[OdE Chap.7-56] L'entrevue de Jazkez et du gouverneur

[Iris]

Jazkez était dans la première cour du château. Dans son dos se trouvaient les écuries ; à sa droite l'entrée du château par laquelle étaient partis Ethel et Kiddle à pieds ; à sa gauche le passage vers la seconde cour ; en face de lui les communs ainsi que les logements des hilderins. Le gouverneur et sa famille logeaient là, avec une vue sur la face nord du château, le pré des morts et la mer.

On expliqua à l'osfer que les officiers hilderins prenaient leur petits déjeuner dans un salon attenant à leurs quartiers. Il était d'ailleurs actuellement servi, pendant environ une petite heure, après quoi, chacun allait à ses occupations.

[Caeso Senjak Khan]

Il fit savoir qu'il souhaitait se présenter officiellement au gouverneur et lui faire son rapport de mission. Il attendrait que le petit déjeuner soit terminé et qu'on lui indique le moment ou le gouverneur pourrait le recevoir dans son bureau.

[Iris]

Un secrétaire reçut Jazkez et transmit la demande, avant de revenir.

On lui répondit qu'il pourrait revenir en milieu de matinée, après que le gouverneur ait terminé ses courriers.

[Caeso Senjak Khan]

Jazkez se joignit au petit déjeuner des officiers hilderins et prévoya de se représenter dans la matinée comme convenu. Après son entretien avec le gouverneur il avait prévu de passer voir Briaga dans son bureau.

[Iris]

Jazkez put s'installer sans difficulté pour boire de la tisane de gwylmine et manger avec les autres officiers. L'ambiance était relativement détendue, mais le sujet de l'attaque feonde de la veille était bien présent. La conversation faisait référence à des personnes absentes, des événements inconnus du nouveau venu, de sorte que tout n'était pas très clair, mais il apparaissait assez clairement qu'une patrouille allait étudier la question et tâcher d'en savoir plus.

De fait, les officiers prirent conscience que Jazkez était une source d'informations, et rapidement se tournèrent vers lui : " Osfer Jazkez, tu es bien de la délégation qui a été confrontée à une attaque de feond ? Qu'est-ce qu'il y a à savoir ?"

[Caeso Senjak Khan]

Jazkez s'était rapidement acclimaté à l'esprit de caserne qui, bien qu'il ne le regrettait pas ne le dérangeais pas non plus.

-C'est sur la route des bois, à une demi journée de Saimhantus j'dirais, près d'une vieille angarde en ruine. A deux heures de la lisière de la foret en partant du ptit hameau, derrière la colline, je vous indiquerai. A cet endroit la végétation est altérée. Des sortes de bouquets de chose mi plante mi insecte, comme des antennes et des bouts de carapaces. Quand tu les arraches ça se désagrège comme un féond. Quand aux autres...

Il attrapa un morceau de pain qu'il fourra dans sa bouche et qu'il mastiqua longuement, le faisant descendre avec une gorgée de thé.

-On dirait des sangliers, caparaçonnés, comme des scarabées. Il y en avait deux mais je suis sur qu'il y en a plus que ça. Ca court vite et ça charge comme le cochon, et c'est dure à taillader. C'est mon destrier qui a encaissé la première charge, il y est resté du coup. Et c'est l'angarde qui a encaissé la seconde, par chance. Mais ça meurt pas facilement et c'est hargneux. On a eu qu'un blessé, et mon cheval. On a eu de la chance.

[Iris]

Autour de la tisane de gwylmine, parfois sucrée au miel, les officiers discutaient :

- C'est bizarre cette histoire de buisson...
- En même temps, c'est feond.
- Et des feondas végétaux, ça existe. J'ai connu un Ronce qui en avait combattu. Il disait que ça dégageait un nuage qui rendait l'air irrespirable. Ces saloperies sont des concentrés de poison. Huile et torche enflammée, c'est le plus sûr.
- Mais du coup, le buisson, il a fait quelque chose ?
- Y'en a beaucoup ?

[Caeso Senjak Khan]

-Oui c'est bizarre, d'ailleurs au début on pensait que c'était des bestioles avec leurs antennes. On a failli mourir de faim et de soif à attendre que le premier d'entre nous bouge un orteil.

...

-C'est comme si toute la zone autour de l'angarde était corrompue et avait denaturé à la fois la faune et la flore. Y'avait pas de poison sinon on serait pas là mais l'atmosphère était pesante pour sur.

...

-Y'en avait pas mal oui, ils faisaient rien de particuliers mais c'est comme si les féonds nous avaient attaqués parce qu'on était trop près de.. quelque chose. Comme s'il voulaient protéger un territoire.

[Iris]

Les gens s'étaient rassemblés et écoutaient avec attention les réponses de Jazkez.

- T'as déjà entendu parler d'un truc pareil ?
- Non.
- Et si c'était un nid ?
- Sérieux ?
- Oui, ça existe, sur de la terre corrompue, marécageuse. C'est déjà arrivée : un marais qui apparait comme ça, et les feondas en jaillissent.
- C'était marécageux dans la forêt ?
- S'ils gardaient quelque chose, qu'est-ce que ça peut être et où ça serait ?

Une officière intervint tandis que la nervosité se répandait :

" Une patrouille est prévue. Simple reconnaissance, et on avisera ensuite. De votre côté, vérifiez si d'autres anomalies sont remarquées, des disparitions ou des changements dans la nature. Il faut savoir si c'est un problème isolé ou s'il est en croissance. Bougez-vous !"

De fait, elle envoya tout le monde au travail.

" Tudalenn, ordonnance du gouverneur. Osfer Jazkez ? Le gouverneur va te recevoir sous peu."

Fin de la trentaine ou début de la quarantaine, cheveux cuivré-roux coupés au carré, yeux gris.

[Caeso Senjak Khan]

Il se leva et s'essuya les mains rapidement avant de lui tendre une poignée de main ferme en la regardant dans les yeux.

-Ravi. Osfer Tudalenn. Je suis à votre disposition si vous voulez des détails.

Il lui lâcha la main et se prépara à voir le gouverneur.