1. Gentil Vérole : attention, je n'ai pas dit qu'il devait devenir un bisounours ou un tendre au visage ravagé, hein !

... avoir quelque chose de "positif" auquel on tient, ne rend pas nécessairement "léger" ou "agréable", loin de là. On peut parfaitement imaginer un aspect tourmenté, des doutes obscurs qui saisissent parfois Vérole malgré lui, des cauchemars, des accès de mélancolie... Tout ça l'humanise, mais ne le rendra pas super sympa pour autant... Surtout, sans connaître "
Trône de Fer", j'ai quand même vaguement l'impression que la motivation première des Joueurs était de pouvoir explorer la face sombre de l'humain, avec un vrai risque de mort tragique et brutale pour chacun d'eux (PJ comme PNJ), et des personnages qu'on peut "adorer détester". Si vous adoucissez trop... vous finirez par glisser vers un
Pendragon (et là aussi, je ne connais que de nom

), avec des chevaliers plus nobles, ce qui n'empêche pas d'avoir des intrigues et tourments de l'âme...
2. Perception & contrat social : cette question de la perception d'un personnage et du sort qui devrait l'attendre... ça me rappelle des souvenirs de gros malentendus qui n'ont pas toujours pu être clarifiés & réglés ... Tiens, sans faire dans le pathos, un article qui évoque ça :
http://ptgptb.free.fr/index.php/le-lns-chapitre-1/
Ron Edwards a écrit :L’Exploration et ce qui en découle, la Prémisse
Le meilleur terme pour désigner l’imagination en action, ou peut-être l’attention accordée aux éléments imaginés, est « Exploration ».
Au début, cela ne regarde que chaque individu, bien qu’ensuite cela se déplace dans le domaine de la communication, de la sociabilité. L’obligation d’imaginer les cinq éléments listés ci-dessus devient alors elle-même une question.
Quand une personne perçoit les éléments fondamentaux ci-dessus et envisage de les Explorer [de les imaginer], elle a habituellement une réaction élémentaire d’intérêt ou de désintérêt, d’approbation ou non, d’un désir ou d’un refus de jouer. Supposons une réaction positive : la Prémisse, dans sa forme essentielle, est ce qui l’a produite. Reformulons : un participant trouve parmi les éléments quelque chose qui lui permet de maintenir un intérêt soutenu dans ce qui pourrait arriver lors d’une séance de JdR : c’est la Prémisse. Une fois établie, elle insuffle le désir de maintenir cet engagement dans l’imagination.
Personne 1 : – « Vous jouez des vampires dans un univers contemporain, tentant de garder votre existence secrète aux yeux du bétail humain tout en vous mesurant aux autres vampires. » [cf. imagerie d’atmosphère sombre et goth-punk]
Personne 2 : – « Ouah ! Cool ! »
La deuxième personne a peut-être apprécié les visuels sombres et violents, le charme du mot « vampire », où encore l’idée d’être impliqué dans une intrigue mystico-secrète. Ou bien rien de tout cela et tout autre chose. Ou peut-être tout à la fois. Peu importe ce que ce fut : c’est la Prémisse initiale pour cette personne.
La Prémisse est une préoccupation de meta-jeu, complètement différente des éléments listés. Ils sont le contenu imaginé (Exploré) de l’expérience de JdR tandis que la Prémisse est l’intérêt réel, de la vraie personne, intérêt qui crée et maintient le désir qu’a cette personne de tenter l’expérience d’une partie de JdR. Pour l’instant, la Prémisse est vague et très personnelle, elle n’est qu’embryonnaire. La Prémisse réelle existe en tant que question ou préoccupation claire et centrale, partagée par tous les membres du groupe. La Prémisse initiale ne prend forme et ne devient un objet de l’attention commune qu’au prochain chapitre.
Sinon, la prémisse, j'ai découvert son importance en lisant l
'Anatomie du scénario de
John Truby, il y consacre tout un chapitre.
Dans le cas de l'exemple sur Vampire, Ron Edwards explique dans la suite de ses exemples comment / pourquoi on peut avoir 5 personnes qui se disent que c'est génial de jouer à un jeu... mais pour des raisons différentes et parfois incompatibles...
Bref, vous l'aurez compris, pour moi un soucis de "Perception", c'est pour moi une alarme. Je ne suis pas sur la partie, je signale donc ce que je vois de loin, ... D'ailleurs des parties comportant des éléments "dysfonctionnels" peuvent arriver au bout d'un chapitre, et durer plus longtemps... mais vu que c'est une source de tensions & incompréhensions, et donc corrélativement de déceptions... je pense qu'il faudrait que ce serait dans l'intérêt du plaisir de jeu qu'il y ait un relatif consensus... Ce que je lis :
- Fadira est franche, professionnelle, respectueuse de son travail, très sympathique, se tient bien en public, et fait de bonnes tartes (
)
- Fadira est insolente, irrespectueuse, ingrate, suicidaire (en se comportant de manière inconséquente relativement à la hiérarchie, à l'univers inégalitaire, à la réputation d'Enguerrand, qu'elle connaît forcément parce que les serviteurs savent les gens qu'il ne faut pas froisser si on ne veut pas être renvoyé / tabassé / pire)
... vu que c'est quand même extrêmement différent... et que le MJ a signalé que Fadira avait de bonnes raisons scénaristiques de ne pas se comporter en servante... on a au moins un consensus sur : cette servante ne se comporte pas en servante... mais à côté de ça, on a :
- tout va bien, ce qu'elle a fait n'est pas grave, Enguerrand devrait laisser tomber (= infléchir son RP et passer à autre chose)
- ça ne va pas, c'est une question de maintien de la hiérarchie, de rapport de pouvoir, si on laisse des servantes agir de la sorte, tout le monde finira par savoir qu'Enguerrand est un faible et dans un monde comme ça, c'est la fin de tout... et de toute façon, elle savait ce qu'elle risquait en se comportant de cette manière (bon, elle ignore sans doute le pire qui l'attend), mais elle a joué avec le danger et ne peut s'en prendre qu'à elle si ça lui retombe dessus (= on tire les conséquences de l'ordre clair & direct donné par Enguerrand, la fille est au moins exécutée, même si Vérole adoucit les détails pré-mortem en l'absence de son patron qui cependant ne peut pas se permettre de perdre la face et laisser un serviteur déconner, donc si Vérole ne suit pas les grandes lignes et que ça remonte à Enguerrand, il pourrait avoir des raisons d'y voir un début de trahison possible... surtout que Vérole en sait beaucoup sur lui...)
Au final, ça tient à ça : infléchir la suite du RP d'Enguerrand ou pas. J'aurais tendance à dire qu'il est un peu maître de son perso... Donc même si Fadira était vraiment une innocente sympa, eh bien, elle serait victime d'une mort cruelle & injuste, mais ce ne serait pas la première... Dans ce cas, moi (et je ne parle que de moi), j'aurais tendance à appuyer sur les conséquences :
- une fille aimée & sympa sera regrettée par un certain nombre de personnes, ça peut donner des serviteurs en larmes ou qui ont les yeux rouges
(de quoi énerver Enguerrand)
- quelqu'un qui lui était très attaché peut vouloir faire la lumière sur sa "disparition" et jouer la mouche du coche
- si vraiment ce n'est pas une servante, mais une espionne imprudente, eh bien ses commanditaires peuvent croire qu'elle a été tuée pour quelque chose en lien avec sa vrai mission d'où suite de conséquences bizarres car ses collègues s'affoleront (
)... ça pourrait être le début de représailles pittoresques (série d'accidents, empoisonnements, paranoïa généralisée) ... qui peuvent se cumuler avec la visite des nouveaux PJ, d'où soupçons réciproques, incidents et possible guerre... tout ça pour avoir voulu faire ravaler son orgueil à la mauvaise servante... un super effet papillon qui ficherait un sacré choc à Enguerrand s'il finissait par apprendre que sa sœur chérie est morte par une lointaine conséquence de sa décision .. 
... notez que la gradation des conséquences va du "moins encombrant" en scénario au "fait franchement exploser la suite de l'histoire pour devenir potentiellement l'action principale"...
Maintenant, voilà, je me remêle de ce qui ne me regarde pas... Désolée, j'ai tendance à facilement réfléchir à des structures de scénarios, ça commence à devenir une déformation professionnelle vu que ça m'occupe sur une bonne partie de mon agenda
