TDF - Chap 3. Famille et Devoir

[Maëlys]

Jusqu'à leur arrivée dans la grande salle, Béric avait tenu le silence. Se contenant d'acquiescer à la remarque d'Aleth vis à vis de ses talents martiaux.

"Je me tiens à votre disposition pour de telles considérations, pour le reste, je vous laisse mener les affaires.
Je n'interviendrai que si une éventuelle expertise est requise."

Puis il suivit le mouvement jusqu'à la grande salle des Hastwyck. Respectant la cérémonie, il but dans le gobelet, comme certains auraient pu partager le pain et le sel dans d'autres régions. Lors de l'évocation de son nom, il posa seulement sa main sur son torse et se pencha en avant de façon à saluer le seigneur Hastwyck, laissant toute amplitude à Aleth pour répondre.
Lorsque la discussion commença dans son ensemble, il ne sut trop que penser ... Elle tenait peut-être autant de son frère que Jolan pouvait tenir de son frère ... Du sang chaud à n'en pas douter mais qui ne craignait pas d'aller au front, en s'exposant peut-être de façon trop importante ...
Conscient de ceci, il observa les réactions de Lord Hastwyck.

Puis lorsque l'occasion se présentera, il ajoutera ces quelques mots :

"Si le temps nous est laissé Lord Hastwyck, je veux bien apporter mes conseils. De plus, il serait possible que, si Lord Castellane l'autorise, quelques officiers des Castellane viennent ici afin d'entraîner vos hommes."

Pour le reste, c'était à Aleth de jouer, il n'avait pas le pouvoir nécessaire actuellement.

[DukeTogo]

Le lord considérait Beric et hocha positivement la tête avant de demander, s'adressant autant au maitre d'armes qu'à Aleth :

"Le temps que nous entrainions des hommes désireux de travailler et d'apprendre à tenir une arme, croyez-vous que lord Rhéomar pourrait nous allouer une quinzaine de soldats, pour peu qu'ils ne fassent pas défaut outre mesure à la maison Castellane? Je paierais pour ces hommes. Quatre mois suffiront."

Le temps que les Castellane échangent des regards, le lord précisa : "Je n'accepterais pas ce genre de choses d'un vassal des Hightower comme les Cuy ou d'autres de la région. Après nous avoir craché dessus, n'attendent que ça, nous reprendre des terres."

[Maëlys]

Comme à son habitude, le maître d'arme se fit bref :

"La maison Castellane a également besoin d'hommes pour défendre ses terres mais je suis convaincu que Lord Rhéomar ira dans votre sens pour vous allouer des hommes. Je les choisirai personnellement si cela vient à se concrétiser."

[Crépuscule]

Jolan attendait de voir sans sourciller comment allait réagir son père face aux projets d'Aleth.

En fait, même s'il avait voulu parler, il aurait eu du mal, la gorge encore serrée par ce qu'avait dit son père en introduction.

Il était trop occupé à faire bonne figure alors que ses émotions déferlaient comme un ouragan, son père montraient finalement une once de fierté à son égard, il l'avait regardé comme un fils, pas une déception.

Peut être allait-il avoir la force de faire ce qu'il devait, d'aborder lui même le sujet Reswald ... il savait que c'était à lui de le faire.

D'un autre côté, ces nouveaux sentiments étaient à double tranchant ... il lui donnait de la force, mais aussi des craintes supplémentaires, et si le sujet de l'héritier irritait encore plus son père à présent ... et s'il perdait en quelques mots ce qu'il avait enfin acquis ...

[DukeTogo]

Lord Raynald s'adressa à Aleth et Béric.

"Je n'uses pas d'autres moyens que les armes si l'on s'en prend à ma famille. Si j'avais maintenu un minimum d'hommes aptes à se battre, ces quatre hommes seraient sans doute mort et j'enverrais leur tête à Port-Réal.
Je ne demande pas de faveurs et je n'en attends guère de mes voisins.
Oui, nos maisons sont liés et si votre seigneur accepte de nous envoyer des hommes pendant quelques mois, son aide sera payé comme il se doit."

Visiblement par honneur - ou par orgueil -, le lord était contre toute idée de charité ou de dettes.

"Pour la reine, je ne la connais pas et je ne vois pas en quoi elle pourrait vouloir nous nuire..."

Le lord regarda son fils qui ne pipait mot et continua après un regard mauvais.

"Je devine que Jolan vous a dit ce que a été ordonné à mon fils."

Le lord se tut un moment en les regardant avec intensité. Il était clair qu'il ne prononcerait pas le nom des targaryens.

"Il ne faisait pas ça seul. Ils étaient quatre. Trois fieffés de Castral Roc et mon héritier. La Montagne, la Manticore. Ceux là avaient déjà commencé au Donjon Rouge.,mais ce n'est un mystère pour personne. Je ne sais pas qui était le troisième. Celui-ci accompagnait Reswald quand il est venu me dire qu'ils ne voulaient pas continuer. Il disait partir, disparaitre, mourir même, pour épargner les représailles contre la maison à cause de sa désobéissance. Pour ce que ça change..."

La suite, chacun la connaissait. Les Hastwyck, isolés, montrés du doigt par les maisons du Bief, mourraient à petit feu.

[Iris]

Je n'uses pas d'autres moyens que les armes si l'on s'en prend à ma famille. Si j'avais maintenu un minimum d'hommes aptes à se battre, ces quatre hommes seraient sans doute mort et j'enverrais leur tête à Port-Réal.
Je ne demande pas de faveurs et je n'en attends guère de mes voisins.
Oui, nos maisons sont liés et si votre seigneur accepte de nous envoyer des hommes pendant quelques mois, son aide sera payée comme il se doit."

A un moment, Aleth avait pensé que Lord Hastwyck comprenait le problème, mais à présent que la question partait sur le domaine militaire, il paraissait cesser de prêter attention à toute forme de recherche durable de solution. Il se crispait, et adoptait une stratégie de hérisson. Elle avait vraiment cru qu'il comprenait que l'ennemi était subtil et donc que l'assaut prochain ne serait pas une question de nombre d'armes.

La noblesse ne devait pas avoir exactement le même sens pour Aleth et Lord Hastwyck : pour la jeune fille, les accords strictement commerciaux étaient un honneur de roture. La reconnaissance et l'entraide, sans avoir rien à gagner, si ce n'est d'agir pour le bien commun et dans le sens des engagements pris, là, était réellement l'honneur noble.

" Lord Hastwyck, avec tout le respect que je vous dois : les Castellane ne sont pas des mercenaires. Que vous souhaitiez dédommager une action entreprise dans le cadre de l'union de nos Maisons est tout à votre honneur. Comprenez bien que nous sommes tout autant soucieux du nôtre."

Ergo : " Une union implique le respect et l'acceptation lucide de l'interdépendance. Votre excès d'orgueil est insultant. "

"Pour la reine, je ne la connais pas et je ne vois pas en quoi elle pourrait vouloir nous nuire..."

Songeant que Lord Hastwyck ferait un piètre médecin : " Nier l'existence même d'un mal parce qu'on en ignore la cause ou qu'on refuse de l'envisager, ne conduit qu'à une chose : être détruit par le mal."

" Nous devons agir tant que nous avons encore une marge de manœuvre. Elle se réduit de jour en jour, à mesure que les cavaliers rejoignent leur maître. "

" Lord Hastwyck, acceptez-vous la proposition de plan d'action que je vous ai soumise ? "

Surtout qu'elle n'engage pas à faire grand-chose... à part ne pas accuser la Reine... pour le reste, Aleth peut se débrouiller. C'est l'accord minimal à obtenir, et celui-là est indispensable.

"Je devine que Jolan vous a dit ce que a été ordonné à mon fils."

Le lord se tut un moment en les regardant avec intensité. Il était clair qu'il ne prononcerait pas le nom des targaryens.

"Il ne faisait pas ça seul. Ils étaient quatre. Trois fieffés de Castral Roc et mon héritier. La Montagne, la Manticore. Ceux là avaient déjà commencé au Donjon Rouge.,mais ce n'est un mystère pour personne. Je ne sais pas qui était le troisième. Celui-ci accompagnait Reswald quand il est venu me dire qu'ils ne voulaient pas continuer. Il disait partir, disparaitre, mourir même, pour épargner les représailles contre la maison à cause de sa désobéissance. Pour ce que ça change..."

Aleth jeta un oeil du côté de Jolan. Elle ne tenait pas à s'avancer sur le terrain "Reswald" tant que ce n'était pas absolument nécessaire, et dans le cas présent : Lord Hastwyck ne savait rien, tout en étant en plein déni. C'était improductif.

[Crépuscule]

Jolan sourit à Aleth, elle avait bien parlé, mais à présent c'était à lui de poursuivre.

"Père, comme je vous le disais hier, il est clair que l'agression qui a eu lieu est d'une manière ou d'une autre un moyen de pression ou une punition contre Reswald. Une réponse frontale de notre part se solderait immanquablement par un échec cuisant, l'ennemi est bien trop entouré et puissant pour une attaque directe, d'autant que les preuves justifiant un acte de répression restent maigres. Nous serions écrasé, nous avons déjà beaucoup perdu, mais notre Famille est toujours là, et c'est une force qu'il ne faut pas laisser s'éteindre définitivement par esprit de vengeance.

Quand j'ai compris d'où venaient ces hommes, Lady Aleth et Béric Kadalt vous le confirmeront, mon premier désir a aussi été de réclamer justice, j'ai même songé me rendre à Port Réal pour réclamer une enquête, un procés quitte à en appeler à un duel judiciaire, mais la vengeance est un acte égoïste, qu'elle soit vaine ou non, elle n'apporterait rien de mieux à notre Maison.

Le raisonnement de Lady Aleth offre une voie bien plus intéressante. Le bruit va courir, et il nous pourrons dans un premier temps observer tandis que le reflux de leurs actes se déverseront dans le Bief jusqu'à Port Réal. Cela nous permettra je l'espère à terme de découvrir le fin mot de cette histoire, tout en nous permettant de bénéficier d'une protection contre de prochaines attaques directes.

Tentez cette méthode est une bonne chose je pense, et si elle n'apporte par l'effet escompté, il sera toujours temps de penser à d'autres possibilités d'actions.

Si une enquête est menée, je suis prêt à représenter la Maison Hastwyck, et quel qu’en sera la manière, à défendre notre nom et les intérêts du domaine."

Jolan fit une pause fugace, le temps d'inspirer profondément, avant de reprendre.

"Père, si vous me désignez comme héritier, cela permettra que j'agisse comme représentant désigné de la Maison Hastwyck auprès des différentes instances que nous serons amener à rencontrer et donnera plus de force aux actions coordonnées avec la Maison Castellane.

D'autre part, cela montrerait aux yeux de ceux qui nous ciblent qu'une page est tournée, et donnera le change vis à vis de Reswald, d'un point de vue public. Cette décision réduira le lien qui nous unit à ses actes, semant le doute sur notre soutien à Reswald. Ce changement pourrait passer pour une sanction contre Reswald, allant dans le sens de la punition qu'ils ont cherché à lui infliger. Nous offrirons cette façade, disant "Nous ne voulons plus rien avoir à faire avec", cette façade sera notre parade, une feinte destinée à attirer l'oeil de notre adversaire, nous laissant la possibilité de découvrir la faille dans sa défense pour frapper au moment opportun de l'autre main."

Il avait employé toute sa détermination dans ces mots et acheva sa dernière phrase avec force, la force de sa volonté de changer les choses, la force de son optimiste, il croyait en leurs chances, la force de son désir d'agir pour sa maison, pour sa famille, pour son frère ... pour la fierté de son père peut être un jour.

Une page à tourner ... si le vent tournait, il pourrait peut être même réussir à refaire valoir à sa juste valeur le blason et le nom de Hastwyck, à sortir le domaine du tourbillon sans fond qui l'entraînait toujours plus dans l'ombre. Une responsabilité qu'il se devait d'endosser ... qui d'autre le pourrait ? Il sentait que le temps était venu à présent pour lui d'être cet homme, d'être ce Hastwyck.

[Iris]

Jolan s'était finalement décidé à se lancer. Elle ne savait que penser : là où elle s'était efforcée d'avancer prudemment, en marchant presque sur des œufs, il frappait fort et enchaînait beaucoup de choses, concluant par la demande à être désigné héritier. Sur le fond elle appuyait cette transformation, mais se demandait si la forme était optimale, au vu du tempérament de leur vis-à-vis.

Plus qu'à espérer que l'espoir et l'ambition fougueuses de Jolan fussent bien accueillis car il avait tout joué d'un coup.

Dans l'immédiat Aleth se tenait donc relativement en retrait, laissant les deux Hastwyck s'affronter en s'efforçant de garder l'expression la plus neutre possible.

[Maëlys]

Pour Béric, cet instant appartenait à Jolan, les paroles du maître d'arme ne pourraient avoir que de mauvaises répercussions.
Il resta donc en silence en attendant la réponse du maître Hastwyck.

[DukeTogo]

Jets mystères faits. Tout ce qui suit est pesé, aucun fait du prince...

" Lord Hastwyck, avec tout le respect que je vous dois : les Castellane ne sont pas des mercenaires. Que vous souhaitiez dédommager une action entreprise dans le cadre de l'union de nos Maisons est tout à votre honneur. Comprenez bien que nous sommes tout autant soucieux du nôtre. »

Le lord eut un hoquet de surprise avant de répondre. « Ne me parlez de respect que vous me devez alors que vous me prêtez des mots que je n’ai pas prononcé. »

" Nier l'existence même d'un mal parce qu'on en ignore la cause ou qu'on refuse de l'envisager, ne conduit qu'à une chose : être détruit par le mal."

Le lord ruminait, il semblait perdre patience. Lady Castellane soutint son regard et alla au bout de son propos :

" Nous devons agir tant que nous avons encore une marge de manœuvre. Elle se réduit de jour en jour, à mesure que les cavaliers rejoignent leur maître.
" Lord Hastwyck, acceptez-vous la proposition de plan d'action que je vous ai soumise ? » 

N’y tenant plus, il répondit à la question par une autre question, avec une intonation cinglante :
« Et si vous appreniez à reconnaitre avec qui pouvait être familier et avec qui vous ne le pouvez pas? »

Le lord avait une expression de défi. Lady Castellane pouvait se demander quelle mouche l’avait piqué… Toujours est-il qu’il n’entendait pas se faire rappeler à l’ordre.

C’est alors que Jolan fit un pas en avant après un sourire de soutien à son amie.

 « Père, comme je vous le disais hier, il est clair que l'agression qui a eu lieu est d'une manière ou d'une autre un moyen de pression ou une punition contre Reswald…. »

« Foutaises! Alyse n’était même pas née quand… Quand Reswald… »
Les mots moururent dans sa bouche. Le lord ne croyait pas, ou ne voulait pas croire, que l’enlèvement d’Alyse soit lié à Reswald d’une façon ou d’une autre.

(…) Le raisonnement de Lady Aleth offre une voie bien plus intéressante. (...)
Si une enquête est menée, je suis prêt à représenter la Maison Hastwyck, et quel qu’en sera la manière, à défendre notre nom et les intérêts du domaine."

Jolan fit une pause fugace, le temps d'inspirer profondément, avant de reprendre.

Le regard du lord allait de l’un à l’autre ainsi que vers le maitre d’armes qui par son attitude stoïque semblait adhérer aux propos tenus.

Raynald hochait la tête en guise d’acquiescement. Il semblait que ce serait tout ce qu’on pourrait obtenir de lui.
N’avait-il pas dit « Je n'uses pas d'autres moyens que les armes si l'on s'en prend à ma famille », signifiant ainsi qu’il n’entendait rien aux manoeuvres politiques et la danse des cours? Là où certains voyaient un lord buté, il y’avait aussi un lord avec ses propres convictions. Changer un homme n’est déjà pas chose aisée, alors changer un vieil homme…

"Père, si vous me désignez comme héritier, cela permettra que j'agisse comme représentant désigné de la Maison Hastwyck auprès des différentes instances que nous serons amener à rencontrer et donnera plus de force aux actions coordonnées avec la Maison Castellane (…)

Là, le lord manqua d’avoir la mâchoire qui se décroche. Se ressaisissant, il se pencha en avant :

« Tu penses avoir des droits? Tu as vu le cadavre de Reswald? »

Jolan avait grandi à cette permanente comparaison : son père lui avait toujours préféré son frère. Il fut un moment soufflé, comme s’il était accuser de quelque chose. Alors, quoi? Raynald pensait-il que Jolan voulait être nommé héritier par ambition personnelle? Tout ce qui avait attrait à Reswald était compliqué avec le lord. D’ailleurs, celui-ci n’avait toujours pas accepté la mort présumée de son premier fils car il n’avait jamais donné son accord pour des sacrements posthumes…

« C’est bien ce que je pensais… »

Il se radossa dans son fauteuil et lâcha d’une voix grave : « Un homme reçoit ce qu’il mérite… quand il le mérite. »

Empathie/Vigilance: Jolan : 12, Aleth : 14, Béric : 12.
Les personnages le savent : Lord Hastwyck n’est pas prêt à désigner Jolan comme héritier. Il n’engagera pas sa maison dans quelconque correspondance avec la couronne. Il a une dent envers celle-ci : sa maison s’est battu pour Robert or les Hastwyck dégringolent depuis ce choix.

Pause.

A Béric : « Parlerez-vous à lord Castellane? »