La conversation à l'intérieur de l'immeuble devient confuse, de nouvelles voix interviennent, des femmes, semble-t-il, à l'accent campagnard prononcé et qui parlent en même temps :
- Jabbock, tu ne peux pas rester comme ça, Alda est en plein courant d'air !
- Ça ne se fait pas de laisser des gens dehors sous la pluie !
Asla, si c'est d'elle qu'il s'agit, a une nouvelle quinte de toux. Caules, peut-être stimulé par l'intervention d'Uriell, prend alors la parole avec plus d'assurance que d'habitude :
-Excusez-moi ? Je ne peux pas m'empêcher d'entendre vos quintes de toux. Vous êtes malade ? Je suis médecin... Enfin, étudiant en médecine, et je pourrais vous ausculter. J'ai ma trousse de secours avec moi, et je possède probablement au moins de quoi faire cesser les symptômes pour un moment.
Il n'est pas certain que les femmes comprennent le vocabulaire savant et les prudentes réserves de Caules passent au-dessus de leur tête, mais elles acceptent l'essentiel :
- Oui, il va peut-être la soigner.
- Laisse-le entrer !
Jabbock, avec un grognement maussade, retire la chaîne, ouvre la porte et examine le groupe d'un œil méfiant :
- Vous êtes pas trop nombreux, ça va pour ce soir, mais faudra pas voir à vous éterniser !
Aslinn a enfin retrouvé son papier, mais il n'est pas indispensable de le présenter pour le moment. Peut-être adresse-t-elle un regard glacial à Jabbock quand elle le croise. Son visage tanné et balafré, barré d'une épaisse moustache, lui donne l'air d'un ancien soldat, ce qu'il est peut-être. Alda et les deux femmes leur font signe de les suivre.
L'entrée donne sur un couloir sinueux et très encombré, avec plusieurs petits escaliers. Le cortège aboutit à une chambre assez grande, avec plusieurs couchettes et tout un bric-à-brac. Alda se tourne vers eux. C'est une femme assez jeune, mais très lasse :
- Installez-vous, mettez vos vêtements à sécher. Je suis Alda, damathair du village. Vous n'avez... Vous n'avez pas vu Kolka ? C'est ma sœur.