[OdE - Chap. 12.6] Ambition [FOCUS]

[NailsEater]

En d'autres temps, Oanell se serait surement vexer d'être moquée de la sorte. Mais de voir Briaval reprendre un peu de couleur l'a mettait tellement en joie qu'elle rit de bon cœur avec lui.

« Disons qu’elle a eu besoin de mes services pour récupérer des documents dont elle avait besoin urgemment. C’est grâce à cela qu’on est pas complètement sur la paille d’ailleurs, avoua-t-il sobrement. Dès qu’elle sera satisfaite, nous pourrons partir de cette ville maudite. »

Enfin.

Oanell n'insista pas plus. Briaval tournait visiblement autour du pot et elle savait qu'elle avait déjà obtenu beaucoup plus de réponse qu'à l'accoutumée.

"D'accord. Quel est le programme de la soirée dans ce cas ?

[Casaïr]

« Ce soir ? »

Briaval, un peu ragaillardi, prit un moment de réflexion avant de répondre à sa protégée.

« Ma foi, Koskan n’est pas dénuée d’activité, mais je ne suis pas certain que dans mon état nous puissions en profiter véritablement. Enfin, tu peux toujours sortir, n’attends pas après moi ! Tu es une grande et belle jeune fille maintenant, et bien assez capable de survivre dans ce monde maintenant… »

Était-ce juste une impression ? La soudaine nostalgie de Briaval semblait cacher autre chose… Le voile doux-amer quitta bien vite son visage malgré tout, et il repartit :

« Si, il y a bien une chose que tu peux faire : Il y a un établissement, le Pas de velours, qui sert de repère aux varigaux de passage. Bon sang, où l’ais-je… » Cherchant partout, il aperçut enfin sa sacoche que sa protégée lui tendit bien vite. La fouillant, il en sortit une enveloppe plutôt rebondie, cachetée et marquée d’un étrange symbole. « Voilà ! Trouve, si tu le peux, le varigal qui te semble le plus expérimenté. Ce courrier est urgent et le symbole que tu vois dessus en atteste. C’est un Stermerk. »

Oanell avait déjà entendu parler de cela, d’étranges symboles utilisés par les varigaux pour donner des indications sur un lieu. Elle savait aussi que ce langage était assez peu courant. Et c’était bien la première fois qu’elle voyait Briaval en faire usage. Toutefois, le maître barde ignora son regard interrogatif.

« Ceci, ajouta-t-il en tendant sa bourse, devrait suffire à le payer, à partir du moment où il part le plus tôt possible. Demain matin serait bien. J’aurai voulu envoyer cette missive plus tôt, mais je dois bien avouer qu’elle m’était sortie de la tête. Peux-tu t’en charger pour moi ? »

[NailsEater]

Le pas de Velour ?

Oanell regarda Briaval d'un air suspicieux. Cependant, au moins les varigaux devaient être des personnes plus recommandables.

D'accord je vais faire ça alors. Mais profite en pour te reposer. Demain on fera ce qu'on a à faire et en avant pour OstaBaille !!!

L'apprentie barde profita d'avoir déjà étalé les pinceaux et différents ustensiles pour se maquiller avant de sortir. Elle changeât de robe, mais mit de côté la bleu pour le lendemain. Une fois apprêtée, elle posa un baisé sur la joue de Briaval et se mit en route pour le Pas de Velour.

[Casaïr]

Une fois certaine que Briaval prendrait sa médication et se reposerait, Oanell quitta la chambre puis l'auberge non sans avoir auparavant demandé où trouver Le Pas de Velours. Grâce aux indications recueillies, elle trouva facilement la taverne dans l'un des quartiers populaires de la ville. Avant même d'y entrer, elle pouvait déjà se rendre de l'animation de la rue qui donnait un caractère plus sympathique à la ville, dès lors que l'on fermait les yeux sur certaines pratiques ; La jeune barde put en effet constater que plus elle approchait du bâtiment, plus elle croisait de femmes monnayant de façon plus ou moins courtoise leur vertu aux hommes de passage. Évitant le regard de celles et ceux qui croisaient sa route, elle atteint enfin la porte de la gargote plutôt bruyante.

En entrant, elle fut accueillie par un cri de joie collégial mais qui, en fin de compte, ne lui était pas destiné : On avait calé un tonneau sur une table, remplacé le bouchon qui le fermait par une valve et les plus courageux -ou alcoolisés- se succédaient dessous pour boire cul-sec la plus grosse quantité d'alcool possible. Actuellement, c'était une femme qui ne semblait guère plus vieille qu'Oanell qui, sous les encouragements des spectateurs hilares, se pliait à l'exercice. Dans le même temps, une serveuse plutôt bien en chair s'approcha d'elle et, couvrant le bruit que faisaient les clients, se résolut à lui crier jovialement dans l'oreille :

"Bonsoir ma p'tite dame ! Qui qu'c'est-y que j'peux faire pour vous êt' aimabl' ?"

[NailsEater]

Oanell avait un peu marché et se surprenait même à apprécier la ville tant qu'elle ne regardait pas trop les gens et ... le reste. Elle repéra assez facilement Le Pas de Velour et elle ne s'attendait pas à ce remue ménage.

Mais ... que fait cette femme ?!!!! Oh mes c'maogh ! Ce n'est pas humain de ... et la décenc... oulalala

"Bonsoir ma p'tite dame ! Qui qu'c'est-y que j'peux faire pour vous êt' aimabl' ?"

Je euh ... je cherche un ... varigal. Un bon varigal ... pour une lettre.

Elle essayait de regarder la serveuse, mais son regard était absorber, dans une sorte de fascination gênante, par ce ... jeux avec le tonneau.

[Casaïr]

La femme qui faisait face à Oanell lui renvoya un sourire jovial.

"Ha bin dam', d'bons varigaux ç'manque pas icitte ! l'plus duraille c'd'en trouver un qu'est pas occupé en ce moment."

*Et glou ! Et glou ! Et glou !*

Contrairement à la jeune femme, celle qui s'occupait des lieux ne semblait aucunement troublée par les activités de ses clients, ne se retournant finalement que pour hurler de toute la puissance de ses poumons :

"ALORS ? QUI D'VOUS TOUS EST PAS EN AFFAIRE OU D'REPOS EN C'MOMENT ? J'AI UNE DAME QU'A B'SOIN D'QUÉQU'UN D'CONFIANCE !!"

"Pas la peine de crier, Rosmerta !" lui répondirent plusieurs clients, hilares, avant qu'une jeune femme rousse ne se rapproche du comptoir.



"Ha ! Lâcha joyeusement la dénommée Rosmerta en ignorant superbement les soiffards, v'la vot'jour d'chance, Mam'zelle ! J'vous présente Winnifryd. T'veux un truc en plus ?" demanda-t-elle à la nouvelle venue.
"Non, ça ira, répondit l'intéressée avec un sourire concis, son regard analysant déjà Oanell. Enfin si, ressers-moi une bolée de cidre, à moi et ma nouvelle amie."

Elle prit sans plus de cérémonie l'apprentie barde par la manche pour la guider vers une table loin du tumulte, alors que maintenant ils s'y mettaient à deux en même temps pour vider le tonneau -avec pour unique résultat de noyer copieusement la paille de la grande salle, sous les remontrances à moitié amusée de la tenancière des lieux.

"Fais pas attention à eux, conseilla la varigale, c'est comme ça une grande partie de la semaine : ils fond une collecte pour acheter un tonneau et après, ils se saoulent jusqu'à ne plus se rappeler leur nom. Pour certains, c'est presque un bienfait... Mais retournons à nos affaires. Que puis-je faire pour toi ?"

[NailsEater]

Oanell observait toute cette scène, les yeux écarquillés. Elle n'avait jamais vu quelque chose comme ça. Autant de bruit, d'alcool, de ...

v'la vot'jour d'chance, Mam'zelle ! J'vous présente Winnifryd.

L'apprentie barde se tourna vers le... la nouvelle venue, la détailla, un peu surprise de voir une femme varigale ici.

Enfin si, ressers-moi une bolée de cidre, à moi et ma nouvelle amie."

Elle suivit la jeune femme, un peu intimidée et se trouva une fois de plus happée par l'étrange cérémonie qui se déroulait à côté.

"Fais pas attention à eux, conseilla la varigale, c'est comme ça une grande partie de la semaine : ils fond une collecte pour acheter un tonneau et après, ils se saoulent jusqu'à ne plus se rappeler leur nom. Pour certains, c'est presque un bienfait... Mais retournons à nos affaires. Que puis-je faire pour toi ?"

Je .. euh ... Oui. J'ai une lettre à faire porter. C'est urgent. Mon maître a dit que vous comprendriez en voyant ça.

Elle sortit enveloppe et la tendit à son interlocutrice.

[Casaïr]

Winnifryd attrapa l'enveloppe cachetée sans plus de cérémonie, vit le symbole écrit dessus avec une moue dubitative. Elle jeta un regard à Oanell qui attendait aussi tranquillement que possible, sirotant son cidre apportée un instant plus tôt par Rosmerta, réfléchit tout en tournant dans tous les sens l'enveloppe, comme si elle y cherchait un indice caché qu'elle ne trouva manifestement pas, ce qui sembla l'agacer.

"Ce stermerk... c'est une précaution inutile et surtout franchement gênante", lâcha-t-elle dans un claquement de langue. Voyant le regard d'incompréhension de l'apprentie de Briaval, son visage s'éclaira soudainement. "Tu n'es pas au courant... C'est pas toi qui a écrit ça, encore moins tracé ce signe. On te fait des cachotteries je crois !"

La varigale eut un étrange sourire, vaguement déplaisant, comme si elle connaissait la chute d'une blague dont la victime serait Oanell.

"C'est d'accord, se décida-t-elle, je vais jouer le jeu. Mais ne sachant pas où je vais me rendre immédiatement, je vais fixer mon tarif. Ce sera trois givres, à prendre ou à laisser."

Oanell savait qu'il y avait un peu plus dans la bourse, mais cela revenait aussi à sacrifier -à se faire extorquer !- pratiquement ce qu'il leur restait d'économie. Mais avait-elle vraiment le choix ? Était-il possible de négocier ?...

[NailsEater]

Des cachotteries ?

Oanell jetait un regard d'incompréhension à la varigale. Pourquoi Briaval lui ferait des cachotteries ?

Je crois que vous vous trompez, Briaval ne me cache rien. Que voulez vous dire par là ? Et que veut dire ce symbole ?

Cette femme essayait clairement de l'embobiner pour augmenter ses tarifs ! Les sentiments d'Oanell passait sans mot dire de la surprise à l'indignation, à la suspicion. Mais c'était surement la curiosité qui l'emporta. Elle regardait enveloppe, et attendait, déterminée, la réponse de la varigale.

[Casaïr]

Winnifryd jeta un regard de travers à Oanell, hésitant manifestement entre la perplexité et l'amusement.

"Voyons, finit-elle par lâcher, par où commencer ?..." Un instant de réflexion plus tard, elle semblait avoir pris une décision car elle reprit : "Vois-tu, ma jeune apprentie, quand nous autres varigaux -et je parle des vrais, pas de ceux qui se prétendent en être tout en ayant pas une once de notre savoir- découvrons un lieu, nous apposons des symboles pour que ceux qui passeraient ici après nous sachent à quoi s'en tenir : est-ce un lieu dangereux, accueillant, hanté ? Y trouverons-nous un bon lit pour nous reposer ou des piques et des fourches ? Tu vois le genre, je pense. Eh bien, celui qui t'a remis cette lettre a fait usage de notre art pour le détourner légèrement et coder l'enveloppe. C'est ingénieux n'empêche, je n'y aurais jamais songé moi-même."

Retournant la lettre vers la future barde, elle reprit : "ici, le stermerk est composé en réalité de deux symboles : le premier signifie en gros "Ne pas ouvrir" ; le second a plusieurs interprétations possibles : "espion ici", "pas seul", etc. L'addition signifie quelque chose comme "ne pas ouvrir si pas seul". Tu comprends un peu mieux ? Maintenant, c'est toi qui paies et tu peux décider d'ignorer cette mise en garde et de voir la véritable destination de ce courrier. En plus, ça te coûtera certainement moins cher !"

Ravie de sa petite démonstration, la varigale se renfonça dans son siège, appelant d'une main Rosmerta pour commander un autre verre et renouveler celui de sa possible cliente. Restait à savoir ce que voulait faire Oanell.