[OdE - Chap.2.1] La dernière limite

[Pwyll]

Le visage de Pwyll s'illumina à nouveau alors qu'il écoutait Aeldred. C'était si réconfortant de le retrouver en bonne santé et en bonne compagnie. Pwyll avait souvent ressassé la triste histoire du garçon sans vraiment trouver ce qu'il aurait bien pu faire pour l'aider...

C'était tellement triste et inattendu. Dans son esprit, Aeldred avait toujours été associé à des moments d'insouciance et de fous rires, de ces rires d'enfant tellement incontrôlables qui vous laissent au sol ou les mains sur les genoux, le souffle court et les larmes aux yeux. Alors comment imaginer qu'un tel drame ait pu s'abattre sur lui. Personne ne méritait ça.

"Si tu savais, ça fait tellement plaisir d'entendre ça !"Pendant un instant, Pwyll saisit avec chaleur son ami retrouvé par les épaules, mais ne laissa pas le moment s'éterniser pour ne pas mettre Aeldred mal à l'aise. "Et oui depuis deux jours à peine je suis un habitant de Terfynsel. J'étais maître chien pour les Mac Elowan, mais... enfin disons que j'ai préféré venir reprendre une petite ferme ici qu'un parent éloigné a laissé à la famille faute de descendance." Pwyll sembla hésiter quelques instants en jouant avec ses doigts par nervosité. "En fait je ne me vois toujours pas trop comme un fermier. j'étais justement venu au château pour voir si mes compétences pouvaient intéresser Dame Blodwen. Je crois que je suis tombé sur un garde un peu dur d'oreille et il m'a fait enfiler cette livrée avant de me demander de venir me poster ici. Je n'ai pas voulu le contrarier."

[Casaïr]

Aeldred failli éclater de rire devant l'étrange aventure de son ami mais se retint, de peur de le vexer. Même si ses souvenirs commençaient à dater, il ne se rappelait effectivement pas de Pwyll comme de quelqu'un ayant suffisamment de patience pour s'occuper d'une terre quelconque. Maître chien ? Le chasseur ne savait même pas s'il y avait des chiens au château, mais cela pouvait toujours se faire, du moins en théorie.

"Ho je suis sûr que Bl... Dame Blodwen saura apprécier tes talents à leur juste mesure, mais tu ne tombes peut-être pas au meilleur moment, même si je manque d'informations pour t'éclairer à ce sujet. Une ferme à côté, dis-tu ? Je t'aurai bien aidé mais je ne suis pas plus fermier que toi ! J'ai bien quelques poules mais c'est bien tout. Je chasse pour le compte du village, aussi bien les indésirables qui rôdent autour des poulaillers ou des greniers à grains que des animaux pour améliorer le quotidien. Mais je ne suis pas très souvent au village..."

Il ne voulait pas s'appesantir sur ses malheurs, afin de ne pas ternir leurs retrouvailles, mais une ombre passa malgré tout sur son visage. Aeldred n'avait pas encore tout à fait mit de côté ses fantômes, même s'il faisait des efforts en ce sens maintenant.

"J'ai... j'ai repris la maison de mes parents dès que j'ai pu, mais jusqu'à aujourd'hui, je n'avais pas eu la motivation nécessaire pour... enfin... me l'approprier vraiment. Oanell m'avait donné des conseils il y a quelques temps pour la rendre plus chaleureuse, ajouta-t-il en regardant brièvement la jeune femme, mais avant de mettre cela en pratique, j'ai pas mal de rangement à faire ! Et quitte à déplacer de la poussière, autant le faire avant de rendre à la maison son lustre d'avant. Reste la question de l'atelier de mon père..."

Il fit une pause dans laquelle on sentit une certaine frayeur se disputer la place avec la fragile détermination du jeune homme.

"Je ne sais pas trop quoi en faire, en fait. Il est grand mais dans un état pitoyable. Je n'y suis allé que pour prendre les outils de mon père, afin de faire de menus travaux dans la maison, mais déjà à ce moment-là j'avais vu dans quel état il était..." Il s'arrêta une nouvelle fois, revoyant la flaque de sang séché et les éclaboussures sur le mur. Il frissonna mais reprit malgré tout la parole : "En tout cas, il faudra que je m'y attelle un de ces jours et j'aurai certainement besoin de bras pour m'aider à enlever les décombres. Et je suis sûr qu'Oanell saura comment réhabiliter l'endroit !"

[NailsEater]

Aeldred, particulièrement bavard, Pwyll heureux de retrouver son ami, Oanell ne savait comment réagir. Elle ne voulait pas interrompre ces retrouvailles particulièrement touchantes. Elle suivit la conversation, hochant la tête quand Blodwen fut mentionnée, souriant quand Aeldred fit part de ces propositions de décoration et d’aménagement. Un instant, elle s’inquiéta quand celui-ci mentionna l’atelier de son père, mais il semblât garder contenance.

"En tout cas, il faudra que je m'y attelle un de ces jours et j'aurai certainement besoin de bras pour m'aider à enlever les décombres. Et je suis sûr qu'Oanell saura comment réhabiliter l'endroit !"

- Je manque rarement d’idée pour faire changer les choses. Mais il faudra être sûr de toi, puis se tournant vers Pwyll, je ne suis pas sûre de pouvoir vous aider pour gérer un ferme, mais comme là expliquer Aeldred, Dame Blodwen saura vous trouver quelque chose à faire. Si vous pouviez juste me dire rapidement ce que vous savez faire ? Je pourrais ainsi accélérer un peu les choses. Dame Blodwen risque d’être occupée et avoir peu de temps.

Elle se rendit compte qu’elle avait été un peu trop formelle peut être aussi ajouta-t-elle :

- Désolé pour mon côté formel, je sors de quelques heures de réunion. J’espère que nous pourrons vous aider au plus vite. Au moins je note qu’un poste de garde ne vous convient pas vraiment !

Elle sourit chaleureusement à Pwyll pour montrer sa bonne volonté.

[Pwyll]

Ravi de voir Oanell prendre la parole car il ne voulait pas qu'elle se sente exclue de cette discussion entre deux amis qui se retrouvent, Pwyll l'écouta attentivement tout en cherchant à lire son langage corporel et la façon dont elle se tenait par rapport à Aeldred. Il ne faisait guère de doute que ces deux là formaient un couple. Pourvu que tout se passe bien entre eux ! Il ne voudrait pas qu'Aeldred vive ce qu'il avait lui-même enduré.

"La formalité a du bon quand il s'agit de parler de travail ! Je vais tenter de me présenter sous le meilleur jour alors." ajouta Pwyll en prenant un faux air supérieur et prenant une posture comiquement rigide.

"Je connais bien la nature et les plantes et j'aime particulièrement les animaux. Je suis capable de dresser des chiens, des caernides, des chevaux. Je suis notamment capable de me faire obéir de chiens de chasse et de les mener, que ce soit à l'affût, à l'approche ou à courre."

Pwyll fit un clin d'oeil à Aeldred et ajouta "On aura peut-être l'occasion d'aller chasser ensemble, même si je suis assez piètre tireur."

Revenant vers Oanell, il reprit : "On dit aussi de moi que je suis plutôt costaud" Un simple regard suffisait pour soutenir cette déclaration. Même si Pwyll n'était pas d'une taille anormalement grande, la largeur de son torse et de ses membres était assez stupéfiante. "Malheureusement, je ne suis pas doué de mes mains et c'est plutôt dans les travaux de force et les labeurs durs, mais simples que je me sens plus à l'aise." Embrassant les deux jeunes gens du regard, il ajouta, souriant : "Ces maigres talents sont les vôtres pour déblayer et aménager la maison de tes parents, Aledred. Je suis ton homme !"

Pwyll hésita un instant avant d'ajouter "Et... je n'en suis pas fier mais je sais me battre, même si je n'ai pas de goût pour la violence. Malheureusement, les circonstances m'ont parfois forcé la main..."

[NailsEater]

Oanell écouta attentivement la réponse de Pwyll.

- Les choses vont doucement changer à Terfynisel, Dame Blodwen à plusieurs idées et je pense qu’il doit être possible de vous intégrer à certaines d’entre elles. Bien entendu, c’est au seigneur d’en décider mais un petit coup de pouce n’est jamais perdu.

La barde glissa un clin d’œil à son interlocuteur. Puis, elle se rendit compte que quelque chose n’avait pas était dit :

- Au fait ! Je suis l’apprentie du barde Maelor, j’achève ma formation à Terfynisel. De fait, j’aide Dame Blodwen de mon mieux. C’est ainsi que j’ai rencontré Aeldred, par ailleurs.

Si l’attitude d’Aeldred donnait l’impression d’un couple, celle d’Oanell était plus réticente. Elle s’était -légèrement- éloignée du jeune homme et ses regards ne semblaient pas différent que ce soit pour le chasseur ou pour son camarade.

[Casaïr]

"C'est vrai que les choses vont certainement changer, il faut juste voir comment."

Il repensa aux fameuses "promotions des amis du seigneur" que Kevan avait évoqué et grimaça. C'était bien le genre de chose qui lui faisait un peu peur, et ses pensées dérivèrent un instant.

Il nota le léger écart que mettait Oanell entre eux deux mais n'en prit pas ombrage, lui-même se demandant toujours où ils en étaient. Il faudra sans doute qu'on en parle pour de bon... Il réagit quand elle parla de leur rencontre à Swelbecky et Aeldred la reprit machinalement : "Retrouvailles serait plus juste."

Il était sur le pont de rassurer Pwyll quant à ses talents de bagarreur quand, mettant la main dans sa poche, il en ressortit le bracelet. Encore un mystère...

Il eut soudain un flash, un souvenir lointain. Sa mère cachant le bracelet dans un placard, et qui disait... qui disait...

Il cligna des yeux sans comprendre, tremblant inexplicablement comme si cet objet représentait...

[Pwyll]

Il était sur le pont de rassurer Pwyll quant à ses talents de bagarreur quand, mettant la main dans sa poche, il en ressortit le bracelet.

Pwyll, interloqué par le changement d'attitude d'Aeldred, regarda attentivement ce que le chasseur manipulait entre ses doigts.

"Tu es sûr que tu te sens bien Aeldred, c'est quoi ce bijou ?"

Il cligna des yeux sans comprendre, tremblant inexplicablement comme si cet objet représentait...

Voyant qu'Aeldred ne répondait pas et, pire, qu'il se mettait à trembler, Pwyll posa délicatement une main dans le dos de son ami, pour le retenir s'il venait à tomber, et une autre sur son front pour juger de sa température.

"Tu devrais t'asseoir quelques instants."

[Casaïr]

"Qu... Quoi ?"

Aeldred semblait émerger d'un rêve, et assez mauvais à bien l'y regarder : en sueur et tremblant, il se laissa guider par Pwyll, manipulant toujours le bracelet.

"Je l'ai trouvé dans les affaires de maman ce matin, avec le reste. Je ne sais pas d'où il vient mais..."

D'autres images, plus terribles que les précédentes, l'assaillirent d'un coup. Il entendait maintenant les cris de sa mère affolée, luttant pour sa vie. Une terreur qu'il n'avait plus ressenti depuis des années venait de se rappeler à lui de la pire des manières, lui refaisant vivre, dans son intégralité, cet instant effroyable...

Il semblait suffoquer maintenant, sans parvenir à reprendre pied, jusqu'à ce que ce cauchemar arrive à son terme, à savoir la macabre découverte du corps de sa mère baignant dans son sang, un rictus de terreur sur le visage. Instinctivement, il chercha la broche de sa mère et l'attrapa fermement au risque de l'arracher de sa veste, et c'est à son contact qu'il parvint à se calmer finalement. Combien de temps avait passé, il ne le savait pas, mais il se sentait vidé comme jamais.

Son regard tombant sur le bracelet, il le rangea rapidement dans sa poche en avalant difficilement sa salive avant de se tourner vers ses amis.

"Je... ça va aller, mentit-il d'une voix tremblante. C'est... c'était juste un... cauchemar. Où plutôt des souvenirs..." Il frissonna avant de reprendre : "Ca va vous paraitre complètement fou, mais je crois que c'est ce bracelet qui est responsable de la folie de mon père...

[NailsEater]

Au milieu de la conversation, Aeldred semblât sombrer en transe, une sorte de cauchemar éveillé. Il respirait difficilement et se mit à transpirer en grommelant des phrases incompréhensibles. Pwyll prit les choses en main en déplaçant le jeune homme et Oanell profita de son aide pour aller chercher Blodwen.

- Blodwen ?! C’est Aeldred, il ne va pas bien ! Je ne sais pas ce qui lui arrive !

Elle n’avait pas fait attention à l’appeler Dame Blodwen mais n’en avait cure à cet instant.

- Je ne comprends pas, on discutait tout allait bien et là …

Elle guida Blodwen jusqu’à son ami et se mit en retrait pour ne pas déranger. Le contraste était frappant, l’instant d’avant elle se tenait éloigné d’Aeldred, froide alors qu’elle était maintenant à se ronger les sangs, l’air paniquée. Un ami disait-elle ?

[Arthus]

N'ayant -pour le moment- plus rien à faire dans l'attente du retour de Cendres et de Roparz, Blodwen suivir Oanell auprès d'Aeldred, pour constater que son ami paraissait choqué et désorienté.

L'inquiétude monta en elle lorsqu'elle se souvint de la conversation qu'elle venait d'avoir avec sire Jazkez. Parvenant cependant à garder son calme, elle demanda sobrement à Pwyll, Aeldred et Oanell :

"Décrivez-moi ce qui s'est passé."