[OdE Chap. 7-4] La reconnaissance du père I (Madenig)

[Casaïr]

Quand tous les adolescents furent prêts, Bremalen expliqua les règles.

"Malgré les protections, il est interdit de frapper à la tête sous peine de disqualification. Vous perdez si vous mettez un genou à terre ou si vous tombez, si vous êtes désarmés ou si vous abandonnez. Pour signifiez votre abandon, criez-le haut et fort ou levez les mains. Si vous vous acharnez contre un adversaire qui abandonne, vous serez disqualifiés et ce sera votre rival qui l'emportera. Des questions ?"

Les jeunes gens réunis n'en avaient pas. Il y avait un soulagement manifeste qu'Aedan ne soit finalement pas de la partie : il était l'un des meilleurs à l'épée mais si sa nature revancharde avait pris le dessus comme sur la falaise, les circonstances auraient été dramatiques. Il y avait tout de même Rob, le meilleur ami de Bryn qui était loin d'être mauvais dans l'exercice. Les autres savaient qu'ils n'avaient guère de chance contre les Amants Terribles, le nouveau surnom des amoureux mais l'ambiance était malgré tout détendu, ils avaient l'intention de montrer aux adultes qu'il était possible de leur faire confiance et rien que cela était une victoire pour la majorité d'entre eux.

La vainqueur du premier combat fut Rob, sans aucune surprise. La carrure athlétique du garçon ajoutée à ses compétences n'avaient guère laissé de chance à son adversaire qui avait perdu son épée au bout d'une dizaine de secondes. La seule chose qui l'avait empêché de bousculer les parieurs qui ne voyaient que Bryn ou Madenig était son vertige terrible qui lui avait interdit de descendre la falaise et un manque d'habileté assez incroyable un arc entre les mains. Il s'en était d'ailleurs plaint le matin même, cherchant à convaincre Bremalen de le laisser concourir avec ses couteaux de lancer, ne lui attirant qu'un regard faussement courroucé et un soupir amusé du demorthèn.

Cerdan l'emporta aussi, de manière totalement imprévisible, révélant des talents de duelliste que personne ne lui connaissait et qui amenèrent un peu de fierté sur les joues du timide garçon. Son sourire s'effaça quelque peu lorsqu'il apprit que son adversaire serait Madenig. Son combat contre la jeune fille fut bien plus accroché que prévu et Madenig dût lui crocher un pied et le faire basculer en arrière pour l'emporter. Si la jeune fille fut applaudie pour sa victoire, Cerdan fut également célébré, le combat avait certainement été l'un des plus palpitants à regarder. Il vint d'ailleurs remercier sa rivale une fois sortie de l'arène, sincèrement heureux.

Le combat entre Rob et Bryn fut autrement plus serré : les deux garçons s'entraînaient régulièrement entre eux et le duel était si intense que l'on remercia un instant que les armes ne fussent que de simple bois. Rob dépassait Bryn en force brute mais était moins agile, ses assauts rencontraient régulièrement le vide mais il parait sans effort les coups de son adversaire. L'on pouvait toutefois sentir l'agacement le gagner et ses coups gagnèrent encore en brutalité pendant qu'il perdait davantage en précision. Malheureusement, Bryn n'arrivait pas à approcher car alors, le moindre coup pourrait lui briser plusieurs côtes. C'est à ce moment qu'il fit un pari audacieux -d'autres l'auraient qualifié de stupide : il laissa Rob frapper son bouclier qui lui fut arraché sous la puissance de l'impact tandis qu'il pirouettait sur lui-même et profitait de cette mince ouverture pour frapper directement la main directrice de son ami. Celle-ci n'était pas autant protégée pour ne pas nuire au maniement de son épée, aussi le *crac !* qui résonna ne fut guère surprenant. Sous la douleur, Rob lâcha son arme et tomba au sol. Le combat fut immédiatement arrêté et Rob mené auprès de Bremalen pour être soigné.

Bryn vint retrouver Madenig, en sueur, avant de s'asseoir à même le sol, épuisé.

"Bon sang, j'aurais jamais cru que ce serait aussi dur. Il faudra que j'aille m'excuser auprès de lui après mais je ne voyais pas d'autres moyens de gagner."

[Madennig]

Madenig donna à Bryn une serviette, avec un sourire tendre et fier.

"Je crois surtout qu'il est difficile de -jouer à se battre- sans se faire mal... Et puis ça m'évitera de devoir l'affronter à mon tour ! Je ne sais pas si je m'en serais sortie contre lui..."

En espérant que cela le console, elle colla ses lèvres contre la joue humide de son amoureux. Puis souffla à son oreille, avec malice.

"Mais oui, tu pourras aller t'excuser, et l'aider tous les jours qui suivront pour... enfin, tu sais, tous les trucs qu'on doit faire avec sa main..."

Elle se mit à rire derrière sa main, gênée par ses propres paroles.

[Casaïr]

Pour toute réponse, Bryn, faussement offusqué, claqua la fesse de sa petite amie avant de l'attirer vers lui pour l'embrasser.

"Aucun risque pour ça, monsieur a beaucoup trop de succès auprès des filles du village. Et tu serais étonnée de savoir combien d'entre elles seraient heureuses de lui prêter une main ou une bouche !"

Il se mit à rire aussi alors que la fatigue s'estompait doucement et que la pause se poursuivait.

Quand les combats reprirent, la tension était clairement retombée : les adversaires les plus forts avaient été éliminés et les Amants Terribles ne devaient se rencontrer que pour le combat suivant, la finale. Cette fois, tout le monde était attentif et juste avant que le duel ne débute, une certaine agitation se propagea dans la foule alors qu'apparaissait Breorn, l'ansaileir du village. On le voyait peu et de moins en moins, le chef du village était tombé gravement malade il y a un an et, s'il était guéri, il en était ressorti extrêmement affaibli, vieilli avant l'heure. C'est ainsi que Bremalen devint son porte-parole en plus de son rôle classique de demorthèn cependant que beaucoup s'attendait à le voir lui succéder. Breorn n'était pas sorti une seule fois de chez lui depuis plus d'une semaine mais avait tenu à venir au moins voir la finale entre les deux adolescents. On lui fit installer un fauteuil confortable juste devant la clôture délimitant la zone de combat et remercia tout le monde d'une voix sifflante. Cela rajoutait une pression supplémentaire sur les épaules des deux amants qui avaient du mal à se lancer dans la bataille.

"Ne t'en fais pas, dit Bryn doucement, rappelle-toi ce qu'à dit Bremalen : quel que soit le vainqueur, l'autre aura sa chance aussi."

C'est au signal du demorthèn qu'ils s'élancèrent l'un vers l'autre dans une joute féroce, un corps à corps bien différent de ceux qu'ils avaient prit l'habitude de pratiquer depuis quelques temps ; un ballet torride d'esquive, de parade, de contact. Pas vraiment remis de son duel contre Rob, Bryn avait dû laisser de côté le bouclier mais cela ne semblait guère le gêner. L'un comme l'autre était exalté par ce moment, de ce jeu du chat et de la souris devant tout le monde. Aussi étonnant que cela pouvait l'être, il se dégageait beaucoup d'amour et de sensualité de cet affrontement malgré les assauts redoutables effectués par les deux combattants. Le public tout autour de l'arène poussait régulièrement des "Hooooo !" et des "Haaaaa !" devant l'audace des jeunes qui leur offrait quelque chose d'incroyable. Ce fut Bryn le premier qui donna des signes de fatigue, son duel contre Rob avait laissé des traces. Et ce fut au moment de porter un ultime coup d'estoc qu'il trébucha, provoquant un sursaut de la foule. Madenig en tira profit, esquivant le coup maladroit de son petit ami avant de l'envoyer au sol du plat de sa lame, essoufflée elle aussi comme jamais. Il y eut un moment de flottement, les uns comme les autres ayant du mal à y croire mais le combat était terminé. Rapidement les hourra succédèrent à la stupeur, jusqu'à ce qu'Hector, le père de Bryn, ne se fasse entendre.

"C'est intolérable ! Comment as-tu pu laisser cette trainée te battre comme ça ?! Tu devrais avoir honte, tu vas voir ce qu..."
"Stop ! intima Bremalen d'une voix de stentor. Ce que je vois ici est surtout une égalité parfaite, nos deux enfants ici présents ayant chacun remporté deux épreuves. La dernière aura lieu demain en milieu de mâtinée et le reste de la journée sera consacrée à la fête. Et si tu continues tes imbécillités, c'est à moi que tu auras affaire cette fois..."

Le demorthèn était rarement en colère, jamais menaçant. Aussi quand celle-ci claqua comme un fouet dans l'air son effet ne se fit pas attendre : Hector battit en retraite, hué par la foule.

"Et la gagnante de l'épreuve est Madenig !" reprit Bremalen sous l'ovation du public.

[Madennig]

La remarque de Bryn à propos des conquêtes de Rob étonna la jeune fille qui n'était pas du tout au courant de ce genre de rumeurs. Au fond, elle n'avait pas d'amie, il lui était bien impossible d'entendre ce genre de confidences. Puis, elle sourit tendrement quand il la mit à l'aise, juste avant de lui offrir un oeillade de défi le laissant deviner qu'elle ne lui ferait aucun cadeau dans les prochaines minutes...

*****

Madenig s'était étendue sur le sol, juste après Bryn, épuisée par ce combat. La voix du Père de Bryn éveilla instantanément en elle une colère sourde. Pas à cause de l'insulte à son encontre, mais bien à cause des reproches faits à son fils. Identique sensation de haine pure que celle ressentie sur la falaise contre Aedan. Elle aurait du se douter que cela arriverait si elle gagnait ce combat... Bremalen se chargea de le faire taire, mais Madenig s'était déjà relevée malgré sa fatigue, prête à... Elle ne saura jamais vraiment prête à quoi. Mais ce fut juste à temps que le père de Bryn s'en alla.

Son fils était déjà debout, elle le regarda avec intensité. Et sans un bruit, ses lèvres lui dirent merci. Merci pour quoi ? Il saurait sûrement plus tard.
Elle lâcha l'épée de bois, espérant que la prochaine qu'elle aurait en main serait en fer. Ses deux mains enfin libres rencontrèrent celles de celui qui avait gagné son cœur, malgré cette toute petite défaite.

"Je crois que Clervie aimerait bien nous avoir à dîner ce soir... Ça lui ferait plaisir. Tu voudrais venir ? Tu feras la fête ensuite..."

[Casaïr]

Bryn acquiesça. Voir son père ne lui donnait aucune envie de le voir ce soir même si la menace de Bremalen lui aurait sûrement cloué les mains le long du corps.

Ils se retrouvèrent ainsi chez Clervie, passablement épuisée qu'elle était d'avoir du gérer la jeune génération pendant cette folle journée.

"Je n'en reviens pas, vous êtes devenus leur modèle, disait-elle, assise sur une chaise. Grâce à vous, Bremalen n'a pas fini de se faire des cheveux blancs ! Mais étant donné le succès de cette année, Il m'a dit en avoir discuté avec Breorn et il y a de fortes chances pour que la fête soit reconduite l'année prochaine."

C'était une surprise plutôt agréable à entendre et une belle façon de dynamiser le village tout en encadrant la jeunesse, évitant ainsi l'avènement d'une nouvelle Madenig ou au contraire lui permettant d'atteindre tout son potentiel. Ils dînèrent d'un délicieux ragoût composé de viande de boernac accompagné de tranches de pain frais, de bolées de cidre et d'un plein panier de fruits que l'on avait donné à la dàmàthair. Les discussions sur l'épreuve du lendemain tournèrent autour de la table, les trois convives se demandant quel tour pendable leur avait réservé le demorthèn.

Lorsque le repas fut fini, Clervie leur proposa de rester pour la nuit, elle avait sa propre chambre et les tourtereaux pouvaient s'installer sur les matelas de paille destinés aux enfants. Il fallait simplement en rapprocher plusieurs pour obtenir de quoi s'installer confortablement.

"Et ne vous en faites pas pour le bruit, quand je dors, même un tremblement de terre ne saurait me réveiller."

Elle leur fit un clin d'œil malicieux avant de leur souhaiter bonne nuit et de se retirer.

[Madennig]

Madenig, en guise de remerciement, serra Clervie dans ses bras. Qui sait après tout si sa propre mère aurait pu être aussi bonne que la dàmàthair elle-même ? La jeune fille se dit qu'au fond, elle n'avait pas été aussi malchanceuse qu'elle ne l'avait cru, que l'horizon se dégageait... D'autant plus quand elle rejoint Bryn dans le dortoir des enfants. Elle le regarda préparer leur couche pour cette nuit, débordante d'amour et d'admiration. C'était sa faute si elle allait mieux. C'était sa déclaration qui avait tout métamorphosé. Comme si le feond qu'elle était devenue retrouvait sa forme d'amour et de joie originelle.

Alors qu'il s'allongeait, elle le rejoignit comme un chat fatigué, pour se coller à ses cotés et profiter de sa chaleur. Il ne faisait pas si chaud, et l'édredon était supportable la nuit. Surtout quand on était complètement nu dessous.

"Et si nous restions à Salaïs...? Peut être qu'une vie monotone et paisible pourrait aussi nous convenir... Je t'aiderai aux champs l'été et toi, tu m'aiderais au bois l'hiver... Peut être qu'avec l'âge, cette envie de tout explorer finirait par passer. C'est trop irréaliste, tu crois ?"

[Casaïr]

Bryn prit le temps de réfléchir aux paroles de sa dulcinée avant de répondre.

"On a toujours été des enfants à part, on deviendra donc sûrement des adultes particuliers. C'est vrai que c'est plutôt tentant, consentit-il à dire. Toi, moi, une petite maison, une ribambelle d'enfants se chahutant comme nous quand on était jeune... Bon sang, je viens de vieillir d'un coup par ta faute !"

Il se mit à rire avant de serrer Madenig dans ses bras puis de l'embrasser. Ses mains aventureuses ne cessaient d'explorer le corps de la jeune femme avant que son désir ne grandisse et qu'il se décide à la couvrir, lui murmurant des "Je t'aime" à l'oreille.

***

Le lendemain, les habitants étaient réunis à l'extrémité sud du village à quelques pas derrière Madenig, Bryn et Bremalen. Breorn avait lui aussi fait le déplacement, curieux de voir le fameux vainqueur.

"Je ne m'attendais pas vraiment à un tel résultat, avoue le demorthèn en souriant. Nos éléments les plus perturbateurs sont aussi ceux qui désormais ont la réputation de notre village entre les mains. Je vous connais tous les deux depuis longtemps, alors que je n'étais encore que ionnthèn. Je vous ai vu grandir ainsi que toutes les bêtises que vous avez pu faire."

Cette déclaration déclencha une cascade de rires derrière le jeune couple qui continuait de fixer Bremalen.

"J'ai également vu vos difficultés respectives, et ai tenté à maintes reprises de vous venir en aide, avec des réussites parfois discutables. Aujourd'hui, je suis fier de l'homme et de la femme que vous êtes devenues, et si javais mon mot à dire maintenant, vous seriez déclarés vainqueur à égalité. Bon, en réalité, je pourrais avoir mon mot à dire, mais cela reviendrait à enfreindre mes propres règles, ce qui ne ferait pas très sérieux, n'est-ce pas ?"

"Pour cette épreuve finale, ce sera très simple : il y a une lance devant chez moi, orné de deux foulards. Le premier qui revient avec l'un de ces foulards sera notre champion !"

"Prêts ?"

"Partez !"

[Madennig]

La jeune fille tenait encore la main de Bryn alors que Bremalen parlait devant tous et devant eux. Ça avait des allures de cérémonies, et d'ailleurs, elle se sentait en quelque sorte célébrée pour une fois, au lieu d'être grondée. Grâce au demorthèn, le village pouvait admirer les garnements tristement connus. Madenig l'admirait pour ce tour de force, elle espérait le revoir un jour afin de mieux le comprendre.

En écoutant le contenu de l'épreuve, Madenig eut une sorte de flash confus mais puissant, se voyant faire l'amour à Bryn dans la maison du demorthèn au lieu de ramener le foulard, pendant que tout le village les attendrait. Mais le départ fut si vite envoyé qu'elle n'eut pas le temps d'approfondir cette rêverie.
Sa maison était tout de même bien éloignée, et elle courrait pour l'instant derrière Bryn, exprès pour se cacher, pour qu'il n'entende que son souffle dans son dos.

La cabane au toit verdoyant apparut bien vite, et les foulards aussi... Madenig ne put s'empêcher de sourire, courir lui faisait du bien, tout comme les torrides pensées qu'elle essayait de chasser.
Trop heureuse, elle se demandait si finalement, elle ne le laisserait pas gagner ?

[Casaïr]

Bryn s'était rapidement élancé, bien inconscient des érotiques songes qui peuplaient l'esprit de Madenig. Celle-ci courait juste derrière lui et tous deux maintenaient un rythme qui leur permettrait de tenir la distance, il y avait tout de même près de deux kilomètres aller-retour à couvrir, tout donner dès le début était l'assurance de finir sur les rotules.

Ils arrivèrent à la maison de Bremalen et repérèrent immédiatement la lance portant les deux foulards. Ils tentèrent de desserrer les nœuds rapidement mais il s'avéra finalement plus simple de les faire glisser le long de la hampe et de les récupérer comme ça.

"Il faudra qu'on lui dise de ne pas faire des trucs pareils s'il ne veut pas voir les suivants passer plus de temps à récupérer son foulard qu'à courir", maugréa Bryn avant de repartir.

À mi-chemin il se retourna et vit que Madenig n'attaquait toujours pas. Il s'arrêta alors.

"Mad', tu ne dois pas me laisser gagner comme ça, c'est pas juste pour toi ni pour moi. Je veux que tu te battes, d'accord ? Fais-le pour nous."

Il l'embrassa puis repartit à toute vitesse.

"Enfin il faudra quand même que tu fasses un effort si tu veux me gagner !"

Il lui renvoyait pratiquement ce qu'elle lui avait ce soir-là dans le moulin, là où leur histoire avait commencé. Aiguillonnée par son petit-ami, elle lâcha enfin la bride et gagna rapidement du terrain. elle finit même par le dépasser, de plus en plus. Elle ne se rendit pas compte que c'était finalement lui qui avait très légèrement ralenti, et elle franchi la bande de craie au sol en gagnante, Bryn arrivant à peine quelques secondes plus tard, essoufflé et boitillant. Bremalen se retourna vers le jeune homme arrivé second et s'enquit de son état.

"C'est rien, dit-il, une simple crampe au mollet. Je crois que les épreuves de ces derniers jours ne m'ont pas vraiment fait du bien."
"Je te donnerais un peu de baume au camphre pour ta jambe, cela te soulagera, répondit le demorthèn avant de se retourner en levant le bras de la jeune femme : Je vous demande d'applaudir notre grande gagnante, Madenig !"

La foule exulta et entoura rapidement la gagnante, la coupant de son petit ami alors qu'elle était entrainée bien malgré elle jusqu'au village où elle fut installée à la table d'honneur. Breorn, porté dans son fauteuil, fut placé juste à sa droite, tandis que Bremalen se tenait à sa gauche. Les festivités reprirent bon train et l'on servit vin, cervoise, pièces de viandes sur pain tranchoir délicieusement imbibé de sauce. Madenig comprit rapidement qu'elle ne pourrait pas s'échapper de la fête, cependant elle avait beau fouiller des yeux l'assemblée, impossible de voir Bryn. Les minutes passaient et son inquiétude grandissait, jusqu'à ce qu'un cri terrible glace les sangs de tous les présents. Bientôt, Madalen, la mère de Bryn arriva. Ses vêtements étaient éclaboussés de sang.

"Ve...Venez vite, par les C'maogh ! Ils sont en train de... Il va... il va le tuer !"

[Madennig]

Elle eut un pincement au cœur, quand elle s'aperçut que Bryn boitait. Mais la clameur de la victoire détourna son attention que trop bien. Son sourire d'abord hésitant devint plus franc, dans la foule, elle cherchait ses trois petits frères. Peut être que son père ne serait pas loin...
Le temps de revenir sur terre, de se rendre compte que Bryn n'était toujours pas là, et de se demander si le second gagnant du tournoi ne méritait pas une place aussi ici, que sa mère arrivait couverte de sang... De sang, mais de qui ?
Les pensées de Madenig s'envolèrent, pour ne laisser place qu'à son instinct. Elle sauta par dessus la table provisoire, pour rejoindre le carnage qui devait se trouver là d'où venait la donneuse d'alerte...