[Focus] Occulte (Aeldred)

[Iris]

Fredelme n'ayant pas été témoin des événements et n'ayant qu'une seule source pour décrire un événement étrange ne pouvait pas aller bien loin dans ses hypothèses, d'autant plus qu'il n'était que vecteur, et pas sigire :

" Je n'ai jamais entendu parler d'un fantôme qui soit autre chose que mauvais, d'une manière ou d'une autre. Et puis... il me semble qu'ils n'apparaissent pas une fois toutes les quelques années à une seule personne... Il faudrait en discuter avec un spécialiste pour avoir des réponses plus sûre... mais nous sommes loin de Gwidre..."

Il ne dit pas tout ce qu'il pensait, laissant sa phrase en suspend, songeur.

" Je reste dans l'idée qu'un signe de l'Unique par l'intermédiaire de votre mère est la meilleure explication. Il reste à donner sens à ce message..."

[Casaïr]

Un peu déçu de ne pas avoir toutes les réponses à ses questions, Aeldred poussa un léger soupir.

"Je vous remercie, vous m'avez apporté quelques réponses. Je ne prétendrai pas cerner totalement le phénomène dont j'ai été témoin, mais cela me permet d'un peu mieux l'aborder. Je ne vais pas abuser plus longtemps de votre temps et vous remercie d'avoir bien voulu m'écouter. Avoir une oreille attentive dans les environs est rare. Si jamais vous avez besoin d'aide à nouveau, je serai ravi de vous aider encore, que vous ayez besoin d'un guide ou autre."

Avant de partir, Aeldred indique au vecteur où le trouver s'il se rendait au village pour le chercher, en espérant toutefois que les rumeurs qui ne tarderont pas à se manifester à lui ne le fasse changer d'avis à son égard.

[Iris]

Dans les mois qui suivirent, jamais le vecteur ne changea d'attitude à l'égard d'Aeldred, tout juste lui proposa-t-il d'apprendre des prières pour le repos des âmes et la protection contre les forces maléfiques.

La vie suivait son cours, les moutons furent tondus, et retournèrent paître dans les prés, les agneaux naquirent, la belle saison s'écoulait...

--- FIN de l’Épisode ---

[Iris]

Le pouvoir des livres

Aeldred passait du côté du logement de Fredelme, les moutons tondus paissant sur la prairie fleurie, une douce brise transportant les parfums de la forêt d'épineux. Le chasseur s'était rendu compte que Rhea appréciait de passer du temps avec le vecteur et elle avait parlé de ses livres qui contenaient un message d'une grande sagesse.

En cette journée à la belle clarté, Aeldred vit l'étranger par la fenêtre, lisant avec concentration, ses lèvres bougeant en silence, avec une expression méditative qui conférait à son visage une sorte de beauté inspirée et dégageant un sentiment d'élévation en harmonie avec la quiétude qui les enveloppait.

[Casaïr]

Ayant prit un peu d'assurance avec le vecteur, le jeune chasseur frappa quelques coups rapides à sa fenêtre pour s'annoncer avant de le saluer joyeusement.

Il lissa un peu ses vêtements débraillés pour se redonner un peu de contenance, sourit timidement à Fredelme avant de prendre la parole :

"Bon... Bonjour ! je m'excuse de passer vous voir de façon si cavalière, mais j'aurai un ... service à vous demander. Ho ! Rien de grave, rassurez-vous ! C'est juste que... avant de... Enfin bref, mon père avait commencé à m'apprendre à lire et à écrire peu avant de mourir et j'aurai souhaité reprendre mon apprentissage là ou je l'avais laissé. Je ne suis pas vraiment... apprécié au village, je ne peux donc pas leur demander un tel service. Ma demi-soeur Rhea me serine constamment que je ne devrais pas laisser mes talents dépérir car un jour prochain, je pourrai le regretter. Alors, j'aurai souhaité que vous me serviez de professeur. Je n'ai pas grand chose à vous offrir en échange, mais je suis bon chasseur, je peux vous débarrasser de vos nuisibles ou vous ramener un lapin ou une dinde sauvage ou ce que vous voulez pour payer mes cours."

Il avait tenté de prendre un air plus ou moins détaché mais sa dernière phrase était plus une supplique qu'autre chose. Il s'en voulait un peu, il aurait voulu paraitre fort et assuré, mais en définitive il ressemblait plus à un petit garçon cherchant désespérément l'approbation des adultes. Il releva toutefois la tête, attendant la réponse du vecteur.

[Iris]

Au village, l'apprentissage de la lecture et de l'écriture n'était pas systématique, loin s'en fallait. Seul le barde prodiguait ponctuellement un enseignement, et encore. La culture locale était largement orale.

" On apprend davantage les Lettres en Gwidre qu'en Taol-Kaer. C'est grand dommage si vous voulez mon avis. Le savoir est fait pour être transmis et je suis heureux que vous soyez venu me trouver."

" Malheureusement, je n'ai pas beaucoup de matériel avec moi. Il faudra nous montrer créatifs ! J'ai entendu que certaines personnes utilisaient des écorces de bouleau comme parchemin... et d'autres font des tablettes couvertes de cire pour s'entraîner à écrire..."

Avec son habituel sourire accueillant : " Je serais ravi de manger un civet de lapin à l'occasion, mais je vous aurais accepté comme élève dans tous les cas. Ne m'avez-vous pas déjà aidé à plusieurs reprises avec mes moutons ? Ces capricieuses créatures semblent déterminées à mettre ma résolution à l'épreuve !" Il riait.

Et un peu embêté, car pris de court sans avoir réfléchi plus loin : "Comment nous organiser ? ... Qu'avez-vous déjà appris ? ... Les lettres ? Les chiffres ?..."

[Casaïr]

Aeldred n'avait pas vraiment réfléchi au matériel nécessaire pour écrire, ce qui le fit rougir légèrement. Il faudra que je passe demander à Rhea si elle ne peut pas s'arranger pour me récupérer quelques petites choses pour moi...

"Mon père souhaitait que je prenne sa succession à son atelier, et pour cela je devais également savoir lire et compter pour tenir mes comptes tout seul et ne pas dépendre de quelqu'un qui pourrait chercher à me voler. Il sourit à cette évocation. Mon père était plutôt méfiant, enfin, plus que la moyenne des habitants d'ici, si vous voyez ce que je veux dire. Il avait l'habitude de dire qu'il s'était élevé tout seul et qu'il refusait qu'on le fasse choir en le trompant. Il avait obtenu, par le biais d'un colporteur de passage, un petit livre d'histoire ainsi qu'un peu de matériel d'écriture pour moi. J'apprenais donc le soir, après être rentré de chez la dàmàthair. Je mangeais et j'apprenais mon alphabet ainsi que la prononciation. J'eu beaucoup moins de mal à appréhender les chiffres -ce qui faisait plutôt plaisir à mon père, vous vous doutez bien."

Il prit le temps de réfléchir au problème de "moutons" du vecteur avant de lui demander :

"Avez-vous pensé à prendre un chien pour vous aider à les remettre dans le rang et éviter qu'ils ne se dispersent ? Cela pourrait vous être utile. En plus, il vous tiendrait compagnie et vous apporterait sans aucun doute une protection supplémentaire. Vous êtes bien loin du village (ce qui m'arrange), du coup, votre isolement pourrait vous être préjudiciable. Je sais que les environs sont sûrs, j'y ai veillé personnellement, mais on est jamais à l'abri d'un accident ou d'une bête sauvage affamée."

Aeldred s'inquiétait sincèrement pour le vecteur. Même s'il faisait son possible pour que la communauté n'ait pas à souffrir des dépravations de quelque animal rôdeur, il avait toujours l'impression que ce qu'il faisait n'était pas suffisant.

[Iris]

Le vecteur Fredelme écouta l'histoire d'Aeldred et sourit à la mention du chien :

" Je n'ai pas peur." répondit-il en souriant "Et je suis convaincu que vous gardez à distance les fauves."

Il réfléchit un instant : "Un chien n'est peut-être pas une mauvaise idée... même si je ne suis pas sûr de parvenir à lui faire mieux comprendre ce que je veux qu'à mes moutons !" conclut-il en riant

"Hum... Eh bien... puisque tout est entendu.. il n'y a plus qu'à décider quand auront lieu vos leçons."

[Casaïr]

Rassuré de voir le vecteur prêt à l'aider, Aeldred se détendit.

"Je peux revenir demain matin si cela ne vous dérange pas. J'apporterai de quoi manger bien entendu !" ajouta-t-il en souriant franchement.

[Iris]

Le vecteur acquiesça et rappela encore la nécessité de trouver de quoi s'exercer à l'écriture.

Aeldred quitta l'homme de l'Unique en réfléchissant à la question. Il avait songé demandé à Rhea. Celle-ci l'orienta vers Joavan, tenancier de l'auberge du carrefour. C'était un peu à l'extérieur, au nord-est du village, mais l'homme avait un petit magasin de fourniture pour les voyageurs. Il était un ancien varigal et s'était enrichi suffisamment pour faire bâtir cet édifice et lancer son commerce. Personne ne savait vraiment comment il s'y était pris. On parlait de la découverte d'un trésor, mais le principal intéressé restait très discret et semblait prendre plaisir à laisser les villageois imaginer tout et n'importe quoi à son propos. C'était avant tout un homme pragmatique au visage parfois dur, et il semblait totalement indifférent au "statut" de paria d'Aeldred.