[OdE Chap.7-1] La part de la veuve

[NailsEater]

Elle avait écouté le spropos de Jazkez avec un léger sourire en coin. Mais n'ajouta rien. Quand les propos d'Ergat se firent entendre, elle ne sut trop quoi répondre.

Fragannen ... je ne comprend vraiment rien de tout ça.

Oanell obersvait Blodwen, attendnat de voir qu'elle serait la marche à suivre pour elle.

[Iris]

" Donc... nous avons eu au moins une garde corrompue... mais comment savoir s'il n'y en a pas d'autre ? " s'inquiéta Blodwen.

Elle soupira : " La guérisseuse Névéna dit que le blessé devrait pouvoir bientôt parler, mais qu'il faudra y aller doucement. Cela dit si c'est un brigand, ...doucement ou pas... "

Les brigands étaient soit bannis en cas de circonstances atténuantes, soit pendus -- cas le plus fréquent car on ne voulait pas envoyer des criminels endurcis dans d'autres régions. Le principal facteur de choix de la peine était le danger qu'un individu représentait pour la communauté. Quelqu'un qui se bagarrait ponctuellement était pénible, mais son cas ne nécessitait pas plus qu'une amende. Pour un meurtrier, on pouvait trouver un arrangement (esclavage un temps au service de la famille de la victime ou grosse indemnisation), la mort n'étant prononcée que si aucune autre solution ne pouvait être trouvée. Les voleurs avaient intérêts à avoir des proches se portant garants d'eux et de leur réinsertion, sinon... leur sort était variable : coups de fouet, marque au fer rouge, bannissement, pendaison. Il n'y avait pas vraiment de règle absolue les concernant. De manière générale, les seigneurs féodaux, les Ronces et les Hilderins avaient tendance à chercher des peines exemplaires dans l'espoir que cela dissuaderait les malfrats.

" Cette histoire tombe vraiment au plus mauvais moment... et ce trésor... c'est... "

Elle n'arrivait toujours pas à y croire.

" Fragannen est peut-être morte, mais il va falloir prendre des décisions quant à sa famille..."

En cas de trahison, les proches du coupable étaient généralement bannis.

[Casaïr]

"Elle cherchait sans doute à améliorer la vie des siens, chuchota Aeldred avant de reprendre d'une voix normale. Je ne cherche pas à excuser son geste mais quand on voit ce que contient ce coffre, je peux comprendre que certains soient prêts à tout pour l'obtenir. C'est sans doute naïf de ma part mais, avant de ne rejeter la pierre sur sa famille, peut-être devrait-on essayer de savoir s'ils étaient au courant de ses plans ?"

C'était la seule chose à laquelle il pensait sur l'instant. La nuit avait été éprouvante et il avait encore du mal à réaliser ce qui s'était passé, il lui faudrait encore un peu de temps pour digérer tout ça, notamment la vie de cette femme qu'il avait prise alors qu'elle tentait de fuir. Cette simple évocation lui noua l'estomac.

[Iris]

" Oui tu as sans doute raison..."

" Nous avons beaucoup de choses à faire. Ici, il faut faire la lumière sur cette histoire de corruption ; mais il faut aussi s'occuper de ce nénuphar tueur, le feond qui a sévi à Swelbecky : ça ne peut pas durer ! ... et moi je dois aller à Llewellen pour régler cette histoire avec Gloada qui réclame de l'argent."

Un regard vers le trésor. Blodwen était plongée dans des méditations silencieuses. A quoi pensait-elle ?

Llewellen était la capitale du duché. Le duc était un homme fort âgé, dont les enfants d'un premier mariage n'avaient pas survécu, ou étaient morts jeunes. Il s'était remarié avec une très jeune femme issue de la famille royale. On disait que Jerryl le hilderin l'avait escorté et était tombé éperdument amoureux d'elle, au point de ne pas supporter qu'elle épousât un vieillard. En même temps que la jeune duchesse, un gouverneur hilderin était venu pour "aider", mais dans les faits, beaucoup disaient qu'il était la véritable personne qui prenait les décisions dans le duché.

[Madennig]

Madenig avança d'un pas, et arriva à coté de l'osfer Jazkez. Son pied frola dangereusement la béquille, mais ne renversa pas celle-ci...
Un peu contrariée, la petite Madenig baissait les yeux.
Mais pourquoi cette bouderie ? La soirée de la veille n'avait-elle pas été suffisamment palpitante ? Non, Madenig savait se contenter de peu.
Elle se gratta la gorge et parla enfin :

"Je tiens à vous signaler que ce trésor est maudit... Vous ne devriez offrir ces pièces qu'à vos ennemis... J'ai bien compris qu'il vous offre beaucoup de possibilités, mais j'aimerais tout de même attirer votre attention sur le fait que les derniers à l'avoir eu entre les mains ne sont plus là pour témoigner..."

Un coup d’œil désolé à l'osfer. Mais il fallait que ça sorte.

[Casaïr]

"C'est la deuxième fois que tu dis qu'il est maudit, remarqua Aeldred en regardant la jeune femme. Je sais que les événements d'hier étaient un peu... extrêmes, mais de là à parler de malédiction, ça me semble un peu... prématuré, non ?"

Le ton de l'ex-chasseur n'exprimait que de la curiosité par rapport au comportement de l'hilderine. Après tout, il commençait à s'y connaître un peu en malédiction, l'ayant déjà vu sévir au sein même de sa famille. Il ne demandait qu'à la croire mais il préférait éviter d'aller trop vite en besogne.

[Iris]

Blodwen partageait la perplexité d'Aeldred et elle était, de renommée publique, peu portée aux superstitions :

" Maudit ? Tu as une raison de dire ça, en dehors des événements de la nuit ? "

[Madennig]

"C'est que..."

Les joues de la jeune femme rougissaient encore, mais à voir sa posture renfermée, ce n'était pas par timidité. Peut être la honte, la colère...?
Ses poings serrés derrière son dos portaient à croire cela, tout comme sa voix enrouée.

"...J'ai entendu beaucoup d'histoires... Je viens des marais du Ponan... Toutes ces rumeurs sont irrémédiablement tragiques pour les bandits qui ont participé à engranger ce trésor... Je ne vous demande pas de me croire sur parole, mais d'en tenir compte dans vos décisions... De rester prudents... "

[Caeso Senjak Khan]

Le chevalier hilderin fit une petite moue et repoussa un insecte un peu entreprenant avec le bout de sa béquille.

-Ce qui est une malédiction pour certains peut être une bénédiction pour d'autres. Il est plutôt rassurant de constater que les C'MAoghs ne favorisent pas le brigandage sur le domaine. Je suis certain qu'ils se montreront plus bienveillant si cette trouvaille permet de servir une cause plus naturelle, comme le développement des terres de Terfynysel dans le respect et l’équilibre entre traditions et progrès par exemple.

Il releva la tête et laissa courir l'insecte sans l'écraser.

-J'ai toute confiance en Blodwen et Oanell pour faire ce qui sera le mieux pour Terfynisel. Dans tous les cas, considérez que vous avez mon soutien et celui des hilderins.

[Iris]

Blodwen émit un sourire satisfait à l'adresse de Jazkez et le remercia.

Pour ceux qui connaissaient la seigneuresse, il y avait matière à se dire que Jazkez était assurément doué pour la faire ronronner. C'était une sorte de talent qui forçait le respect de tous ceux qui avaient tant de peine à obtenir un résultat arrivant à peine à la cheville du chevalier hilderin en dépit de multiples efforts.

" Oanell, tu viendras avec moi à Llewellen. "

Elle regarda les autres personnes présentes avec une mine interrogative. Les Ronces précisèrent qu'ils resteraient à Terfynisel en s'occupant des routes et du marais.

" Nous partirons dans quelques jours, le temps de tout mettre en ordre ici."