[OdE Chap.5] Les barreaux de roseaux (Forêt engloutie)

[Iris]

Jazkez avait réussi à identifier la personne qui avait parlé, c'étaient deux toutes jeunes filles habillées pour la fête -- 14 ans ?

" Oui, Sicilia, la femme de Gouezan. Elle dit qu'il a trouvé dans les marais un bouclier avec un soleil."

Et ... en fait c'était tout... Alors pressées de questions par le bel hilderin si charismatique, elles firent des efforts pour bien enrober ça, avec tous les détails possibles.

Sisilia était gentille et s'inquiétait de cette découverte à cause du discours de Jazkez, sans quoi sans doute elle n'aurait pas fait le lien. Elle était de Swelbecky et vivait dans une maison un peu isolée. Son mari faisait de tout, mais il était surtout connu pour un caractère épouvantable. Il se disputait chaque année avec le percepteur d'impôt et avait beaucoup embêté Oanell en piquant des colères, en disant que le pouvoir était injuste, qu'il n'avait pas le droit de réclamer de l'argent, des choses de ce genre. Gouezan était une telle tête de mule qu'il était retourné au marais malgré le nénuphar tueur, tout seul, et qu'il y chassait et pêchait. Il y allait seulement avec son chien.

Et où ils étaient ? Partis depuis un moment pour Swelbecky, rapport à la route qui était un peu longue et au fait que Gouezan ayant un mauvais caractère ne dormait pas chez des amis ce soir.

[Caeso Senjak Khan]

-Gouezan vous dites. D'accord, formidable ! Merci. Merci mesdemoiselles !

Il se leva et la main droite sur le coeur s'inclina devant elles.

-Grace a vous et à votre courage, le mystère sur la disparition de mes compagnons ne sera bientôt plus qu'un lointain souvenir, j'en suis certain. Je saurai m'en souvenir. Attendez ! Restez là.

Il s'inclina d'avantage jusqu'a pratiquement toucher le sol puis se redressa et alla s'assoir a coté de Madenning en jouant un peu des coudes.

-Madennig s'il te plait. Red'mande à ces deux p'tiotes le nom du gars et de sa femme s'te plait, ou ils habitent tout ça. J'aurai oublié demain c'est sur.

Il s'appuya sur la table pour se lever et demeura ainsi un instant.

-Tu as vu Oanell ?

[NailsEater]

"Je suis désolé, je... crois que je vais aller me coucher, j'ai trop bu et..."

Oanell laissa Aeldred partir. Ce n'était pas d'elle dont il avait besoin en cet instant. En voyant Pwyll rejoindre le chasseur, elle eut un sourire peiné. La barde avait elle aussi les yeux rougit par l'émotion et les larmes. Prenant la peine de se reprendre et de se recomposer un visage de circonstance, elle finit par revenir au centre des festivités, mais le cœur n'y était plus.

Elle se mit sur le côté, saluant ceux qui venait lui parler et refusant poliment les propositions de danse ou de musique. Elle vit plus loin Jazkez et Madennig et les rejoignit.

"Je peux ?"

[Caeso Senjak Khan]

Jazkez réprima un petit rire en tapant sur l'épaule de Madennig.

-Joli Madennig. Joli ! Efficace ! Très efficace !

Il secoua la tête en souriant.

-Oanell ! Ohhhhh ! Vas y assied toi ! Enfin, allez-y ! Asseyez vous ! Bref te gêne pas quoi !

Il leva son verre

-Aux impôts ! Et à ceux qui les perçoivent !

Il but quelques gorgées et répondit à quelques boutades puis se pencha sur la table vers Oanell.

-Bon ça avance. J'ai des infos sur les hilderins et j'aurai besoin de tes talents de perceptrice. Mais bon on va pas parler boulot ce soir ça craint. On verra ça demain.

Il se redressa et se cambra en arrière cherchant visiblement quelqu'un.

-Pwyll ! Pwyll ! Il est où ! Pwyll c'est toi qui m’ramène ce soir mon gars j'te previens ! Laisse cette dame elle veut pas s'marier d'toute façon !

Il mit un coup de coude en rigolant à ses deux compagnons de tablée puis se remit à discuter.

[NailsEater]

Oanell s'installa à la table et répondit génée à Jazkez :

Pwyll est ... avec Aeldred. Tu ne le trouveras pas de suite. Mais que ça ne t'empêche pas de profiter. Je te ramènerais au château s'il le faut.

Alors la soirée te plait ? Tu as l'air bien heureux en tout cas ! Et toi Madennig, tu t'amuses ?

La barde chercha une conversation, n'importe laquelle qui lui permettrait de penser à autre chose. Elle comptait presque sur le trop plein d'alcool de Jazkez pour combler les vides.

[Casaïr]

Aeldred laissa son ami les bras ballants et s'en voulait de le repousser de la sorte, mais il ne pouvait simplement pas imposer ce qu'il ressentait maintenant à d'autres. La plaie était à vif et il n'était pas certain que ses réactions ne soient pas disproportionnées si d'aventure Pwyll avait tenté de lui remonter le moral. Il préférait donc s'accorder un moment pour lui, au calme.

Il rentra chez lui pour se changer, les habits de fête ne convenaient guère aux voyages en forêt, prépara rapidement un petit sac avec une couverture, de quoi manger un jour ou deux ; il ne pensait pas rester aussi longtemps mais il valait mieux être prévoyant. Il hésitait à prendre le manuel de la lune noire mais préféra finalement le laisser : ce genre de lecture n'était sans doute pas conseillé dans son état actuel. Il enfila sa cape et attrapa sa fibule en forme de rossignol. L'argent était froid sous ses doigts et il se rendit compte que cela faisait un moment qu'il ne l'avait plus arboré, des semaines pour être exact, il n'en avait simplement plus eu besoin. On dirait que les choses reviennent à la normale, pensa-t-il tristement. Il vérifia une dernière fois son équipement, souffla la bougie qui brillait faiblement avant de sortir. Du coin de l'œil il aperçut l'atelier de son père, vision qui lui serra le cœur à l'idée de ce qu'il voulait en faire à l'origine.

"Je ferais mieux de te brûler maintenant", dit-il à voix haute sans être certain de le vouloir vraiment.

De toutes manières le lieu était chargé de trop de souvenirs, ce ne serait pas nécessairement un mal de faire table rase de tout cela. Et reconstruire par dessus. Quoi, il n'en avait aucune idée malheureusement. Oanell pourrait me conseiller, pensa-t-il instantanément avant de se rappeler. Maussade, il saisit son bâton de marche et se mit en route, s'il ne trainait pas, dans moins de deux heures il serait arrivé dans sa Clairière.

[Pwyll]

Pwyll se demanda s'il devait suivre Aeldred malgré tout et surtout malgré lui, mais il avait parlé d'une clairière, un endroit secret sans doute, dont Pwyll n'avait pas du tout connaissance. De toute évidence, son ami ne voulait pas que ça change.

Bah... après tout, Pwyll n'était revenu que depuis peu et il n'était pas évident de retrouver un ami d'enfance comme ça en arrivant comme une fleur et en espérant qu'il partagerait tous ses petits secrets. Puis Dred avait toujours été un solitaire, c'est vrai.

Rebroussant chemin, le barbu rejoignit la fête, mais l'excitation de la journée s'était dissipée et il n'y avait plus cette petite lumière espiègle dans les yeux du bonhomme.

Il avait repéré la table de Jazkez et Oanell, mais il était un peu gêné, difficile de s'asseoir auprès de la barde et de faire comme si de rien n'était.

Un brouhaha typique d'un début de bagarre possible attira son attention, et Pwyll s'y dirigea d'un pas lourd, l’œil noir, pour jouer le service d'ordre improvisé.

[Caeso Senjak Khan]

Jazkez semblait absorbé par sa conversation sur les problèmes gastriques des caernides avec son voisin de table et ne releva pas la question d'Oanell qui lui était destiné. Lorsque la Barde s'adressa a Madennig il tourna son visage vers cette dernière.

-C'est vrai ça Madennig ! J’espère que tu t'amuses un peu parce que demain ça va pas être la même histoire à patauger dans l'marais. Il accompagna sa tirade d'un petit coup de poing dans l'épaule.

-D'ailleurs, d'ailleurs ça m' fait penser... Oanell , c'est pas qu'j'veux pas qu'tu m'raccompagnes au château pour m'chanter une p'tite berçeuse le jour de l'Earrach Feis mais j'm'en voudrais d'pioncer au chaud alors qu'on vient juste de retrouver la piste de Morch et des aut'. Si tu veux m'aider à queq'chose accompagne nous plutôt chez l'autre affreux là, Bouerzan, Gouerdan .Va falloir le convaincre de se trainer dans le m'arais pour nous amener là ou il a trouvé le bouclier et vu la tête de pioche qu'ça a l'air d'être j'suis pas sur qu'il le fasse pour mes beaux yeux. Toi par contre j'suis sur que tu pourras le convaincre facilement, surtout si y t'doit des sous.

Jazkez s'extirpa de la table en s'appuyant sur son voisin, se mit trois claques derrière la nuque et lança à Madennig d'un ton un peu sec et autoritaire qui contrastait avec son attitude quelques instants auparavant.

-Va m'chercher mon barda au chateau et mon ch'val. On part quand tu r'viens.

Il s'adressa ensuite de nouveau à Oanell en haussant un sourcil et en souriant plus franchement.

-Ah ! et on pourrait p't'être emmener numéro 2 avec nous non ? La dernière fois il avait pas eu l'air de vouloir s'faire becqueter, malgré tout l'mal qui s'donnait. Pourrait p't'être nous servir de repoussoir ? Ou ça lui fera p't'être juste plaisir d'aller se noyer dans un coin ? Jazkez porta sa main à sa bouche en pouffant.

-Bref ! Il pourrait nous aider quoi ! Trouver des traces c'est son truc à lui ça non ?

Il jeta un coup d’œil vers le château, espérant presque que Madennig à peine partie soit déjà en train de revenir. Maintenant qu'il avait décidé de s'en aller, il voulait déjà être arrivé a Swelbecky. Il s'approcha de sa tablée et toqua sur la table en se penchant par dessus un de ses convives.

-Bon allez c'est le moment de faire vos demandes d'épousailles là ! Finissez vos godets et préparez vous! On s'met en route des que Madennig revient.

Puis se retournant en direction d'Oanell.

-On vous attends jusqu'a 1h après le l'ver du soleil. Après on fonce faire cracher l'morceau à l'autre pourceau. Ah ! Et si vous v'nez pas, fais au moins en sorte que Pwyll soit là. C'est pas comme si l'avait l'choix lui.

Jazkez embrassa le bout de ses doigts et les tendit en direction de la jeune Barde puis il se retourna et abattit son poing sur la table.

-Allez Hilderins ! Action ! On rentre à la maison !

[Iris]

La jeune garde sursauta presque, et eut un regard "Mais, c'est un vrai ordre ? Là, de suite ?" ... mais ça semblait bien être un ordre, alors elle se mit au garde à vous, avant de partir s'exécuter rapidement, enfin, en essayant d'être rapide. Trouver la chambre, cheval, palefrenier... au milieu de la fête avec beaucoup de monde bien imbibé.

...

Madenig finit par revenir, dégrisée, équipée pour le voyage, et pas franchement enthousiaste, mais serrant les dents, enfin, arborant une moue résignée plutôt. Elle était à pied. Les chevaux c'était pour les chevaliers.

[NailsEater]

Il en est hors de question ! Non mais sérieusement ! Qu'est ce qu'il faut pas entendre.

Après un regard alentour, la barde héla des gardes afin qu'il l'aide à traîner Jazkez.

Jazkez. Tu vas te calmer de suite. Les recherches attendront demain et le départ aussi. Et ce n'est pas une question. Aidez moi à l'amener dans sa chambre.

Tout en portant à moitié Jazkez, elle grommelait à son propos " Sérieusement.", " Partir cette nuit", "N'importe quoi".

Et tu penses un peu aux autres des fois. A Madennig ? Tu comptais faire quoi de plus cette nuit hein ? Tous des abrutis. Tu vas aller dormir, décuver et on en reparlera quand tu auras les idées claires ! On partira tous ensemble après une bonne nuit de sommeil et ce sera bien plus efficace.

Oanell était énervé et triste. Cette soirée allait de mal en pire. L'attitude de Jazkez lui rappela celle de Briaval et le nombre de fois où elle l'avait disputé car il rentrait saoul ou trop tard. Elle ne comprendrait jamais cette compétences des hommes à se laisser aller à des idées pareilles. Partir au milieu de la nuit ... Que pensait-il ? Ou pourquoi diable ne pensait-il pas ! Elle demanda à un garde de veiller à ce que Jazkez ne parte pas faire on ne sait quoi pendant la nuit.

Pour sa part elle retourna à la fête afin d'expliquer à Madennig que NON personne ne partirait pour Swelbecky au milieu de la nuit sans guide et sans plan.