[OdE Chap.7-11] La part de la veuve

[Casaïr]

Plutôt reconnaissant de l'aide du chevalier ronce, Aeldred accepta avec joie.

"Cc'est la *hic !* ... première foua que j'bois autant, m'ci du coup d'pouce, C'mmandant."

Appuyé sur la table il fit une révérence plutôt hasardeuse à leur hôtesse.

"M...Merci pour l'hosspil...talité, ma dame. Je vous sssouhaite la bonne nuit, ainsssi qu'à tout le monde."

Il prit ainsi, avec une certaine difficulté, la direction du lieu d'aisance le plus proche pour soulager la pression sur sa vessie, luttant contre les cahots d'une mer passablement agitée, aidé dans son dur voyage par un commandant ronce aussi éméché que lui ou presque.

[Iris]

L'interlocutrice de Jazkez avait perdu son sourire enjôleur et avait une mine courtoise un peu forcée, raidie quand il la frôla. Elle reprit son quant à soi, et répondit avec un ton assez naturel de conversation :

" Nous sommes amies depuis l'enfance, je suis née au château."

---

Pendant ce temps, le commandeur guidait Aeldred vers un recoin de l'étage, c'était un renfoncement assez discret, avec une meurtrière fermée avec du papier huilé, mais cela n'empêchait pas la fraîcheur de la nuit de venir du dehors ; et pas seulement de là, mais d'en bas. Le clerc déduisit des sons qu'il entendait que le commandeur détachait la cordelette de sa braguette et se soulageait aussi, et ses yeux s'accommodant, il discerna la silhouette d'un trou dans l'angle, qui faisait tomber les déchets plus bas, certainement sur un tas de purin quelconque.


---

Madennig apprit qu'effectivement, il existait des chroniques relatant toute la geste des Mac Loarans. Cela représentait presque un millénaire de liste de noms, de batailles, de drames. L'osfei comprit qu'apprendre toute l'histoire du domaine ne pouvait se faire en une soirée. L'histoire récente avait des tonalités tragiques, il y avait des héros à chaque guerre bien sûr, des feondas, des messages des esprits, et bien d'autres choses.

[Madennig]

Madenig avait l'impression vague que la conversation changeait de ton à sa droite, mais toute occupée qu'elle était à écouter avec Pwyll les explications des deux clercs, elle n'y fit pas vraiment attention.
L'Osfei avait au moins un principe : celui de ne pas s'occuper des affaires des autres, surtout quand les autres étaient son Osfer. Et puis elle était quand même ravie. Même si il ne pouvait être abordé en une soirée les longues épopées du domaine, l'idée même de savoir que c'était aussi riche l'émerveilla, et elle osa tout de même l'exprimer :

"Je serais vraiment très honorée si un jour, en repassant par ici, il était possible d'en entendre encore davantage. Là d'où je viens, il n'y avait pas de telles histoires... Du moins, c'était assez tragique aussi, mais il n'y avait ni guerre, ni héro. Je vous remercie beaucoup pour vos lumières."

Et elle leva son verre vers les deux clercs, avec toute la sincérité que son naturel spontané pouvait offrir, puis vers Pwyll, et but doucement. Avant de se taire, bien que toujours souriante. Elle regarda discrètement le reste des convives encore à table.

[Casaïr]

L'alcool n'avait pas encore endormi la pudeur d'Aeldred qui attendit que le commandant termine sa petite affaire avant de prendre sa place. Une fois soulagé, Aeldred se rhabilla rapidement.

"Merci beau... coup Commandant, la soirée a été des plus ag...réable."

Le couloir tanguait quand même pas mal, et il ne se sentait pas de rester enfermé tout de suite, une sensation un peu oppressante l'envahit.

"Je... Je vais me prendre un p'tit bol d'air, ça m'f'ra du bien je pense. Y a trop de choses qui tournent là, j'vais m'asseoir au frais. Ce sera bien j'pense."

Il se redressa, souhaita la bonne nuit à Arthus tout en renouvelant ses remerciements pour la soirée, puis se mit en quête d'un accès vers l'extérieur, fut-ce un simple balcon, pour s'asseoir tranquillement.

[Pwyll]

Sortant comme d'une longue rêverie alimentée par la farandole de mets bien plut goûteux qu'il n'avait l'habitude d'en consommer, Pwyll tenta de reprendre le cours des explications historiques dans lesquelles Madenig les avait fait plonger tête baissée.

Il se sentait redevable envers l'osfei qui avait pris soin de l'associer à tous ces petits gestes qui faisaient la vie d'un repas alors qu'il était ailleurs.

"Passionnant toutes ces histoires, c'est vrai. Tout ces gens qui ont vécu et fait tout ça... c'est beau de savoir qu'ils sont maintenant dans la vie autour de nous grâce au cycle créé par les C'maoghs. Ça donne à réfléchir pour nos vies à nous. Dans un bon paquet d'années, pt'et que des gens parleront de nous comme on pense maintenant à eux."

[Caeso Senjak Khan]

-Nous sommes amies depuis l'enfance, je suis née au château.

-Je vois. Peut être aurons nous la chance de croiser vos parents ? des amis de feu le seigneur Mac Loarans j'imagine ?

[Iris]

Morwenn répondit avec une fraîcheur de plus en plus dure.

" Ma mère est à cette table, c'est la barde Jobenn. Quant à mon père, feu le barde Aman, il a été tué par votre collègue hilderin, Sire Jerryl."

[Madennig]

Madenig n'avait pas perdu une miette des derniers échanges entre son Osfer et la Demoiselle de Parage. Elle n'avait peut être pas beaucoup d'érudition, mais elle pouvait sentir l'odeur de roussi. Une sorte de compétence de rouquine... Elle souffla tout bas à Pwyll :

"Je vais aller voir si Aeldred n'est pas en train de commencer sa nuit dans un recoin du château..."

Elle se leva et se dirigea vers Blodwen, Maela et Oanell. Elle fit une belle révérence face à la chatelaine comme la Barde de Terfynisel le lui avait appris.

"Je vous remercie pour cette excellente soirée et ce succulent repas. Je vais aller me reposer. Passez une très bonne nuit."

Elle fit la même révérence, en à peine plus brève, pour Blodwen puis Oanell.

[Pwyll]

Pris de court par ce départ soudain, Pwyll regarda Madenig partir avec un petit pincement au cœur. Bizarre. Elle allait lui manquer ? On dirait bien que oui...

Il sortit de ce trouble momentané pour prendre pleinement conscience du blizzard qui commençait à souffler du côté de la jeune femme dont il avait oublié le nom et de Jazkez.

Il suivit du coin de l’œil, l'oreille pleinement déployée. La suite s'annonçait... divertissante sans doute pour la plupart des gens, mais Pwyll étant ce qu'il est, il cherchait déjà une façon de sortir l'Osfer de ce mauvais pas en inventant quelque chose si le besoin s'en faisait ressentir.

[Caeso Senjak Khan]

Jazkez se mordit discrètement la lèvre puis repris en souriant.

-Voilà. Là vous commencer à me connaitre d'avantage. Je vous accorde que c'est un peu différent de l'image qu'en donne Aeldred et que ça ne plait pas a tout le monde. Mais ne vous méprenez pas, ce n'est qu'un rôle. Quand a Jerryl, il a perdu toute prétention à être autre chose qu'un meurtrier le jour où il a trahit ses proches et le roi. Lui et sa bande méritent d'être oublié par l'histoire et je m'y emploierai. Mais je constate à votre ton que vous n’êtes pas étrangère aux sarcasmes !

L'Osfer se pencha légèrement vers elle.

-Pardonnez moi pour ces manières mais pendant un court instant j'ai vu se refléter dans vos yeux une image de moi qui ne me ressemblait pas.

Il sourit.

-Ils sont très jolis d'ailleurs. Vos yeux.