
Ludd et Aeldred s'approchaient désormais du château. Le second put enfin se rendre compte de l'état de sa future demeure qui semblait à l'abandon depuis bien plus de trois ans. La question de savoir à qui avait bien pu parler Maelor la dernière fois qu'il était venu --soit il y a trois ans-- traversa l'esprit du jeune seigneur sans s'y arrêter : il ne voulait pas vraiment en connaitre la réponse.
Au premier abord, le château était assez petit, comparable sans doute à celui de Terfynisel, construit sur une base rectangulaire et doté d'une tour et d'une muraille dont les beaux jours étaient loin derrière ; les fenêtres étaient obstruées par du papier huilé qu'il faudrait vraisemblablement changer, le toit était dans le même état que les maisons qu'il surplombait. La tour était en très mauvais état et envahi par le lierre, au point que l'on pouvait légitimement se demander si ce n'était pas la plante grimpante qui l'empêchait de s'écrouler.

L'intérieur du château semblait résister au temps, la charpente était encore bonne à maints endroits, mais le plancher vermoulu à cause de l'eau qui s'y était infiltrée. La cave, elle, était totalement nue. En pénétrant à l'intérieur, Aeldred frissonna. Était-ce ici que le demorthèn avait fini emmuré ? Il faudra s'en assurer, il n'avait clairement pas l'intention de partager sa maison avec le corps profané d'un homme. Cela permettrait en plus de vérifier l'état des murs, une pierre deux coups en somme. Il ne s'attarda pas et remonta les marches quatre à quatre, prenant garde de ne pas passer au travers des planches de bois en atteignant le rez-de-chaussée. Son attention fut attirée par une porte assez discrète, à demie dissimulée par une tenture mangée aux mites. Il dut presque enfoncer la porte pour l'ouvrir tellement l'humidité l'avait fait travailler dans son encadrement. Derrière, il trouva une petite étude en grande partie intacte et, soigneusement rangé, un petit nombre de rouleaux de parchemins. S'il s'agissait de ce qu'il cherchait, voilà qui l'aiderait grandement à comprendre le passé de Cartref. Il failli sauter de joie mais se contenta d'un grand sourire joyeux.
Le tour du propriétaire leur avait pris plus d'une heure pour un examen qui mériterait certainement d'être approfondi. Aeldred épousseta ses vêtements de la poussière et des toiles d'araignées qui s'étaient accumulés dessus avec un dégoût manifeste.
"Voilà qui vous promet du travail pour un très long moment, je pense, dit-il en éliminant les derniers fils de soie collante. Avez-vous déjà un plan en tête ?"
