[OdE Chap.7-11] La part de la veuve

[Madennig]

Madenig était à deux doigts de vivre un moment vraiment merveilleux...

...Mais Aeldred choisit cet instant pour s'endormir. L'Osfei serra les dents pour ne pas crier sa frustration, et souffla son énervement pour mieux l'évacuer.

Elle poussa doucement le clerc aviné pour l'allonger bien au milieu du grand lit King Size. Au moins, il ne tomberait pas comme ça... Et elle posa une bassine à coté de lui, juste au cas où.
Elle s'assit à sa gauche, adossée à la tête de lit en bois et, les bras croisés, attendit que Pwyll arriva. Sans mirtillon croèque. Du moins, elle l'espérait.

[Caeso Senjak Khan]

Le chevalier hilderin fit non de la tête.

-Non on a dit qu'on oubliait le service d'Ost pendant notre séjour a Llewellen. On verra ça plus tard. Enfin si !

Jazkez esquissa un petit sourire.

-On garde juste la hiérarchie pour les chambres. Toi tu dormiras avec cette barrique d'Aeldred et mon osfei. Et moi, mon médecin m'a dit que j'avais besoin de repos et de calme si je voulais que mes blessures cicatrisent. Et tu sais comme je respecte les médecins !

[Iris]

La nuit s'acheva plus ou moins paisiblement au château de Louarn et le lendemain, la délégation de Terfynisel se prépara pour la fin de son voyage. Il restait environ trois jours de trajet, mais cette fois, les reliefs s'adoucissaient.

On quittait les contreforts des Tlàtha Roimh pour aller vers les plaines en bordure des marais du Ponant. La route longeait le cours de la Ddiog -- la paresseuse -- une rivière au cours encore large en cette saison, mais que l'on pouvait franchir au pont de Louarn, un bel édifice en pierre. La Ddiog, avec de vastes bancs de sable sur les rivages, de nombreux saules, peupliers, et aulnes, était dotée de nombreux passage à gué, aisément praticables en été. La route était édifiée un peu en hauteur, pour éviter les inondations des crues de la saison hivernale. Il y avait de nombreux hameaux à proximité de la route, et des cultures, surtout sur la rive droite, qui ne risquait pas d'être touchée par les eaux salées, et des patrouilles de Ronces.

Le temps était variable, avec de fines averses passagères, qui cédaient soudain la place à des percées d'un ciel bleu éclatant.

[Madennig]

Madenig sifflotait en marchant en regardant le ciel. La pluie offrait ses dernières gouttes pour l'heure, le nuage gris avait continué sa route vers l'est alors qu'ils s'avançaient tous vers l'ouest.
La nuit avait été chargée des ronflements paisibles d'Aeldred et de Pwyll. Elle ne sait pas si elle leur avait donné le change de son coté, mais c'était possible, elle aussi avait ressenti la fatigue.
Cela ne retirait rien à sa joie habituelle, offrant à ceux qui croisaient son regard un sourire pétillant.

Elle cherchait un sujet à aborder, mais il semblait qu'il ne valait mieux pas parler de demoiselle de parage aujourd'hui. Non, c'était bien trop sensible, trop tabou.
Alors pourquoi pas plutôt parler de...

"Ethel ? Aeldred ? Vous avez pu réfléchir à ce dont nous avions parlé hier ? A propos des objets maudits ? Quelles sont les pistes à suivre ? Comment pourrais-je vous aider ?"


Bien sûr, la conversation était ouverte à tous, puisque Madenig était juste derrière la petite troupe.

[Casaïr]

Depuis son réveil, Aeldred avait l'impression qu'un pic-vert cherchait à creuser un trou dans son crâne et l'expérience était plutôt dérangeante. Il avait bien dormi mais ne se rappelait absolument pas comment il avait pu atterrir dans la chambre de Pwyll et Madenig. Il avait tenté de se souvenir de ce qu'il avait fait la veille, se rappelait de sa discussion avec Arthus, mais le reste était plutôt flou. Des images flottaient à la lisière de sa conscience et s'enfuyaient dès qu'il tentait de se concentrer dessus. C'était gênant au mieux, agaçant au pire. Le temps lui-même était sujet aux variations et il finit par se demander s'il ne préférerait pas qu'il pleuve pour de bon, le soleil lui tapant sur le haut de la tête avec un maillet.

Madenig brisa le silence et repartit sur le sujet des objets maudits évoqués la veille. Le clerc fit légèrement ralentir sa monture afin de se rapprocher de Madenig.

"Pas encore, non. Travailler sur cette affaire va certainement nécessiter que nous soyons de retour à Terfynisel pour nous y atteler mais il est fort possible que l'on trouve à Llewellen des gens pouvant nous aider à y voir plus clair. Après tout il y a beaucoup de passage, ce ne serait pas étonnant de trouver quelqu'un en sachant plus que moi à ce sujet et qui pourrait nous aiguiller. À ce stade, toute aide sera la bienvenue je dirais."

Il regarda Madenig avec un drôle d'air. Une pensée fugitive venait de traverser son esprit mais s'était envolée comme les autres. Il s'apprêtait à ajouter quelque chose mais se ravisa. Des images, des odeurs, des sons même revenant sans qu'il puisse y mettre de l'ordre et sans que cela soit compréhensible.

Je commence à comprendre pourquoi je n'ai jamais bu jusqu'à présent.

[Amnèsya]

Ethel marchait d'un pas tranquille mais lourd. Depuis la conversation où elle avait accepté de les accompagner, elle semblait encore plus absente... un courant d'air... ou plutôt ce doux clapotis de la rivière qui imperturbablement accompagnait les voyageurs de cette mélodie triste mais apaisante du courant de cette saison.

Elle marchait généralement seule, en arrière de la troupe... paresseuse et tranquille comme la rivière.

" Il est souvent des pensées, des souvenirs qui sont associés à ce genre d'objet... Et lorsqu'ils ont puissant, j'y suis sensible.
J'ai souvent commencé par étudié l'objet en question comme base de départ pour comprendre les circonstances qui ont mener à leur création...

Aussi, je crains qu'Aeldred ait raison, il nous faudra attendre Terfynisel pour démarrer. A moins qu'ils soit possible que je rencontre une personne ayant effectivement succombé à l'appel de ce trésor maudit."

[Madennig]

Madenig médita quelques instants sur les paroles de Aeldred et Ethel. Il lui faudrait donc attendre, être patiente. Une qualité précieuse dont elle en avait peu de quantité. Ils pourraient néanmoins compter sur sa persévérance. Enfin, elle s'ouvrit à nouveau à ses compagnons.

"D'accord... Possible que nous ayons assez de temps pour à la fois visiter la ville et sa voisine la mer. D'ailleurs..."

"...Je ne suis jamais allée en ville. Il y-a-t-il des choses à connaitre pour éviter les ennuis ? Et où dormirons-nous à Llewelen ? Comment organiserons-nous notre séjour sur place ?"

[Pwyll]

Le chemin emportait Pwyll plus que ses pas ne le guidaient. Son regard tantôt flottait en contrebas, au grès des remous aguicheurs de la Ddiog qui enveloppait amoureusement chaque îlot sablonneux venu trouver refuge en son sein accueillant, tantôt, ses yeux partaient se perdre dans les nuées changeantes qui semblaient avancer avec le chemin.

Il écouta les échanges d'une oreille distraite. Il commençait à percevoir un début de quelque chose entre Aeldred et Madenig, même si le Clerc nouveau n'en avait pas encore idée. C'était ainsi, Pwyll qui voyait les relations se nouer, en spectateur averti. Contrairement à ce monde naturel dont il se sentait partie intégrante, celui des sentiments amoureux semblait glisser hors de sa portée.

L'Osfei, le Clerc et l'Eisdeach conversaient sur les objets maudits comme s'il s'agissait de l'omelette du matin. Une pensée vint au balourd qu'il était sans doute.

"Pour l'histoire du trésor, on est si sûr que ça qu'il est maudit ? Et s'il l'est, suffirait pas de l'partager pour casser la malédiction ? Pour ce qui est de loger sur place, c'est l'affaire de Dame Blodwen et de notre bonne Barde Oanell, me semble. J'suis pas inquiet."

[Iris]

Le duché de Salann Tir bénéficie d'un climat bien plus doux que bien des régions de Tri-Kazel. La région souffrait surtout des tempêtes extrêmement violentes de l'Océan furieux, qui se déchaînaient en hiver et pouvaient provoquer des inondations terrifiantes, avec des effets assez loin dans les terres. A présent c'était le printemps, avec ses jeunes pousses, et de nombreux oiseaux qui cherchaient un partenaire pour la saison ou pour la vie.

[Caeso Senjak Khan]

Après tout il y a beaucoup de passage, ce ne serait pas étonnant de trouver quelqu'un en sachant plus que moi à ce sujet et qui pourrait nous aiguiller.

Jazkez se retourna sur son cheval et lança à Aeldred.

-Pas étonnant ni bien difficile si tu veux mon avis hein ?

Pas de doute. Ils étaient tous là, frais et pimpant en descendant la Ddiog. Llewellen les attendait avec en elle le futur de leur Seigneuresse Blodwen.