[OdE Chap.6] La dispute de la caille et du lièvre

[Pwyll]

Pendant que Jazkez s'occupait à faire virevolter mots et manteau, Pwyll sortit, soit en allumant une source de lumière s'il en avait bien une avec lui (ce serait plutôt courant pour un sortie le soir) soit en emportant une lanterne ou autre torche de l'auberge en faisant comprendre d'un regard qu'il l'empruntait.

Une fois éclairé, il se mit à chercher, dans les directions ne menant pas vers Terfynisel, s'il pouvait trouver d'éventuelles taches de sang, voire les empruntes qu'auraient laissé deux hommes marchant proche l'un de l'autre et s'éloignant du chemin le plus fréquenté.

[Iris]

Joavan afficha une mine peu amène tellement statique qu'il aurait pu passer pour une sculpture de chair, et soudain il répondit :

" Il a mangé, le plat du jour. Il a bu deux pintes, et il est sorti."

[Iris]

Spoiler () :

Un magnifie d10(9) en pistage !

Pwyll avait bien évidemment pris une lanterne pour accompagner le groupe à l'aller. Grâce à elle, il put identifier les jeux d'empreintes à proximité de l'auberge. Dans la terre légèrement humide, les traces ne manquaient pas, le problème était même qu'il y en avait trop. Le blessé devait être soutenu par son comparse, de sorte que Pwyll se concentra sur les traces de deux pointures masculines, fraîches, marchant de concert.

L'air portait une fraîcheur qui annonçait la venue prochaine de lourds nuages porteurs de pluie. Les feuillages frissonnaient et dansaient. Les traces traversaient la vieille route du sel et allaient dans la forêt.

[Casaïr]

Aeldred écouta distraitement la réponse de Joavan : Ergat était bien venu, s'était restauré et était reparti. Voilà qui était plus banal, en tout cas plus que l'agression armée qu'avait subi l'un des convives ici. Il cilla, se rendit compte que son regard était toujours braqué sur la nuque de Madennig depuis son arrivée, se secoua, quelque peu gêné par sa propre attitude, pour s'apercevoir que Pwyll n'était plus là.

Quand est-ce qu'il est... ?

Voyant que sa présence ici n'était pas nécessaire, il sortit pour retrouver son géant d'ami.

[Pwyll]

Alors qu'il s'en retournait cherchait Aeldred à l'intérieur, Pwyll manqua de peu percuter le chasseur... de savoir sur le seuil de l'auberge. Il avait l'air un peu distrait.

- Ah tu tombes bien, je venais te chercher, j'ai trouvé la trace des deux gars je pense, j'me disais bien qu'elle serait plus facile à repérer qu'celle d'la femme. Partent vers la forêt, louche non ? En tous cas c'est maintenant ou jamais, va pleuvoir.

N'ayant pas la patience d'attendre la fin des palabres à l'intérieur, Pwyll mit ses mains en porte voix et cria vers la salle commune :

- Trouvé la piste des gars, on y va !

[Iris]

" La piste d'Ergat ?!" s'étonna Madennig, franchement impressionnée, à la limite de la stupéfaction.

[Caeso Senjak Khan]

Jazkez acquiesça à la réponse de Joavan.

-C'est sur que c'est plus clair maintenant.

...

" La piste d'Ergat ?!

-Viens Madennig, tu feras la damathair plus tard. Pour l'instant on va jouer à "Cherche-Féond" dans la forêt avec Pwyll et Aeldred.

Il la précéda vers la sortie.

[Casaïr]

"Vers la forêt ?" répéta Aeldred, étonné.

Il réfléchissait toujours lorsque Jazkez et Madennig sortirent pour les rejoindre. Il salua gaiement la jeune femme avant de lui expliquer.

"Je ne sais pas si sire Jazkez te l'a dit, mais une bagarre a éclaté il y a peu et une femme a attaqué au couteau un homme. Oanell souhaite qu'on les retrouve et on dirait que le blessé aidé par un ami à lui se dirigent vers la forêt. Il avait prétexté à Joavan se rendre chez Névéna, la soigneuse de Terfynisel mais nous ne l'avons pas croisé sur la route, alors, on va les suivre à la trace."

[Iris]

Madennig arbora des yeux ronds jusqu'à ce qu'Aeldred lui expliquât la situation, de quoi elle le remercia d'un sourire et d'un signe de tête. En sortant, elle alluma plus vivement la lanterne. Les hilderins bénéficiait de lanternes métalliques à vitre en verre, fabriquées à Osta-Baille, tandis que les habitants du cru qui sortaient la nuit avec des lanternes dont les parois étaient faites de cuir fin ou de papier. Dans les marais, on utilisait volontiers les lucioles hallucinantes, mais ces bestioles étaient un peu dangereuses (d'où leur nom). Hormis pour les modernes modèles mécaniques sur lesquels la mèche pouvait bien se régler, il n'y avait généralement que deux degrés de clarté : allumé au maximum et éteint. Madennig avait de loin le meilleur éclairage : la flamme se réverbérait sur des miroirs et n'était pas étouffée par l'épaisseur du parchemin.

Pwyll était déjà à l'orée des bois, à lutter avec des fougères. Cette espèce poussait volontiers dans les clairières et le long des routes (donc des clairières artificielles, bien entretenues par les humains). Elles étaient hautes, mesurant jusqu'à 1.70m, et pour peu que le terrain fût irrégulier, un adulte pouvait y disparaître même sans faire exprès ; pour quelqu'un qui était déterminé à se cacher, ce type de terrain était tout bonnement idéal.

La nuit et la densité du feuillage, ne facilitaient pas la tâche au colosse pisteur. Heureusement, le poids de deux hommes marchant ensemble offrait quelques bonnes traces. Leur chemin s'enfonçait dans les bois, pour l'instant dans une futaies plutôt bien entretenue, mais avec tant de fougères qu'ils ne se repéraient eux-mêmes qu'avec leurs lanternes qui jetaient des lueurs irréelles en mouvement.

Pwyll s'arrêta. Il levait le nez, comme pour écouter quelque chose.

Le vent dans les feuillages forcissait, avec cette fraîcheur humide qui signale l'arrivée prochaine de la pluie. Madennig regardait en l'air. Avec le feuillage des arbres, le ciel sombre et lourd de nuages était invisible. Elle profita de la halte pour ajuster sa capeline et rabattre son capuchon sur sa tête. Elle se préparait à l'averse.

[Pwyll]

Pwyll parla d'une voix assez forte, comme s'il craignait qu'elle se perde dans la nuit et s'éparpille entre les hautes fougères. Il les dépassait pourtant, de la tête et des épaules.

- J'crois bien que j'ai perdu la trace. Approchez de moi, faites attention où vous mettez les pieds ! Faudra sans doute faire demi-tour. Avec la pluie qui vient en plus...

Pwyll avait menti de son mieux.

- Par ici, cherchez par terre, pas le nez en l'air.

Une fois que les membres du groupe se furent rapprochés suffisamment, il adopta un ton bien plus bas.

- Guetteur. On est repérés. Soyez prêts à vous défendre. Mieux d'avancer je pense, pas leur laisser préparer une embuscade.