[OdE 7.7] Une matinée à Louarn

[Casaïr]

"C'est un drôle de type", commenta Aeldred sans trop savoir quoi dire de plus.

Jusqu’à ce qu'il entende Madenig et rougisse derechef. C'était tout juste si de la fumée ne lui sortait pas des oreilles.

"Je... O...oui, c'est... Ça se voyait tant que ça ?"

Le jeune homme ne savait plus où se mettre, un sourire gêné sur le visage. Il n'était pas bien sûr non plus de parler de la même chose que l'osfei. Il se rendit compte qu'il avait déjà expérimenté cette situation avant et qu'il ne savait toujours pas comment s'en dépêtrer.

"T...tu sais, je... j'aurais préféré... Enfin, y a de meilleures façons de..."

Il finit par se taire et regarda Madenig. Rassembla la jeune femme. Prit une profonde inspiration.

"Je s-sais ce que tu as dit, quand tu es venue me voir à la maison, donc je ne m'attends pas à une réponse positive de ta part. Je n'ai pas encore trouvé la bonne clef, enfin... je ne sais pas."

Bon sang, on dirait un gosse.

"T'es pas obligée de répondre, ou même de dire quoi que ce soit, la situation est déjà assez étrange comme ça, je peux comprendre que... ce ne soit pas la situation rêvée."

[Madennig]

Qui des trois semblaient le plus gamin ? Madenig qui maintenant ouvrait de grands yeux apeurés, Aeldred qui pensait que c'était vraiment le moment d'en parler, ou Bryn qui peut être était déjà loin sur la route d'Osta-Baille.

"Je passerai te voir plus tard dans la journée, pour te parler, t'expliquer... Mais là, ce n'est même plus un problème de clef... "

Elle jeta un oeil vers Bryn qui avait quasiment disparu de son champ de vision.
Puis revenant vers Aeldred, elle lui posa une main sur l'épaule et lui fit un sourire confiant.

"Fais attention à toi. A plus tard ! Promis."

Et elle retourna vers le grand orme.

[Casaïr]

Aeldred n'avait su quoi dire et la regarda partir, pas certain du tout de la suite. Madenig retrouva Bryn là où il avait dit qu'il serait, un brin d'herbe entre les dents, couché à l'ombre du grand arbre. Les bruits de pas le firent se redresser et il sourit instantanément.

"Alors ? Ça s'est passé comment ?"

[Madennig]

"Il est dingue de moi, nous nous marions dès que tu seras parti..." grommela-t-elle entre ses dents.

Elle s'assit à coté de lui, en colère encore. Elle prit le temps de faire descendre de quelques crans sa mauvaise humeur...

"En fait... En fait, là, j'avais pas envie de ça. Je veux juste rester, à coté de toi, même si tu ne me parles pas, même si il ne se passe rien. Je ne veux rien d'autre. Jusqu'à ce que tu repartes. Le reste... Le reste, je verrai ça plus tard. Pour le moment... je veux... "

Elle serra les mâchoires pour retenir ses larmes. Mais c'était peine perdue. Elle renifla, et épongea l'eau de ses joues d'un revers de la main.

"C'est une chance insolente de t'avoir juste à coté de moi aujourd'hui. Laisse-moi profiter de ce bonheur-là. Laisse-moi te regarder encore... On ne se reverra peut être plus, après tout. Nous ne sommes plus les amants terribles de Salaïs, mais tu seras toujours important pour moi."

Elle arracha une fleur ridiculement petite de couleur jaune du carré d'herbe près d'elle, et l'offrit à Bryn.

"Tiens, tu as faim, on dirait..."

[Casaïr]

Le soudain changement d'humeur de Madenig alerta rapidement Bryn qui prit la jeune femme dans ses bras, ignorant la petite fleur.

"Pardon, Mad', c'est pas ce que je voulais, j'essayais juste de..."

Il finit par desserrer son étreinte avant d'essuyer une larme avec son pouce sur la joue de l'hilderine.

"Aujourd'hui comme hier, je veux que tu sois heureuse. Si c'est pas lui c'est pas grave, si c'est pas maintenant non plus. Le pauvre, je lui ai complètement retourné la tête en le prenant par surprise, hein ? Mais il s'en remettra, c'est un grand garçon !"

Bryn n'avais pas conscience de ce qu'il disait bien sûr, il ne connaissait pas Aeldred. Il reprit sa place, récupéra la fleur de la main de Madenig et la mangea.

"C'est un peu dégueux quand même, ça manque d'assaisonnement tout ça. Et la prochaine fois -parce que maintenant que je sais où tu es, il y aura une prochaine fois-, je me tiendrais à carreaux, promis. Je me contenterais de faire sauter tes gamins sur mes genoux."

[Madennig]

Elle se laissa étreindre, et cela la calma beaucoup. Elle sourit à sa remarque.

"Je n'ai pas fait la cuisine depuis... très longtemps... C'est normal que ce soit pas terrible."

Mais son air se fit plus sérieux, la réprimande continuait un peu.

"Non, mais, la prochaine fois que je te demande d'arrêter de courir, écoute moi. Aeldred vient d'avoir une terrible rupture... La femme qu'il aimait a refusé de se marier avec lui. J'essaierai d'arranger ça tout à l'heure... Tu n'en fais qu'à ta tête !"

Et elle lui tapota le front avec son index, en riant.

"Tu sais ce qu'on va faire ? A chaque fois qu'on gagnera un combat contre un brigand... on ajoutera un point à notre score. Et la prochaine fois qu'on se voit, celui qui a le plus de point se fera lire une histoire par le perdant. On remet les compteurs à zéro à chaque fois bien entendu."


Elle tendit sa main.

"Marché conclu ?"

[Casaïr]

Bryn accusa le coup en apprenant ce qui était arrivé à Aeldred.

"C'est moche ça, c'est pas le genre de chose dont on se remet facilement."

La suite lui plaisait bien davantage en revanche. Un duel sur la durée, voilà qui promettait.

"D'accord, pourquoi pas. Mais tu as vite intérêt à apprendre à lire, parce que tu vas devoir m'en raconter un paquet !"

Il leva les yeux au ciel pour estimer l'heure et se racla la gorge.

"J'ai encore un peu de temps avant de me mettre en route, tu veux qu'on mange un morceau ? On prend de quoi se restaurer aux cuisines du château vite fait et on revient se poser ici. Avec de la chance on verra Aeldred revenir et je m'excuserais pour la mise en boite."

[Madennig]

Son sourire revenait peu à peu, et elle se leva, approuvant le plan de Bryn.

"Si vraiment tu veux mettre mes compagnons et collègues en boite, j'en ai d'autres à te présenter qui sont bien plus armés pour ça... Sauf que, ce n'est pas très juste. Je ne peux pas te rendre la pareille ! La prochaine fois, essaie de ne pas venir seul, je pourrais moi aussi m'amuser..."

Alors qu'ils étaient en route pour les cuisines, elle précisa :

"Tu sais bien que quand j'ai un objectif en tête, il est quasiment impossible de me faire échouer... Maintenant que j'ai une vraie raison pour apprendre à lire, je peux te dire que ça sera très rapide. Tu seras impressionné... Peut être même que je lirai et danserai en même temps !" pétillait-elle en toute vantardise.

[Casaïr]

"Tant que tu n'écris pas en même temps que tu danses."

Et il se mit à tournicoter sur lui-même en faisant semblant d'écrire sur une feuille de papier invisible, tressautant et raturant à chaque pirouette terminée.

Ils purent facilement récupérer de quoi manger dehors dans un petit panier, une miche de pain gris sentant délicieusement bon, un peu de fromage, des lamelles de viande séchées, une outre de cidre, deux gobelets de bois et un couteau bien aiguisé. Quand ils revinrent ils ne virent pas Aeldred mais Bryn ne s'en inquiétait pas, préférant se concentrer sur la délicate opération de tranchage du pain et du fromage pour leur offrir de généreuses portions.

"Et sinon, c'est quoi le but dans la vie de l'osfei Madenig, à part repousser les méchants et les amoureux éconduits ?"

[Madennig]

"Hm... Juste... Rentrer à Salaïs, une fois que j'aurais suffisamment de métier, pour enseigner au village le maniement des armes... Peut être aussi, apprendre le truc de Bremalen, là, avec ses lianes ! Oui ce serait pas mal ça... "

Elle allia le geste à la parole, amusée par le souvenir qu'elle en a.

"Ce sera peut être plus dur que d'apprendre à lire, mais bon... Là, tu seras bien obligé de t'incliner devant moi."

Puis, elle donna la béquée à Bryn, avec un air satisfait, comme elle le faisait il y a longtemps.

"Prends des forces jeune pousse de ronce... C'est un ordre."