait un assez bon exemple sous les yeux…

Quelqu’un qui puisse regarder derrière lui sans rougir, ni détourner les yeux.
Ne te fie pas à tes yeux mon vieux. Tout ce qu'ils te montrent ce sont des limites: les tiennes.

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Iris
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Couper les cheveux en 4, ds le sens de la largeur ?

Message : # 2291Message Iris
14 mai 2011, 15:32

Cairell écoutait l'avis d'Elwin au sujet du Sigire Garn Faernor :

" Tu ne sais vraiment pas où tu as entendu ce nom ? Où cela pourrait-il être ? Un temple ? Au sujet d'une traque organisée par les sigires ? Un procès mené contre des Hérétiques ? ..."

Avec un peu de chance, la mémoire d'Elwin lui reviendrait en pensant "procès"...

" Ah, nos parcours se ressemblent ? *sourire amusé* Tu serais donc toi aussi le père d'un enfant qui ignore tout de toi suite à l'adultère que sa mère aurait commis avec toi ? Quand je parle d'existence frivole, je n'y suis pas allé avec le dos de la cuillère ! "

" Les entités des Limbes jouent autant sur les désirs que sur la peur. Les deux sont imbriqués. En fait le terme de "désir" est complexe car il est lié pour une part à l'élan du péché provoqué lui-même par la peur de la mort, et pour une autre part à ce qui fait notre essence profonde, notre volonté, notre être. C'est cela qui nourrit la fascination. Le Mal peut être justement fascinant car il comporte une part de désir entremêlé étroitement, une part de beauté et les sorciers par exemple se livrent à lui en croyant avoir trouvé une voie vers la transcendance, alors qu'ils se laissent leurrer par un miroir déformant qui fait écho à leurs aspirations dont parfois ils n'ont pas réellement conscience tant elles mêlent des désirs et des craintes difficiles à admettre. Si fascination il y a, c'est que ce que nous découvrons fait écho avec quelque chose en nous qui veut s'exprimer, se révéler, mais pas nécessairement de la manière qui nous est proposée. Toute la difficulté en fait est d'arriver à voir clair en nous-mêmes, comprendre pourquoi nous ressentons de la peur ou du désir ou un mélange des deux dans la fascination-répulsion. Il n'y a pas vraiment de mystère, cette vérité est tellement simple qu'elle en devient décevante, et pourtant sa simplicité même est déjà infiniment exigeante."

" Sincérité, lucidité, vérité, intégrité. Voilà de quoi occuper une vie entière au quotidien."

" Les Limbes n'ont pas vraiment d'effort à faire pour tromper, il leur suffit d'encourager la lâcheté et l'hypocrisie, le dogme, les certitudes rassurantes qui font entrer des chevilles rondes dans des trous carrés. Vouloir éliminer la contestation et l'hérésie en sont des aspects. Il y a là une peur de perdre des repères étouffants, mais qui leur permettent de ne pas vivre dans un effroi perpétuel, celui de l'acceptation de l'inconnu. Il est difficile d'accepter de dire simplement "je ne sais pas"."

" Le simple fait que tu t'inquiètes de ce que tu aurais pu être est plutôt une bonne chose, savoir douter, dans une proportion raisonnable, est assez sain. Savoir qu'on peut se tromper, mais surtout que rien n'est joué, qu'on peut recommencer à zéro. Il me semble qu'il y a justement une vérité essentielle. J'avais un maître d'armes qui me disait "Quand tout est perdu, il reste toujours quelque chose." Je trouve que c'est une bonne source d'inspiration : si on considère que la mort n'est pas à craindre, qu'elle n'est pas la pire des choses, et si on adjoint cette maxime militaire, on trouve une manière d'aborder l'existence avec sérénité et détermination. Tomber, tout perdre, être réfugié, étranger, se relever malgré tout, faire face à l'adversité avec dignité. L'Unique nous enseigne l'humilité et par là la conscience de notre humanité, ses limites et ses possibilités, à mi-chemin entre l'infiniment grand et l'infiniment possible ; il nous apprend aussi à voir la Beauté, à considérer que même si nous souffrons le monde continue d'exister, le pire jour de l'un sera le meilleur d'un autre, considérer l'immensité, accepter de faire parti de ce tout qui nous dépasse est une expérience de la transcendance. En fait, je cherche ma voie entre reconnaissance de la Beauté, Conscience lucide, détermination d'une action juste pour elle-même."

" Je pense que tout ça m'occupera encore quelques années, et c'est plus une voie de guerrier s'interrogeant sur sa place dans le monde, le Prophète est dans une quête spirituelle différente puisqu'il est engagé dans la recherche de la distinction précise entre le Véritable Unique et le ou les Faux Dieux qui corrompent son message. Faire la démonstration éclatante de cette vérité pourrait changer à jamais la face du monde tel que nous le connaissons."

...

" Si tu considères que tes expériences t'ont façonné, alors tu es déjà sur le bon chemin pour accepter qui tu es. Le deuil, la douleur, la souffrance, la solitude, l'errance et la maladie sont des calamités, personne ne les souhaite pour soi, et pourtant ... si tu considères la vie d'un individu qui n'a jamais connu le malheur, elle est terne, il semble ne pas savoir se défendre, croit que tout est simple, manque souvent singulièrement de charité ou ne la pratique que mécaniquement, sans la comprendre profondément ou la ressentir. Aussi triste que ce soit, c'est dans la douleur que nous devenons véritablement humains. Certains refusent cette transformation, ils ne peuvent se faire à perdre leurs repères, leur sécurité douillette, ils se raccroche à ce qu'ils connaissent... Finalement quand viendra le moment d'une véritable épreuve, ils risquent d'être détruits par elle, incapable de l'accepter. Certains deviennent même fous ! Cependant la douleur ne doit pas nous endurcir, ou nous deviendrions des êtres secs, vides, elle doit nous aider à nous dépasser, ou plutôt, nous devons être capables de savoir encore créer, nous adapter, ne pas nous laisser emporter par la résignation ou le refus... "

" Hum, j'ai l'impression d'avoir beaucoup parlé, j'ai peur de te noyer, non ? Je ne suis pas sûr d'être un grand pédagogue !" *rire*

" Pas trop mal à la tête ?" *sourire*


...
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pendant que le Preux Chevalier Blanc sauve sa Dulcinée...

Message : # 2317Message luciole
15 mai 2011, 20:42

Procès… procès… Mais oui !! Un déclic se fait dans la mémoire d’Elwin et les souvenirs flous qu’il avait gardé du sigire se présentent pour répondre à l’appel..

Oui, c’est ça ! Ça me revient! Un procès ! Et c’était lui qui était accusé je crois. C’est même pour ça que sur le coup j’avais retenu son nom. Une affaire floue d’hérésie, ou de sorcellerie ou d’accointance avec des sorciers. Le genre de cas où il se dit tout et n’importe quoi. De vagues rumeurs.. enfin, je ne m’était pas passionné pour l’histoire donc… mais puisqu’il est là, j’imagine qu’il avait dû être acquitté.

Le jeune homme prit l’air gêné quelques secondes..
Heu… non.. pas à ce point-là… ou sinon, je ne suis pas au courant...


Effectivement Cairell n’avait pas dû s’ennuyer. Doux euphémisme même.

Ses expériences ? Comme une succession d’évènements qui l’auraient formé, lui auraient permis de mieux se connaitre, lui permettant d’appréhender plus pleinement la nature humaine, ses limites comme ses dépassements ? Et lui permettant, puisqu’il en avait vu l’autre face, de ressentir plus pleinement les bonheurs de l’existence ? Connaitre le prix et la valeur des choses les rendait peut-être plus riches justement, plus intenses.


Sincérité, Lucidité, Vérité, Intégrité…



Heu… une minute, j’essaye d’assimiler… Certaines parties me parlent plus que d’autres..

En gros….
Au fond, nous sommes tous à la recherche de notre place… Et nos expériences, notre vécu nous façonnent en grande partie. Quel que soit ce vécu, il nous en restera quelque chose, même inconsciemment. Ce sont nos choix et nos réactions face à ce vécu qui nous distinguent ? Personne n’arrive au bout du chemin, mais c’est en se relevant, en faisant ce choix de garder espoir et foi qu’on parvient à progresser, en tant qu’être humain.


Il sourit

En fait, la quête de notre moi intérieur est l’entreprise d’une vie entière…

Pour le jeune guerrier qui n'avait pas particulierement l'habitude de parler longuement de ce genre de sujet, l'experience était un peu déstabilisante, mais pas désagréable.. Il prenait le temps de reflechir, pesait ses phrases en répondant.
Ne te fie pas à tes yeux mon vieux. Tout ce qu'ils te montrent ce sont des limites: les tiennes.

Verrouillé