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Casaïr
06 déc. 2016, 20:51
Une semaine avait passé depuis les événements de Swelbecky. Aeldred avait pansé ses blessures, soutenu sa sœur lorsqu’elle apprit la mort de Gillean (même si l’explication de Blodwen n’était clairement pas la vérité mais comment aurait-il pu lui dire ce qui s’était réellement passé ?). Il commençait aussi à échafauder des plans concernant sa maison, notamment l’ancien atelier de son père. Il en avait presque oublié l’histoire du bracelet et de sa sœur aînée dont il ignorait tout.
N’étant pas très habile de ses mains, Aeldred fit le tour du village pour voir si quelqu’un voudrait bien vérifier avec lui l’état du bâtiment, une estimation des travaux à y effectuer pour le remettre en état et aussi (surtout !) le paiement, sachant que le jeune homme proposera immédiatement ses talents de chasseur pour ramener de belles pièces à qui voudrait bien l’aider. En attendant, il récupéra une brouette dans laquelle il commença à entasser tout ce qui pouvait l’être dans l’atelier et qui ne risquait plus de servir un jour : débris du toit crevé, outils mangés par l’humidité, etc. Il savait que cette seule étape lui demanderait un peu de temps, surtout avec ses blessures non cicatrisées, mais plus vite il commencerait, plus vite il pourrait redonner une vie au lieu. Et quand il avait besoin de se reposer un peu, il s’occupait de ses poules, seules autres occupantes à temps plein chez lui, ou bien allait rendre visite à Rhea pour lui changer les idées. Ce faisant, il ne se rendit même pas compte qu’il vivait à nouveau normalement au village, comme si tous ses malheurs étaient bel et bien derrière lui.
Il se permit un jour de repos pour aller discuter avec Fredelme qu’il avait un peu négligé ces derniers temps, lui parlant des événements de Swelbecky –tout en évitant la partie « anormale » du récit- et écoutant ses conseils. Il songeait de plus en plus à… peut-être pas se convertir à la foi de l’Unique, mais en tout cas à en apprendre le plus possible sur le sujet. D’ailleurs, il songeait à la possibilité de se procurer quelques écrits qui lui permettraient d’en apprendre davantage à ce sujet.
Il profita également de la présence régulière d’Oanell pour poursuivre avec elle ses leçons d’écriture en échange de cours d’archerie, tout en acceptant avec bonhomie ses idées sur ce qu’elle appelait « la décoration d’intérieur », un art qu’elle avait semble-t-il appris et développé du temps où elle vivait à la capitale. Dans ces moments elle était particulièrement enflammée, lui parlant de nuances de couleur dont il ignorait jusqu’alors la simple existence, telles que « lavande », « azurin » ou « paon », nuances qu’Aeldred rangeait benoîtement dans la catégorie « bleu ». Il ne le fit toutefois remarquer qu’une seule fois, n’ayant guère envie de subir de nouveau un sermon sur l’importance des teintes amenant à l’harmonie dans une maison. Il accepta donc avec un sourire vaguement horrifié la sentence qui consistait, à peu de chose près, en une transformation somme toute assez radicale de ce que pourrait devenir son quotidien si d’aventure Oanell finissait par s’installer avec lui.
Ethel n’était guère restée à Terfynisel, ne prenant que le temps de se reposer et n’acceptant les rations que lui proposait le jeune chasseur que parce que celui-ci insista lourdement. Elle lui fit toutefois don d’un étrange livre, lui disant qu’elle espérait qu’il trouverait à l’intérieur un début d’explications à ce qu’il cherchait. Elle avait été plutôt évasive et ne répondit à aucune des questions que lui posa en retour Aeldred, mais accepta tout de même ses remerciements.
Il y avait aussi « le cas Pwyll ». Son grand ami n’était pas plus dégourdi que lui concernant les travaux de ferme, et le grand gaillard n’avait rien trouvé de mieux que d’inviter son meilleur ami dans l’espoir que celui-ci l’aiderait à entretenir ses plantations. Sentant qu’il se jetait tout seul dans un traquenard, Aeldred avait malgré tout accepté, regrettant presque sitôt la porte franchie de ne pas s’être foulé une cheville devant l’ampleur de la tâche. Heureusement, Oanell vint aussi leur apporter un peu de soutien moral, rendant le travail déjà nettement plus agréable. Le soir annonça presque joyeusement la pause qu’attendait Aeldred, qui profita de ce moment pour présenter à ses amis le Manuel que lui avait laissé Ethel, le tout autour d’un bon repas. Enfin, si ceux-ci étaient d’humeur à jouer à se faire peur, bien entendu.
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Casaïr le 09 déc. 2016, 22:51, modifié 4 fois.
Il est toujours utile d'affronter un ennemi prêt à mourir pour son pays. Vous avez en définitive, lui comme vous, le même objectif en tête.
- Terry Pratchett, Va-t-en-guerre.