[OdE 3] Dans mon potager (Forêt engloutie)

[Iris]

A ce stade, il n'y avait pas trace d'indice indiquant une quelconque direction prise par les assassins.

Fallait-il écumer la région avec leur description pour les retrouver ? Ou bien rentrer à Terfynisel avec le souvenir de cette horreur mais aussi la satisfaction d'avoir inhumé des dépouilles ?

[Pwyll]

En résumé, Pwyll avait pris soin d'expliquer à Oanell et Aledred que la petite famille avait été assassinée. Des coups violents, notamment à la tête et aussi des blessures de poignard.

Le fermier raté avait fait de son mieux pour rendre un dernier hommage aux victimes de cette folie meurtrière et lorsque le couple jeta un dernier coup d'oeil vers le jardin, ce fut pour y apercevoir quatre monticules soigneusement alignés, chacun surmonté de quelques pieds de végétation sauvage "C'est du bois-joli comme l'appelle ma mère, de belles couleurs quand la floraison hivernale arrive, mais aussi des fruits empoisonnés qui rappellent le danger qu'il y a à méconnaître ou contrarier la nature..." que Pwyll s'était efforcé de replanter là, en symbole du triomphe du renouveau naturel.

"Vous voulez faire quoi, maintenant ?"

[NailsEater]

Pwyll était certes un grand gaillard à l'esprit joyeux et aux idées farfelues, mais derrière tout ça se cachait une grande force qui savait forcer l'admiration de la barde. Elle s'en voulait de sa faiblesse d'esprit, de son manque de sang froid, mais comment rester de marbre devant de telles horreurs ?
Oanell fit un pas en direction de Pwyll, posant sa main sur son bras, tentant de partager son fardeau, essayant de lui montrer qu'il n'était pas seul dans cette épreuve quelle qu'elle soit.

"Je vous suis. C'est ta quête, mon ami, nous te suivrons où que tu penses qu'il faille aller."

Laissant ses amis discuter de la marche à suivre, elle sortit de la maisonnette afin de se recueillir à son tour sur les tombes, se permettant de jouer un air sobre et adapté à la situation. La musique adoucit la peine, elle permet à chacun de partager ses sentiments sous la plus belle forme qui soit. La jeune barde laissait aller ses doigts au gré de son inspiration, profitant de cet instant pour se libérer du poids qui la pesait depuis Swelbecky.

Une fois finit, elle se dirigea vers les garçons, se glissant dans les bras d'Aeldred, attendant qu'ils exposent leur plan, un air déterminé sur le visage.

[Casaïr]

Aeldred était heureux de voir qu'Oanell avait repris des couleurs, et fier de la voir surmonter un moment passablement compliqué. Restait la grande question : quoi faire ?

"On a absolument aucune information pour le moment. Les maisons qu'on a vu jusque là étaient au moins aussi abandonnées qu'ici, ce qui veut dire que si nous cherchons à en savoir plus, il faudra poursuivre notre route, mais le résultat risque d'être... aléatoire."

Le jeune chasseur regardait Pwyll, bien plus sérieux maintenant qu'il ne l'avait sans doute jamais été. Il ne va quand même pas devenir adulte aujourd'hui ? pensa-t-il, moqueur. Malgré tout, il poursuivit :

"Écoute, on a accepté de te suivre jusqu'ici, et on te suivra où que tu ailles, c'est donc à toi de décider : est-ce qu'on continue, et dans quel but, ou est-ce qu'on arrête les frais et on rentre chez nous ? Manifestement, on est passé de simples fugueurs à possiblement un couple d'assassins et... c'est triste à dire, mais ce ne sont pas réellement nos affaires, ni même à nous de rendre la justice. Si tu as une idée à proposer, je suis tout ouïe."

[Pwyll]

Pwyll réfléchit quelques instants. Il ressentait cette impression, étrangère pour lui, de porter la responsabilité d'un choix confié par d'autres. Il devait écouter son cœur et peser le pour et le contre. La piste était froide depuis des semaines, voire des mois. Le couple assassin risquait toutefois de poursuivre son oeuvre macabre.

Qui, à part le modeste trio de Terfynisel, pouvait avoir véritablement connaissance des agissements de ces possédés ? Tout portait à croire que le carnage suivrait leur chemin au moindre prétexte. Qu'est-ce qui les poussait véritablement à tuer d'ailleurs ? Était-ce une sorte d'instinct de survie ou autre chose de plus sombre ? Quelque chose qui n'aurait pas dû sortir des ruines d'un château qu'on disait maudit ?

Puis surtout, comment vivre en tournant le dos à tout ça, et en faisant mine de ne pas savoir, en reportant la responsabilité de cette traque sur de vagues "autorité" ?

Pwyll sortit du cours de ses pensées et embrassa du regard ses compagnons. "Je crois qu'on ne peut pas faire semblant de ne pas savoir et qu'on doit au moins essayer de poser des questions dans les habitations aux alentours pour tenter d'obtenir un indice sur leur destination. Nous sommes les seuls à être au courant de tout ça et puis, si on les rattrapait, on a connu pire dans le cauchemar."

Soupirant, Pwyll ajouta néanmoins, à contrecœur : "Si on ne trouve aucun témoignage dans les deux prochains jours, alors je pense qu'il faudra se résigner à rentrer. Quel drôle de monde quand même..."

[Iris]

Les investigateurs poursuivirent courageusement leur enquête, suivant de vagues rumeurs par moments, mais ils furent assez chanceux pour trouver quelqu'un qui se rappelait du couple, dans un minuscule hameau, sur la route menant à Louarn. En se rendant sur place, le trio mena de nouveau ses investigations, mais avec un succès plus mitigé. Ils apprirent surtout qu'il y avait eu une agression violente près d'une ferme isolée. Le style de lieu correspondait au massacre précédent, et n'ayant pas d'autre pistes, les apprentis enquêteurs s'y rendirent.

Le survivant, un jeune homme qui revenait de son service d'ost, disait avoir été attaqué dans le noir par plus d'une personne, peut-être deux ou trois, il n'était pas sûr. D'autres membres de sa famille avaient été alertés par le bruit et les agresseurs avaient fui dans la nuit.

[Pwyll]

Après avoir discuté avec le survivant, Pwyll s'arrêta soudain au beau milieu de nulle part, attendit qu'Oanell et Aeldred se retournent et leur demanda :

"Vous savez bien que dans l'ensemble, je suis plutôt quelqu'un qui a de la chance et tout. Mais vous diriez que je vous inspire quoi sinon ?"

[Casaïr]

La progression de l'enquête du petit groupe suivait son cours à son rythme, mais jamais Aeldred n'aurait songé qu'elle les entrainerait jusqu'à Louarn. Regardant autour de lui, il constata que la ville n'avait pas changé, peut-être quelques maisons en plus çà et là mais rien qui puisse changer véritablement son visage. La traque des assassins s'était poursuivi jusque dans une ferme plus loin mais, s'ils avaient eu la chance de pouvoir parler au survivant de l'attaque, celui-ci ne leur avait finalement pas appris grand chose. Et de nouveau, la piste se refroidissait. Il ne voyait pas bien ce qu'il était possible de faire dans de telles conditions, et surtout, il se voyait mal aller beaucoup plus loin : partir sur les routes à la poursuite d'un couple de meurtriers sans savoir s'ils arrivaient à ne serait-ce que gagner du terrain lui semblait terriblement vain. Sans compter que cela faisait déjà un moment qu'ils étaient partis et que leurs finances ne leur permettraient pas forcément de tenir longtemps s'ils devaient persister.

Alors que le petit groupe marchait, Pwyll s'arrêta net, au point qu'Aeldred faillit lui rentrer dedans. et là... une question totalement surréaliste. Il regarda Oanell, cherchant de son côté si elle comprenait quoi que ce soit à la soudaine demande du grand nigaud, et vit dans ses yeux qu'elle était au moins aussi perdue que lui.

"Je... Qu'est-ce que tu veux dire par là ? Parce que là, ça sort un peu de nul part..."

Bien embêté, il essaya malgré tout de chercher une réponse pour son ami même s'il aurait aimé quelques clefs pour comprendre où le cheminement de pensée de Pwyll l'avait encore emmené.

"Bon, Toi et moi on se connait depuis longtemps, commença-t-il sans trop savoir comment cela se terminerait, et mine de rien, on a partagé pas mal de choses, surtout des bonnes. Si je me rappelle bien, la première fois que je t'ai vu, tu ne m'as pas inspiré grand chose finalement, mais j'étais un gosse qui venait de se faire gronder par sa dàmàthair, alors ça ne compte pas vraiment je suppose. Par contre, quand on a commencé à sympathiser, je crois..." Il fit une pause, cherchant à mettre en bon ordre ses mots. "Je crois que j'ai vu en toi le reflet de quelqu'un que j'aurai bien voulu devenir : une espèce de force tranquille qui avançait sur son chemin sans s'en laisser détourner malgré la tristesse ou la difficulté. Enfin, un truc comme ça quoi."

Aeldred baissa la tête pour ne pas montrer qu'il rougissait un peu, se grattant la tête d'un air gêné avant d'ajouter, d'un ton faussement boudeur : "Ca te convient ? Parce que c'est pas tous les jours que je te passerai autant de pommade !"

[Pwyll]

Pwyll écouta attentivement son ami, s'efforçant de jauger la moindre intonation et scruta avidement la moindre mimique du garçon qu'il connaissait depuis petit.

Son cœur se serra en entendant les choses très gentilles qu'Aeldred s’efforçait de dire malgré sa tendance à toujours cacher ses vrais sentiments. Cela lui faisait bien plaisir, mais en même temps, il craignait que tout ne s'effondre s'il montrait un visage qui serait peut-être jugé comme étant monstrueux...

"Merci Aeldred. C'est... vraiment... tu es gentil de me dire ça. En plus je sais que c'est pas ton genre de raconter ce que tu penses, enfin je veux pas dire que tu mens, pas du tout, bien sûr, juste que tu... euh, attends, je recommence."

Pwyll pris une respiration avant de reprendre : "Je ne veux mettre personne dans l'embarras, enfin sauf moi du coup... mais c'est pas le sujet, enfin pas encore. En gros, mmh, vous vous souvenez de la tête de ma voisine ? Préïva, vous l'avez croisée, non ?"

Ouvran soudain de grands yeux, Pwyll ajouta, le souffle court : "Mais en fait, Préïvia et Préïva, ça se ressemble pas mal comme nom ! Vous pensez pas !? Ce serait pas une coïncidence ?"

Le colosse ponctua son étonnement teinté d'effroi par un grand coup de son poing droit dans sa paume gauche.

[Iris]

Oanell ne se rappelait pas d'une voisine Préïvia. Peut-être qu'elle avait été absente quand la barde avait collecté les impôts ? ça pouvait arriver... et puis se rappeler des visages, c'était une chose, mais se rappeler les noms de tout le monde, ça devenait coton.