TDF chap. 19 : Péril à Port-Réal : La grande joute

[Iris]

Aleth n'insista pas pour en savoir plus de Mira Forrester, mais gardait une expression perplexe. Vert-voyant et barral ?... Elle était curieuse, mais les réponses éventuelles se trouvaient au bout de Westeros, loin, dans le Nord -- autrement dit, dans un autre monde. Il y avait bien un barral à moitié mort à la citadelle des mestres, mais il était hors de question de l'atteindre. Ce serait presque plus simple de voyager des semaines...

...

A moitié absente, Aleth suivit de loin la joute. Ser Jonothor tombait face à Ser Loras et Ser Tanton -- un contre deux, c'était tout de même assez inégal et plutôt incorrect, pas de quoi être fier d'une telle victoire.

Pas d'avis sur Ser Barristan... il avait du style... enfin... apparemment... les gens étaient heureux du spectacle... et puis le chevalier avait eu la décence de dénoncer lui aussi le crime de Gregor Clegane... donc d'accord, elle était pour lui.

" Oh non." souffla Aleth en apprenant que Béric et Walton se retrouvaient face à face. Maudites joutes. Déjà à Rubriant, il y avait eu Myrosh contre Darren... à présent... c'était le champion des Castellane contre celui qui aspirait à en épouser l'aînée. Perdre était déplaisant, mais presque inévitable dans un jeu n'admettant qu'un seul vainqueur ; mais fallait-il nécessairement des luttes de soi contre des proches ?

[Casaïr]

Aleth & Mira

Mira ne semblait qu’à peine plus intéressée par le tournoi qu’Aleth mais applaudissait tout de même les victoires des sers Loras Tyrell et Barristan Selmy, par pure courtoisie semblait-il. Elle eut une mine désolée lorsque Béric et Walton entrèrent à leur tour dans la lice, elle ne pouvait manquer l’ombre d’angoisse qui passa sur le visage de son amie et posa une main rassurante sur celle de l’héritière Castellane.

« Je suis navrée pour vous, je sais que rien de ce que je pourrais dire n’atténuera ce que vous devez ressentir en cet instant mais essayez de penser que, quel que soit le résultat, vous y gagnerez d’une certaine façon : si ser Beric l’emporte, votre maison s’impose une fois de plus et marquera davantage les esprits ; s’il s’agit de ser Walton… cela démontrera à tous la volonté qu’à votre champion de défendre vos couleurs. »

Elle soupira légèrement avant de reprendre.

« Même si cela semble totalement opposé, essayez d’y voir l’aspect politique : dans les deux cas, quelqu’un soutenant les Castellane prouvera à tous ici ce que sont les valeurs que prônent votre maison en dépit des ignobles rumeurs courant sur elle. »

Puis dans un souci de dérider son amie : « Vous m’avez dit tout à l’heure vous considérer comme une ombre. Savez-vous que certaines ombres deviennent plus belles encore lorsqu’un astre radieux les découpe finement en les illuminant ? Cela me fait penser au travail de certains peintres qui arrivent à mettre plus d’émotions encore dans ces ombres portées que dans leur origine. Cela reste évidemment mon ressenti qui n’est sans doute pas le vôtre, ajouta-t-elle en souriant. Si vraiment vous en êtes une, n’en ayez pas honte, apprenez juste à vous en servir. »

Puis, plus gaiement, tapant dans ses mains : « Et si maintenant nous trouvions des défauts à votre champion si parfait ? »

[Iris]

Aleth ne releva pas sur les motifs de se consoler du duel Béric - Walton en quart de finale. Elle tiqua un peu à la mention de la beauté des ombres, mais ne poursuivit pas la conversation sur ce sujet qui semblait épuisé : chacune s'était exprimée. Aleth se sentait comme une ombre, un faire-valoir ; Mira estimait que même à supposer qu'elle en fût une, quelle importance cela avait-il ? Mais une ombre ne fait que suivre, elle n'existe que par l'intermédiaire de la lumière et de l'objet qui la dessine. Elle n'a pas de substance.

" Ah vous pensez pouvoir trouver des défauts à Ser Walton ? "

" Je vous mets au défi de m'en proposer ! Je vous dirais s'ils existent. Mais je vous préviens, ce sera difficile !"

[Casaïr]

« Difficile ? Vous m’avez l’air de déjà très bien le connaitre, minauda-t-elle. Commençons par ce que nous pourrions déduire de son comportement. Vous le dites pieux mais peut-être est-il un peu extrême dans sa foi ? Après tout, je ne connais pas beaucoup d’hommes qui rechercheraient la bénédiction du Grand Septon pendant un tournoi. Est-il impétueux, colérique ? Une femme de bon sens telle que vous pourrait tout à fait l’aider si tel était le cas et faire de lui un homme avisé.

« Est-il orgueilleux ? Mmm… ce point me semble plus difficile à mettre en lumière mais qui sait. Est-il avare, paresseux, gourmand ? Envieux ? Ce sont des comportements plus difficiles à changer mais ce n’est pas impossible non plus. »

Spoiler () :

* Oui ça n'existe pas mais m'en fiche ! Néologisme powaaaaaaa !

[Iris]

Aleth ne put retenir un sourire amusé face à tant d'efforts :

" Vous allez trop vite ! " rit-elle " Un à la fois !" avant de se reprendre et chercher à avoir une contenance digne, vue depuis la lice " Il faut au moins que nous paraissions dignes pour ce combat." expliqua-t-elle avec un ton qui ne l'était pas tant que ça

" Il aime les joutes et les grands septons... c'est ... un peu ennuyant... tout le temps à se foncer dessus avec des métaphores douteuses à base de lance solide et vigoureuse, et de cueillette de fleurs... je me demande si le but de ces joutes est de plaire aux femmes ou juste de se plaire entre hommes... "

" Et puis en parlant de lance... Walton est immense, et je me pose des questions..."

[Casaïr]

« La taille de sa… ? »

Mira cacha d’une main pudique sa bouche arrondie sur un « ho » surpris.

« Voilà qui est assurément intéressant…dit-elle, comploteuse. Vous ne le connaissez donc pas encore de manière aussi intime. »

Elle fit mine de réfléchir.

« Pour ce qui est des joutes, je me suis souvent demandé si ce n’était pas pour eux le prétexte à une parade amoureuse plus… directe, si vous voyez où je veux en venir : en temps normal ils essaient -pas tous mais certains- de nous plaire et de se faire apprécier en y mettant le plus de formes possibles. Quelques-uns l’ont même élevé au rang d’art uniquement pour leur propre plaisir et mesurer leur propre succès auprès de la gente féminine. Alors qu’ici, ma foi, point besoin de courbette, il ne s’agit que de démontrer par la force la preuve de sa virilité. D’ailleurs, en parlant de cela… »

Il n’était pas bien difficile, au vu de la mine de Mira, de comprendre qu’elle tentait de déshabiller du regard ser Walton malgré la distance. Ce jeu semblait follement l'amuser.

« Bon sang, pourquoi porter une armure si épaisse ? rit-elle doucement avant de se reprendre. Une chose est certaine : pour une raison que j’ignore les hommes semblent apprécier par-dessus tout cette partie de leur anatomie -sinon il n’y aurait pas autant d’allusion à ce sujet où que se portent nos regards et nos si chastes oreilles. Je ne sais pas si la nature a voulu que leur anatomie soit juste en tout point par rapport à leur taille tout court, mais si c’est le cas, je peux comprendre que cela vous effraie un brin. Mais… cela pourrait être aussi un sacré défi à relever ! »

[Iris]

Aleth étouffa de son mieux des gloussements :

" Pour ce qui est de son corps, j'eus l'occasion de le voir à son entraînement ce matin. Il est ... assez impressionnant... "

Elle prit une inspiration et se remémora la scène, tout en tentant de traduire ce souvenir : " J'arrivai à cheval pour me promener, je ne comptais que le saluer en passant, mais quand je le vis à l’œuvre, à s'exercer torse nu, à différent exercice. Sous la peau roulaient des muscles fauves, d'un hâle léger, que sa sueur dans la lumière encore diffuse et néanmoins vivement diaprée du matin rendait dorée. Une statue animée, vouée à la célébration d'une mâle beauté. Chacun de ses gestes était fluide et puissant à la fois, ses mouvements rythmés par son souffle, tandis qu'il donnait à son écuyer épuisé des encouragements à poursuivre : encore dix de plus ! presque cent, on ne va pas s'arrêter là !" Au souvenir de la déconfiture du pauvre garçon confié à un maître bienveillant mais exigeant, elle rit, et se reprit un peu, en pensant à son image, ce qui ne l'empêcha pas de poursuivre :

"Quand enfin je révélai ma présence, il m'invita à boire un thé avant de me promener, mais surtout, il s'approcha en essuyant la sueur sur son torse avec une cotonnade, d'une manière... hum... je cherche le moyen de la décrire au mieux, il y avait quelque chose d'une sensualité insouciante...? "

Avec un sourire Aleth poursuivit :

" Je ne le connais pas intimement non. A vrai dire, nous avons dû nous voir en tout et pour tout..." Aleth essaya de compter : "Je ne sais pas, quatre jours ? Même pas entiers."

" Il s'est montré très le début... intéressé de ma personne, et pour tout vous dire, nous voyagions et étions invités à passer la nuit dans la tour qu'il gardait, bref, il était question de l'attribution de ma chambre... Figurez-vous qu'il me proposa la sienne... Sans forcément paraître vouloir la quitter..."

[Casaïr]

Mira buvait les paroles de son amie. Si leurs voisins les écoutaient, ils auraient surpris des gloussements et des pépiements d’oiselles à la limite d’une certaine décence mais ils ne semblaient en avoir cure.

« Voir d’aussi près sa beauté… je serai presque jalouse ! »

Elle écoutait Aleth et ouvrit de grands yeux à l’évocation de l’épisode des îles Boucliers.

« Il n’a pas froid aux yeux dirait-on. Quatre jours, c’est effectivement peu mais l’on raconte que certains couples se formèrent encore plus vite…

« Mais, et vous ? Je veux dire, jusqu’où seriez-vous prête pour lui rendre la pareille ? Vous ne pouvez décemment pas laisser passer cela sans riposter ! Je sais que ce ne sont pas mes affaires mais si vous persistez à me le décrire de cette façon sans chercher à vous l’approprier, je pourrais avoir l’idée de vous le voler. »

Elle pouffa avant se soupirer exagérément.

« Mais non, c’est impossible, il n’a d’yeux que pour vous. Je ne connais aucun homme qui puisse ressentir de sentiments aussi puissants envers celle qu’il aime, et vous ? On croirait une de ces histoires que me racontait ma septa lorsque j’étais enfant. Et donc, vous n’avez pas envie d’en voir un peu plus sur sa personne ? »

[Ser Walton Dulver]

Complètement ignorant des cancans qui se déchainent en ce moment là notre brave Ser pousse sa monture au trot. Arrivé devant l'estrade, il lance un regard vers Aleth pour mieux croiser le sien. En effet elle est justement entrain de parler de lui à Mira. Ohhh bien sûr il ignore le sujet de leur conversation et prend donc l'oeillades comme un encouragement envers lui, aussi lui répond t'il avec un grand sourire avec d'enfiler son casque. Il pousse ensuite sa monture vers Ser Beric.

- "Noble Ser. C'est autant un honneur qu'un déplaisir de jouter contre quelqu'un de la maison des Castellanes. Mais quelque soit le vainqueur de cette passe, je suis sûr qu'il y aura du beau geste. En cas de défaite, comme de rigueur je vous donnerai mon épée, mon armure et à mon cheval. Je me verrai contraint alors de m'équiper avec le matériel de Ser Beric Dondarion..."

[Iris]

Aleth était d'humeur à rosir d'aise, et si Walton la saluait à ce moment, sans doute pourrait-il légitimement croire qu'elle était toute émue et attentive à ses seuls exploits.

" Il veut déjà m'épouser, je n'ai rien eu à faire, rien. C'est un peu décevant, c'est trop... facile."

" En fait si nous en sommes déjà aux confidences... J'étais très éprise de mon... ami... le garde de nuit... quand j'ai rencontré Walton. Je venais juste de quitter Jack et... " Elle était assurément embarrassée et amusée : "Il m'a embrassée au milieu du port, devant... devant tout le monde, juste avant de partir..."

Avec une mine coquine qui essaie de rester digne : "J'adore Jack -- vraiment -- , mais il ... n'embrasse pas très bien... Je devrais peut-être vérifier ce que valent les baisers de Walton avant de me préoccuper du reste de son anatomie."