[OdE Chap.7-34] Au pied de l'angarde en ruine

[Pwyll]

Depuis l'intérieur de l'angarde, d'une voix plus contenue, mais dont les basses portent :

"Sont trop loin, couillon, tu va rameuter toute la forêt à la place !"

Pwyll ignore s'ils sont trop loin, mais gueuler à plein bouche comme ça...

Il continue à dévêtir précautionneusement le torse de la jeune femme où se situent les blessures plus sérieuses. Même pas le temps de s'éberluer au détour de la courbe d'un sein, même si l'idée lui traverse quand même l'esprit.

Il transforme tant bien que mal la veste de cuir de l'osfei en lanières pour maintenir ses côtes... elle est fière, mais il sent bien qu'elle déguste.

"Ma p'tite Mad, faudra être courageuse pour la route. Tes jambes te porteront, mais nous on prendra tout ton équipement, hein. Chaque secousse te fera mal pendant au moins huit jours je dirais, enfin ça dépend aussi de toi et des soins à Llewellen. Deux côtes fêlées ou cassées nettes, pas sûr, un coude luxé, des entailles partout... faudra renouveler deux fois par jour les emplâtres qui empêchent le mal de prendre les pointes qui sont allées trop profond dans la chair. Tu le sentiras encore passer en respirant fort pendant un bon bout de temps. Les premières nuits s'ront pas une partie de plaisir, j'te l'dis d'expérience, de quand j'avais pris un arbre sur l'coin d'la gueule."

Il ponctue ce beau tableau d'ensemble d'un clin d'oeil. Il avait été bien soulagé après avoir entendu à sa voix qu'elle avait rien de percé à l'intérieur... C'était pas passé loin.

"Y a fallu qu'tu joues les acrobates pour impressionner les garçons, évidemment."

Il donna un hochement de tête un peu rassurant à Aeldred qui avait déjà entendu tout le blabla.

Il se redressa pour examiner l'intérieur de la ruine. Au cas où.

[Madennig]

Ses oreilles bourdonnaient. Elle écoutait et obéissait, docilement pour une fois.

"Je vous avais dit que j'allais bien..." osa-t-elle avec un humour crispé. "J'ai déjà vu pire... J'arriverai à marcher jusqu'à Llewellen."

Elle essayait de sourire, mais sans grand succès.
Au fond, sans en parler, ce qu'elle redoutait le plus, c'est que les blessures s'avèrent imprégnées d'un quelconque poison.

"Oui... C'est pas la peine de donner des détails de mes bêtises à Blodwen et Jazkez... " souffla-t-elle pour rebondir sur les paroles de Pwyll pour Kiddle. "... Sur le coup, ça paraissait une sacrée bonne idée, pourtant..."

Madenig se remémora la sensation d'apesanteur qu'elle ressentit en sautant du haut du mur, puis lorsque le feond la projeta plus loin. Grisant.

"Merci." finit-elle par dire, à ses compagnons.

Avant de se relever, difficilement.

"Ils sont nombreux... j'imagine... Vous voulez tous les tuer ?"

[Pwyll]

"J'aurais bien éclaté tous les bosquets, mais je ne sais pas du tout si ça risque d'en attirer d'autres. Pour l'instant Kiddle n'a signalé aucun mouvement, mais...
ET KIDDLE, TU MONTES BIEN LA GARDE, HEIN ?"

Un coup d'oeil sur l'intérieur de la ruine révélait surtout une végétation qui avait rapidement repris ses droits suite au départ des humains.

"Pas de lame en tugarch' finalement."

[Casaïr]

Aeldred avait bien évidemment suivi Pwyll et Madenig dans l'angarde et à peine celle-ci fut posées au sol qu'il fit tomber son sac, en récupéra sa gourde pour la donner à la jeune femme tout en roulant grossièrement sa cape pour en faire un oreiller de fortune qu'il plaça sous sa tête. L'anxiété fit place au soulagement en entendant le diagnostic de Pwyll.

"Bon sang, Mad' ! Tu... C'était vraiment trop risqué !..."

Il avait pensé à l'engueuler pour son attaque suicidaire mais les mots qui s'échappaient de sa bouche portaient bien plus sa peur que sa colère. Il s'agenouilla à ses côtés et l'aida à boire.

"Si tu as du mal à marcher, tu pourras t'appuyer sur mon épaule et ce n'est pas qu'une recommandation, compris ? Tu as une veine insensée de t'en être sortie vivante, on n'est plus à notre service d'Ost. Même si on n'a jamais eu besoin de sauter de quoi ce que soit non plus", dit-il avec un faible sourire.

Il déplaça une mèche de cheveux qui barrait le visage de la jeune femme puis, se rendant compte de son geste, se releva.

"Si le fait d'écraser ces antennes a attiré le feond, il vaut mieux éviter de recommencer. Si on a un blessé à chaque fois qu'on en tue un, ça va grandement compliquer le trajet jusque Llewellen. Et je me vois mal achever Mad' comme Jazkez l'a fait avec son cheval."

Il tira la langue à la jeune femme, un tantinet moqueur, avant de se diriger vers la sortie.

"J'ai laissé tomber mon arc, je vais le chercher et dans le même temps je fais une ronde des alentours. Pas trop loin, rassurez-vous."

Sur ces mots et sans un regard en arrière, il passa ce qu'il restait de la porte de l'angarde.

[Kiddle]

Il se penche du haut de son perchoir pour répondre à Pwyll, et il assez énervé...

Ouais, c'est bon Pwyll, t'sais quoi c'est pas moi qui rameute toute la forêt ! Les feondas ils savent déjà qu'on est là, ben ouais.. et c'est pas ma faute Pwyll ! mais j'les surveille t'inquiète ! Merde, quoi... !
(silence)
Mad ça va ? Dis, tu peux marcher ? sinon, y a du bois ici, avec deux bâtons droits et la cape de Dred, j'pense qu'on peut fabriquer comme un...t'sais, comme un couchage, quoi. Enfin bref...

Préférant soudain ne pas terminer sa phrase il leur tourne le dos. Face à la forêt, il marmonne entre ses dents un peu comme s'il parlait aux arbres devant lui.

...bref, j'dis ça j'dis rien.. bon, il est où le feond là ?

[Madennig]

Elle but. Elle n'avait pas la force de fanfaronner, de répondre à de gentilles provocations. Elle se contenta de sourire, mais sur son visage blanc comme un linge, piqué d'égratignures, cela n'avait rien d’enjôleur. Elle ne considérait pas vraiment avoir eu de la "veine", mais plutôt d'excellents alliés.
A Kiddle, une fois debout, elle lui fit signe qu'elle se passerait de brancard. Il manquerait plus qu'ils soient obligés de la porter, à cause de sa propre imprudence. Autant l'achever tout de suite, ce serait plus supportable.
Elle chassait comme elle pouvait l'envie forte de s'allonger à même la végétation de l'angarde et dormir pendant une semaine. Un vertige plus tard, elle fit un pas. Pwyll avait raison, chaque mouvement serait pénible. Combien de mouvements encore jusqu'à Llewellen ?

Elle ne parlait plus. Elle gardait ce qu'il lui restait d'énergie pour détourner son attention de son corps douloureux.
Elle essaya de se souvenir de la mousse du cinthareïd des sources de la Glainaibhne.

En attendant le départ, elle s'adossa contre le mur intérieur de l'angarde.

[Casaïr]

Aeldred revient un peu plus tard, l'arc dans une main et une flèche encochée dans l'autre. Il semblait calme et soulagé bien qu'il tiqua de voir Madenig déjà debout.

"C'est calme dehors, si on veut partir, on a plutôt intérêt à ne pas trainer et à rester le plus loin possible des antennes."

Il s'en voulait de dire qu'il fallait presser le pas alors que la jeune hilderine tenait à peine sur ses jambes mais ils n'avaient pas le choix. Plus ils restaient, plus le risque d'une nouvelle attaque augmentait.

"Kiddle, viens. Comme Pwyll a dit, on va se répartir les affaires de Mad' pour qu'elle n'ait pas à supporter tout ce poids avec ses blessures." Puis à la jeune femme : "Ça va aller. Quand on aura quitté cet endroit, on pourra respirer plus tranquillement."

Ses mots de réconfort seraient-il pris pour de la pitié par la fière osfei ? Aeldred n'en savait rien mais pour l'heure, plus que sa fierté, c'était elle tout entière qui l'inquiétait.

[Pwyll]

"Perdez pas de temps, filez vers la route. Mad aura le souffle court, mais elle n'a pas de blessure aux jambes, ça ira."

Le regard de Pwyll fuya un instant et il ajouta :

"J'couvre vos arrières."

Il n'en dit rien pour ne pas qu'on tente de l'en dissuader, mais il avait bien l'intention de débarrasser la nature de ces saletés.

[Madennig]

Madenig leva les yeux pour voir au delà de la cime des arbres, puis se redressa pour marcher et prendre la sortie de la tour en ruines.
Elle eut un regard désolé en voyant que ses affaires seraient réparties, mais aussi reconnaissant pour ses compagnons. Elle trouvera un moyen de se rattraper pour ça aussi plus tard.

Au bout de quelques pas, elle s'arrêta pourtant, et observa Pwyll. Il voulait s'occuper de leurs arrières, mais il ne semblait pas vraiment vouloir partir de là.

Alors, elle rebroussa chemin et s'approcha de lui. Ayant du mal à parler, à cause de son état déplorable, elle se contenta d'attendre en le regardant avec insistance, et une pointe de détresse.
Voulait-il vraiment encore se battre ?

[Pwyll]

Il regarda Madenig et, pas du genre à longtemps cacher un demi-mensonge, lâcha rapidement :

"Allez-y. Il n'y en pas pas forcément d'autres. J'veux juste terminer le boulot avec ces saletés qui n'ont rien à faire dans la nature, les antennes là. Prenez de l'avance, au cas où. Je ne cherche pas à mourir et je ne mettrai plus personne d'autre en danger, ça suffit pour aujourd'hui."