[OdE Chap.7-73] Le récit des assauts - 10h

[Iris]

Les blessés avaient du mal à répondre aux demandes pressantes de témoignages des combattants. La menace était pourtant proche et chaque bribe d'information peut-être vitale ! Les trois témoins étaient d'ailleurs tellement éprouvés qu'on pouvait craindre des détails confus, des amnésies ou des hallucinations.

Ethel n'avait pour ainsi dire rien mangé depuis plusieurs heures, elle n'avait que de la bile à vomir. Elle était d'ailleurs déshydratée. De constitution fragile, les chocs et les ruminations pouvaient l'user bien plus vite que la moyenne de la population.

[Kiddle]

Incapable de répondre au soldat qui avait réclamé leur identité, il observa un mutisme, l'air hagard.

Il s'avança en boitant. Il s'aidait d'une pioche pour se déplacer.
Clopin-clopant, tel un fantôme au milieu d'un champs de ruine, il erra un moment parmi les tas de pierres avant de s'approcher d'une fillette et d'un colosse.

"Tu te souviens de moi Nolwenn ?"

À Pwyll :
"Ses parents, Hhhh… ses parents sont Ennec et Azenor, Hhhh… et ses deux frères, Hhhh… Hiler et Maorn.
Elle a deux oncles bûcherons, Hhhh… malheureusement…"

Il leva les yeux vers Jazkez, il regarda Ethel, et s'adressa au soldat d'une voix terriblement triste.

"Hhhh, tout est d'ma faute, j'suis l'seul coupable de c'massacre, Hhhh… J'ai… Hhhh, déclenché la tuerie.
J'me rends."

Il tendait les mains en signe de reddition, il avait l'air sérieux malgré sa confusion.

[Casaïr]

Hengar avait suivit la scène se dérouler, un masque d'incompréhension sur le visage. Il ne réagit qu'aux dernières déclarations de Kiddle en s'avançant vers lui avant de poser une grosse paluche sur la tête de l'adolescent.

"Qu'est-ce que tu racontes, dit-il d'un ton paternaliste, votre seul tort ici est d'avoir été dans la forêt tout en connaissant le danger qui y rôdait. Vous aviez sans doute les meilleures intentions du monde et ce que vous avez fait était insensé mais ce n'est certainement pas cela qui a provoqué les feondas. Parfois ils ont des réactions étranges mais ce qui est sûr c'est qu'ils n'apprécient pas les humains. J'imagine qu'une ferme isolée comme celle-ci était une proie facile pour eux..."

Il regarda tour à tour Ethel et Kiddle, l'air de réfléchir. Il déboucha une gourde qu'il leur tendit tout en distribuant ses ordres.

"Tiernmael, tu m'as dit avoir vu la carriole d'un médecin ? Prends ton cheval, dis-lui qu'on a trois blessés dont une enfant et ramène-le ici, ordre des hilderins si elle fait des manières. Pwyll et Eloïs, j'aimerais que vous preniez le temps de dégager les corps et de les recouvrir avec ce que vous trouverez, on demandera au médecin s'il peut les ramener à Llewellen en même temps. Et vous deux, termina-t-il en faisant face aux deux survivants, j'apprécierais grandement que vous me racontiez tout ce que vous avez vu."

[Kiddle]

Il refusa tout net la gourde.

"Vous pensez pas y aller, des antennes surveillent la forêt à une heure d'ici, nord est, et jusqu'à... ha, Hhhh, c'est elles qui… Hhhh, ha… elles m'ont rendu malade !"

[Pwyll]

Pwyll n'était pas du tout convaincu par les ordres de cet Hengar. Il était important de s'occuper des morts, mais les effectifs de leur unité étaient insuffisants pour faire face à plus de vingt feondas et rester sur place semblait être une mauvaise idée, sans parler de faire voyager la fillette, Nolwenn, dans une carriole qui trimbalerait les cadavres de sa famille.

Malheureusement, Pwyll n'était personne et sa mise en garde avait été totalement ignorée. Il hocha la tête et préféra toucher deux mots à Jazkez pour partager sa vision des choses avec un officier qui pourrait éventuellement l'écouter. Il y avait aussi Ehtel et Kiddle en sale état, mais vivants au moins.

"Salut Kiddle, merci pour les noms. T'as l'air bien secoué mon grand. C'est pas du tout ta faute, les feondas ça existe depuis toujours, ils attaquent les gens isolés, c'est comme ça..."

"Ne bouge pas Nolwenn, je ne suis pas loin, tu pourras toujours me voir, d'accord ?"

Il fit un signe discret à Jazkez pour qu'ils puissent échanger quelques mots sans qu'Hengar n'entende.

[Madennig]

L'hilderin boiteux se remit en mouvement pour chercher des pierres assez lourdes afin d'en recouvrir les cadavres. Elle ne sembla pas se fâcher alors que Pwyll, au lieu de l'aider, parlait à Jazkez.
Elle n'était pas certaine que ramener les corps à Llewellen soit une priorité. Ils pouvaient bien attendre encore quelques jours que la menace soit endiguée.

[Gweneth]

Tiermael suivait silencieuses les échanges avec les nouveaux arrivants. L'homme était dégoulinant de sueur après les efforts qu'il avait fournir pour sortir la petite des décombres. Décidément, il aurait dû poser son écu attaché à son dos avant de s'atteler à cette tâche.

L'osfei ne devait pas avoir 20 ans. Ses yeux verts suivaient avec attention les différents mouvements des protagonistes. La sueur perlait sur son front à la frontière de sa chevelure rousse coupée courte. Sa barbe éparse de la même couleur le démangeait.

Les ordres de l'osfer le fit sortir de sa rêverie. Il acquiesça et alla chercher son cheval pour partir chercher le médecin.

[Caeso Senjak Khan]

Jazkez laissa Ethel vomir ce qu'elle avait à vomir et en profita pour discuter avec Pwyll sur la situation. Puis il revinrent près de la ferme pour faire le point.

-Bon on a trois blessés et quatre macchabées. Autant dire qu'on se retrouve un peu plus convoyeurs qu'éclaireurs. Après si on réfléchit un peu, on a les renseignements qu'on voulait voir plus précis que ce qu'on pouvait espérer. Nous avons trois témoins directs qui ont survécu et nous savons qu'il y a une vingtaine au moins de créatures. Le périmètre à circonscrire est celui qui va de l'angarde à cette ferme en passant par la cabane des bûcherons. Si on prend en compte ceux que nous avons affrontés je dirais qu'un rapport de force de 3 contre 1 pour nous, me parait un minimum, soit au moins une soixantaine d'homme. Aller plus loin aujourd'hui, à part à c'qu'on tombe sur le troupeau de Féond qui a dévasté cette ferme, va pas nous avancer beaucoup plus. Inutile de penser s'approcher en douce en plus vu notre attirail et les buissons d'antenne qui fleurissent un peu partout. Et si on doit se barrer, entre les piétions et les blessés c'est sur qu'on y arrivera pas.

Il dessina au sol avec un baton une carte sommaire de l'endroit ou il indiqua les emplacements de la ferme, de l'angarde et de la cabane.

-Voila ce que je vous propose. On ramène nos blessés a Llewellen. On laisse les corps ici pour l'instant. Ils bougeront pas beaucoup a priori, on pourra s'en occuper plus tard. On mobilise les troupes. Vu le nombre nécessaire il va falloir réunir nos forces avec celles du Duc. On se réunit ici et on rabat en direction de l'angarde et de la cabane. Puis on continue jusqu’à ce qu'on trouve le nid. Mais je pense qu'on aura pas à forcer trop. c'est eux qui nous trouverons en premier je pense.

[Pwyll]

L'approche proposée par Jazkez était raisonnable. Ce qui inquiétait Pwyll, c'était les dégâts qu'un tel rassemblement de feondas pourrait causer entre maintenant et l'éventuel retour d'une force armée encore plus importante. Fallait-il donner priorité à la sécurité des soldats, préparés et équipés pour un affrontement ou à celle des habitants livrés à eux-mêmes ? Le village en lisière de forêt pourrait être rayé de la carte.

"Si je peux me permettre, juste un simple point de vue, je ne suis qu'un auxiliaire et ton débiteur Chevalier Jazkez (d'autres entendaient, autant mettre un peu de formes), sachant qu'on est au moins une quarantaine au total, en manœuvrant correctement, il y a peut-être moyen d'amoindrir, voir de détruire complètement, ce troupeau comme tu l'appelles.

Quand on a vu les feondas, ils n'étaient pas en groupe, y a p'têt moyen d'attaquer des individus ou plus petits groupes, en restant groupés à quarante.

Après, je suis bien d'accord, on peut pas rester de notre côté, faut rejoindre le gros des troupes et escorter les blessés jusqu'à Llewellen. Ce que je crains, c'est que tous les gens du coin, y compris le village, y passent le temps qu'on revienne avec encore plus de monde. Si vous avez besoin d'un volontaire pour essayer de localiser les feondas encore plus précisément, je suis partant."

Il regarda Hengar et Jazkez, dans l'expectative.

[Caeso Senjak Khan]

Le chevalier hilderin regarda son plan tracé sur le sol et se gratta la tête un instant.

-Hmm en fait il faudra plutôt se positionner au niveau de la route entre la bifurcation et la ferme et rabattre tout droit entre l'angarde et la cabane, on devrait pas être trop mal.

[quote="Pwyll"]

...

Après, je suis bien d'accord, on peut pas rester de notre côté, faut rejoindre le gros des troupes et escorter les blessés jusqu'à Llewellen. Ce que je crains, c'est que tous les gens du coin, y compris le village, y passent le temps qu'on revienne avec encore plus de monde. Si vous avez besoin d'un volontaire pour essayer de localiser les feondas encore plus précisément, je suis partant."[/quote]

Jazkez se redressa vers Pwyll, encore un peu distrait par ses réflexions en lorgnant vers son ami forgeron, peu habitué à ce qu'il l'appelle de la sorte.

-T'as raison pour les villageois, par contre je compte bien te garder près de moi cette fois ci, afin que tu sois toujours mon débiteur et pas mon débité. Et comme je n'ai pas l'intention de m'aventurer d'avantage pour aujourd'hui dans cette foret... On va faire évacuer les fermes en habitations de la lisière. Tu peux t'occuper de les prévenir, vu que tu as l'air d'avoir encore la bougeotte, mais ne t'enfonce pas dans le sous bois. Nous on préviendra celles sur le chemin du retour. J'escorterai Ethel et le chariot des blessés jusqu'au château. On se donne rendez vous la bas. Sois rentré pour la tombée du jour, on pourra pas venir te chercher la nuit.

Il attendit un instant voir si cela convenait à son ami.