[OdE Chap.7-75] Le nid des feondas

[Pwyll]

La démonstration de... de quoi au fait ? Enfin, les capacités anormales d'Ethel avaient laissé une très forte impression sur Pwyll. Il ne l'avait pas vu manipuler d'ogham, même si, dans le chaos, difficile d'en être certain. D'où venait l'image effrayante qu'il avait eue d'elle, il n'avait pas rêvé, par réflexe, il avait regardé la réaction d'Eloïs, elle aussi avait vu. Puis de toute façon le feond avait été détruit sans être touché.

S’efforçant de mettre cela dans un coin de son esprit pour y revenir ensuite, Pwyll se précipita vers Jazkez alors que l'embrasement prenait possession des lieux.

L'osfer n'avait que des égratignures ! Incroyable.

"Sans rire, Jazkez, t'es fait en quoi ? Ils ont cassé le moule on dirait, malheureusement, les pauvres Madien et Hengar... ils y ont laissé leur peau." La mine de l'hilderine boiteuse ne laissait aucun doute à ce sujet.

Rengainant l'épée d'Aeldred, il regarda le brasier s'étendre aux arbres, aux racines et à son maillet laissé là dans la précipitation de l'aide qu'il avait voulu porter à Jazkez en plus des deux femmes. Pwyll regarda son arme brûler en hochant doucement la tête...

"Vous trimbalez Madien, je me charge d'Hengar si ça vous va, on peut pas les laisser ici."

[Caeso Senjak Khan]

Ses oreilles bourdonnaient encore de la déflagration qui venait d'avoir lieu. Il se frotta les yeux irrités par la fumée et regretta instantanément son geste lorsque ses mains sales et huileuses entrèrent en contact avec ses paupières. Le sol se mit à trembler subitement, le forçant à poser un genou à terre alors qu'il levait mécaniquement un bras au dessus de sa tête, à peine conscient des projectiles incandescents qui pleuvaient tout autour de lui. La grosse voix de Pwyll résonna soudain à ses oreilles... Il s'en étaient tirés ? Il n'entendit pas distinctement tout ce qu'il lui disait mais il comprit pour Hengar et Madien. L'Osfer se redressa pour parler mais une quinte de toux le plia en deux et lui arracha des expectorations au gout de cendres qu'il cracha à ses pieds. Maintenant sa tête baissée au dessus d'un filet de salive noirâtre, Il releva le pouce vers son ami et attrapa enfin son regard par en dessous une mèche de cheveu collée.

-C'était vraiment un plan de merde putain.

Son torse eut quelques soubresauts mais Pwyll se rendit rapidement compte que c'était des rires mêlés à de la toux. Un rire nerveux. Il se dirigea alors vers le corps des deux hilderins, cherchant en même temps Ethel du regard. Il s'agenouilla près d'Eloïs et l'aida à soulever le corps de l'osfei.

-Allons-y. Inutile de rester là plus longtemps.

[Iris]

Il ne restait plus rien -- rien qui permît de distinguer les feondas. Ils étaient retournés à la nature sans laisser aucune trace, et instantanément la vie sauvage reprenait son cours comme si rien ne s'était passé.

Les bois de Tri-Kazel étaient abondamment arrosés -- un ruisseau serpentait non loin entre les arbres. Il permettait de se rafraîchir et faire une courte pause avant de se mettre en marche.

[Madennig]

La toux mêlée au rire de Jazkez sortit Eloïs de ses pensées mornes. Le danger semblait s'être évaporé, la nature reprenait l'espace qui lui avait été volé. Elle se releva, retira son casque et l'accrocha à sa hallebarde. Il fallait ceinturer les armes des Hilderins morts.

L'osfer blonde suivit Jazkez, tenant les jambes de Madien. Sur le chemin, il lui était difficile de ne pas se méfier de Ethel, elle la surveillait du coin des yeux, les mâchoires serrées.

Lorsqu'ils prirent une pause, au bord de l'eau, elle se rafraichit le visage et la nuque. La journée avait été rude. Elle but un peu d'eau recueillie dans le creux de sa main.
Se tournant vers Pwyll et Jazkez, elle leur dit avec une sincérité dénuée de joie :

"J'ai été honorée de me battre à vos cotés. Je suis certaine que Hengar et Madien l'auraient été aussi."

Encore un bref regard suspicieux vers Ethel, avant de continuer.

"Où sont les autres ?"

[Pwyll]

"On va rester un peu ici, profiter du ruisseau, enlever cette armure pour toi Eloïs, et ensuite celles de Madien et Hengar pour pouvoir les déplacer. Suis une vrai cata de mes dix doigts... Vous seriez capables de fabriquer une sorte de traîneau basique si je m'occupe de récupérer le bois ? On pourrait utiliser une cape."

L'idée était de retrouver les chevaux et Tiermael qui les attendaient à la ferme saccagée, mais en l'état...

"Ethel, faut aussi que je vois à quel point t'es amochée, si ça te va ?" Pwyll était un peu gêné, ne sachant toujours pas comment l'Eisdeach avait détruit un feond sans le toucher...

Pwyll ferma les yeux et se concentra sur les bruits environnants de la nature. Pendant ce temps, Eloïs avait pris la parole.

Il rouvrit les yeux et se tourna vers la guerrière.

"Sont un peu autour de nous, déjà. Quand on les aura ensevelis comme ils doivent être, avec la tradition demorthèn, vous voyez, la pierre de leur tombeau brillera, j'suis sûr. La lueur de leur aothbàs. J'suis désolé pour ta perte Eloïs. Sont morts pour sauver d'autres, mais... comme tu disais Jazkez, le plan était nul. C'était comment le... là-dessous ?"

Projets de Pwyll pour les prochaines minutes/heures/semaines/années :

Spoiler () :

Pwyll aida l'hilderine à se défaire de sa seconde peau, pour voir la gravité des blessures et déjà nettoyer ce qui pouvait l'être.

Après avoir retiré l'armure d'Hengar non sans mal, le grand gaillard re-déposa la dépouille avec autant de soin que s'il s'était agi d'un nouveau né. Il regarda le visage du chevalier borgne et son cœur se serra, même s'il ne l'avait connu que quelque heures... c'était toujours cette incompréhension. Un instant la vie habitait un corps et le suivant, plus rien. Le silence.

A un moment, Pwyll préviendra avant d'aller mener quelques recherches sommaires auprès du lieu d'excavation intrigant, qu'ils avaient croisé avant d'arriver au nid à l'aller. Sa fouille n'avait rien révélé d'intéressant.

[Amnèsya]

Après le combat, Ethel s'était approchée du trou. Elle s'était concentrée, mais non, il semblait bien que tous était fini... Que le mal avait été traité à la racine.

Elle s'effondra, horrifiée et anéantie par tout ce qui lui était arrivé depuis ce fameux soir.

Elle se demanda l'espace d'un instant, s'il ne serait pas plus sage de partir maintenant, tout de suite... La, avant que tous le monde se ressaisissent et ne se mettent à la chasser.

Mais dans son état avait-elle simplement une chance.

Quelle mort préférerait-elle ? Le jugement des hommes ou le jugement de la nature?
Elle était celle du troisième choix... Mais cette fois-ci, elle doutait d'être suffisamment bonne navigatrice pour trouver cette troisième route...

Alors même qu'elle avait combattu à leur coté, qu'elle avait fait ce qu'elle avait pu pour les épargner, il était indéniable que l'hilderienne lui en voulait... Alors qu'elle allait être la réaction du monde extérieure.

[Iris]

A peine quelques minutes s'étaient écoulées. L'adrénaline refluait et la douleur se faisait de plus en plus présente pour les deux blessées graves du groupe de survivants.

Eloïs avait trouvé un ruisseau où tous pourraient se rafraîchir. Sous les cottes de mailles, les combattants étaient en sueur. Ils avaient marché longuement dans la forêt en faisant extrêmement attention à ne pas être repérés, puis avaient dû combattre une des choses qui terrifiait le plus les Tri-Kazéliens. Ils étaient assoiffés et tout leur équipement leur pesait lourdement.

Les blessures d'Eloïs et Ethel étaient graves, les handicapant sérieusement. Elles étaient sensiblement dans le même état que Madennig il y a peu encore.

[Caeso Senjak Khan]

Jazkez profita de leur halte pour se baigner dans le ruisseau et enlever toute trace de ce qui pouvait bien se trouver à la surface de sa peau. Il se frotta énergiquement, voir frénétiquement jusqu’à ce qu'il ne reste plus rien de visible. Il resta torse nu, se ceignant juste de l'épée d'Hengar.

-C'était une sorte de cavité sous le monticule. Les parois étaient recouvertes de larves plus ou moins grosses et gesticulantes. Je m'suis pas attardé. J'ai arrosé le tout et me suis barré aussi vite que j'ai pu. Je pensais que la galerie avait des chances de s'effondrer, pas qu'elle se refermerait sur moi et essaierait d'me bouffer. Merci d'être resté et de m'avoir aidé à sortir.

Une fois propre il aida Eloïs à ôter son armure et à s'installer pour que Pwyll puisse examiner ses blessures. Il jet un rapide coup d'oeil aux plaies qui continuaient de saigner. Ce n'était pas les même que Mad mais ce n'était pas bien plus beau à voir.

-Et vous ? J'imagine que vous avez croisé les grands-frères et grandes-soeurs de ceux que j'ai cramé gentiment. Comment vous avez fait ? Je veux dire... pour les repousser ?

[Madennig]

L’adrénaline était retombée, comme un coup de massue porté par un grand colosse sur Eloïs. Ses lèvres devinrent pâles, et elle dût s'asseoir pour ne pas tourner de l’œil.
Elle laissa son corps se faire examiner. Sur sa peau, les hématomes côtoyaient son sang coagulé.
Faire un traîneau ? Peut être après quelques jours de sieste, pensa-t-elle soudain.

Hengar avait l'air de dormir. Elle regrettait de ne pas être allée à son secours. Elle aurait du écouter son instinct plutôt que sa raison cette fois.
Elle remercia Pwyll pour ses paroles d'un signe de tête. Au fond, elle n'avait jamais vraiment fait connaissance avec Hengar. Mais ils avaient partagé quelques combats.

Enfin, à la question de Jazkez, elle ne put s'empêcher de regarder Ethel.

"Pour ma part... De manière plutôt conventionnelle..." répondit-elle avec un peu rudesse.

[Pwyll]

Pwyll laissa s'échapper entre ses dents ce qu'on aurait bien du mal à classer entre un soupir et un sifflement.

"On s'est battus comme des chiens. Des chiens fous par contre, pas de tactique de meute. Hengar est parti vers Ethel quand elle a commencé à crier, je... je sais pas ce que t'avais vu, Ethel ? Enfin, euh, voilà lui et le jeune Madien, son brave Osfei, sont tombés sous les assauts de ces saloperies. Sont devenues méchamment dangereuses sur la fin. Au début, j'essayais d'entamer cette butte de merde, là, mais, fallait rentrer c'est clair. Avec Eloïs ont a fait le ménage et, et... Ethel a, je sais pas, elle a fait mourir de l'intérieur une ou deux bestioles j'ai comme l'impression, j'sais pas comment. T'as un ogham, Ethel, une pierre de demorthèn ?"

Le regard de Pwyll se voulait rassurant et amical, mais on pouvait sans doute distinguer le malaise dans son attitude corporelle.