[OdE - Chap.2.1] La dernière limite

Campagne des Ombres d'Esteren. MJ Iris
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Arthus
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Re: [OdE - Chap.12.1] La dernière limite

Message : # 52505Message Arthus
23 mars 2016, 15:13

La courte chevauchée fut autant une bénédiction qu'une malédiction pour Blodwen.

La transition abrupte entre l'agitation des dernières heures et le trot paisible de son cheval lui donnèrent l'occasion d'être un peu seule avec elle-même, pour la première fois depuis la funérailles de son... père.

Un terrible sentiment de solitude, écho à la fois fracassant et lancinant des sentiments qui l'avaient assaillie lors du décès du vieux seigneur, s'abattit sur ses épaules. Et il n'était plus seul désormais : avec lui venait le doute.

Serait-elle à la hauteur pour ces gens qui désormaient dépendaient d'elle? Elle faisait au mieux pour tous, mais elle avait cruellement conscience de son inexpérience, et de la difficulté à faire les bons choix dans une vie à laquelle elle n'était pas préparée.

Elle observa les hommes qui l'entouraient, dont la vie ou le bonheur dépendaient peut-être de ses décisions.

Avec un grand soupir, elle arrêta la colonne d'un geste de la main, et se mit face à ceux qui étaient désormais ses hommes. Elle s'adressa à eux simplement, comme si elle était l'un d'entre eux. Ce qu'une partie d'elle-même ressentait, en réalité.

"Comme vous le savez, nous nous dirigeons vers Swelbecky afin de rendre visite à ses habitants, et de les assister si nécessaire.

Il faut cependant que vous sachiez que l'on m'a rapporté des évènements étranges de là-bas. Il semblerait que les habitants de Swelbecky aient le sommeil troublé, et qu'ils craignent quelque chose. La rumeur parle d'une femme qui hanterait les marais, ce que la garnison Hilderine de sire Uilleam est allée vérifier. Jusqu'à présent, nous sommes sans nouvelles d'eux.

Cette situation n'est peut-être rien, mais je préfère ne prendre aucun risque.

Je n'exclus pas que les troubles de sommeil et la peur des habitants soit liée à un empoisonnement. Pour cette raison, je vous demanderai de ne consommer que les provisions que nous avons emportées dans notre chariot, et de ne pas partager votre nourriture ou votre vaisselle avec les habitants.

Par ailleurs, nous savons qu'un Drewlifig, un Feond ressemblant à un nénuphar qui attire les gens dans les marais pour les noyer hante potentiellement la région. Pour cette raison, je souhaite que personne ne s'aventure dans les marais seul et sans ordre.

Enfin, je pense qu'il serait utile de prévoir des éclaireurs aux alentours du convoi, qui pourront également annoncer notre arrivée à Swelbecky.

Je propose que ceux qui sont montés sur un Caernide, plus agiles que les cheveaux en milieu boisé, remplissent ce rôle."


Une fois ces ordres donnés, Blodwen dirigea le convoi jusqu'au village.
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Casaïr
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Re: [OdE - Chap.12.1] La dernière limite

Message : # 52508Message Casaïr
23 mars 2016, 16:42

Aeldred, faisant partie de ceux ayant justement un caernide, accepta sans rechigner la tâche que Blodwen -DAME Blodwen !- lui confiait : cela lui permettait de s'éloigner un peu de l'imposant groupe. Après avoir salué le nouveau seigneur de Terfynisel, s'était mit en route aussi prestement que ses lointaines leçons d'équitation le lui permettaient, espérant ne pas trop se rendre ridicule dans le même temps.

Une fois suffisamment loin, il en profita pour bien prendre ses marques avec l'animal, sûrement bien plus habitué que lui dans cet exercice, tâchant de guider au mieux sa monture en même temps que les leçons de son père lui revenaient. Ce n'était pas forcément un mal du reste, même s'il préférait largement voyager à pied. Mais il valait sans doute mieux qu'il se réhabitue à ce mode de voyage, si d'aventure il lui fallait courir la forêt à la recherche d'une sœur dont il ne savait rien.

Le trajet passa finalement assez vite et le chasseur profita de son avance pour aller prévenir l'ansaileir de l'arrivée prochaine de la délégation de Terfynisel (il avait failli parlé de l'armée de Terfynisel mais s'était retenu à temps, bien que voir arriver autant de soldat en une seule fois pouvait faire penser à une telle chose).

Une fois le convoi arrivé, Aeldred fut heureusement surpris quand il fut envoyé à la maison des dàmàthairs, lieu qu'il voulait de toutes façons visiter en premier afin de s'assurer de la santé de Gillean, le fiancé de Rhea. Il se retrouvait du coup avec Oanell, Pwyll et Fragan. Il regardait tour à tour ses compagnons mais ne s'arrêta sur aucun en particulier, encore moins sur le soldat. Il connaissait un peu son histoire, ainsi que les quelques similitudes avec la sienne (notamment le fait qu'ils soient tous deux orphelins), mais il ne parvenait pas vraiment à compatir : après tout, Fragan avait été pris en affection par les habitants qui avaient fait en sorte de rendre plus douce son existence, quand lui-même avait eu droit au traitement opposé. Il y avait comme une forme d'injustice dans tout cela qu'il avait du mal à accepter.

C'est donc en prenant sur lui qu'il se dirigea avec les autres jusqu'à la maison des dàmàthairs.
Il est toujours utile d'affronter un ennemi prêt à mourir pour son pays. Vous avez en définitive, lui comme vous, le même objectif en tête.

- Terry Pratchett, Va-t-en-guerre.

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NailsEater
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Re: [OdE - Chap.12.1] La dernière limite

Message : # 52509Message NailsEater
23 mars 2016, 17:21

La nature environnante était dérangée seulement par les pas et les discutions de la troupe, qui avançait sur la route reliant Swelbackey et Terfynisel.
A côté de Dame Blodwen, Oanell qui avait envisagé de profiter de cette chevauchée pour parler avec son amie, s’était vite rendue compte de son besoin de solitude. Aussi, profita-t-elle de ce moment autrement. Elle essaya de prendre exemple sur sa voisine, cherchant une introspection qui ne venait pas. La jeune barde n’arrivait pas à rester assez calme pour être concentrée. Les derniers évènements défilaient dans sa tête sans qu’elle arrive à en saisir un pour l’étudier.

Elle passa ainsi en revue son départ et son arriver à Terfynisel, les différentes rencontres faites, la mort du seigneur, l’intronisation de Blodwen et Aeldred. Il s’était passé beaucoup de chose en peu de temps. Elle observa Blodwen, les traits tirés, plongée dans ses propres réflexions. Pensait-elle à Swelbecky ? Faisait-elle le point sur ses nouvelles fonctions ? Sa nouvelle famille ? Oanell était curieuse de son état d’esprit, Blodwen avait pris rapidement la situation en main avec un sang-froid impressionnant. A la voir comme ça, Oanell se demanda si elle s’était laissé aller à la confidence, à livrer ses émotions à quelqu’un. Nevena, peut-être. Une chose était certaine pour la barde, avec des évènements de cette ampleur, se confier pouvait sembler difficile mais apportait toujours quelque chose de positif.

Elle en était là de ses réflexions, cherchant comment faire comprendre à Blodwen qu’elle était présente si le besoin s’en faisait sentir, quand Blodwen -sortit de ses pensées- arrêta la colonne pour parler à ses hommes. Oanell apprécia la proximité que la guérisseuse se permettait dans son discours. Celle-ci ne gâchait en rien l’importance de l’énoncé et la solennité du moment. Elle rosit légèrement, quand Aeldred vint se présenter pour partir en éclaireur, ne manquant pas de se rappeler leur dernière discussion. Finalement, la colonne se remit en marche, Oanell offrit un sourire chaleureux à Blodwen pour saluer son discours -tout en essayant de lui transmettre un peu de son optimisme et de son affection.

La fin du trajet se déroula comme son commencement avec un petit rien de fatigue. Oanell commençait à sentir son manque d’entrainement à la chevauchée, ses cuisses la brûlant légèrement. Elle fut soulagée d’apercevoir le hameau et encore plus de descendre de sa monture. Elle n’oublia pas cependant de lui offrir quelque caresse pour la remercier avant de se voir affecter à la recherche des notables et plus particulièrement des damathairs.

Elle comprit vite que Blodwen envisageait une petite équipe aussi accueillait-elle Pwyll avec joie et le dénommé Fragan avec réserve mais toujours avec sympathie. La jeune femme était relativement énergique et souriante, pas très grande, avec de longs cheveux châtains et de jolie yeux verts -cachés sous ses lunettes. Connue de tous comme perceptrice d’impôt et messagère du seigneur, elle était avant tout apprentie du barde Maelor au château.

- Enchantée, je suis Oanell. Bienvenu dans notre petite troupe, Fragan c’est bien ça ? Voici Pwyll et …

Elle aperçut alors Aeldred qui semblait être convié à se joindre à eux.

- Aeldred. Nous allons commencer par la maison des Damathairs si cela convient à tout le monde.


Après avoir fait les présentations, elle se mit en route.

Sandy.Julien
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Re: [OdE - Chap.12.1] La dernière limite

Message : # 52525Message Sandy.Julien
24 mars 2016, 19:32

Fragan avait bu les paroles de dame Blodwen comme on s’abreuve à une source claire. Dans sa voix il percevait, derrière l’affliction et l’incertitude, des accents de sincérité qui renforçaient sa propre conviction.
Il appréciait par ailleurs le souci qu’elle avait du bien-être de ses gens, et sa tendance à aller droit au but. Considérant son épée, une méchante lame, ébréchée çà et là mais entretenue avec une constance qui frisait l’obsession, il songea à part lui : eh bien, te voilà prête à chanter pour une juste maîtresse. Espérons que tu t’exprimes avec autant de tranchant malgré ton âge.
Il avait bu les paroles de la dame, mais s’était étranglé.
« La rumeur parle d’une femme qui hanterait les marais. » « Un Feond qui attire les gens dans les marais pour les noyer. »
À la fin du discours, Fragan croisa le regard de la dame. Il hocha simplement la tête.
En son for intérieur, Fragan remercia le sort de l’avoir entraîné dans cette mission. Il ne s’agissait pas d’un hasard : le destin ne pose pas ses pièces sur l’échiquier sans réfléchir. Mais les pièces ne savent rien : ni les règles, ni l’enjeu, ni le nom de celui qui les meut. Au mieux s’informent-elles de l’identité des autres pièces, et voilà toutes les informations qu’elles ont quand vient l’instant de jouer un coup.
Pendant le trajet jusqu’à Swelbecky, Fragan observa quelques-uns de ses compagnons de route. Aeldred, d’abord, qui, juché sur un caernide, lui décocha un regard qui n’exprimait guère d’affection. Fragan fronça les sourcils, mais ne changea pas d’expression. Il lisait dans ce regard une méfiance contre laquelle les mots ne pouvaient rien, et lui-même était économe de ses paroles.
Il demeura longtemps fasciné par les lunettes d’Oanell. Les lentilles miroitaient au soleil et lui dessinaient tantôt de curieux yeux d’oiseau, tantôt des orbes de feu. À un moment pendant le voyage, il dressa l’oreille et crut la surprendre à fredonner une chanson d’antan. Un instant il tenta de se souvenir de l’air ou des paroles, mais le moment avait passé et la chanson avait disparu, partie là où s’en va mourir le vent. Mais elle avait laissé l’ombre d’un sourire sur le visage de Fragan.
Lorsque dame Blodwen leur donna pour ordre de se rendre à la maison des damathairs, il bondit presque, impatient de se rendre utile.
– Enchantée, je suis Oanell. Bienvenu dans notre petite troupe, Fragan c’est bien ça ? Voici Pwyll et … Aeldred. Nous allons commencer par la maison des Damathairs si cela convient à tout le monde.
Fragan s’inclina imperceptiblement devant chacune des trois personnes qu’il accompagnait.
Si vous n’y voyez pas d’inconvénient, dit-il, je vous précéderai.
Il effleura inconsciemment le pommeau de son épée. Toujours méfiant, il avait une mauvaise impression depuis leur arrivée au village. Il ne put s’empêcher de jeter un coup d’œil en direction de l’escalier menant au marais, et s’assombrit aussitôt.
Tout cela ne lui disait rien qui vaille.

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Casaïr
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Re: [OdE - Chap.12.1] La dernière limite

Message : # 52526Message Casaïr
24 mars 2016, 21:21

Aeldred était toujours plongé dans ses pensées, se demandant comment la situation allait évoluer à partir de maintenant, quand il fut dérangé à deux reprises : D'abord par Oanell quant à leur destination, puis par Fragan qui voulait jouer les gardes du corps -ce que le chasseur accepta avec un haussement d'épaules, après tout, cela faisait partie de ses attributions.

Rajustant le fourreau de son épée toujours accroché à son épaule, et enlevant une poussière imaginaire sur sa broche d'argent fixée pour l'heure sur sa veste de cuir noir, il répondit à la jeune barde avec un grand sourire.

"Ca ne me gêne pas, au contraire même. Comme ça, je serai tout de suite rassuré sur la santé de Gillean."

Se rendant compte que sa réponse manquait d'informations, il reprit : "C'est le fiancée de Rhea, et comme sa sœur est elle aussi dàmàthair, il y a des chances pour qu'il soit avec elle. Alina si je me souviens bien", reprit-il après un instant de réflexion.

Il coula un regard en direction du soldat qui ouvrait la marche, l'air mi-figue, mi-raisin, et ne put retenir un claquement de langue avant de revenir vers son amie.

"Dis, comme j'étais parti en avant, je n'ai pas pu prendre la température mais tu crois que ira entre Blodwen, les hilderins et les Ronces ? Je pense que ça ira avec Hafnir, mais les autres risquent de mettre rapidement leur grain de sel dans cette histoire..."
Il est toujours utile d'affronter un ennemi prêt à mourir pour son pays. Vous avez en définitive, lui comme vous, le même objectif en tête.

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Message : # 52540Message Iris
26 mars 2016, 15:19

Du côté de Blodwen

Une maigre jeune fille ouvrit la porte de la demeure de l'ansaileir au bout d'un interminable moment d'attente. Elle avait dû pousser des meubles, et ne semblait pas à son aise, anxieuse d'en savoir plus.

Aux questions qu'on lui posa sur son père, elle répondit qu'il était malade, comme plusieurs autres membres de sa famille.

La maison était barricadée comme dans la crainte d'une attaque.


Du côté de la maison des dàmàthairs

Tout était fermé, mais personne ne répondait. Il n'y avait aucun signe de vie.
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Pwyll
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Re: [OdE - Chap.12.1] La dernière limite

Message : # 52542Message Pwyll
26 mars 2016, 17:12

Pwyll était ravi de voir un peu du pays. Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas chevauché, même si ce n'était pas faute d'avoir côtoyé les bêtes et passé du temps entre un chenil et une écurie. Le métier de Pwyll l'avait surtout amené à s'occuper des animaux et à dresser ceux qui arrivaient en âge d'oublier leur trop brève insouciance pour découvrir ce que les humains attendaient d'eux.

Lorsqu'on avait attribué les montures, il avait blagué avec le sergent et le message sous-jacent était bien passé : on lui avait finalement attribué une robuste jument, plus à même de supporter son poids que le pauvre canasson qu'on lui avait initialement destiné.

Baratte avait une robe brune et blanche. Ce faux-air bovin associé à ce patronyme qu'avait sans doute dû lui attribuer un maître d'écurie passablement beurré avait tout de suite fait sourire Pwyll. Cette expédition s'annonçait sous les meilleures auspices. Il buvait du petit-lait.

Le grand gaillard s'était empressé de cajoler et de murmurer des mots doux à la pauvre bête chargée de trimbaler son quintal bien tassé jusqu'à Swelbecky.

Il écouta avec attention le discours de Dame Blodwen et se dit que les Hilderin reviendraient sans doute bientôt, triomphants, de leurs aventures marécageuses. Tout rentrerait alors dans l'ordre. Il faillit ajouter un mot à la fin de l'intervention, mais un petit coup de coude d'Aeldred lui évita peut-être des ennuis... même si Pwyll restait persuadé que sa blague aurait certainement déridé la troupe.

Arrivé sur place, il appuya son énorme maillet à deux mains sur son épaule tout en remontant son pantalon et, docilement, vint se placer aux côtés d'Onaell aux yeux verts et d'Aeldred à la langue qui claque, à qui il fit un clin d’œil appuyé pour signifier son excitation d'être ainsi parti à l'aventure avec son comparse d'enfance.

Regardant Fragan de haut en bas, Pwyll s'exclama, sans doute d'un ton trop jovial pour l'ambiance générale du village : "Ah, salut à toi ami Fragan, je t'ai vu sur la route, tu es sculpteur en plus d'être soldat ? Tu as de la chance d'être doué comme ça, je suis une vraie catastrophe quand il s'agit de manipuler du bois (dit-il en réajustant le menaçant maillet en équilibre sur son encolure de Boernac). Ravi de faire ta connaissance !"
On dirait qu'ça t'gêne de marcher dans la boue !

Sandy.Julien
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Re: [OdE - Chap.12.1] La dernière limite

Message : # 52560Message Sandy.Julien
29 mars 2016, 20:11

Fragan sursauta quand Pwyll prononça son nom avec autant de vigueur et de bonne humeur. Ce gaillard l’impressionnait, non pas par sa taille - Fragan avait croisé son compte de brutes, de géants et d’autres montagnes sur pattes au sein de la garde -, mais par l’aura de joie toute simple qui émanait de lui. Même l’atmosphère sinistre qui vrillait les nerfs de Fragan ne semblait pas percer cette muraille de bonhommie.
Il semblait par ailleurs bien connaître Oanell et Aeldred.
— Plaisir partagé, répondit-il aux salutations de Pwyll. Quant à ces sculptures, il ne s’agit que d’un passe-temps. Mes doigts s’en occupent tout seuls quand je les abandonne à leurs œuvres.
Le visage d’ordinaire crispé du jeune homme se fendit d’un sourire et il se détendit un tant soit peu. Toutefois, à mesure qu’ils s’approchaient de la maison des dàmàthair, le silence des environs lui fit reprendre son attitude tendue. Fronçant les sourcils, il se tourna vers Aeldred.
— Je ne vois là personne… À cette heure de la journée, ne devrions-nous pas croiser les occupants du lieu ?
Il fit quelques pas circonspects autour du bâtiment qu’il inspecta rapidement. La porte était close. Il se tourna vers le reste du groupe, interdit, avant d’appeler d’une voix hésitante :
— Ohé ! Il y a quelqu’un ?
La main sur la poignée de son épée, plus par réflexe que par crainte de se trouver confronté soudainement à un adversaire, il dressa l'oreille.

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Message : # 52561Message Iris
29 mars 2016, 20:29

La maison des dàmàthairs étaient le seul bâtiment fortifié, avec la rosace, enfin, la forteresse hilderine. Les fenêtres et portes étaient solidement fermées et l'on n'entendait aucun signe de vie provenant de l'intérieur. Il y aurait dû y avoir deux ou trois dàmàthair et au moins une dizaine d'enfants de cinq à douze ans environ.

Quand Fragan fit son tour d'inspection, il découvrit les terrains de jeu et le petit potager. En cette saison automnale n'y poussaient que des légumes d'hiver qui resteraient en terre jusqu'à être cueillis pour servir en soupe. Il n'y avait pas signe d'activité récente dans le potager. On n'avait pas dû arracher de navet ou de chou depuis un jour ou deux au moins.

Dans les bois qui jouxtaient déjà le fond du jardin, pas de mouvement perceptible.
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Casaïr
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Re: [OdE - Chap.12.1] La dernière limite

Message : # 52565Message Casaïr
30 mars 2016, 01:28

Se fiant à la vie qui bourdonnait en permanence à sa jumelle de Terfynisel, Aeldred répondit d'un signe de tête affirmatif quant à la question de Fragan, les lèvres serrées en contemplant la porte fermée de la maison des dàmàthairs. Le chasseur ne voulait pas céder à la panique, il y avait sûrement une bonne raison pour laquelle la maison était vide, mais, il devait bien le reconnaitre, il ignorait laquelle pour le moment. Et le silence qui régnait désormais sur l'endroit augmentait l'inquiétude du jeune homme.

Le soir tombant le fit pester, mais il s'avança tout de même jusqu'à la lisière de la forêt, cherchant une piste quelconque, traces humaines qui ne devraient pas se trouver là, ou celles d'animaux, de... prédateurs. Il évita de penser à la sorcière et ses ours, mais dans un tel instant, c'était assez difficile.

"Oanell, lança-t-il assez fort pour être entendu, essaie de voir au travers des fenêtres si tu vois quelque chose, et reste avec Pwyll. Fragan, tu m'accompagnes ? Je ne compte pas aller loin, juste vérifier s'il n'y a rien d'anormal dans les environs immédiats."

Il parlait d'un ton assuré, plus parce que ce n'était pas le moment de laisser parler ses émotions, mais ceux qui le connaissaient ne pouvaient manquer de le voir triturer sa fibule d'argent...
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