Ode - Chap. 9.1 - Un Choix de vie [Acte I]

[Cialf]

Je finis de ranger mes affaires. J’ai dû perdre une longueur de corde qui a servi à ficeler je ne sais plus quoi, mais rien de sérieux. Ah ! Ma serpe a souffert. Entre le chantier d’hier et le passage accéléré sur le câble de la tyrolienne… A la prochaine ville, je devrai au moins la faire aiguiser et refaire le manche. Peut-être même en acheter une neuve, j’hésite.

Le câble… Quelle idiote, mais quelle idiote ! Tout d’un coup, je me rends compte à quelle vitesse je suis passée sur ce câble, et j’imagine que j’aurais pu y envoyer Serah inconsciente… Heureusement que les deux autres m’en ont empêchée. Elle n’en serait pas morte, il n’y avait pas assez de dénivelé, mais elle aurait pu se casser un bras ou une jambe. Et pour ne rien arranger, Léorah s’en est probablement rendu compte, et comme elle n’a pas de secret pour Serah, je vais avoir la honte devant les deux.

Enfin, je retiens : il faut que je fasse plus attention à l’aspect technique. J’avais d’autres choses à dire à Grirav, mais ça peut attendre ce soir.

[Amnèsya]

Puisque le passé avait été clarifié, et que visiblement tous étaient tourné vers le lendemain, je me décidais à préparer mes affaires... Moi, cela m'allait... mon caractère me poussait assez peu à la dépression mélancolique... Chacun savait sur quel pied danser et c'était l'essentiel pour qu'on puisse avancer sereinement tous ensemble.
L'avantage c'est que vu l'état dans lequel je me trouvais hier, j'avais pas déballé grand chose pour la soirée mes affaires furent vite prêtes.
Aussi, j'aidais ma sœur à sangler notre caernide et à ranger le camps.

[Iris]

Faisant peut être inconsciemment leur possible pour accélérer, mettre de la distance entre eux et la forêt au feond, et profitant par ailleurs d'un dénivelé en leur faveur, les voyageurs avaient l'impression d'avancer assez rapidement.

... Ils marchèrent sur des sentiers humides, couverts de mousse épaisse et contemplaient les hauts arbres poussant dans les ravins et dont les cimes étaient alors à leur hauteur...

... Après une pause de déjeuner à contempler un panorama dégagé et discerner des trouées ensoleillées dans l'épais couvert nuageux dans des nuances gris clair pas trop menaçantes...

... Ils poursuivirent sur des chemins de traverse de varigaux qui empruntaient des voies anciennes et oubliées, comme en témoignaient par moment des volées de marches taillées dans la pierres. Ils entrevirent quelques biches qui se risquaient à les observer d'en haut brièvement avant de filer vivement plus loin... Au sommet d'une colline, des arbres déracinées par une précédente tempête dont champignons et herbes commençaient à coloniser le tronc pourris qui abritaient par ailleurs nombres d'insectes. Depuis la clairière fleuries de nombreuses annuelles aux couleurs éclatantes et aux inflorescences délicates, ils voyaient désormais le soleil briller vivement sur un ciel d'un bleu éclatant. Il ne tarda pas à faire très chaud.

... Enfin... alors que l'on approchait du soir, ils arrivèrent à ce qui devait être une angarde en ruine depuis des temps immémoriaux, des bouleaux poussant à l'intérieur, tandis que mousses et herbes recouvraient les murs jusqu'à les rendre à peine discernable. De cette position en hauteur, ils pouvaient admirer les derniers feux roses, mauves, violet et bleu nuit du crépuscule.

Demain ils allaient passer à proximité du site de la "Bataille ensevelie". Le Prince Eammon, l'aîné du roi précédent et qui aurait dû lui succéder à la place de Bronchaerd à la tête de Reizh y était mort avec son armée en luttant contre une horde feonde. Un immense glissement de terrain, qu'on devinait encore près d'une quinzaine d'années après les faits, avait tué les combattants des deux camps en masse. Pour le royaume de Reizh, ce fut un grand choc : Eammon était respecté tant des Osags que des Seigneurs du Croissant d'Emeraude comme étant un véritable guerrier et un meneur d'homme, tout le contraire du trop raffiné et "mou" Bronchaerd qui s'était nettement rapproché des magientistes...

...

[Amnèsya]

C'est le genre de compensation à cette vie...
C'était beau c'est tout.

Je restais un long moment à contempler le paysage.

J'embrassait cet horizon sanglant qui achevait cette journée... Puis les ruines de l'angarde se détachait... J'aimais bien les ruines. C'était toujours chargée d'histoire, de mélancolie, et, de rêve et de volonté...
Qu'est ce qui avait bien pu pousser les gens à devoir vivre ici si loin de tout...
Quelle était la vie de ces gens de l'ancien temps?
Etait-elle si agréable. Finalement étais-je tant à plaindre que cela?

Je caressais la mousse, jugée du regard l'état de ses veilles pierres. Après tout, j'avais dis hier que je monterais la garde, donc autant faire connaissance. On allait avoir de long moment à passer ensemble, des histoires à raconter...

Mais déjà, mes compagnons s'activaient. Ne voulant pas être à la traîne, je les rejoignit et m'occupait par le commencement. Explorer vraiment l'angarde pour chercher un enclos pour les caernides et au hasard, un endroit un peu plus abrité pour établir le camps

[Cialf]

Départ laborieux le matin, avec mes jambes raides comme du bois sec.

-Grirav, si ça ne te dérange pas, est-ce que tu peux m’aider à monter en selle ?

J’aurais pu m’aider d’un pierre ou d’une souche, ou demander à quelqu’un d’autre. Mais nous devons nous habituer à travailler ensemble et c’est un début comme un autre.

La suite, heureusement, se passe mieux. Je me laisse mener par le pas souple de Prêle. Je me fais toute petite dans les passages en escalier, je mets pied à terre une ou deux fois pour contourner des arbres abattus, mais Prêle s’est mieux remise que moi de ses fatigues d’hier et passe sans problème.

Ce coin de forêt n’a pas vu passer les bûcherons depuis longtemps. Il donne une impression de grande paix. Pas de chantiers, pas de rivalités entre seigneuries, sans doute pas de brigands : que feraient-ils sur un chemin où il ne passe personne ? Je passe la main sur mon pendentif de l’Arbre de Vie : les C’maoghs de la Vie doivent aimer cet endroit.

(…)

A la pause de midi, je prends tout de même le temps de rappeler une ou deux règles à Anaïs.

-En cette saison, les animaux sauvages sont bien nourris, ils ne vont pas risquer d’attaquer des humains. Grirav a dû vous prévenir : le seul vrai danger, ce sont les oursons. Ils sont jeunes, curieux, ils fouinent partout, et si la mère arrive derrière, ça peut faire du dégât.

Les oursons, les marcassins et les petits humains… Je leur dois quelques-unes des plus belles angoisses de ma vie, comme la fois où un petit garçon s’était carrément glissé dans une tanière d’ours. Mais je m’en suis toujours bien tirée.

(…)

Et voilà, nous arrivons à l’étape du soir… Un pont délabré, un chemin non entretenu, une angarde en ruines… A part le côté poétique de la chose, il doit y avoir une raison pour laquelle cet endroit a été abandonné. Décidément, je commence à me faire une idée plus précise de ce royaume.

En me contorsionnant, j’arrive à descendre de selle seule. Serah est déjà partie explorer les ruines.

-Serah, attention aux oursons !

Si j’étais une mère ourse, c’est le genre d’endroit où j’aimerais m’établir avec mes petits. Mais Serah est très capable d’en caresser un si elle les rencontre… Je prends mon carath et je me tiens prête à intervenir. D’ailleurs, s’il y a un vrai danger, les autres seront sur place avant moi.

[Iris]

Tout était calme, pas l'ombre d'une ourse à proximité des ruines.

La tour en partie effondrée pouvait servir d'enclos, les caernides ayant quelques buissons et des bouleaux pour leur tenir compagnie.

Temps clair, nuit douce... suffisamment de rochers et bidules variés pour tirer des toiles de tente et s'installer dessous sans trop s'inquiéter.


Les premières étoiles et constellations apparaissaient doucement, les unes après les autres... La fameuse Trine des marins... la constellation de la Dame... Le fleuve... le chasseur, l'ours et le caernide... le ciel était désormais sombre et orné de bien trop d'étoiles pour qu'elles puissent être comptées...

[Amnèsya]

-Serah, attention aux oursons !

C'est vrai que j'aurai pu prendre dans mes bras une petite boule de poils chaude si elle s'était laissée faire... enfin je ne sais plus, il parait qu'il faut pas toucher les petits sinon, on laisse notre odeur d'humain dessus et qu'il peuvent être abandonné par leur parents...

Je failli répondre "Oui, Maman..." Mais bon, je n'avais pas envie d'ouvrir un débat. J'étais déjà parti dans mon monde.

Malheureusement, ou bien le contraire, je n'étais pas à ma première exploration de ruine... Et cela faisait longtemps que je connaissais les signes d'habitation des ruines par des autochtones quadrupèdes. Et ce n'était pas le cas...

T'inquiète pas Becuma, c'est libre... Il n'y a pas eu d'habitant depuis longtemps. La tour en ruine là bas pourra faire un bon enclos pour les caernides...

Je continuais mon exploration. J'aurai aimé trouver des traces de rongeurs... J'ai une théorie personnelle...
Des ruines sans rongeurs, c'est louche...

[ramb]

-Grirav, si ça ne te dérange pas, est-ce que tu peux m’aider à monter en selle ?

"Pas le moins du monde."

Mais empoter comme il est Grirav n'est pas des plus utiles.
Bref c'est tout juste si il arrive à la faire monter, un arc oui, une horde de féonds oui, mais des interactions sociales normales? non c'est trop dur.

Je laisse le soin à la MJ de décidé de la réussite de l'action.

-En cette saison, les animaux sauvages sont bien nourris, ils ne vont pas risquer d’attaquer des humains. Grirav a dû vous prévenir : le seul vrai danger, ce sont les oursons. Ils sont jeunes, curieux, ils fouinent partout, et si la mère arrive derrière, ça peut faire du dégât.

*

Décidément, une demande d'aide, une petite vanne. L'ambiance à bien changée.

"Pour les oursons il suffit de faire du bruit, c'est curieux, mais surtout peureux."

Une fois sur la place, la mise en place du camps deviens bien sur une priorité, manger et dormir venant juste après.

[Iris]

Quelques heures plus tôt...

Grirav parvint à "aider" Becuma... qui serait sans doute parvenue au même résultat toute seule avec seulement un tout petit peu plus d'effort... ça avait été laborieux... mais c'était fait... et non, Becuma n'était pas retombée de l'autre côté du Caernide !

...

L'angarde en ruine était tellement vieille qu'il n'y avait plus de bois, juste des pierres envahies par la végétation. Côté faune, on y trouvait exactement la même chose que dans des anfractuosités naturelles : multiples fourmilières, crapauds, nid d'oiseau, trous divers abritant des bourdons et souris, ...

A priori, pas d'anomalie de ce côté...

[Rust]

Raen avait marché. Voilà comment il résumait sa journée. L'endroit où son groupe évoluait était nouveau et Raen était d'autant plus attentif aux signes divers, certes. Cependant, mis à part l'emplacement des arbres, il avait déjà parcouru maintes fois ce type de chemin et il ne tira qu'un bilan mitigé de cette journée. Fort heureusement, il voyageait en queue de groupe, ce qui le prémunissait de relations ou bavardages lassants. Il n'était pas du genre à chasser un silence agréable, un frottement de feuilles, pour un échange sur la vie des animaux sauvages ou la reproduction des batraciens.

Le lieu de chute lui inspira plus de prudence, dans un premier temps, plus de curiosité dans un deuxième. Les chemins des varigaux étaient manifestement très bien foutus. Prévus pour arriver à point nommé sur un lieu propice au repos peu avant la nuit, c'était quand même fort. Ou alors ... peut-être était-ce autre chose qui les avait poussé à tendre les toiles dans cet endroit. La nuit donnerait raison à l'une ou l'autre des possibilités.

Une fois son casse-dalle avalé, il se proposa pour prendre le premier tour de garde, son corps ne montrait pas de signe spécifique de faiblesse et se doutât que certains de ses compagnons lui en seraient reconnaissants. Afin de rassurer le groupe il lança, avec un ton qui pouvait être plaisanterie et un sourire en coin :

- Ne vous inquiétez pas, je connais les ours.

Sans attendre le résultat de sa phrase, il se positionna dans un endroit stratégique, à proximité du campement.