TDF - Chap 3. Famille et Devoir

[Crépuscule]

Le regard du jeune Hastwyck évoquait à lui seul ses doutes, mais le maître d'arme aimait les réponses claires :
"Je ne peux l'affirmer, seulement l'espérer"

[Maëlys]

Devant se contenter d'une réponse qui ne lui plaisait guère, Béric porta la main sur la garde de son arme comme pour s'assurer qu'elle était encore présente avant d’acquiescer à la remarque de Jolan.

Il avait envie d'accélérer mais après un regard sur les trois personnes derrière lui, il dut se résigner à maintenir le rythme au mieux.

[DukeTogo]

Après avoir marqué une pause à l'approche du domaine où ils échangèrent leurs dernières recommandations et autres interrogations, le groupe avança sur la grande bâtisse. Jolan avançait devant suivi par ses compagnons. C'est dans le silence le plus complet qu'ils atteignirent la cour.

La demeure des Hastwyck paraissait aujourd'hui à Jolan plus petite que dans ses souvenirs. Les gens de la maison murmurèrent à l'approche des nouveaux venus et quelqu'un reconnu Jolan. Son nom glissa d'une oreille à l'autre si bien qu'un vieux soldat qui lui n'avait pas changé, le front toujours considérablement ridé, tint le cheval du jeune Hastwyck pour qu'il puisse descendre aisément. A mieux y regarder, l'ambiance présente semblait pesante. Le vieil homme ne disait pas un mot, son regard était fuyant.

Un garde -et ils n'étaient pas nombreux- imita l'ancien et tint également la bride du cheval de la lady. Tout le monde était maintenant à terre quand on aperçu une femme -que Jolan reconnu comme étant sa mère- paraitre au seuil de la grande porte et restée bouche bée. Son visage était pâle et elle manqua de trébucher. La gorge nouée, Jolan demeura un instant interdit et avant qu'il n'est le temps de prononcer un mot, celle-ci retourna à l'intérieur.

Les gens regardaient les nouveaux venus en silence tout comme ils regardaient l'entrée de la bâtisse grande ouverte.

[Iris]

Aleth regardait la demeure tout en gardant un quant-à-soi calqué sur le modèle de sa mère, Dame Guenièvre de Castellane. Beaucoup de choses lui traversaient l'esprit, mais dans l'immédiat, elle ne disait mot et restait en retrait. Elle descendit de cheval et se tint tranquille, en attendant la suite.

[Crépuscule]

En arrivant dans la cour de la Trémière, Jolan eu un étrange sentiment, il lui sembla que rien avait changé, comme si le temps s'y était arrêté depuis son départ, et pourtant, tout était différent. ... pour lui, l'impression de plus petit, mais pas seulement. Il ne se sentait pas chez lui, il se sentait comme un étranger bien qu'il connaisse les lieux et les gens, c'était déstabilisant et c'est obnubilé par ses sentiments qu'il descendit machinalement de sa monture et qu'il croisa le regard de sa mère.

Son attitude lui asséna le coup du premier sang du duel qu'il s'était apprêté à tenir ici ... seulement il ne s'attendait pas à ce que ce coup votre vienne de sa mère. Il inspira profondément, sachant qu'il ne pouvait se permettre de se sentir mal. Réalisant qu'il était le centre de l'attention (avec la porte) et reconnaissant le garde, il s'adressa à lui.

"Je suis heureux de te revoir Lars. Dis moi, nous n'étions pas attendu si tôt ... ou pas du tout?"

Il se demandait en effet si Sunhouse avait passer le message, et si oui, si cet accueil était dû à la réaction qu'avait eu Lord Raynald.

Une fois que Lars aura répondu, il le remerciera puis invitera Aleth, Béric et Jack à le suivre. Il n'avait pas l'intention de perdre une minute, ni de laisser s'étaler le temps jusqu'à la confrontation probable qu'il aurait avec le Lord.

Il ouvrit la marche vers la porte pour les mener dans la grande salle.

[Iris]

Aleth ne doutait pas que les corbeaux avaient dû annoncer leur venue, mais fut néanmoins attentive à la réponse. Elle n'arrivait à déterminer si l'accueil était étrange du fait des particularités de la Maison Hastwyck ou du fait qu'ils n'étaient pas attendus... auquel cas il y aurait eu quelque chose qui n'avait pas fonctionné comme il aurait fallu. L'explication viendrait bientôt.

Toujours silencieuse, elle suivit Jolan sans commenter, surtout sans exprimer ses pensées : " En principe, quand on est d'une maison mineure, on sort de sa salle de trône pour recevoir des envoyés d'une maison de moyenne importance... Lord Hastwyck va-t-il nous accueillir sur le seuil ou uniquement à l'intérieur ? "

L'aînée des Castellane marchait plutôt lentement... pour laisser une chance à Lord Hastwyck de ne pas manquer aux usages, ou du moins de choisir son accueil sans pouvoir prétexter de la précipitation de l'arrivée des "invités" pour rester à l'intérieur.

[DukeTogo]

"Je suis heureux de te revoir Lars. Dis moi, nous n'étions pas attendu si tôt ... ou pas du tout?"

Le vieux Lars répondit par la négative de la tête et ajouta : "Nous... nous n'étions pas près. C'est... c'est arrivé ce matin."
Il désigna un coin de la cour où un serviteur dégagea à sa demande un couverture qui recouvrait les cadavres de deux des rares soldats de la maison, recouverts de sang.

Lars avait du mal à parler. Non, Jolan ne perdrait pas une minute de plus. Il fit un signe à ses compagnons et s'engouffra dans la maison.

Jack Bulwer restera dehors, les sourcils froncés. "Je vous rejoins."

Dans la salle commune, Jolan vit deux jeunes servantes en pleurs. La porte qui menait à la grande salle était ouverte. Cette porte qui l'avait si souvent tenu à l'écart de son père.

Expirant en silence, il avança dans la salle d'honneur, sans vraiment réaliser si Aleth et Béric le suivait ou non. La salle était plongé dans la pénombre, les épais rideaux n'était qu'à peine entrouvert. Sa mère se tenait quasiment à genoux devant le lord son époux. Elle chuchotait des mots incompréhensibles en larmoyant "je vous en prie...", "je mourrais sans elle"...

Dans la pénombre, Jolan devinait que son père, assis dans son large fauteuil tourna la tête vers lui.

Jolan revit en un éclair l'image des deux servantes en pleurs, l'associa aux mots étouffés et de sa mère et fut prit d'une crainte effroyable. Où étais sa petite soeur?

D'une voix étouffée, il cita son nom.

Lord Hastwyck baissa la tête sur le coté et sa mère releva la sienne vers Jolan pour dire :

"Ils l'ont pris, Jolan. Ils l'ont pris."

[Crépuscule]

L'horrible nouvelle avait chassé comme une bourrasque tout les autres ressentiments avait fuit devant la crainte mêlée de colère et d'incompréhension qui l'envahissait de toute part.

Il se pressa près de sa mère, mettant un genoux à terre et prenant sa main.
"Mère, je n'aurais de répit tant que je n'aurais pas ramené Alysse auprès de vous."

Se tournant vers son père.

" Père, dites moi ce qui c'est passé, qui étaient-ils? Combien étaient-ils? "

[DukeTogo]

" Père, dites moi ce qui c'est passé, qui étaient-ils? Combien étaient-ils? "

"Quatre hommes..." répondit-il avant de s'interrompre. Il regarda avec froideur Jolan accroupi près de sa mère et regarda les nouveaux venus sans les saluer.

Lars rentra dans la pièce et s'avança :

"Mon seigneur. Nous avons retrouvé un de nos hommes qui a tenté de leur donner la chasse. Il est grièvement blessé et ses jours sont comptés.
- Allez chercher le mestre de Sunhouse, nous paierons." répondit-il sans quitter des yeux son fils avant de detourner le regard vers le grand rideau d'où provenait le sifflement du vent. Jolan songea que depuis tant d'années, le vitrail n'avait pas été réparé.

Lars donna de plus amples explications.

"Tout est arrivé si vite. Ils ont attaqués la maisonnée avant le lever du jour...
- Ils l'ont pris. Ils ont pris Alyse, répéta la mère, et nous... nous...
- Tu serais morte, coupa Lord Hastwyck. Et moi, et la moitié de nos gens aussi. Oui, je les ai laissé l'emmener. Tes supplications et tes jérémiades n'allaient pas retenir les lames de ces hommes."

Elle eut un mouvement de recul. Elle était bien trop effaré pour savoir si son seigneur et époux disait vrai, si vouloir n'est pas pouvoir.

Du peu qu'avait vu Béric des deux hommes gisants dehors, il savait qu'ils n'avaient pas eu l'ombre d'un chance.

Aleth pouvait perdre patience et commençer à fulminer intérieurement, mais quelque soit le caractère affirmé de la jeune lady, l'humeur sombre du seigneur des lieux rendait l'atmosphère étouffante et l'on sentait tout l'ascendant qu'il avait sur sa maison. Aleth avait rarement vu son père en colère mais cela semblait peu de choses par rapport à que ce que dégageait le père de Jolan. Cela ne ressemblait pas à de l'animosité, l'homme était vraiment dur. Un colosse usé certes qui interrogea à son tour Jolan comme s'il le giflait :

"Debout! Que fais-tu içi? Que faites-vous ici? Dis-moi en quoi tu es lié à ce qui s'est passé dans ma maison."

[Crépuscule]

Se releva pour faire face à son père.

"J'ai appris qu'un groupe d'homme armé vu près de Hautjardin cherchait notre Maison. Nous avons aussitôt écrit à Sunhouse pour qu'ils vous avertissent tandis que nous prenions la mer pour venir au plus vite."

Indiquant ses compagnons, il se rendit compte qu'il ne les avait pas présentés.

"Lady Aleth m'a accompagnée au nom de la Maison Castellane et Lord Rheomar a souhaité m'apporter toute l'aide possible en demandant au maître d'arme Béric Kardalt de nous escorter et en nous confiant une goélette. Nous avons naviguer aussi vite que possible.

Lady Aleth a des aptitudes en soins, elle pourrait aider le brave en attendant le mestre. Béric, si tu peux l'accompagner, tout ce qu'il pourra dire sera utile pour retrouver ces hommes. Lars, vous voulez bien les y conduire ?"

Replongeant son regard dans celui de son père avant qu'il ne puisse protester.

"Père, pourquoi ont-ils emmené Alyse? Que voulaient-ils?"
Tout cela n'avait pas de sens ...