[Focus] Occulte (Aeldred)

[Casaïr]

Aeldred était plutôt soulagé d'apprendre que Rhea restait ici mais essaya de ne pas trop le montrer. Gillean était au moins aussi embarrassé que lui de se retrouver en tête à tête sans Rhea et avait opté pour un sujet que connaissait parfaitement le chasseur, aussi répondit-il sans réfléchir.

"Oui, il y a de quoi s'occuper, lapins, poules d'eau, sangliers pour les plus communs. J'ai même croisé quelques chevreuils un peu plus à l'est, je te montrerai à l'occasion. Si tu aimes pêcher, je connais des coins à truites et j'ai même réussi à sortir un brochet en une occasion, mais ce n'est pas ma spécialité, je pêche surtout pour me détendre. Il m'arrive même de ne pas mettre d'hameçon à ma ligne. Et toi, tenta le jeune homme, tu faisais quoi à Swelbecky ? Enfin, je veux dire, avant de rencontrer ma demi-sœur."

[Iris]

Aeldred coopérant à la tentative de contact de Gillean, celui-ci était un peu plus détendu et parla un peu de lui : il avait grandi dans une famille où mère et sœurs étaient dàmàthair. De ce fait il avait très tôt été chargé d'aider à toutes sortes de tâches. Il s'était occupé de petits élevages : poules, canards ; et puis des travaux d'entretien, de culture maraîchère... bref, un peu de tout, comme la plupart des fermiers et paysans de la région.

Pour Rhea un tel profil n'était pas une mauvaise chose : tous les hommes n'étaient pas forcément disposés à épouser une dàmàthair. Après tout, elle avait la charge d'être dévouée à la communauté, elle était donc moins disponible pour s'occuper du foyer, de la ferme familiale ou autre. Par conséquent, l'époux avait à charge de s'occuper de tout... tout en tolérant de nombreux enfants qui n'étaient pas les siens à la maison... piailler une bonne partie de la journée, le déranger ponctuellement à régulièrement (c'est un mythe que les dàmàthair sachant en permanence où sont tous les enfants). Aeldred devait se rendre compte à présent, au fur et à mesure de la conversation, qu'épouser Rhea, c'était aussi pour une bonne part épouser une dàmàthair et tout ce qui allait avec : enfants, villageois venant régulièrement, discussion de courtoisie au moins avec les parents, entretien de maison. Toutes sortes de choses qu'Aeldred n'avait jusqu'ici pas l'air d'apprécier outre-mesure.

En tous cas, il semblait possible de s'organiser des sorties agréables avec Gillean, heureux de pouvoir se faire des amis à Terfynisel.


Au final une soirée bien plus agréable (?) que la veille : s'il ne risquait pas d'épouser Rhea, il gagnait possiblement un ami sans pour autant perdre sa demi-sœur.

[Casaïr]

La soirée s'était nettement mieux passée que prévue et il avait sincèrement apprécié de connaitre Gillean. Bien sûr, il y avait toujours ce petit pincement au cœur mais maintenant qu'il l'avait accepté, il savait que cela s'atténuerait.

Avant de partir, il dit à Rhea qu'il avait pris une décision : celle d'acquérir d'autres connaissances que celles d'un simple chasseur. Le fait de reprendre ses leçons d'écriture avec Fredelme avait déjà dégagé le chemin, il était temps pour lui de s'engouffrer dedans. Et puis surtout, il voulait devenir meilleur, pour elle comme pour lui.

"Je ne sais pas encore quand je partirai, je dois d'abord me renseigner auprès de Fredelme ou de Joavan, mais j'ai bien l'intention d'avancer et je ne pense pas que cela sera possible ici. Mais ne t'en fais pas, tant qu'il me sera possible d'étudier à Terfynisel, je le ferai ! Mais si je devais chercher un maitre au delà de nos terres, et bien, j'ai plutôt intérêt à être prêt."

Il se sentait léger en disant cela et plus résolu qu'il ne l'avait jamais été, comme si les évènements récents avaient dissipé l'épais brouillard qui l'entourait depuis tout ce temps. Oui, il étudierait puis il reviendrait afin de montrer au reste des habitants ce qu'il était possible de faire pour améliorer leur quotidien. Et puis, il avait aussi l'intention de trouver quelqu'un capable de lui expliquer ce que sont les fantômes, et ce n'était définitivement pas ici qu'il en apprendrait plus, pas avec des villageois pétris de superstitions.

Finalement, il embrassa Rhea sur la joue, lui souhaitant la bonne nuit, salua Gillean d'une franche poignée de main puis alla se coucher. Demain, il avait des questions à poser à Fredelme et, même s'il se doutait qu'il ne pourrait répondre à toutes, peut-être connaissait-il quelqu'un capable de l'aider.

Le lendemain, Aeldred se mit en route plus tôt que d'habitude et avec entrain, emportant avec lui son autre prise de la veille. Il salua même les rares habitants qu'il croisait tant il était de bonne humeur (mais sans attendre de réponse de leur part). il fila rapidement sur la route menant au vecteur, plein de questions dans la tête ; l'homme avait sans doute suffisamment voyagé pour pouvoir lui apporter ne serait-ce qu'un début d'aide, sinon, et bien ma foi il devrait demander à Joavan même s'il n'était pas sûr que l'homme l'aiderait gratuitement. S'il devait avoir recours à lui, il devra rapporter de quoi passer un accord, comme un sanglier ou quelques poules faisanes. Heureusement qu'il connaissait quelques coins pour en attraper ! Il n'oublia pas de poser ses collets en chemin et se dit qu'il pêcherait certainement ce soir.

Enfin il arriva en vue de la maison du vecteur et alla rapidement saluer l'homme en lançant joyeusement "au menu du jour, ce sera du lapin !"

[Iris]

Aeldred avait trouvé en lui de nouvelles ressources et de nouveaux objectifs. Il voulait apprendre, et devenir quelqu'un. Il commençait à être en paix avec lui-même et était moins craintif en songeant à l'avenir.

Finalement les choses ne se passaient pas si mal. Il avait toujours sa chère demi-sœur Rhea, mais également le vecteur Fredelme, Gillean et la guérisseuse Blodwen. Il avait des amis. Des gens pour qui il comptait, qui l'appréciaient et lui faisaient confiance. A leurs yeux, il n'avait rien d'un paria. Il était un confident, un élève, un frère, un soutien, un guide, un chasseur... Il pouvait endosser des identités dignes et être fier de lui.

L'avenir lui était ouvert, tout comme le vaste monde !


--- FIN de l' ÉPISODE ---

[Iris]

884 : Naissance d'Oanell
887 : Naissance d'Aeldred
896 : Départ d'Oanell pour la ville
899 : Accident du père d'Aeldred
901 : Meurtre d'Enora par Kilian

Le chenapan Aeldred traînait près d'un ruisseau à attraper des grenouilles. Oanell était partie il y a peu et il était vaguement mélancolique à l'idée de ne plus jamais voir la jeune fille qu'il ne cessait d'embêter.

Tout à ses états d'âmes, il négligea de rentrer, continuant à jouer tout seul sans grande conviction.

[Casaïr]

Aeldred sentait un vide bizarre aujourd’hui. Les grenouilles étaient là, et il était venu pour en attraper. Seulement, maintenant qu'il se trouvait face à elles, il n'arrivait pas à se motiver. Il avait pris son fidèle bâton et rêvassait en faisant des ronds dans l'eau avec. L'endroit était paisible, comme souvent. Quand son père en avait le temps, il l'emmenait ici pour pêcher, lui enseignant à grand peine la patience et la pondération, deux qualités manquant cruellement chez le garçonnet.

Pourquoi cette fille lui manquait ? Elle n'avait pas grand chose de plus que les autres, en fin de compte. Bon, si, c'était après l'avoir sérieusement enquiquiné que son père lui avait passé l'une des plus grosses soufflantes de sa vie, mais l'occasion avait été si tentante ! L'excuse n'avait pas semblé tenir devant son père...

Et maintenant, elle était partie, avec Monsieur Hibou. Jetant son bâton derrière lui, il se renversa en arrière sur le sol, regardant les nuages défiler paresseusement dans le ciel.

[NailsEater]

Quand elle vit son fils au loin, allongé dans l’herbe, les yeux dans les nuages, elle eut un senti que quelque chose le tourmenté. Lui qui d’habitude bouger dans tous les sens et s’amuser à attraper les grenouilles, se retrouvait à les laisser bouger autour de lui alors qu’il restait inactif.

Elle s’approcha doucement et vint s’asseoir à côté. Caressant ses cheveux, elle lui dit d’une voix douce :

-Il est l’heure du soupé. Je m’inquiétais à ne pas te voir rentrer, chenapan. Y aurait-il quelque chose qui te tracasse ?

Elle observer son enfant, les yeux bercer de cette tendresse que seule les mères savent construire. Elle s’allongeat dans l’herbe aux côtés d’Aeldred, lui laissant le temps de décider quand il voudrait lui parler.

[Casaïr]

Aeldred fit claquer sa langue, un tic hérité de son père et une des rares choses que n'appréciait que modérément sa maman. Il se redressa sur ses coudes avant de demander :

"Maman, le village est pas bien ? Oanell est partie avec M'sieur Hibou comme ça. Ca fait bizarre. J'aimais bien quand elle cr... 'fin, c'était une fille chouette quoi, même si elle le regardait avec une drôle de tête. Enfin c'est vrai qu'il était bizarre, dit-il en réfléchissant. Avec ses drôles de trucs devant les yeux. Je l'ai vu les essayer, c'était trop drô..."

Il se tut un instant, rembrunit par les souvenirs.

"Tu crois qu'elle va revenir ? Normalement, un voyage, c'est fait pour rentrer raconter ce qu'on a vu, sinon, ça s'appelle plus un voyage..."

[NailsEater]

Oh, c’était donc le départ de la petite Oanell qui le mettait dans cet état.

- Je ne pense que ce soit le village qui ne lui plaisait pas. A mon avis, Briaval lui a proposé de devenir barde, comme Maelor. Elle doit être partie pour apprendre comme toi tu apprends.

Elle prit le temps de réfléchir avant de continuer.

- Quant au fait de revenir, personne ne peut le dire. L’apprentissage sera sûrement long mais peut être reviendra-t-elle quand elle l’aura terminé. Tu sais les choses changent avec le temps ce n’est pas toujours une mauvaise chose.

Elle constata l’air sceptique du garçon, à son âge il est difficile de concevoir ce genre de chose.

- Je sais que ce n’est pas facile de voir les choses comme ça mais si elle est partie c’est sûrement parce qu’elle le souhaitait. Soit heureux pour elle, ainsi si tu la revois tu auras un bon souvenir et non pas juste de la tristesse et de la rancœur.

[Casaïr]

Aeldred regardait sa maman, se demandant si elle avait raison, mais elle se trompait rarement, donc il lui fit confiance.

"Ouais, quand elle reviendra, je lui demanderai de tout me raconter ! fit-il, le regard pétillant de joie. Et je lui dirai tout ce qu'elle aura raté ici ! Et p'tèt que je pourrai même l'accompagner aussi !!... Enfin, quand je serai plus grand."

Il jetait un regard plein d'espoir à sa mère avant de sentir son ventre gargouiller. Il jeta un coup d’œil autour de lui et retrouva son épée qu'il avait balancé sans aucune précaution. courant vers sa mère, il lança :

"Il faut se dépêcher ! Papa va encore me gronder sinon, alors qu'aujourd'hui j'ai été sage..."