[OdE - Chap. 1] La Forêt engloutie

[Arthus]

***Pendant ce temps...***

Blodwen partageait le point de vue de Cendres quant au caractère suicidaire de l'entreprise d'Aeldred, et le regard qu'elle lui jeta en réponse à ses remarques allait en ce sens : un mélange d'inquiétude, d'acquiescement et de résignation. Elle allait suggérer aux Ronces de l'accompagner pour ne pas laisser le chasseur courir seul à une mort certaine lorsque le plaisantin hilderin jugea le moment idéal pour intervenir, manquant une fois de plus de peu de provoquer une rixe.

La situation commençait vraiment à échapper à tout contrôle. Fort heureusement, un Hilderin un peu plus sérieux et diplomate que son collègue parvint (tout juste) à apaiser les tensions et à proposer une solution sensée. Son collègue et lui partirent donc épauler Aeldred dans les marais.

Estimant rapidement que sa présence serait nettement plus utile à la réunion maintenant qu'Aeldred recevrait des renforts, Blodwen proposa aux Ronces de l'accompagner dans la discussion avec l'Ansaléir, non sans avoir prévu une aide supplémentaire pour Aeldred au cas où :

"Je pense qu'à trois, et armés comme ils sont, ils pourront s'en sortir en cas de mauvaise rencontre. Même si j'espère que les Hilderins auront la présence d'esprit d'enlever leurs armures s'ils s'aventurent sur l'eau. De notre côté, je vous propose d'assister à la réunion avec les villageois, pour leur donner les conseils qui leur évitera de nouvelles disparition. Vous êtes connus et expérimentés : vos conseils pourront s'avérer utiles. Peut-être même aurons-nous une idée ensemble pour retrouver les disparus, ou le monstre : je pense à une battue, par exemple.

Une fois cela fait, je vous propose d'aller chercher Aeldred ensemble, s'il tardait à revenir."

[Casaïr]

Aeldred hésita un moment sur la conduite à tenir face aux hilderins avant de se décider pour un silence purement formel, les laissant s'envoyer des piques pendant que lui tâchait de se concentrer. Il tenta de se rappeler ce qui lui avait dit Cendres et de superposer ses dires à la réalité du terrain afin de ne pas commettre d'impairs. Au fond de lui, il n'était pas plus sûr que les hommes qui l'accompagnaient quant au sauvetage du malheureux, mais il espérait malgré tout trouver au moins un indice de ce qui était responsable de sa disparition. Il surveillait alternativement l'eau et les berges, s'efforçant également de maintenir un cap normal avec la barque.

En faisant abstraction des pépiements des "hildeux" comme les appelait Roparz et du danger potentiel qui couvait peut-être sous les eaux, le jeune chasseur appréciait cet endroit et son humeur commença à s'adoucir, comme chaque fois qu'il se retrouvait dans son élément de prédilection. L'endroit était calme, peut-être trop calme d'ailleurs. Il tendit l'oreille afin de s'assurer de la normalité de la zone qu'il traversait. Il savait que l'absence de certains cris d'animaux n'était pas bon signe, il chercha donc à se rassurer de ce côté.

Il chercha également les endroits où Cendres et Roparz auraient pu accoster pour fouiller la rive en quête d'indices afin de vérifier les traces. Il ne voulait rien laisser au hasard, il fallait que son esclandre de tout à l'heure ait un sens !

[Iris]

Depuis trois jours, Elwigg avait mal dormi, des visions cauchemardesques le hantaient et lui donnaient à voir encore et encore Herrand à la potence, les orbites des yeux vides, la lèvres grossie qui dépassait de sa bouche. Il se balançait à l'arbre des pendus, levait vers lui le bras pour pointer un doigt accusateur et essayer de dire quelque chose d'important d'une voix croassante de corbeau, avant de rire.

Elwigg souffre de la séquelle "Cauchemar" (Livre 1 - Univers, p.271). La fatigue accumulée lui vaut un malus de -1 sur toutes ses actions (hors jet de RM, heureusement, sinon tu serais vraiment mal barré ). Parce que je suis sympa, je précise que le jet de RM à réussir à la fin de la semaine pour être libéré des cauchemars a un seuil de 14

Désorienté par le choc, Elwigg était revenu chez lui. Là, il avait vu de loin une silhouette féminine qui était accompagnée de deux ours de belle taille et qui semblait parler à ses chèvres, avant de partir et de disparaître dans la forêt.


...

Qu'Elwigg cherche à la retrouver ou juste à repartir, il notera que les animaux réagissent bizarrement désormais, lui paraissant comme étrangers.

D'une manière ou d'une autre Elwigg croisera un fermier de ses lointains voisins qui prendra la peine de lui dire que les Ronces et les Hilderins sont à Swelbecky et vont faire un discours ; il y a eu des disparitions, ça semble grave.

[Iris]

Si Aeldred avait une bonne connaissance du milieu naturel, il n'était en revanche ni spécialement intuitif, ni très doué pour la recherche attentive de détails... Quant aux hilderins, ils manquaient cruellement d'habitude des terres sauvages.

La conversation de Jazkez le plaisantin et Morch son collègue finit par s'éteindre.

Ils évoluaient en silence, sur le qui vive, sur des eaux souvent noires, parfois boueuses ou verdâtres quand un animal agitait trop la vase en profondeur, mais il était bien difficile de dire ce qui se déroulaient dans l'eau. Tout un monde évoluait, à peine discernable quand il s'aventurait près de la surface.

La barque du vieux pêcheur se trouvait à quelques mètres de son habitation sur pilotis. L'attaque avait dû avoir lieu très tôt ce matin, alors même que l'homme sortait de chez lui.

" Si l'autre attaque a eu lieu à perpet', le fameux nénuphar tueur, il se déplace et on sait pas à quelle vitesse... il est p'tet plus là"

Il y avait néanmoins des nénuphars flottants que tous les trois voyaient.

" Qu'est-ce qu'on fait ? " se demanda Morch à haute voix

" On va pas plonger sur chaque nénuphar, toutes armes à la main ! T'as vu la taille du marais ?" protesta Jazkez

[Iris]

Le signal d'un rassemblement était donné. Mais si on voulait parler à tout le monde il allait falloir patienter, car certains habitaient assez loin, suffisamment pour que la tentation existât de discuter sans eux.

D'ailleurs la rumeur de la disparition du vieux pêcheur se répandait déjà.

Roparz et Cendres s'étaient assis sur leur paquetage et discutaient à voix basse. Attendre sans rien faire n'était pas dans leur nature et ils auraient largement préféré soit taper sur quelque chose, soit partir, mais pas rester plantés entre deux portes. Ils s'ennuyaient et avaient une mine assez sombre pour dissuader les villageois de les chercher. Uilleam faisait son possible pour incarner le nouveau capitaine hilderin qui apporterait l'ordre et la sécurité dans la communauté. Ses belles paroles plaisaient déjà et lui donnaient un rôle de héros en devenir. Nulle doute qu'il chercherait à s'y conformer avec énergie.

[Kalessin]

"Encore de la visite? Qu'est ce que ça veut dire? Ca ne peut pas être une coïncidence!"

Elwigg avait fait très mauvais voyage, il était encore tourmenté par les dernières paroles d'Herrand, par les remords dûs à son erreure, il ne voulait plus rien laisser au hasard.
Deux visites en une semaine, des gens qui le cherchent... Et cette femme étrange, qui semble parler aux animaux...

"Les ours ne marchent pas au coté des hommes..."

Elwigg accéléra le pas, ne prenant pas la peine d'examiner le sabot d'Arya... Ca ne lui prit pas plus d'une minute pour rassembler ses affaires, sa dague, sa fidèle hache, un sac de toile et une peau de biche en guise de cape. Il remplissa son sac des noisettes qu'il avait faites sécher et prit les dernières lamelles de viande qui lui restait. Il ouvra le parc des chèvres et, à sa grande surprise, elles partirent sans attendre, elles qui d'habitude étaient dociles et ne s'éloignaient jamais bien loin...

Elwigg les regarda disparaitre dans la pénombre des sous bois, pensif....

"Je dois ratrapper cette femme."

Après avoir prononcé ces mots, Elwigg se mit à chercher des traces au sol, il connaissait bien la forme de l'emprunte d'un ours, il y en avait quelques uns qui rodaient dans cette foret, il se disait que s'il retrouvait les ours, il retrouverait la femme mystérieuse qui les accompagnait...

[Iris]

Elwigg avait de bonnes bases en pistage et il courait après une probable série d'empreintes atypiques, c'était donc bien dans ses cordes.

Dans le lointain, il devina la femme montée sur l'ours, lequel était de fort belle taille. En s'approchant, il se rendit compte que la femme ne portait pas grand-chose, une sorte de vêtement de cordages noués. Elle avait des cheveux roux et une sorte de masque mortuaire sur le visage.

Le vent n'avait pas trahi son approche, mais il manquait d'équilibre, glissa et posa malencontreusement le pied sur une branche tombée. Cette fois il était repéré. Un instant suspendu, la femme et les ours le regardèrent. Elwigg avait suffisamment d'expérience pour savoir qu'il ne faisait pas le poids face à deux ours et qu'en prime, ces animaux, s'ils étaient de mauvaise humeur, pouvaient courir vite.

Qu'allait-il faire ?

[Kalessin]

Elwigg se releva sans précipitation, posat sa hache contre un arbre proche et retira sa dague de sa ceinture pour la poser au sol.

Les bras légèrement écartés il commençat à parler...

"Je ne cherche pas de problèmes. Je vis dans cette cabanne depuis bien dix ans et je n'ai jamais eu de visite. J'ai vu que vous vous étiez arrêtés près des chèvres, vous cherchez à me voir vous aussi?"

Il n'avait jamais vu cette femme. Ses ours étaient particulièrement imposants mais pourtant très dociles et semblaient attendre leurs ordres de la femme. Elwigg ne savait pas ce qui allait se passer mais était bien décidé à ne plus laisser sa vie se dérouler sous ses yeux et à en redevenir l'acteur principal, avec la ferme intention de ne plus rien laisser lui glisser entre les doigts.

[Iris]

La femme se détourna et reprit son chemin avec ses plantigrades.

Plus loin elle se mit à chanter et commença à disparaître dans la forêt, cachée par les feuillages et les troncs nombreux.


...

[Kalessin]

Elwigg ramassa sa dague, et fit une entaille dans le tronc d'un arbre proche. C'était une flèche, indiquant la dernière direction prise par cette mystérieuse femme. Elwigg savait qu'il ne pourrait rien tirer d'elle mais il ne pouvait décidément pas la laisser filer comme ça. L'entaille était assez profonde pour ne pas être supplantée par une éventuelle trace d'un ours marquant son territoire ou bien d'un autre animal s'y frottant, elle était à hauteur de son regard et il savait à peu pres où elle se situait par rapport à sa hutte.

Il se remit en route silencieusement, sa hache sur l'épaule, à la recherche d'un âme qui vive. Il savait que quelques fermes isolées appartenant au village le plus proche s'éparpillaient dans la région, il comptait bien demander aux paysans du coin s'ils avaient des informations sur cette mystérieuse femme...