[OdE - Chap. 12.6] Ambition [FOCUS]

[Casaïr]

"Bon, t'as fait c'qui fallait, gamine, lui dit le sergent d'un ton rassurant. Pour c'qui est d'sa tournée, l'à qu'à v'nir me la réclamer !"

Maugan libéra la jeune fille de son service en la remerciant de sa diligence avant de s'en retourner dans son bureau, maugréant sur les paris et les conséquences...

****

Trois jours passèrent, et d'autres meurtres -massacres- eurent lieu, toujours dans la forêt ou sur sa bordure. Les Ronces multipliaient les sorties mais n'arrivaient visiblement à rien, ce qui ne rassurait guère les habitants de la région. Au quatrième jour, la Rosace se vida pour de bon de ses occupants, ceux-ci se mettant en route tous ensemble pour localiser la chose responsable de tout cela. Pendant le même temps, les recrues de l'angarde avaient pour ordre de ménager les villageois et de faire un rapport aussi à Maugan qu'à Brevaler, le capitaine des Ronces, en cas de nouvelle découverte macabre.

Le départ des Ronces provoqua une chute importante dans le moral des habitants, persuadés que les chevaliers les avaient en fait abandonnés à leur sort, et certains étaient même venus se plaindre auprès du sergent de l'angarde qui ne pouvait malheureusement pas faire grand chose de plus

Le cinquième jour, il y eut de l'agitation dans le village, au point qu'on entendait les vivats depuis la tour de la petite forteresse abritant les apprentis soldats. Maugan, n'y tenant plus devant tout ce vacarme, appela rapidement Oanell et Antain.

"Bon, vous deux, allez voir c'qui se passe là-bas et v'nez me faire un rapport immédiat sur la raison de tout ce chambard. J'aimerai bien me concentrer, moi !"

[NailsEater]

Quand Maugan appela Oanell, elle ne put s’empêcher de soupirer. Encore elle. Mais au fond, elle se surprenait à apprécier ce vieux bougon bourru.

"Bon, vous deux, allez voir c'qui se passe là-bas et v'nez me faire un rapport immédiat sur la raison de tout ce chambard. J'aimerai bien me concentrer, moi !"

Quoi que ... Elle obéit mais ne manqua pas de traîner les pieds sur quelques mètres pour marquer sa désapprobation. Elle vérifia ses habits, après tout elle ne sortait pas si souvent de l'angarde, et se mit en route avec son compagnon.

" Dis, tu crois qu'il se passe quoi encore ? "

La dernière sorti qu'ils avaient effectuer ensemble restait gravé dans la mémoire de la jeune femme. un frisson la parcouru en tandis qu'elle repensé à leur funeste découverte. Que se passait-il encore ?

[Casaïr]

Alors qu’Oanell et Antain se dirigeaient vers le village, les cris se faisaient plus distincts, permettant ainsi à Antain de répondre, de l’incrédulité dans la voix.

« On dirait qu’y sont tout joyeux là-bas. Je sais pas c’qui s’passe mais ça peut pas être mauvais. Ca me rappelle quand on avait vu un chevalier passer au village, ça avait fait un chambard un peu comme ça… »

Antain ne croyait pas si bien dire car à mesure qu’ils approchaient, ils pouvaient voir, par-dessus la foule, un groupe de chevaliers Hilderins dressés fièrement sur leurs montures et qui semblaient boire du petit lait devant les attentions des villageois ainsi agglutinés tout autour d’eux.

« Bin ça, si j’avais pu deviner ! lança joyeusement le compagnon d’Oanell. C’est la première fois que j’vois un Hilderin, alors cinq en même temps ! »

Il fut également possible de voir, en queue de peloton, un barde qui, malgré sa mise (ou bien à cause d’elle ?) faisait un peu tâche dans le décor.

Avant même que les jeunes ostiens ne puisse décider que faire, l’un des chevaliers, le plus âgé, les vit et fit volte-face à sa monture pour les rejoindre, repoussant gentiment mais fermement les gens lui obstruant le passage. Arrivé devant eux, l’homme leur sourit mais son regard était moins plaisant, une nuance difficile à définir sur le moment.

« Salutations, je suis Ogust, fit le nouveau venu sans descendre de cheval, et je répond à l’appel à l’aide des villageois au sujet d’une… bête sévissant dans les environs. J’apprécierai assez que vous me conduisiez à votre supérieur, j’ai à lui parler. »

Le ton était sans équivoque et n'était pas du genre à attendre un refus de la part des deux jeunes gens.

[NailsEater]

Oanell ne partageait pas l'enthousiasme d'Antain, les mouvements de foules par ici inauguraient jamais rien de bon ! En fait, rien n'était vraiment bien par ici ...
Des hilderins ? Il lui fallait bien avoué que le cortège était impressionnant. Elle jeta un oeil au barde, plus interessé finalement par celui-ci que par les cinq chevalier quand ils firent volte face pour venir leur parler.

« Salutations, je suis Ogust, fit le nouveau venu sans descendre de cheval, et je répond à l’appel à l’aide des villageois au sujet d’une… bête sévissant dans les environs. J’apprécierai assez que vous me conduisiez à votre supérieur, j’ai à lui parler. »

- Oh. Oui bien sur. Suivez-nous. Je suis Oanelle et voici Antain.

Les présentations faites, elle avança vers le bureau de Maugan. Avançant d'un pas de suite moins traînant qu'à l'aller.

[Casaïr]

Le retour jusqu'au fortin fut des plus étranges pour Antain et Oanell car si tous deux ne se sentaient pas franchement à l'aise, ceux qui les accompagnaient riaient et devisaient entre eux de bon cœur. En tendant l'oreille, l'on devinait que l'un de leurs sujets de moquerie étaient les Ronces considérés comme "peu dégourdis" dans le meilleur des cas. Antain prit le rouge aux joues quand l'un des chevaliers derrière eux affirma qu'ils "feraient mieux de recruter autre choses que des idiots congénitaux et des repris de justice pour faire le travail qui est le leur". Mais si Oanell avait pu espérer qu'Ogust, le chef de la troupe, feraient taire les racontars, elle fut bien déçu de le voir esquisser un petit sourire lorsque instinctivement elle se retourna pour voir sa réaction.

Elle put voir le barde qui les accompagnait remonter jusqu'à la hauteur du capitaine hilderin et échanger avec lui des messes basses mais, hormis un regard entendu, elle ne put rien saisir de l'échange sans se faire prendre. Finalement elle n'apprit rien de plus avant d'arriver aux portes de l'angarde où d'autres recrues prirent le relais pour mener Ogust "le Hautain", comme le baptisa rapidement Antain une fois qu'ils furent libérés de leur pesant fardeau, jusqu'à leur chef. Mais si tous deux pensaient en avoir fini avec cette histoire, ils déchantèrent rapidement quand Maugan rassembla tout le monde dans la cour et qu'ils virent les hilderins derrière leur sergent, Ogust mis à part qui se tenait à ses côtés (mais un pas en avant tout de même).

"J'vous la fait courte : les hilderins sont v'nus en renfort pour s'occuper de la bestiole tueuse mais comme y a pas assez d'place à la Rosace, y log'ront avec nous, donc vous s'rez bien gentils de nettoyer des paillasses pour nos invités, et ça pas plus tard qu'maintenant !"

[NailsEater]

Oanell acquiesçât au surnom du capitaine Hilderin. Pour qui se prenaient-ils ceux là ! Et voilà que maintenant ils devaient nettoyer les chambres pour eux. Rien qu'à l'idée de voir ses barbares séjournés avec eux, la jolie barde sentait la colère monter.

Elle accompagna Antain pour l'aider à s'occuper des paillasses et en profita pour jacasser avec lui. Elle lui demanda son avis sur le barde qui les accompagnait. Qu'est ce qu'un barde venait faire ici ?

[Casaïr]

Antain regarda son amie, un peu surpris par sa question.

"Bin, tu l'sais bien, non ? Un barde c'est là pour... bin, raconter des histoires. Où en écrire d'autres. On aura ptèt droit à quelques chansons tant qu'il sera là", espéra le garçon dans un bruyant soupir.

Pour Oanell, s'il accompagnait les Hilderins ce n'était pas par hasard, mais pour le moment, hormis faire des suppositions, elle ne pouvait pas dire grand chose d'autre. Finalement, les jeunes recrues ahanèrent pour libérer un espace de vie pour les chevaliers et durent préparer une "vraie" chambre pour le capitaine, comprendre par là qu'ils durent aller jusqu'à la remise récupérer un lit de campagne qu'ils montèrent expressément pour Ogust, avec paille fraîche et draps propres. La cohabitation ne s'annonçait pas sous les meilleurs auspices, le "hildeux" traitant les jeunes gens à peine mieux qu'un simple paysan. Oanelle s'avait, par l'intermédiaire de Briaval, que les officiers hilderins étaient souvent rattachés à de puissantes familles, et que ça allait de paire avec un égo suffisamment important pour survivre dans un océan de requins. En ce moment songea-t-elle, le requin frayait avec un banc de sardines et gare à celui qui attirerait l'attention, sous peine d'être dévoré !

Il fallut plus d'une heure pour préparer la chambre du capitaine Ogust selon ses directives (il fallut ramener un petit tabouret supplémentaire des appartements de Maugan, ce qui ne plut qu'à moitié au sergent instructeur) au terme de laquelle les jeunes gens furent congédiés sans plus de cérémonie, avec ordre de lui envoyer Samwel, le barde.

****

Trois jours passèrent. trois jours pendant lesquels les Ronces fouillèrent de plus en plus loin la forêt. Trois jours pendant lesquels la vie à l'angarde s'approcha dangereusement du point de rupture. La morgue avec laquelle les hilderins traitaient les soldats déjà présents devenait chaque jour plus insupportable. Bien sûr, le barde proposa ses services pour détendre l'atmosphère et, lors des repas en soirée, y parvenait l'espace de son récital. D'après ce que pouvait en juger Oanell, Samwel était plutôt bon dans son genre, jouant du cistre et de la flûte. Il avait aussi une jolie voix, bien que moins profonde et envoûtante que celle de Briaval, mais il était aussi plus jeune, ceci devait donc expliquer cela. Au soir du troisième jour, un petit événement se produisit, venant rompre la monotonie de l'angarde et dissipant pour un temps le voile de défiance que les uns avaient envers les autres : le capitaine des ronces venait de se présenter à la porte de la petite forteresse où se trouvait actuellement Oanell.

"Peux-tu m'amener voir le capitaine Ogust, lui demanda Brevaler, je suis attendu."

[NailsEater]

Cette cohabitation commençait à lui tapait sur les nerfs. Entre l'ego surdimensionné des uns et la rustresse des autres, Oanell en avait pour son compte. Heureusement que le barde était la finalement. Un peu de musique adoucissait toujours, quelque que soit l'ambiance. plus d'une fois en ses quelques jours elle se surpris à envisager de proposer audit Samwel de l'accompagner. Mais un brin d'instinct lui soufflait de ne pas se faire remarquer.

Quand Brevaler vint à l'angarde, Oanell fut surprise d'entendre enfin quelqu'un parler poliement.

- Oui Messire.

Elle se leva de son tabouret et se dirigea vers la "chambre" du capitaine Hilderin, non sans regard interrogatif au ronce.

- M'sieur Brevaler ? Vous aurez besoin d'autre chose ?

Elle venait d'atteindre ladite chambre et se plaça de façon à laisser passer le ronce après qu'elle l'eut annoncer. Elle espérait presque qu'il ait quelque chose à lui demander, ne serait ce que pour glaner quelques informations. Que pouvaient-ils avoir à se dire ?

[Casaïr]

Brevaler sourit mais fit non de la tête.

"Cela ira comme ça, merci de ta sollicitude."

Puis il entra, laissant Oanell en pleine conjecture. Réfléchissant rapidement, elle savait qu'il était possible -mais risqué- d'écouter ce qui se disait depuis l'extérieur : elle avait en effet remarqué que le capitaine des hilderins laissait systématiquement sa fenêtre ouverte, il serait donc facile de l'espionner. Toutefois, le maigre buisson qui se trouvait devant ne la cacherait pas vraiment, même en se faisant toute petite. Et elle serait plus que visible pour quiconque regarderait de ce côté depuis le sommet de la tour de guet...

Allait-elle satisfaire sa curiosité ou retourner à son train-train habituel ?...

[NailsEater]

La curiosité d'Oanell l'amenait souvent vers bien des ennuis ... Mais en même temps n'était ce pas une part de son travail de barde que d'être au fait de ce qui se faisait ou disait ? Rassurée par elle même sur les motifs qui la poussèrent à se glisser sous la fenêtre telle une petite souris indiscrète. Elle essaya de se rendre la plus effacé possible, longeant le mur et posant méticuleusement ses pieds où le sol semblait le plus stable et le moins bruyant.

Que pouvait donc avoir à dire Brevaler à l'autre hildeux ?