[OdE - Chap.2.1] La dernière limite

[Iris]

Hafnir ne commenta pas le refus de petit-déjeuner d'Aeldred :

" Il est conscient, on peut lui parler, mais il ne faut pas que l'entretien s'éternise. Dame Blodwen viendra sans doute sous peu poser elle-même des questions sur Swelbecky."

Regard "Tu comprends ce que je te dis ?"

" Nevena te fichera à la porte si tu traînes de trop."


Bref, Aeldred pouvait se rendre à la cellule de Jazkez. Celui-ci recevait un bouillon de volaille avec une garniture très légère (et qui à première vue pouvait sembler plus appétissante que la tambouille dont Elwigg était si fier). Nevena se leva à l'arrivée du nouveau venu, avec une expression interrogative sur le visage. Le blessé se redressa en grimaçant, cherchant à trouver une meilleure posture. La guérisseuse l'aida à s'installer mieux en ajustant ses coussins de sorte qu'il pouvait être droit, de trois-quart face aux gens qui venaient et qu'il pouvait continuait à manger... avec là aussi une expression d'attente de la suite.

[Casaïr]

Aeldred salua tour à tour Névéna et Jazkez, se tournant vers... la mère de Blodwen (il sentait qu'il lui faudrait un temps pour encaisser pour de bon la nouvelle).

"Je... Je n'en ai pas pour longtemps." Puis, pris d'une inspiration subite : "Pourrais-vous parler après ? J'ai quelque chose à... vous demander. De personnel."

Une lueur d'anxiété venait de traverser son visage comme il repensait aux vêtements trouvés. Il espéra que Névéna serait au moins capable de lui donner un début d'indication quant à leur signification. Une fois qu'elle aura accepter de lui accorder un moment après Jazkez, il se tournera vers le hilderin, ne sachant pas trop dans quelle direction se diriger.

"J'ai appris hier soir ce qui vous étiez arrivé et... Enfin, je sais qu'on ne s'est pas quitté en très bon termes à Swelbecky, aussi voulais-je d'une part m'excuser de mon comportement qui aurait pu nous être dommageable, et d'autre part m'assurer de votre état de santé."

[Iris]

Nevena accepta bien volontiers l'entrevue, proposant de discuter à l'extérieur de la cellule sitôt que la visite de Jazkel serait terminée.

Le hilderin haussa un sourcil perplexe en entendant ce qui le concernait : "Hola, si même toi tu débarques pour ma santé c'est que je dois vraiment faire peur à voir !" puis faisant mine de réfléchir : "Ah oui, c'est vrai, t'avais voulu te suicider en chassant le truc-nénuphar qui bouffe les pêcheurs. Ben en fait, tu peux encore tenter ta chance, on l'a pas choppé. Si ça se trouve il s'est barré ailleurs dans le marais."

Après avoir dit tout ça assez vivement, il parut avoir un vertige. Sous le regard attentif de Nevena il recouvra l'ombre de son sourire insolent :

" Ben voilà, je vais pas mal. On est au petit soin avec moi, la couchette est mieux qu'à Swelbecky, plus rien qui me pique dans le dos..."

" Au passage, c'est ton pote Aeldred qui m'a poinçonné... C'est le prénom qui vous rend dingue ou la proximité du marais ?"

[Casaïr]

Le jeune homme fit une grimace devant le caractère de Jazkez. Pourquoi je suis venu, au juste ?... Puis, il tiqua devant la mention de son homonyme.

"Quoi, vous avez cherché à lui piquer son chat et il a fait une crise de jalousie ?"

Il regretta presque aussitôt sa pique avant de se reprendre. Toutefois, force était d'admettre que le comportement du blessé lui avait finalement coupé l'envie de lui parler. Et il avait d'autres chats à fouetter présentement.

"Je ne vais pas m'amuser à vous poser des questions que dame Blodwen vous redemandera bientôt, cela vous fera économiser de la salive. Ne me remerciez pas, c'est tout naturel ! fit-il en souriant. Et finalement, si vous avez la force de sortir ce genre de... blague, c'est que vos jours ne sont manifestement pas en danger. Je vais vous laisser vous reposer, maintenant."

Il se tourna vers Névéna avant de sortir en saluant le blessé.

Une fois dehors, il respira profondément pour reprendre son calme avant de se tourner vers la guérisseuse. Maintenant qu'il en était là, il n'était plus aussi sûr de vouloir lui parler, mais il n'avait plus le choix. Avancer, quoi qu'il en coûte...

"Je... J'ai trouvé quelque chose aujourd'hui, dans la chambre de mes parents, commença-t-il péniblement. Un coffre, appartenant à ma mère. Dedans, des vêtements auxquels elle semblait tenir, à elle comme à moi et... ceux d'une petite fille. Mais je n'ai pas de soeur, ou en tout cas je n'en ai pas le souvenir. Est-ce que... vous êtes au courant de quelque chose à ce sujet ?"

[Iris]

Jet d'empathie / relation pour Aeldred : Empathie 2 + Relation 0 +D10 (1) = ...

Jet de Jazkez : ... + ... + ... = ???

Jazkez regarda Aeldred avec un léger sourire en coin, secouant vaguement la tête :

" T'inquiète donc pas pour ma salive et occupe-toi plutôt de ta sale habitude de voussoyer tout ce qui bouge... ou même pas des masses dans mon cas."

...

Aeldred sortit pour s'entretenir avec Nevena. Après un silence, celle-ci répondit :

" Je ne connais pas tous les détails. Ta mère avait vécu en couple avant d'épouser ton père : elle vient des marais, d'une petite communauté reculée qu'elle a quitté pour migrer à Terfynisel. c'est peut-être lié."

[Casaïr]

Aeldred n'avait pas relevé la sortie de Jazkez et avait quitté la chambre sans un mot. Il n'espérait pas faire comprendre à ce crétin que c'était tout autant une marque de respect qu'un mécanisme de protection, cela lui passerait forcément au dessus de la tête.

Il écouta attentivement Névéna et fut assez surpris de ce qu'il apprit. Pour lui, ses parents avaient toujours été ensemble, la question ne s'était même jamais posée dans sa tête. Le marais... ? Il fouilla dans sa mémoire pour y attraper des indications sur l'endroit que cela pouvait être, mais il manquait de données pour le situer.

"Un village dans les marais ? Vous voulez dire au-delà de Swelbecky ? Je ne savais pas... On n'a jamais parlé de sa vie avant, quand elle était enfant... Mais alors, comment mes parents se sont rencontrés ? De ce que je me souviens, papa n'était pas vraiment du genre à trainer dans les marais, il avait déjà du mal quand je revenais plein de boue avec des vers luisants..."

Aeldred se sentait un peu perdu sur le coup. Il avait peut-être une sœur qui vivait dans un autre village...

[Iris]

Nevena précisa : " Non, Swelbecky est aux marges du marais, et à l'ouest par rapport à ici. Ce dont je te parle c'est de communauté qui vivent dans la forêt engloutie. Il y en : éparpillées, souvent pauvres et presque inconnues."

" Enora est venue à Terfynisel, c'est ici, pour autant que je sache, que ton père l'a rencontrée."

[Casaïr]

Aeldred réfléchissait, mais devait bien se rendre compte qu'il n'avait jamais poussé l'exploration si loin. Bien sûr, il savait qu'il y avait des gens qui vivaient plus profondément dans la forêt, mais ce n'était pas forcément des endroits qui l'inspiraient pour y effectuer une retraite quelconque. Il n'y avait pas vraiment de carte non plus, et de toutes façons, à quoi bon ? Ce genre de regroupements se déplaçait dès que les conditions de vie se faisaient plus mauvaises, voire disparaissait purement et simplement, éradiqué par la maladie ou quelque créature.

"Elle n'a vraiment rien dit ? demanda-t-il, un rien fébrile. Le nom de son... de là ou elle venait, si ses parents... mes grands-parents... y vivaient toujours, ou... ?"

C'était frustrant. Il sentait que quelque chose se tenait, comme au bout de ses mains, mais suffisamment hors de portée pour qu'il ne puisse s'en saisir sans chuter lourdement. Sa seule solution serait de demander à Ultana si... Il senti qu'il regretterait cette question, mais la demorthèn était peut-être loin, certainement occupée, et Aeldred avait besoin de réponses rapides.

"Il n'y a pas... quelqu'un au village... qui en saurait un peu plus ? Quelqu'un qui... ne m'ignorera pas si je viens lui demander ?"

Il se mordit les lèvres presque à sang sous le poids de sa question. C'était stupide de sa part de croire que quelqu'un voudrait bien l'aider, même s'il devait bien commencer ses recherches quelque part.

[Iris]

" Je ne sais pas vraiment quoi te dire. Elle paraissait en tous cas ne pas vouloir retourner dans les marais. Elle parlait des ombres de la forêt et ne supportait pas d'approcher les abords du marais ou la maison des dàmàthairs. Elle était très fragile et encore bien jeune à l'époque."

" La demorthèn Ultana est la personne de Terfynisel qui connait le mieux le marais... il y a aussi les patrouilleurs du village qui pourraient peut-être t'aider, mais ils s'enfoncent moins loin."

Aeldred percevait la bienveillance de Nevena.

[Casaïr]

"La maison des dàmàthairs ? Comment ça ?"

Aeldred regarda sans comprendre Névéna, cherchant une explication à cette étrange référence. Maman était fragile ?... Son père lui disait souvent qu'il tenait plus de sa mère que de lui, et il était bien obligé d'admettre, presque dix ans plus tard, qu'il avait raison sur ce point. Il aurait bien aimé qu'ils soient là devant lui, pour répondre à ses questions. Maintenant, il devait se contenter de recoller les morceaux de leur passé.

Il s'adossa au mur, la tête dans les mains dans un effort pour se rappeler d'un détail de quand il était enfant, quelque chose que sa mère aurait dit ou fait, et qui n'aurait eu aucun sens sans la connaissance de ce qu'il avait apprit aujourd'hui. Il abandonna en désespoir de cause, la tête embrouillée. Il se redressa finalement, les bras lourds et une boule dans l'estomac mais l'on sentait aussi dans son regard une certaine... détermination. Timide, certes, mais qui ne voulait pas lâcher l'affaire, c'était bien trop important pour lui. Il eut un pâle sourire envers Névéna, dans un effort pour la remercier, puis lui demanda :

"Ultana est-elle encore dans les environs, ou est-elle rentrée chez elle ? Il faut que je lui parle."